Ce matin, Léo s'était disputé avec sa sœur. Une simple dispute comme celle qu'il avait tous les jours avec elle. Mais Flavia s'était énervée plus que d'habitude. Elle devait sûrement entrée dans une phase de rébellion se disait son frère. Ils voulaient tous les deux la télé, mais Léo, dans un excès de colère, avait frappé sa sœur. Puis elle s'était enfuie. Il s'en voulait. Il l'avait laissé partir, de toute façon elle ne pouvait pas aller bien loin. Ils habitaient dans un petit village. Léo aurait dû être content, il avait la télé pour lui tout seul mais ne voyant pas revenir sa sœur, il s'inquiétait de plus en plus.
Au bout d'un moment interminable, il décida de partir à sa recherche. Il espérait que rien ne lui était arrivé. Il tenait énormément à elle, même s'il ne le montrait pas tous les jours. Il commença par aller questionner la boulangère. Si sa sœur était passée par là, elle le saurait sûrement. Il entra dans la boulangerie et déclara, d'une voie forte :
-Avez-vous vu une jeune fille, rousse aux yeux verts, qui m'arrive à peine à la hanche ?
Car il faut l'avouer, sa sœur était très petite pour son âge. La boulangère répliqua :
-Bon, puisque ça a l'air si urgent, je vais te répondre...
-Merci m'dame, coupa Léo sans s'en rendre compte
-...Elle est passée devant ma boulangerie il y a environ 15 minutes, la pauvre petite, elle pleurait à chaudes larmes. Je me demande ce qui a pu lui arriver...
Il partit en courant, il voulait la retrouver.
Après avoir fait le tour du village, il arriva à la dernière maison. A ce qu'on raconte, une vieille folle habitait ici. Personne ne la connaissait. Il hésita puis sonna à la porte. Il tremblait, il était terrifié. Dans un grincement, la porte s'ouvrit. Une vieille femme fit son apparition. Elle était toute maigre, un teint blafard, des dents jaunes. Elle déclara, d'un ton aimable et doux :
-Bien le bonjour jeune homme. Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas rendu visite.
-Bonjour m'dame, excusez-moi, je suis pressé. Auriez-vous vu passer une jeune fille rousse, aux yeux verts, elle est petite.
-Attend, cela me revient, elle courait et elle est entrée dans la forêt. Si tu veux la suivre, fait très attention car c'est une forêt magique. D'après la légende, il y vit une reine de la forêt, chaque jour, elle dévorerait des humains.
Il partit en courant. Décidément, cette vieille femme était vraiment folle. Il entra dans la forêt. Il marcha, criant le nom de sa sœur à multiple reprise, il avait pour toute réponse le hululement strident des hiboux. Il regardait par terre, suivait de petites traces de pas, sûrement celles de sa sœur, il l'espérait. Le soleil se couchait, il devait se dépêcher. Il marcha encore et encore jusqu'à épuisement. Il avait très peu d'endurance alors que sa sœur débordait d'énergie. Il s'arrêta, il n'en pouvait plus. Il se reposa et s'endormit. Il se disait qu'un petit somme ne pourrait pas lui faire de mal. Pendant ce temps, une petite ombre descendit de l'arbre contre lequel il s'était assoupit. Ce n'était pas un humain mais cela ne ressemblait en rien a un monstre. Cette créature devait mesurer un mètre soixante, ses hanches étaient extrêmement bien dessinées, elle était de forme humanoïde, ses cheveux étaient blancs, d'un blanc pur. Or un monstre ne serait pas pur. C'était le parfait équilibre entre l'humain et le fantastique. Elle posa une main, sur l'épaule de Léo. Celui-ci se réveilla et cria. La bête recula un peu, non pas parce qu'elle avait peur mais parce qu'elle l'examinait. Puis, ouvrant ses minces lèvres grises, elle dit :
-Je vais t'aider à retrouver ta sœur, n'aie pas peur de moi humain.
Léo était surpris, il n'avait pas peur, il était juste émerveillé qu'une si belle chose puisse exister. Il était prêt à tout pour retrouver sa sœur. Il allait coopérer avec cette créature. Pour toute réponse à la proposition de cette être extraordinaire, il hocha la tête. Il était si subjugué qu'il ne pouvait pas parler. L'être commença à marcher, Léo la suivit. Il ne voulait pas poser de questions car il avait peur des conséquences qu'elles pouvaient engendrer. Ils marchèrent. Il se demandait comment la créature pouvait savoir où se trouvait sa sœur. Mais il s'en moquait tant qu'il la retrouverait.
Le soleil était définitivement couché, c'était maintenant au tour de la lune d'éclairer. Les ombres des arbres bougeaient. Un trouillard n'aurait pas pu rester dans cette forêt. Mais Léo était courageux, il affronterait n'importe quoi pour Flavia. La créature l'observait, elle guettait chacun de ses mouvements. Soudain, un cri raisonna, c'était la voie de Flavia, Léo en était sûr. Il courut, il allait dans la bonne direction. Il suivait les petites traces de pas de sa sœur. Il arriva, dans un endroit semblable à mille endroits de la forêt, sa sœur était au milieu. Une horde de plante carnivore l'entourait. Léo n'en croyait pas ses yeux : il avait retrouvé sa sœur mais elle était encerclée. C'est là que tout s'éclaircit. Il comprit que la créature était la reine de la forêt et qu'elle venait de les piéger tous les deux pour les manger. Il chercha la créature mais elle avait disparu. Sans réfléchir, il se jeta en avant, prit sa sœur dans ses bras. Les petites plantes lui arrachaient la peau. Avec son corps, il faisait rempart pour la protéger. Il haletait, il avait affreusement mal. La créature fit son apparition devant lui, telle un ange. Mais il ne croyait plus en elle. Elle ouvrit ses douces lèvres et dit :
-Répond à ma question et je vous libèrerai.
Léo ne savait plus quoi faire, il avait mal et ne pouvait pas réfléchir. Il répondit :
-D'accord, dépêche-toi.
-Pour toi, quelle est la chose le plus précieuse au monde ?
C'était la question, celle qui allait être décisive pour l'avenir de sa sœur et lui. Il répondit instinctivement :
-C'est Flavia !
Les plantes disparurent, la reine de la forêt voulait savoir si Flavia était entre de bonnes mains, c'était le cas. Elle partit et Léo se jura de ne plus jamais s'énerver contre sa sœur.