Des flocons tombaient dans la cour du collège. La sonnerie retentit. Les élèves sortirent par le portail. Jean, un jeune garçon aux cheveux châtains marchait avec sa meilleure amie, Emma. Ils rentraient chez eux. Ils se séparèrent à un carrefour. Puis, Jean s'engouffra dans une petite ruelle qui le menait à sa maison. Il prit ses clés et ouvrit la porte d'entrée. Il vit ses parents assis sur une chaise. Leurs regards étaient perdus dans le vide. On aurait dit qu'une vague géante les avait projetés sur une lointaine île déserte. Tout à coup, sa mère prit la parole.
« Christophe, il faudrait peut-être lui dire non ?
- Oui ! coupa l'enfant inquiet. J'aimerais bien savoir ce qu'il se passe ! »
Un long silence s'installa. Son père continua.
« Mon garçon, le voisin est mort.
- Mort ? Mais comment...
- On ne sait pas, reprit son père. Maintenant, va te coucher, veux-tu ? »
Jean entra dans sa chambre la tête baissée. Il réfléchit un instant : le voisin est mort mais comment ?
C'est vrai, il n'était pas vieux, il était en bonne santé et il ne fumait pas...
Il rechercha des informations sur internet, et il lut : « Le petit village de Doé s'est réveillé dans l'horreur ce matin. Un des habitants a été retrouvé mort, assassiné chez lui dans sa cuisine. Les gendarmes mènent l'enquête. » Une question lui vint à l'esprit. Il avait envie de mener sa propre enquête. Mais là, il faisait nuit. Il attendrait le lendemain après le collège. Ses paupières se fermèrent lentement avant de le plonger dans un sommeil profond.
Une lumière l'extirpa de ses rêves. Il se leva, avala son petit déjeuner et se brossa les dents. Il prit son sac et sa mère l'emmena au collège.
Il passa la journée avec Emma. Il lui raconta tout. La jeune fille blonde écoutait son récit attentivement. Quand il eut fini de lui confier son secret, Emma le regarda de ses yeux bleus pétillants. « Je veux t'aider à mener l'enquête. » Jean acquiesça. Après les cours, les deux compagnons se sont retrouvés derrière la maison du défunt voisin. L'entrée du jardin était barricadée avec des bandes blanches et rouges. Ils ne pouvaient pas entrer. Il fallait passer par la fenêtre de derrière. Les gendarmes n'étaient pas là. Il fallait donc faire vite. Emma s'élança en premier. L'estomac de Jean se noua. Pourquoi s'étaient-ils engagés dans cette enquête ? De toutes manières, il était trop tard pour faire marche arrière. Et quand Emma avait une idée en tête, impossible de la lui enlever. Il la suivit donc avec une petite appréhension. Ils pénétrèrent dans la maison et arrivèrent dans le salon. Il ne fallait pas perdre de temps. Les gendarmes pouvaient arriver d'une minute à l'autre. Jean ouvrit une porte qui déboucha dans une chambre. Il entendit un grincement derrière lui. Il se retourna d'un coup ! C'était Emma ! Elle lui avait fait une de ces frayeurs ! Ils cherchèrent ensemble la cuisine. Ils la trouvèrent très vite. Du papier peint rouge ornait les murs. Sur le sol, Jean vit quelque chose qui le dégouta. Du ruban adhésif blanc dont les contours formaient le corps du défunt. Une odeur de mort se dégageait dans la pièce. Jean ferma les yeux un instant, et se boucha le nez. Il les rouvrit quelques temps après. Avec Emma, ils cherchèrent des traces du tueur. Rien. Tout à coup, les enfants entendirent des bruits de pas. Des hommes parlaient. « Les gendarmes !» s'écria Jean. Emma courut dans la direction du salon.
« Viens » chuchota-t-elle à Jean. Il la suivit jusqu'au salon mais Emma était déjà sortie par la fenêtre. Avant de sauter, Jean regarda le sol, et il vit des traces ! Il sauta. Il entendit les gendarmes monter les escaliers. Il atterrit sur le sol et se jeta tout de suite dans le buisson. Emma fit de même. Il regarda le sol. Il y avait bel et bien des traces ! Il les observa un instant. Il y avait deux empreintes de pas et une autre beaucoup plus fine, comme une canne. Peut-être est-ce une vieille personne qui avait tué le voisin ? Ils tenaient un indice précieux. Leur enquête avait commencé !
Ils rentrèrent chacun chez eux. Leur soirée se passa tranquillement. Jean n'avait rien dévoilé à ses parents. Le lendemain, après le collège, il alla à la mairie et rechercha la liste des plus vieilles personnes de son village qui ne comptait qu'une cinquantaine d'habitants. Après une enquête de voisinage, il sélectionna ceux qui avait une canne. Il rentra chez lui, monta dans sa chambre et regroupa toutes les informations recueillies. Il avait trois suspects : Claude, Isabelle et René. Le lendemain il alla chez Isabelle. Il frappa à la porte. Une jeune fille ouvrit. Elle devait avoir environ quatorze ans. Il demanda à voir Isabelle, mais la fille répondit qu'elle était à l'hôpital depuis une semaine. Il se rendit chez René mais il était parti en voyage. Il ne restait plus que Claude. Comme il était déjà tard Jean décida de repousser au lendemain sa visite et rentra chez lui. Epuisé, il s'endormit rapidement. Des sirènes le tirèrent de son sommeil. Il se releva d'un bond. Sa mère se tenait en face de lui. Elle lui dit : « un autre homme s'est fait tuer !
-Encore ?
-Oui, notre voisin, Claude. Je compte sur toi pour faire plus attention que jamais. »
Elle partit.
Ce n'était donc pas Claude l'assassin. Mais qui pouvait donc marcher avec une canne ? Il réfléchit... Brice, l'aveugle du village ? Même s'il était arrivé il y a peu de temps à Doé, c'était improbable ! Et pourtant c'est vrai qu'on ne savait rien de ce récent voisin et beaucoup de villageois avaient de l'empathie pour lui. Jean décida d'en parler à son père qui était gendarme. « Tu sais que c'est une accusation très grave ? lui dit-il.
-Oui, je sais ».
Jean lui explique ce qu'il avait découvert avec Emma et les conclusions qu'ils en avaient tirées.
Son père envoya une équipe chercher l'aveugle. Ils le placèrent en garde à vue. Sous la pression, l'aveugle avoua tous ses actes et les villageois apprirent avec effroi que Brice les avait tous bernés et que son handicap n'était qu'un leurre...