Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
Suis-je un sorcier ou ai-je été maudit ? Puff. Je reste persuadé que si le mot noir n’existait pas il faudrait le créer et m’appeler ainsi. Car noire a été ma vie, noirs ont été les moments que j’ai passés et noirs seront les jours qui suivront.
Cela fait déjà quelques années que j’ai quitté ma maison. Là-bas je n’avais plus rien à faire. Chercher ma voie, c’est tout ce qu’il me fallait. Devenir quelqu’un, c’est tout ce que je voulais, laisser mes rêves me porter, c’est tout ce que je pouvais ! Rester chez moi, c’était impossible. Trop de souvenirs, trop de blessures, trop d’antipathies.
Je ne peux dire avec exactitude depuis combien de temps je n’appartiens plus à une famille. J’ai fait le choix de vivre avec moi et moi seul.
Mon nom est Yensob. Je suis originaire du village de Saalou. Contrairement à ce que vous pourrez imaginer, ma naissance ne fut pas le bonheur des membres de ma famille. Pour tous les habitants de Saalou, je n’étais pas le bienvenu. La venue au monde d’un veau, d’un chiot ou même d’un poussin accorderait plus de joie à l’ensemble du village. J’étais rejeté à ma naissance, accusé d’être inhumain pour deux raisons :
La première était le fait d’avoir un doigt de plus sur chaque main et un orteil de plus sur chaque pied. Notre société perfectionniste ne pouvait aucunement admettre qu’un être ayant des doigts et des orteils en trop puisse être appelé humain.
La deuxième raison était la mort de ma mère en couche. Celle-ci est décédée à la minute ou j’ai poussé mon premier cri. Pour tout le village, le sorcier que j’étais venait se venger d’eux, pour des actions passés. Le conseil des sages de Saalou ne mit pas longtemps à se réunir. Il fallait trouver une solution à cette situation. Très vite la sentence tombait. J’étais condamné à mourir et ce, loin du village. Quelques jours plus tard, je fus retrouvé par une femme du nom de Vla, qui rentrait chez elle. Elle fut ma mère. Celle qui prit soin de moi, m’apprit à marcher, à parler et à penser. Sa vie qui n’était déjà pas un fleuve tranquille, ne s’améliora pas avec ma venue. Je retiens d’elle la positivité qui se dégageait de tout son être comme un parfum de bonne odeur. Elle m’éleva comme si j’étais son fils, sans pour autant me cacher l’histoire de ma vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait parler des actions des gens de mon village. En m’adoptant, elle devint la sorcière. Plusieurs fois on attenta même à sa vie, ce qui la poussa à quitter cette région pour la ville de Tihon. Là, les choses étaient différentes, la superstition des gens était modérée. Vla eut l’idée d’utiliser ses économies pour ouvrir son nouveau commerce. Elle était un parfait cordon bleu. Tout ce qu’elle touchait, elle le transformait en saveur, en douceur, en quelque chose d’extraordinaire.
L’Oasis ! Ce lieu où toute la ville se réunissait pour engloutir avec joie les délicieux repas de maman Vla, ne mit pas longtemps à faire des jaloux. Mais la gentillesse de cette dernière et sa beauté exceptionnelle, eut raison pendant un bon moment de la méchanceté de ses concurrentes.
J’aidais ma mère à mes temps libres, lorsque je n’étais pas en classe. Quand il me restait encore du temps après tout cela, je m’adonnais à ma passion : le dessin. Je dessinais sur tout ce que je trouvais, avec tout ce que je pouvais. Je peignais un monde sans haine, un monde où tous avaient quelque chose de plus et rien de moins. Mes camarades du lycée, mes professeurs, et tous ceux qui entraient en contact avec mes œuvres d’art, ne comprenaient pas dans quelle monde j’étais. Des personnes avec trois (3) yeux, deux (2) nez, quatre (4) oreilles, six (6) bras ou huit (8) jambes, je dessinais. Mais cela n’affolait pas maman Vla, elle m’aimait comme j’étais. Même si son amour ne suffisait pas à combler la douleur causée par les maltraitances des autres.
Quelques années plus tard, maman Vla rencontra l’amour. Cet homme était son talon d’Achille. Zoor allait et venait comme il voulait, blessant le cœur de maman Vla. Il la manipulait à sa guise, faisant d’elle ce qui lui plaisait et profitant tout bonnement du fruit de ses labeurs, sans la contrepartie d’affection qu’elle attendait de lui. Elle eut une fille de ce dernier et l’appela Fonn. Fonn était sa force, sa raison de vivre. Elle était ma sœur chérie et m’adorait. C’était une petite extraordinaire avec beaucoup de talent, cependant sa malédiction était sa beauté. Pendant longtemps je luttai contre ces hommes qui étaient prêts à tout pour abuser d’elle. Mes ennemies avaient accru depuis
Tout alla bien jusqu’au jour où Fonn disparue. Les jours de maman Vla s’obscurcirent. Elle n’était plus la même. On chercha ma sœur partout mais sans succès. Je décidai de mener mon enquête en approchant toutes les personnes qui l’avaient vue pour la dernière fois.
Un jour sous une ondée, Zoor revient après des années d’absences. Une fois de plus maman Vla se laissa berner par cet individu. Mais cette fois ci, il était déterminé à en finir avec moi. Il insistait sur le fait que j’étais un sorcier et que j’avais mangé l’âme de Fonn. Il arriva avec un vieillard, un soit disant voyant venu confirmer mon appartenance au monde occulte. Ce voyant affirma que grâce aux dessins j’entrais en contact avec l’autre monde. Il expliqua à maman Vla que les cauchemars qu’elle faisait depuis la disparition de Fonn n’étaient que des signes révélateurs. Vla pleurait et son regard n’était plus le même. Je voulus ce jour-là m’en aller de cette maison, car la seule personne, qui croyait en moi, n’était devenue qu’un zombie. Je pris mon vélo et je circulais sans trop savoir où j’allais, lorsque je vis en circulation Zoor et le voyant qui échangeaient des éléments suspects. Je fis le choix de suivre Zoor pour savoir ce qu’il ferait. Il prit la route de la rivière de Baa., Sans bruit je le suivis. Soudain j’entendis un plouf énorme ! Il avait sauté dans la rivière et rejoignait l’autre rive à la nage. Ne sachant pas nager, j’empruntai les barques des pêcheurs au bord de la rive. Descendu je n’eus pas à chercher longtemps. Je vis Zoor entrer dans une cabane cachée au milieu de la forêt de Mouon. M’approchant de cette cabane, je jetai un regard par la fenêtre et quelle ne fut pas ma surprise. Zoor était bien là, en plein ébats avec une personne dont je distinguais mal le visage. Le salopard ! C’est donc ici qu’il se cachait pour tromper maman Vla ! Furieux, j’ouvris violemment la porte. Les partenaires interrompirent leur activité. Le sieur Zoor se dépêcha de se couvrir le corps et sortit le plus vite que possible. Quant à moi, j’étais figé, incapable de bouger. De grosses gouttes de larmes coulaient sur mon visage. Là devant moi, je venais d’être témoin d’un sacrilège ! N’importe qui comme moi serait perplexe. Zoor, cet animal n’aurait pas pu tomber aussi bas. Et pourtant maman Vla l’aimait. Elle n’était plus qu’une marionnette depuis le jour où il est entré dans sa vie. Elle était devenue un Zombie le jour où Fonn a disparu. Tout ceci c’était la faute de Zoor. Il m’avait même traité de sorcier et a conspiré contre moi pour affaiblir d’avantage ma mère. Et maintenant j’étais face à cette réalité. La jeune fille face à moi se mit à hurler de douleur. Je n’avais pas d’autre choix que de la serrer dans mes bras. Tout doucement elle me dit : je ne pourrai plus regarder maman dans les yeux. Mais je m’efforçais de lui dire : Fonn, ta mère a besoin de toi.
A notre retour nous fûmes accueillis par la plus triste des nouvelles. Le restaurant de maman Vla venait de prendre feu. On avait réussi à sauver tout le monde, sauf elle. Nos cœurs étaient brisés en mille morceaux. Le jour suivant en me réveillant, j’ouvris la porte de la chambre de Fonn pour savoir comment elle allait. Là mes genoux ne tinrent plus. Je m’évanouie en la voyant pendu à cette corde.
Ma vie était allée à vau-l’eau. Aujourd’hui je suis un ermite.
Suis-je un sorcier ou ai-je été maudit ? Puff. Je reste persuadé que si le mot noir n’existait pas il faudrait le créer et m’appeler ainsi. Car noire a été ma vie, noirs ont été les moments que j’ai passés et noirs seront les jours qui suivront.
Cela fait déjà quelques années que j’ai quitté ma maison. Là-bas je n’avais plus rien à faire. Chercher ma voie, c’est tout ce qu’il me fallait. Devenir quelqu’un, c’est tout ce que je voulais, laisser mes rêves me porter, c’est tout ce que je pouvais ! Rester chez moi, c’était impossible. Trop de souvenirs, trop de blessures, trop d’antipathies.
Je ne peux dire avec exactitude depuis combien de temps je n’appartiens plus à une famille. J’ai fait le choix de vivre avec moi et moi seul.
Mon nom est Yensob. Je suis originaire du village de Saalou. Contrairement à ce que vous pourrez imaginer, ma naissance ne fut pas le bonheur des membres de ma famille. Pour tous les habitants de Saalou, je n’étais pas le bienvenu. La venue au monde d’un veau, d’un chiot ou même d’un poussin accorderait plus de joie à l’ensemble du village. J’étais rejeté à ma naissance, accusé d’être inhumain pour deux raisons :
La première était le fait d’avoir un doigt de plus sur chaque main et un orteil de plus sur chaque pied. Notre société perfectionniste ne pouvait aucunement admettre qu’un être ayant des doigts et des orteils en trop puisse être appelé humain.
La deuxième raison était la mort de ma mère en couche. Celle-ci est décédée à la minute ou j’ai poussé mon premier cri. Pour tout le village, le sorcier que j’étais venait se venger d’eux, pour des actions passés. Le conseil des sages de Saalou ne mit pas longtemps à se réunir. Il fallait trouver une solution à cette situation. Très vite la sentence tombait. J’étais condamné à mourir et ce, loin du village. Quelques jours plus tard, je fus retrouvé par une femme du nom de Vla, qui rentrait chez elle. Elle fut ma mère. Celle qui prit soin de moi, m’apprit à marcher, à parler et à penser. Sa vie qui n’était déjà pas un fleuve tranquille, ne s’améliora pas avec ma venue. Je retiens d’elle la positivité qui se dégageait de tout son être comme un parfum de bonne odeur. Elle m’éleva comme si j’étais son fils, sans pour autant me cacher l’histoire de ma vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait parler des actions des gens de mon village. En m’adoptant, elle devint la sorcière. Plusieurs fois on attenta même à sa vie, ce qui la poussa à quitter cette région pour la ville de Tihon. Là, les choses étaient différentes, la superstition des gens était modérée. Vla eut l’idée d’utiliser ses économies pour ouvrir son nouveau commerce. Elle était un parfait cordon bleu. Tout ce qu’elle touchait, elle le transformait en saveur, en douceur, en quelque chose d’extraordinaire.
L’Oasis ! Ce lieu où toute la ville se réunissait pour engloutir avec joie les délicieux repas de maman Vla, ne mit pas longtemps à faire des jaloux. Mais la gentillesse de cette dernière et sa beauté exceptionnelle, eut raison pendant un bon moment de la méchanceté de ses concurrentes.
J’aidais ma mère à mes temps libres, lorsque je n’étais pas en classe. Quand il me restait encore du temps après tout cela, je m’adonnais à ma passion : le dessin. Je dessinais sur tout ce que je trouvais, avec tout ce que je pouvais. Je peignais un monde sans haine, un monde où tous avaient quelque chose de plus et rien de moins. Mes camarades du lycée, mes professeurs, et tous ceux qui entraient en contact avec mes œuvres d’art, ne comprenaient pas dans quelle monde j’étais. Des personnes avec trois (3) yeux, deux (2) nez, quatre (4) oreilles, six (6) bras ou huit (8) jambes, je dessinais. Mais cela n’affolait pas maman Vla, elle m’aimait comme j’étais. Même si son amour ne suffisait pas à combler la douleur causée par les maltraitances des autres.
Quelques années plus tard, maman Vla rencontra l’amour. Cet homme était son talon d’Achille. Zoor allait et venait comme il voulait, blessant le cœur de maman Vla. Il la manipulait à sa guise, faisant d’elle ce qui lui plaisait et profitant tout bonnement du fruit de ses labeurs, sans la contrepartie d’affection qu’elle attendait de lui. Elle eut une fille de ce dernier et l’appela Fonn. Fonn était sa force, sa raison de vivre. Elle était ma sœur chérie et m’adorait. C’était une petite extraordinaire avec beaucoup de talent, cependant sa malédiction était sa beauté. Pendant longtemps je luttai contre ces hommes qui étaient prêts à tout pour abuser d’elle. Mes ennemies avaient accru depuis
Tout alla bien jusqu’au jour où Fonn disparue. Les jours de maman Vla s’obscurcirent. Elle n’était plus la même. On chercha ma sœur partout mais sans succès. Je décidai de mener mon enquête en approchant toutes les personnes qui l’avaient vue pour la dernière fois.
Un jour sous une ondée, Zoor revient après des années d’absences. Une fois de plus maman Vla se laissa berner par cet individu. Mais cette fois ci, il était déterminé à en finir avec moi. Il insistait sur le fait que j’étais un sorcier et que j’avais mangé l’âme de Fonn. Il arriva avec un vieillard, un soit disant voyant venu confirmer mon appartenance au monde occulte. Ce voyant affirma que grâce aux dessins j’entrais en contact avec l’autre monde. Il expliqua à maman Vla que les cauchemars qu’elle faisait depuis la disparition de Fonn n’étaient que des signes révélateurs. Vla pleurait et son regard n’était plus le même. Je voulus ce jour-là m’en aller de cette maison, car la seule personne, qui croyait en moi, n’était devenue qu’un zombie. Je pris mon vélo et je circulais sans trop savoir où j’allais, lorsque je vis en circulation Zoor et le voyant qui échangeaient des éléments suspects. Je fis le choix de suivre Zoor pour savoir ce qu’il ferait. Il prit la route de la rivière de Baa., Sans bruit je le suivis. Soudain j’entendis un plouf énorme ! Il avait sauté dans la rivière et rejoignait l’autre rive à la nage. Ne sachant pas nager, j’empruntai les barques des pêcheurs au bord de la rive. Descendu je n’eus pas à chercher longtemps. Je vis Zoor entrer dans une cabane cachée au milieu de la forêt de Mouon. M’approchant de cette cabane, je jetai un regard par la fenêtre et quelle ne fut pas ma surprise. Zoor était bien là, en plein ébats avec une personne dont je distinguais mal le visage. Le salopard ! C’est donc ici qu’il se cachait pour tromper maman Vla ! Furieux, j’ouvris violemment la porte. Les partenaires interrompirent leur activité. Le sieur Zoor se dépêcha de se couvrir le corps et sortit le plus vite que possible. Quant à moi, j’étais figé, incapable de bouger. De grosses gouttes de larmes coulaient sur mon visage. Là devant moi, je venais d’être témoin d’un sacrilège ! N’importe qui comme moi serait perplexe. Zoor, cet animal n’aurait pas pu tomber aussi bas. Et pourtant maman Vla l’aimait. Elle n’était plus qu’une marionnette depuis le jour où il est entré dans sa vie. Elle était devenue un Zombie le jour où Fonn a disparu. Tout ceci c’était la faute de Zoor. Il m’avait même traité de sorcier et a conspiré contre moi pour affaiblir d’avantage ma mère. Et maintenant j’étais face à cette réalité. La jeune fille face à moi se mit à hurler de douleur. Je n’avais pas d’autre choix que de la serrer dans mes bras. Tout doucement elle me dit : je ne pourrai plus regarder maman dans les yeux. Mais je m’efforçais de lui dire : Fonn, ta mère a besoin de toi.
A notre retour nous fûmes accueillis par la plus triste des nouvelles. Le restaurant de maman Vla venait de prendre feu. On avait réussi à sauver tout le monde, sauf elle. Nos cœurs étaient brisés en mille morceaux. Le jour suivant en me réveillant, j’ouvris la porte de la chambre de Fonn pour savoir comment elle allait. Là mes genoux ne tinrent plus. Je m’évanouie en la voyant pendu à cette corde.
Ma vie était allée à vau-l’eau. Aujourd’hui je suis un ermite.