Sur la trace de Mr Desproverbes

Jules était penché sur sa feuille, un stylo à la main. Leur professeur remplaçant, Mr. Adverbe, leur avait demandé d'écrire une rédaction pour se présenter. Leur professeur d'origine, Mr. Desproverbes, avait disparu depuis une semaine. La dernière fois qu'il avait été vu, il venait de sortir de la cantine.
« Aller, je ramasse vos écrits !
Jules se relit :
« Je m'appelle Jules, Jules le Cancre. Je n'ai aucune idée de se que je voudrais faire plus tard. Mes camarades de classe me traîte de crétin de nul. J'ai un seul copain, Colin. Tout ce que je peux vous dire sur ma famille c'est que j'ai une soeur cadette qui est en CP et une grande sœur qui fait ses études à Lyon. »
- Tenez monsieur, s'exclama le jeune garçon en lui donnant sa rédaction.
- Merci... Jules c'est ça ?
Avant que celui-ci ne puisse répondre la sonnerie retentit.
- Vous pouvez sortir les enfants. »
 
La récréation de l'après-midi venait de débuter alors que Jules et Colin s'introduisaient dans la cantine, là où Mr. Desproverbes s'était trouvé pour la dernière fois. Les deux garçons avaient décidé d'enquêter sur sa disparition. Colin sortit une petite boîte carré de sa poche.
« Qu'est ce que c'est ? Demanda Jules.
- Mon père vient de mettre au point une machine capable de détecter les traces invisibles. Je la lui ai emprunté ce matin. Lui répondit son ami. Quand le prof a été aperçu ici, il se dirigeait en direction de la cour et après, pouf, plus personne ne l'a vu. Reprit-il gravement. Avec cette machine ont va suivre ses empreintes de pas.
- Mais... il y a des milliers d'élèves qui viennent ici, objecta Jules. Comment va-t-on savoir quelles empreintes appartiennent à Mr. Desproverbes ?
- Attends et observes. Colin appuya sur le carré. Le garçon se mit alors à parler très fort et distinctement : « Mon professeur de français. » Aussitôt, une sorte de longue-vue sortit de la petite boîte que le garçon tenait. Il regarda dedans.
- Suis moi c'est par là, dit-il.
Les traces de pas menèrent les garçons jusqu'aux grilles du collège.
- Ça s'arrête là ? demanda Jules un peu perdu.
- Non, il y en a derrière le portail.
- Zut, comment on fait ?
- Je ne sais pas... attends, si ! Écoute. Tu vas escalader les grilles pendant que j'occupe les surveillants.
Jules acquiesça à contrecoeur. L'escalade n'était pas son fort. Colin passa le détecteur de traces invisibles de l'autre côté du portail.
- Vas y, grimpe. »
Jules commença donc son ascension pendant que son camarade filait à travers la cour. La sonnerie annonçant la fin de la récréation retentit juste au moment où il se laissa retomber sur le trottoir, de l'autre côté des grilles. Le garçon ramassa le cube et regarda dedans. Il vit les traces. Elles le menèrent à l'autre bout de la rue, devant une grande maison qui semblait inhabitée depuis longtemps vu son état. Il faillit faire demi-tour, pensant qu'il s'était trompé de chemin et que l'appareil de son ami était défectueux, lorsque, soudain, il entendit du bruit provenant du bâtiment. Le garçon tendit l'oreille. Il lui sembla alors reconnaître la voix de son professeur, mais il n'osa pas pénétrer dans la demeure. Il avait la trouille « Tu n'es vraiment bon à rien. » pensa-t-il en son for intérieur. « Tu pourras revenir demain avec Colin. » Lui dit une autre voix. Jules, désemparé et ne sachant que faire, décida finalement de rentrer chez lui en disant à ses parents que les cours s'étaient terminés plus tôt.
 
« Oui c'est celle-là.
- Et tu prétend avoir entendu Mr. Desproverbes dans cette maison toute pourrie ? Se moqua Colin.
- Mais si, je te jure.
Comme il se l'était dit la veille, Jules avait emmené Colin dans la rue où se tenait la maison lugubre. Mais ça ne s'était pas passé comme il l'aurait cru. Son ami s'était moqué de lui tout le trajet en disant qu'il était fou.
- Non mais Jules, reprends toi. Tu es entrain de me dire que tu as entendu la voix du prof à l'intérieur de cette maison ? Non mais tu es tombé sur la tête où quoi ? Regardes, tu entends des voix là toi ? Non tu vois, il n'y a rien du tout ic...
Et c'est exactement à ce moment précis que la voix se fit entendre pour la deuxième fois.
- Ah tu vois, je ne suis pas fou !
- Non, non c'est impossible.
- Bon on fait quoi alors ? Demanda Jules.
- Bah on va voir.
- Heu... ok. » Les deux garçons pénétrèrent dans la maison. Jules remarqua alors qu'à l'intérieur, elle était beaucoup plus vaste qu'elle ne le paraissait de l'extérieur. Les adolescents avancèrent silencieusement pendant ce qui leur parurent une éternité, jusqu'à ce que de nouveau, ils entendent la voix de Mr. Desproverbes. Ils avancèrent à pas de loup vers la pièce d'où provenait le bruit.
- Ton argent ! Dis moi où est ton argent et dépèches toi avant que...
Colin et Jules se regardèrent.
- Il n'est pas seul, chuchota Colin. Il risqua un oeil à l'intérieur de la pièce et vit Mr. Desproverbes attaché à une chaise et un homme habillé tout en noir qui était en train de lui donner des baffes.
- J'appelle la police. » Glissa Jules en sortant son téléphone.
 
Les deux garçons attendaient sur le palier de la maison, de plus en plus inquiet.
- Tu penses qu'ils vont venir ?
- Mais oui ne t'inquiètes pas.
Quelques minutes plus tard, la police arriva.
- Bon, les enfants j'espère que ce n'est pas des blagues. Chuchota un agent.
- Mais non !
- Écoutez les cris !
- Bon bon... Attendez nous là.
Et les quatre policiers pénétrèrent dans la vieille demeure. Jules et Colin, attentifs et surtout terrifiés, ne dirent rien. Plus les secondes défilaient plus ils avaient la boule au ventre, mais bientôt les officiers sortirent, Mr. Desproverbes à leur suite, sain et sauf.
- Rentres dans la voiture ! cria une policière au malfaiteur.
- Merci les enfants, sans vous, votre professeur serait mort. Cela faisait un moment qu'on essayait de coincer ce bandit en plus, bravo. »
 
À ces mots, le cœur de Jules fit un bond dans sa poitrine. S'était la première fois qu'il faisait quelque chose de bien dans sa vie !
« Ça y est, se dit-il, j'ai trouvé ma voie. Je veux être enquêteur ! »
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