Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés. Peut-être les deux. Peut-être pas.
Tout ce que je sais est que cette nuit là fut plus froide que toutes les autres. Plus glaciale. Dormir à même le sol, ce n'est rien tant qu'on a un matelas confortable. Il n'y a pas à se plaindre. Mais la maison me manquait un peu plus que d'habitude. La chaleur de la famille me manquait, nos repas face à la télé aussi, les prières de la nuit, pourtant je faisais toujours semblant de dormir avant. Mais cette fois-ci, ça me manquait. Tout me manquait.
Arrivée de l'école, fatiguée, j'avais espéré retrouvé un repas chaud ce soir. Mais étrangement, elle était endormie. J'ai demandé à son ami ce qu'elle avait, "elle a bu deux trois verres avec le commandant."
"Un lundi?" Je savais que quelques choses n'allait pas, mais à quoi bon.
L'heure du coucher arriva pour eux. Et il était temps pour moi de réviser. Ce soir c'est histoire et géographie. La guerre froide. Un hiver. Assise au pied du lit, le seul lit de la maison qu'on devait partager. Je m'affairai avec mes notes. Il ronflait, du moins, c'est ce que je croyais. Elle était encore allongée sur le lit, profondément endormie.
Le noir s'installa. Oui j'étais dans le noir. Nous étions dans le noir. Fatiguée de la journée, j'espérais pouvoir me reposer. Quand soudain une main glaciale me toucha. Cherchant un endroit pour imissersa main dans mes habits. Je bougeais, ce n'était qu'un rêve. Mais il continua, tâta mes fesses, pressa mes seins . Et encore et encore. Je ne bougeais plus, c'était un cauchemar. J'étais dans le noir, mais j'ai aussi fermé les yeux. Essayant d'oublier tout ce qui s'est passé. Deux heures du matin, il s'endormit comme si de rien était. Il ronflait encore. Moi, recroquevillé sur le pied du lit. Appelant au secours à je ne sais qui. J'ai juste oublié que j'étais dans le noir, au fond du trou et personne n'entendit. La solitude n'a jamais été aussi présente dans ma vie.
J'ai fermé les yeux. Priant que tout se termine. Mais jamais ça ne s'est arrêté. Jusqu'à présent ses souvenirs me hantent, me torturent et me tuent à petit feu.
Enfin, elle s'est réveillée. "Mais tu sais si tu rentres, qu'est ce que tu vas dire à ta famille?" Me lança-t-elle. "Pense un peu au problème que ça va causer au sein de la famille, ne soit pas égoïste." Ajouta-t-elle. "Ta mère sort à peine de l'hôpital, tu veux qu'elle meurt c'est ça?"."Et regarde ton père, un choc pareil, pourrai-t-il encore encaisser si tu en rajoutes?"
Je me suis tu. C'est la meilleure chose à faire. Je préserve la famille et son honneur. Sans savoir que je me laissais encore tomber dans ce trou noir une deuxième fois. Et cette fois ci, je ne ferme plus les yeux. J' aperçois tout mais ne voit rien. J'étais dans le noir car j'ai fermé les yeux.
Et c'était le début de ma descente en enfer. Au fil des années, ma seule obsession était de trouver de la compagnie. De ne pas me sentir seule, peut-être parce que je ne voulais plus ressentir les mêmes sentiments qui m'ont envahi cette nuit-là. Peut-être que je voulais échapper à la réalité. Je suis seule face au monde. Même ma famille ne sait pas ce que j'ai vécu.
J'enchaine les échecs scolaires. Et de un, et de deux, et de trois. C'en est trop.
Je décide de me laisser aller. De baisser les bras. J'étais à bout. Je voyais noir alors que je ne fermais plus les yeux. Coup sur coup. Tentative sur tentative. Tous voué à l'échec. Je me retrouve à l'hôpital. J'y étais habitué. C'était ma nouvelle maison. Tous me connaissaient. J'adore quand le matin l'infirmier nous réveille pour une prise de sang, ou pour prélever les paramètres. J'adore quand le docteur passe pour la visite journalière. J'adore quand le personnel soignant vient voir si les perfusions fonctionnaient toujours comme il se doit. J'adore cette vue sur tout l'hôpital. J'adore même quand on venait nettoyer la chambre. Pour une fois je n'étais pas seule. Pour une fois, ils étaient là pour moi. Pour une fois on faisait attention à moi.
Mais ce fut de courte durée. Un anti-dépresseur ferait l'affaire dixit le médecin. Et voilà, retour à la réalité. Je n'étais pas malade mais perturbée disaient -ils. Je n'étais pas malade mais trop sensibles disaient d'autres. Je n'étais pas malade mais distraite ajoutaient-ils car j'ai oublié d'entretenir ma foi. Mais est-ce qu'on a toujours le droit d'en avoir après tout. De croire en quelque chose d'abstraite après ce que moi j'ai vécu. Je ne sais pas. Tout ce que je savais c'est que j'étais seule, encore.
Crise sur crise. Les parents décident de m'emmener voir un spécialiste en infectiologie. À défaut de psychologue, on a un infectiologue. Juste parce qu'il était de la famille. Mais l'infection, le type d'infection que j'avais été incurable.
Jusqu'au moment où on rentrait de son cabinet. Dans les embouteillages, une femme avec son fils à toquer à la porte de la voiture. "Vous rentrez chez vous?" Nous demanda-t-elle. "Oui" disait mon père étonné. Mais qui était-elle? Je l'ignorais. Tout ce que je savais c'est qu'elle était mon héroïne. Celle qui allait apporter de la lumière dans ma sombre vie. "Mais qui es-tu?" Disait mon père à nouveau.
-"Tu t'en rappelles pas? C'est Valiha. Oui j'ai bien changé depuis. Personne ne me reconnait, mais en tout cas merci de nous prendre mon fils et moi".
-" Mais qu'est ce qui t'est arrivé?"
-" Ah, je suis en phase terminale d'un cancer du pancréas. J'ai déjà perdu l'usage de mes pieds c'est pour ça que je me déplace avec des béquilles."
Et la discussion continua encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle s'intéresse à moi.
-" c'est ma fille, disait mon père. On revient de l'hôpital pour ses examens de routines, elle est malade."
Et elle se tourna vers moi. Me raconta son combat. De comment elle a survécu à l'accident de son mari à son handicap. De comment elle élève quand même ces quatres enfants. De comment toute sa vie à basculé du jour au lendemain. Mais surtout de comment elle survit tous les jours. Elle dia dit: "tu sais la vie est une question de choix. Tu te lèves le matin en décidant d'être heureuse parce que tu veux aller bien ou de ne pas l'être et de rester dans le noir et seule. Tu décides de te battre, peu importe si tu gagnes ou non, mais de te battre quand même. Ou d'abandonner sans combattre. Et si tu veux te battre. Assures toi d'être préparée. Tâche de te renseigner sur qui tu vas combattre et comment tu vas le faire. Tu décides de qui tu veux faire plaisir. Toi ou les autres. La gagnante en toi ou la perdante que les autres disent que tu es, sans même savoir de quoi tu es capable. À toi de voir."
Tous ces mots s'abattirent sur moi comme une décharge électrique. Au delà de l'intensité que tout corps humain puisse supporter. Tous ces mots m'ont touché. Tous ces mots ont transpercé mon esprit. Et je me demandais, après tout, qu'est ce que je gagnais sans combattre. Que serait ma vie si j'acceptais d'être une perdante. Je les faisais plaisir. Non, je lui faisais plaisir, cet homme, l'origine de tout mes tracas. Qu'est ce que j'y gagnais en détruisant ma vie, sachant que je pouvais à mon tour être l'héroïne d'une autre personne. Je pouvais moi aussi changer la cours des choses. Je pouvais aider. Je pouvais illuminer à mon tour la vie d'autrui. Alors j'ai ouvert les yeux. Suivi la lumière qui allait me sortir de ce trou noir. Et décidé de me battre, seule ou accompagnée, envers et contre tout.
Tout ce que je sais est que cette nuit là fut plus froide que toutes les autres. Plus glaciale. Dormir à même le sol, ce n'est rien tant qu'on a un matelas confortable. Il n'y a pas à se plaindre. Mais la maison me manquait un peu plus que d'habitude. La chaleur de la famille me manquait, nos repas face à la télé aussi, les prières de la nuit, pourtant je faisais toujours semblant de dormir avant. Mais cette fois-ci, ça me manquait. Tout me manquait.
Arrivée de l'école, fatiguée, j'avais espéré retrouvé un repas chaud ce soir. Mais étrangement, elle était endormie. J'ai demandé à son ami ce qu'elle avait, "elle a bu deux trois verres avec le commandant."
"Un lundi?" Je savais que quelques choses n'allait pas, mais à quoi bon.
L'heure du coucher arriva pour eux. Et il était temps pour moi de réviser. Ce soir c'est histoire et géographie. La guerre froide. Un hiver. Assise au pied du lit, le seul lit de la maison qu'on devait partager. Je m'affairai avec mes notes. Il ronflait, du moins, c'est ce que je croyais. Elle était encore allongée sur le lit, profondément endormie.
Le noir s'installa. Oui j'étais dans le noir. Nous étions dans le noir. Fatiguée de la journée, j'espérais pouvoir me reposer. Quand soudain une main glaciale me toucha. Cherchant un endroit pour imissersa main dans mes habits. Je bougeais, ce n'était qu'un rêve. Mais il continua, tâta mes fesses, pressa mes seins . Et encore et encore. Je ne bougeais plus, c'était un cauchemar. J'étais dans le noir, mais j'ai aussi fermé les yeux. Essayant d'oublier tout ce qui s'est passé. Deux heures du matin, il s'endormit comme si de rien était. Il ronflait encore. Moi, recroquevillé sur le pied du lit. Appelant au secours à je ne sais qui. J'ai juste oublié que j'étais dans le noir, au fond du trou et personne n'entendit. La solitude n'a jamais été aussi présente dans ma vie.
J'ai fermé les yeux. Priant que tout se termine. Mais jamais ça ne s'est arrêté. Jusqu'à présent ses souvenirs me hantent, me torturent et me tuent à petit feu.
Enfin, elle s'est réveillée. "Mais tu sais si tu rentres, qu'est ce que tu vas dire à ta famille?" Me lança-t-elle. "Pense un peu au problème que ça va causer au sein de la famille, ne soit pas égoïste." Ajouta-t-elle. "Ta mère sort à peine de l'hôpital, tu veux qu'elle meurt c'est ça?"."Et regarde ton père, un choc pareil, pourrai-t-il encore encaisser si tu en rajoutes?"
Je me suis tu. C'est la meilleure chose à faire. Je préserve la famille et son honneur. Sans savoir que je me laissais encore tomber dans ce trou noir une deuxième fois. Et cette fois ci, je ne ferme plus les yeux. J' aperçois tout mais ne voit rien. J'étais dans le noir car j'ai fermé les yeux.
Et c'était le début de ma descente en enfer. Au fil des années, ma seule obsession était de trouver de la compagnie. De ne pas me sentir seule, peut-être parce que je ne voulais plus ressentir les mêmes sentiments qui m'ont envahi cette nuit-là. Peut-être que je voulais échapper à la réalité. Je suis seule face au monde. Même ma famille ne sait pas ce que j'ai vécu.
J'enchaine les échecs scolaires. Et de un, et de deux, et de trois. C'en est trop.
Je décide de me laisser aller. De baisser les bras. J'étais à bout. Je voyais noir alors que je ne fermais plus les yeux. Coup sur coup. Tentative sur tentative. Tous voué à l'échec. Je me retrouve à l'hôpital. J'y étais habitué. C'était ma nouvelle maison. Tous me connaissaient. J'adore quand le matin l'infirmier nous réveille pour une prise de sang, ou pour prélever les paramètres. J'adore quand le docteur passe pour la visite journalière. J'adore quand le personnel soignant vient voir si les perfusions fonctionnaient toujours comme il se doit. J'adore cette vue sur tout l'hôpital. J'adore même quand on venait nettoyer la chambre. Pour une fois je n'étais pas seule. Pour une fois, ils étaient là pour moi. Pour une fois on faisait attention à moi.
Mais ce fut de courte durée. Un anti-dépresseur ferait l'affaire dixit le médecin. Et voilà, retour à la réalité. Je n'étais pas malade mais perturbée disaient -ils. Je n'étais pas malade mais trop sensibles disaient d'autres. Je n'étais pas malade mais distraite ajoutaient-ils car j'ai oublié d'entretenir ma foi. Mais est-ce qu'on a toujours le droit d'en avoir après tout. De croire en quelque chose d'abstraite après ce que moi j'ai vécu. Je ne sais pas. Tout ce que je savais c'est que j'étais seule, encore.
Crise sur crise. Les parents décident de m'emmener voir un spécialiste en infectiologie. À défaut de psychologue, on a un infectiologue. Juste parce qu'il était de la famille. Mais l'infection, le type d'infection que j'avais été incurable.
Jusqu'au moment où on rentrait de son cabinet. Dans les embouteillages, une femme avec son fils à toquer à la porte de la voiture. "Vous rentrez chez vous?" Nous demanda-t-elle. "Oui" disait mon père étonné. Mais qui était-elle? Je l'ignorais. Tout ce que je savais c'est qu'elle était mon héroïne. Celle qui allait apporter de la lumière dans ma sombre vie. "Mais qui es-tu?" Disait mon père à nouveau.
-"Tu t'en rappelles pas? C'est Valiha. Oui j'ai bien changé depuis. Personne ne me reconnait, mais en tout cas merci de nous prendre mon fils et moi".
-" Mais qu'est ce qui t'est arrivé?"
-" Ah, je suis en phase terminale d'un cancer du pancréas. J'ai déjà perdu l'usage de mes pieds c'est pour ça que je me déplace avec des béquilles."
Et la discussion continua encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle s'intéresse à moi.
-" c'est ma fille, disait mon père. On revient de l'hôpital pour ses examens de routines, elle est malade."
Et elle se tourna vers moi. Me raconta son combat. De comment elle a survécu à l'accident de son mari à son handicap. De comment elle élève quand même ces quatres enfants. De comment toute sa vie à basculé du jour au lendemain. Mais surtout de comment elle survit tous les jours. Elle dia dit: "tu sais la vie est une question de choix. Tu te lèves le matin en décidant d'être heureuse parce que tu veux aller bien ou de ne pas l'être et de rester dans le noir et seule. Tu décides de te battre, peu importe si tu gagnes ou non, mais de te battre quand même. Ou d'abandonner sans combattre. Et si tu veux te battre. Assures toi d'être préparée. Tâche de te renseigner sur qui tu vas combattre et comment tu vas le faire. Tu décides de qui tu veux faire plaisir. Toi ou les autres. La gagnante en toi ou la perdante que les autres disent que tu es, sans même savoir de quoi tu es capable. À toi de voir."
Tous ces mots s'abattirent sur moi comme une décharge électrique. Au delà de l'intensité que tout corps humain puisse supporter. Tous ces mots m'ont touché. Tous ces mots ont transpercé mon esprit. Et je me demandais, après tout, qu'est ce que je gagnais sans combattre. Que serait ma vie si j'acceptais d'être une perdante. Je les faisais plaisir. Non, je lui faisais plaisir, cet homme, l'origine de tout mes tracas. Qu'est ce que j'y gagnais en détruisant ma vie, sachant que je pouvais à mon tour être l'héroïne d'une autre personne. Je pouvais moi aussi changer la cours des choses. Je pouvais aider. Je pouvais illuminer à mon tour la vie d'autrui. Alors j'ai ouvert les yeux. Suivi la lumière qui allait me sortir de ce trou noir. Et décidé de me battre, seule ou accompagnée, envers et contre tout.