Tremblement

J'habitais Nice, une petite résidence sur les collines.
Quelques indices auraient dû m'alerter, je n'entendais plus le chant des cigales depuis quelques jours, et je ne voyais plus d'oiseaux. 
C'était il y a deux jours et pourtant ça semblait être une éternité.
C'était une journée d'été comme les autres, la chaleur était écrasante, le soleil brillait et le ciel était d'un bleu azur. Je lisais tranquillement le journal local qui était étalé sur ma table de cuisine quand une secousse gigantesque accompagnée d'un son assourdissant fit trembler tout ce qui était autour de moi. Tout craquait, tout s'effondrait. Dans un réflexe de survie je plongeais sous la table à manger.
Un silence profond s'installa après quelques secondes et j'entendais quelques cris étouffés au loin.
Un bruit strident sifflait dans mes oreilles, je saignais du nez et j'étais couvert de poussière. Tout tourbillonnait autour de moi. Le plafond était à moitié écroulé, des morceaux de fer entremêlés dans des blocs de bétons étaient tombés du plafond. Je sentis un courant d'air sur ma droite qui faisait tournoyer la poussière et par-delà les volutes j'entrevoyais de la lueur, il n'y avait plus de fenêtre, je me relevais et je bondissais à l'extérieur avant les prochaines secousses.
Il était midi mais le soleil avait disparu sous un nuage noir de poussière. 
La deuxième secousse fut plus intense que la première, je me jetais à terre. J'entendais tout s'écrouler autour de moi dans un vacarme épouvantable.  Après deux minutes interminables, le phénomène s'arrêta.  Je ne voyais rien et j'avais du mal à respirer. 
La poussière commençait à retomber laissant apparaitre un paysage de désolation. Mon immeuble s'était totalement effondré, il y avait des failles profondes dans la terre partout autour de moi. Le silence qui régnait faisait un contraste saisissant.
Je n'entendais rien, étais je le seul survivant, mes enfants avaient ils survécu ? Et comme si un Dieu quelconque n'était pas content du résultat obtenu par les secousses, une troisième secousse aussi intense que les précédentes se répéta, elle me plaqua au sol, mon corps était secoué comme une crêpe qu'on aurait fait sauter dans une poêle. 
Couvert de poussière, je me relevais après la secousse, le ciel noirci occultait le soleil.
Le silence était profond, entrecoupé par des explosions sans doute dues au gaz.
Tout n'était que perte et désolation, quelques geysers d'eau surgissaient là où les canalisations avaient explosées.
Il fallait fuir vers une hauteur avant qu'un tsunami déferle depuis la côte, mais je n'avais plus de repères, la route avait disparu, un pan de la colline s'était effondrée dans la vallée emportant avec elle toutes les habitations. Il y avait des crevasses dans la route et des voitures ou plutôt ce qu'il en restait s'étaient engouffrées dans les interstices creusés dans l'asphalte.
C'était la fin du monde, celui du monde que je connaissais.
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