Au début de ces horribles événements, ma naïveté m'avait laissée croire que les étoiles jaunes que nous portions sur nos vêtements, tout près de notre coeur, nous unissait avec celle de la galaxie.
Pourtant, près de 3 ans plus tard, ma naïveté n'est plus. Tout comme mes forces qui, petit à petit furent consumées pour ensuite disparaître.
Allongé sur le sol de la baraque n°7, qui me sert de lit, je suis meurtri par le froid de l'hiver Polononais. C'est à peine si j'entends au loin les bruits du camp. Les voix âpres et sévères des officiers me parviennent pourtant. Tout comme les cris stridents d'une femme, ses sanglots étouffés et son supplice qui raisonnent dans l'obscurité.
Soudain, un coup de feu retentit, laissant un écho dans la nuit assombrie.
Ainsi, le silence revint et l'officier sourit.
Cette femme, c'était ma mère. Je le savais. J'avais reconnu son souffle, ses pleures et ses hurlements qui ne demandaient qu'à vivre.
Mais c'était déjà beaucoup trop.
Et pour moi aussi.
A présent, plus personne ne m'attendrai dehors.
Plus personne ne se jetterai dans mes bras, en remerciant l'univers de m'avoir laissé la vie sauve face cet enfer.
L'enfer sur terre, voilà où j'étais.
Cette pensée fit disparaître toutes mes forces. Mes dernières forces. Alors, mes yeux se fermèrent doucement, lentement.
Silencieusement, presque paisiblement, je m'endormis avec la seule pensée que je m'en allais enfin, rejoindre,les étoiles qui,elles, étaient libres.
A la différence de nous.
6 janvier 1943.
J'avais 15 ans.
La tête encore remplie de rêve qui ne se réaliseront jamais.