Toute histoire commence un jour, quelque part, une spatio-temporalité inconditionnellement permanente, imposée, déguisée, serait-ce un réel besoin de stabilité qui nous conditionne à cette fatalité ? Devions-nous continuellement nous positionner çà et là comme pour avoir un statu, une place dans l’univers ? Ou est-ce uniquement par réflexe ; comme inné en chacun de nous : savoir où et quand faire tel ou tel chose ? Mais tout ce que je sais, c’est que ce jour-là, fut le réel déclin de cette spirale infernale.
Mal en point, ce matin-là, je n’entendis guère mon réveil sonné, je prends mon téléphone l‘écran affichait 10h09 ; 24 août.
Je sortis du lit, avec une sorte d’impression, de sentiment qui voulait que cette date précisément, signifiait quelque chose, ou encore indiquait un événement, une chose qui sortait de la banalité confondante de mon quotidien mais je n’en ai su la véritable portée qu’une bonne heure plus tard.
Je promène mon regard sur ma chambre comme essayant de chercher un indice qui pourrait m’aider à me souvenir de quelque chose, mais la seule chose que j’avais pu remarquer à cet instant-là était que les volés étaient toujours fermés et que la veilleuse était restée allumer toute la nuit...mis à part cela RAS.
Je sorti de la chambre, rasant les murs, car je peinais à avancer, je descendis les marches avec une lourdeur n’ayant de semblable, tête qui tourne, et là comme m’éjectant de ma bulle, un effroyable vacarme me transperce le tampon, une cacophonie énergique m’attaquait, trop de lumières, trop de sons ; trop de monde ! Si bien qu’à un moment donné je senti un malaise monté en moi, comme lorsque vous descendez d’une attraction vertigineuse et que vous vous retrouvez confronter à la foule.
Nous étions dans mon salon, je reconnais le lieu, mais pas ceux qui l’occupe ! J’avance, me fraye un chemin, et au fur et à mesure que je m’engouffre dans ce raffut j’observe quelques traits qui m’étaient familiers ,je continu à avancer vers ma cuisine qui était tout simplement bandée de gens , mon salon , mon hall , mon piano même servait de table ; j’essaie d’accélérer le pas vainement pour comprendre ce qui se tramait , et puis là, à cet instant précis j’aperçue ma sœur ,Ismaa, enfaîte moi c’est Israa , se faire maquiller et ma mère en tailleur blanc mais surtout ; mon piano servant de support aux Hortensias et Arums , horreur ! « Sortez-moi ça d’ici !» je déteste les fleurs.
Et là tout paraissait plus claire, nous étions chez moi, 5 rue de la paix, pavillons 180 ; à deux pas de la galerie d’art rupestre et en face du centre de conventions Alan Guth ; et ce jour-là était la cérémonie de mariage de ma sœur, avec mon ex fiancé, le genre de fiancé qui vous largue après avoir appris que vous étiez atteinte d’un cancer et qui se jette dans les bras de votre sœur, puis qui la marie.
A ce moment-là que j’ai su que plus rien n’allait, qu’hier j’avais dormi en pleurant car je m’étais repassée le disque de ma vie, de comment j’étais passée du statu d’architecte émérite à celui de cancéreuse accro au Temerit 5mg, c’est aussi à ce moment-là ; que tout rapport avec la spatio-temporalité n’avait plus d’importance, la relativité encore moins ; la gravité si, quand même un peu, car c’était ça le déclin, rester debout ; quel qu’en soient les circonstances.
J’ai 28 ans et je suis sensée crever prochainement.
Pour faire court, je recevais un appel de confirmation de réservation d’hôtel que j’avais faite hier soir et que j’avais complètement oublié, mais qui, au moment où ça affichait Hôtel R, m’a donné du baume au cœur, j’allais enfin sortir de ce bourbier.
A cet instant, je me suis rappelé de tout ; que mis à part la cérémonie de mariage à laquelle je n’assisterais pas, je partais pour le DESSERT ! oui c’est bien ça, soit quelques semaines au Sahara, sans préavis du médecin, je partais comme une nomade, à l’aventure, on m’avait aussi parlé d’un guérisseur là-bas qui pourrait m’aider, et j’allais donc tenter ma chance.
11H17
Je suis au pas de ma porte avec ma valise, je vous épargnerais les détails de mon départ.
13 h20
J’arrive à l’aéroport avec deux heures d’avances.
Le voyage s’est assez bien déroulé.
17H46
J’arrives à l’hôtel, je les clefs de ma chambre et m’en va me reposer.
Je me réveille quelques heures après ; je descends au hall, l’hôtel regorgé de nationalités, çà et là des touristes et visiteurs discutaient, se prenaient en photos ou encore analysaient cette architecture atypique ; on se croirait dans un décor de mille et une nuit, tout était dans les détails et les senteurs, mes sens étaient en totale ébullitions !
Pendant que j’essayais de déterminer à quelle époque remonté cet hôtel reconverti, un jeune homme en robe Touareg tout de bleu vêtu, proféra quelques mots en une langue que je n’ai pu comprendre ; puis voyant notre hébétement, ne comprenant pas ce qu’il disait, un jeune homme d’un air plus, citadin, le reprit, nous convions à aller dîner ; la soirée s’étendit jusqu’au petit matin avons eu droit à un paysage, d’une divinité, d’une beauté et d’une pureté indescriptible.
Après cela, nous nous séparâmes en deux clans, les uns allèrent se coucher, tandis que les plus courageux d’entre nous, sont allés se promener à dos de dromadaires, je laisse le lecteur deviner de quel clan je faisais partie.
Quelques heures plus tard, une jeune fille, princesse d’orient, est venue frapper à ma chambre, c’était Fatma, la fille du propriétaire de l’hôtel, et celle qui était chargé de m’accompagner chez le guérisseur ;nous y sommes allées, le verdict était que je n’étais pas atteinte d’un cancer mais d’un mauvais sort qu’on m’avait jet, pour ce qui est de mon traitement c’était une cure qu’il me fallait m’a-t-il dit , il m’a donc donner une liste de composants à acheter et ma fixé un rendez pour jeudi soit dans 2 jours , je devais donc me rendre au Souk pour chercher tout ça .
15h37 ;
Nous sortîmes de chez le guérisseur, princesse m’a appris que le Souk ne se tenait que deux fois par semaine soit le lundi et jeudi très tôt le matin, et m’a ensuite proposé de m’y accompagner.
16H00
Nous voilà arrivé à l’hôtel , je suis épuisée, Fatma avait remarqué que je ne me sentais pas bien , elle m’a donc raccompagné jusque dans ma chambre où elle m’ a aidé à me mettre au lit , une fois couchée ,elle s’en pressa d’aller me chercher de quoi m’hydrater , quelque minutes plus tard elle revient avec un plateau où se trouveraient trois dattes un verre de lait avec une cuillère à l’intérieur et un verre d’eau , elle m’a assuré que ces trois ingrédients allaient me remettre sur pied mais que je devais les prendre dans un certain ordre , ainsi elle m’a d’abord tendu les dattes une à une , une fois avalées, je devais boire le lait qui était mélangé à du pollen de palmier je devais le boire en trois gorgés ,pareillement pour l’eau , une fois le rituel accompli , elle s’en alla , je me suis assoupie .
16H40
Mon téléphone sonne et me réveille, je le sors du sac, l‘appelle était de mon père, il voulait prendre de mes nouvelles, après lui avoir parler, je me change et descends à la réception, et à ma grande surprise, ce soir allait se tenir une petite Gaada Gnawi, que demander de plus pour une amatrice de chant Gnawi ? La soirée était prévue pour 21H00.
Il est maintenant 17H49, je suis restée dans le hall de l’hôtel une bonne grosse heure à discuter avec tout pleins de monde, et c’était presque l’heure du dîner, je remonte dans ma chambre prendre une douche, et me préparait, j’avais envie de me faire belle, j’attendais avec impatience cette soirée, qui aspirait à être fabuleuse !
Une heure après, j’étais fin prête à descendre, je m’étais légèrement maquillée, et avait entouré mon cou d’un foulard que j’avais sur moi, ça m’a donné l’air plus distinguée !
Je descends au restaurant et m’installe à coté de princesse, elle m’avait gardé une place, nous avons ris et discuté avec les convives, le dîner fut servi, une "chakchouka" traditionnel bien relevée !
Le lecteur se demandera ce qu’il en est de mon traitement, je n’ai rien prit ! voilà qui est dit.
Nous avions fini de manger quand le jeune citadin de la fois passé, vint nous annoncer que l’autocar qui devait nous conduire à la soirée nous attendait, tout le monde s’empressa de se lever pour être surs de trouver une place, nous restâmes : princesse, le citadin et moi en dernier, princesse me proposa de les accompagné en voiture.
Le citadin s’appelait Mouad , il s’approcha pour me saluer et ce fut la première interaction officiel que nous avons eu : je levai les yeux pour le saluer et là je fus... troublée ; comme mis à nue par son regard , confuse , je ne pus articuler un quelconque mot , un regard ténébreux, sinistre et profond mais qui avait quelque chose qui accroché, il était scintillant , fort en énergie , brillant ! « C’est mon frère » me dit-elle, « c’est Mouad, il est tout comme toi, architecte ; Mouad je te présente Israa, c’est mon amie, elle est venue il y a deux jours » ; « Enchanté Israa, content de vous accueillir dans notre hôtel. »
Je n’eus droit qu’à cette unique formule durant toute la soirée où nous étions assis côte à côte, il ne prononça aucun autre mot, du coin de l’œil je scrutais ses regards, ses mimiques mais il demeura comme : inerte, la soirée fut un réel succès, mais il ne montra aucune émotion.
Nous rentrâmes à l’hôtel, princesse me raccompagna à ma chambre toute heureuse d’avoir partagé sa soirée avec moi, elle s’assit ensuite au bord de mon lit et me dit : « J’aimerai que tu restes ici pour toujours car je t’apprécie beaucoup. », « Moi aussi princesse je t’apprécie beaucoup mais tu sais, même si je pars on restera en contacte. » Princesse soupire puis ajoute : « Pourquoi tu ne te marie pas avec Mouad ? tu lui plais bien ça se voit », « allez oust va au lit arrête tes bêtises » ; elle sourit et s’en va.
3H00
Je ne dors pas encore ; et si princesse avait raison, pas que je plaise à Mouad, enfin, j’aurai bien aimé voyez-vous, mais que je reste ici, je m’y plais bien, et il parait même que leur climat aide à la guérison.
8H49
Je viens tout juste de me réveiller, je pris une douche, me changea mais je n’avais pas grand-chose à mettre, moi qui voulais faire impression ce jour-là, ce n’était pas gagné, je décidai donc de descendre chercher Fatma et de lui demander de m’accompagner au village pour me trouver quelque chose de jolie à porter, je descends et je trouve le buffet déjà installé, je déjeune et là à ma surprise j’aperçois au loin princesse accompagné de Mouad , mon cœur commençait à battre étrangement plus vite, « Israa ma chérie bonjour , tu es bien matinal aujourd’hui , je te cherchais justement , Mouad et moi allions faire quelques courses au village , si tu veux venir ? » , « Bonjour Israa , j’espère que tu as bien dormi » je ne le croyais pas , Mouad m’avait parlé et surtout sourit « bonjour princesse , bonjour Mouad , oui, oui très bien dormi Mouad , m...merci et vous ? toi ? » « Tu peux me tutoyer tu sais ; j’ai très bien dormi et c’est une belle journée qui s’annonce, je vous laisse je vais sortir la voiture, dans 15 minutes on prend le départ. »
Je fini de déjeuner et nous rejoignîmes Mouad.
Nous arrivâmes à la place du village après 40 minutes de route, Nous fîmes nos courses, et comme convenu, je m’étais achetée une dizaine de robes ,foulards, babouches ,bijoux ,enfin de quoi me faire belle , Mouad appela sa sœur pour savoir si nous avions finis , et vint nous chercher nous ramenant avec lui quelques gâteries sucrées et du thé ; nous les mangeâmes dans la voiture , car dans ses régions , il n’y avait pas d’endroit où s’installer avec des femmes , un monde typiquement masculin et j’aimais ça , les femmes étaient gardées précieusement et préservées des regards , telles de vraies princesses .
Nous rentrâmes à l’hôtel après une heure de trajet nous dûmes nous arrêter car le pneu avait crevé, princesse accusa le mauvais œil.
13H30
J’arrive dans ma chambre, je prends une douche, une fois sortie, je me suis séchée les cheveux, et j’ai enfilé une des robes que j’avais acheté, elle était rouge dans les tons violacés, avec des détails or, je mis des babouches pareillement dorées, et la jolie chaine que Fatma m’avait offerte ce matin, je descendis les escaliers et qui vois-je encore ? Mouad ! Le destin voulait-il nous rapprocher ? Je l’espérais, et cette fois ci, je n’ai ni tremblé ni stressé, j’étais déterminée à entamer la discussion avec lui, mais à ma surprise, Mouad, semblait troublé en me voyant, qu’a-t-il à me dévisager, il se tenait là, face à moi, pendant quelques secondes, sans rien dire, comme s’il avait beugué, et puis comme sorti de ses pensées, il se reprend vite mais confus : « Israa, Fatma t’attend à la réception. » Et il s’en va, et là, d’un coup, je senti mes jambes tremblées, puis comme une boule s’est formée au creux de mon corps et a commencé à me brûler, j’étais à la fois déçue et perdue, je me sentais incroyablement seule ! Pourquoi ce sentiment là et maintenant ? Je ne me suis pas faite belle pour lui mais à cet instant j’avais juste envie de remonter dans ma chambre et de me changer. Je pris quelques seconde pour me ressaisir puis je suis allée chercher princesse, qui effectivement était à la réception avec sa maman, leurs visages s’illuminèrent en me voyant, que de compliments, ça m’a en quelques sorte...rassurée.
« Israa, je disais justement à maman que tu avais acheté des robes, et voilà que tu en portes une, elle te va tellement bien, tu es magnifique, Mouad t’a vu ? », « Oui princesse, il m’a vu !», « Que t a-t-il dit ? »
« Fatma ma fille, tais-toi ça ne se fait pas ! »
« Ne vous inquiétez pas khalti (ce terme désigne les femmes d’un certain âge ici), princesse aime bien me faire des blagues », « Ce n’est pas une blague Israa, on demande ta main et tu te maries avec mon frère, tu te porte mieux ici, et Mouad est gentil et beau, toutes les filles du village le veulent, n’est-ce pas maman ? »
« Fatma, tu ne respectes plus personnes, mais je ne trouve aucune objection à cela »
Je ne sus par quoi répondre, je n’arrivais pas à comprendre si cela était de l’ironie ou était-ce vrai ? me voulaient-elles réellement pour lui ? qu’en est-il de lui ? qu’en pensait-il ? Les avait-il envoyés expressément ? Mais alors pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? trop de questions dans ma tête, tellement que je n’arrivais à plus rien dire, je cache mon visage entre mes mains et sors en courant.
Que m’a-t-il prit ? Ça ne m’était jamais arrivé auparavant, j’éprouvais à cet instant tellement de honte.
Quelques minutes après, khalti me rejoint, me prend par la main et m’assure que je n’ai pas à être aussi mal alaise, que je leur avais plus et qu’ils en avaient discuté avec lui mais ce qu’ils ignoraient, mis à part princesse, c’est que j’étais atteinte d’un cancer et que j’étais programmée à mourir dans peu de temps selon mes médecins ; je fonds en larme dans ses bras.