«Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner comme l'ont fait les autres mais je ne vous appellerais pas maître» ; sont les mots qui m'arrachèrent des bras de Morphée. A peine avais-je eu le temps d'ouvrir les yeux que les rayons solaires qui s'infiltraient par les interstices des murs de ma chambre m'éblouirent de plein fouet. Le temps d'un instant, je me levai, regardant par la fenêtre pour identifier l'auteur de cette voix qui m'a réveillée ; c'était monsieur Al- Gérard. Ce n'était pas la première fois que ce dernier se pavanait dans le village en hurlant des phrases comme celles qui me tirèrent du lit aujourd'hui. Et à chaque fois, ses mots étaient pleins de profondeur. Cela captait mon attention au plus haut point. Quelques mots suffisaient pour me suspendre à ses lèvres.
Lors d'une journée ensoleillée, je vis monsieur Gérard assis sur le trottoir. D'un air sympathique, je le saluai, il mit un instant à me répondre. Je compris que c'est parce qu'il était étonné que je m'adresse à lui. Ce jour-là, il me confia que rares sont les personnes qui lui adressent la parole. Alors fort fut son étonnement quand il se rendit compte qu'une jeune demoiselle s'adressait à lui. Suite à ces mots, j'ai souris, en ajoutant que je n'avais aucune raison de craindre sa compagnie. Il me regardait l'air de ne pas savoir quoi dire. Pour rompre le silence, je lui soulignai mon admiration vis-à-vis de ses monologues. Mais Il ne répondit rien. Vu qu'il restait silencieux, je décidai de m'en aller. A peine avais-je tourné le dos que je l'entendis dire quelque chose. D'une voix presque que sanglotant, il lança ;
- Ravi que mes dires te plaisent. Toutes ces phrases ne sont pas anodines. Elles transcrivent mon parcours, ma vie, mes maux et mes peines. Les hurler, est une façon de me libérer de toutes les épreuves de la vie. C'est comme léguer une partie de mes fardeaux à chacune des personnes qui prêtent attention à mes mots. Cela me permet de me sentir plus léger.
- Pouvez-vous me raconter ce que vous avez vécu ? lui ai-je demandé.
- Si tu veux en savoir plus sur moi, passes me voir samedi 13h30 à mon domicile, rétorqua-t-il avant de s'en aller.
Très vite, Samedi arriva. Je me rendis donc chez lui. Une fois devant sa porte, toutes ces rumeurs, tous ces dires déplaisants qui se sont rependues à travers le village ne firent que se succéder dans ma tête. Les jambes tremblantes et la gorge sèche, je me tenais comme un piquet devant sa porte d'entrée. C'est partagée entre l'enthousiasme à l'idée de connaitre son histoire, et la peur de pénétrer chez lui que je pris une grande inspiration avant de frapper. Il m'invita à entrer. Une fois à l'intérieur j'étais tellement sur mes gardes que j'osais à peine cligner des yeux. Il pointa un tabouret du doigt et me demanda de m'y assoir. C'est d'un pas lent, que je me dirigeai vers ce siège. Une fois installée, mon hôte quant à lui s'affala en face de moi sur une natte de paille.
Apres m'avoir montré les énormes cicatrices qui ornaient son corps, il me confia être né en Afrique et avoir été vendu par ses parents à des trafiquants. Ces derniers l'ont frappé ; violé et mutilé avant de le revendre à un couple.
- C'était monsieur et madame M'Pygue, me dit-il.
Je ne pourrais jamais oublier ce couple. Ils étaient à la recherche d'un esclave. J'avais 15 ans lorsque je rejoignis le domicile des M'Pygue. Ce fut la meilleure chose qui puisse m'arriver. En effet, ils étaient littéralement la famille dont j'avais tant rêvé. Certes, j'étais à leur service, mais ils me traitaient comme un membre à part entière de la famille. Ils avaient une fille d'environ un an de moins que moi, shannéline. Une charmante demoiselle avec laquelle je m'entendais à merveille. Elle était en classe de troisième. J'étais énormément admiratif du fait qu'elle aille à l'école. Je voulais tellement y aller, mais faute de temps, je ne pus que me concentrer sur mes besognes quotidiennes.
L'air nostalgique, il prit une grande inspiration avant d'ajouter :
- Shannéline était fort sympathique. D'ailleurs, tous les soirs, dès que les parents allaient se coucher, je la rejoignais dans sa chambre où elle me faisait quelques cours. Elle m'apprit à lire, à écrire et même à calculer.
Pendant 3 ans, mon quotidien se résumait donc à accomplir des tâches ménagères le matin, et à m'instruire le soir. Mais au fil du temps, je commençais à avoir des sentiments pour celle que j'étais sensé considérer comme une sœur.
Un soir d'orage, nous étions en plein papotage quand, elle m'embrassa langoureusement.
Hélas, ce soir-là, son père ne dormait pas. Forte était sa stupéfaction quand il me vit à moitié nu dans le lit de sa fille.
Il se précipita sur moi et me roua de coups. Shannéline essaya d'arrêter son père en vain.
Le lendemain, j'avais encore le visage tout ensanglanté quand madame M'Pygue vint m'annoncer avec la voix toute tremblante qu'il fallait que je m'en aille.
Cette fois-ci, on m'avait vendu à un riche monsieur qui cherchait des hommes pour travailler dans une mine. Malheureusement pour moi, le travail y était intense, et les conditions misérables.
Un jour, suite à de durs labeurs, je décidai de faire une pause. A peine avais-je eu le temps de reprendre mon souffle, que les gardes me rouèrent de coups.
Dès que leur patron arriva, il me traita de tous les noms avant de m'ordonner de l'appeler maître.
- Laissez-moi devinez, vous lui avez répondu : maître ? mais vous plaisantez, vous pouvez me cognez comme l'ont fait les autres...Lui ai-je lancé.
Il fut étonné. J'ajoutai qu'il y'a quelques jours, ce furent ces mots qui me réveillèrent. Cela lui arracha un léger sourire. C'était la première fois que je vis une expression positive sur ce visage tout ridé.
Il continua son récit :
- Suite à ma rébellion ; il m'a cogné jusqu'à ce que je perde connaissance. Je me suis réveillé dans une salle très étroite.
Après avoir passé une semaine dans cette cellule, j'ai réussi à m'enfuir. Une fois dehors, j'ai couru de toutes mes forces jusqu'à une rivière. Je me souviens m'être agenouillé et avoir trempé la tête dans l'eau comme pour me rassurer d'être encore en vie.
Je me suis ensuite précipité chez les M'Pygue. Caché dans le jardin, j'ai attendu espérant revoir ma dulcinée. Apres six (6) longues heures d'attente, elle se pointa enfin. Dès qu'elle me vit, elle se précipita sur moi. Nous nous sommes échangé un baisé des plus passionnels. Elle m'a ensuite prit dans ses bras et a fondu en larmes en disant qu'elle pensait ne plus jamais me revoir. Ce que je ressentais pour elle était tellement intense mais pour nos biens respectifs, je ne pouvais en aucun cas rester. C'est donc le cœur meurtri que je l'embrassai une dernière fois avant de m'en aller.
Deux mois plus tard, j'étais installé dans un nouvel endroit, quand je reçu une lettre de shannéline.
- Comment vous a-t-elle retrouvé et que s'est-il passé ensuite ? lui ai-je demandé.
- Il est tard gamine... tu devrais rentrer chez toi. Si la fin t'intéresse tant, reviens demain à la même heure.
J'avais tellement hâte d'entendre la suite. C'est donc avec la tête pleine de scénario que je rentrai chez moi.
Le jour suivant, je me suis rendue chez Monsieur Al-Gérard. Dès que je franchis la porte, je le vis allongé par terre. J'allai rapidement chercher de l'aide. Hélas, c'était trop tard. Il était mort.
Au milieu du salon, il y avait toutes les lettres de shannéline. En les lisant, j'appris que cette dernières était enceinte de monsieur Gérard et que pour préserver l'honneur des M'Pygue, ses parents l'ont mariée de force à un riche homme. Mais ce dernier était très violent avec elle, alors elle décida de s'enfuir et de retrouver Gérard. Je ne sais pas vraiment ce qui se passa ensuite. Seul monsieur Gérard pouvait me le dire, hélas il n'est plus.
Très touchée par l'histoire de monsieur Gérard, je décide de vous la conter. Et aujourd'hui face à ce récit, c'est vous que ses maux peinent.
Lors d'une journée ensoleillée, je vis monsieur Gérard assis sur le trottoir. D'un air sympathique, je le saluai, il mit un instant à me répondre. Je compris que c'est parce qu'il était étonné que je m'adresse à lui. Ce jour-là, il me confia que rares sont les personnes qui lui adressent la parole. Alors fort fut son étonnement quand il se rendit compte qu'une jeune demoiselle s'adressait à lui. Suite à ces mots, j'ai souris, en ajoutant que je n'avais aucune raison de craindre sa compagnie. Il me regardait l'air de ne pas savoir quoi dire. Pour rompre le silence, je lui soulignai mon admiration vis-à-vis de ses monologues. Mais Il ne répondit rien. Vu qu'il restait silencieux, je décidai de m'en aller. A peine avais-je tourné le dos que je l'entendis dire quelque chose. D'une voix presque que sanglotant, il lança ;
- Ravi que mes dires te plaisent. Toutes ces phrases ne sont pas anodines. Elles transcrivent mon parcours, ma vie, mes maux et mes peines. Les hurler, est une façon de me libérer de toutes les épreuves de la vie. C'est comme léguer une partie de mes fardeaux à chacune des personnes qui prêtent attention à mes mots. Cela me permet de me sentir plus léger.
- Pouvez-vous me raconter ce que vous avez vécu ? lui ai-je demandé.
- Si tu veux en savoir plus sur moi, passes me voir samedi 13h30 à mon domicile, rétorqua-t-il avant de s'en aller.
Très vite, Samedi arriva. Je me rendis donc chez lui. Une fois devant sa porte, toutes ces rumeurs, tous ces dires déplaisants qui se sont rependues à travers le village ne firent que se succéder dans ma tête. Les jambes tremblantes et la gorge sèche, je me tenais comme un piquet devant sa porte d'entrée. C'est partagée entre l'enthousiasme à l'idée de connaitre son histoire, et la peur de pénétrer chez lui que je pris une grande inspiration avant de frapper. Il m'invita à entrer. Une fois à l'intérieur j'étais tellement sur mes gardes que j'osais à peine cligner des yeux. Il pointa un tabouret du doigt et me demanda de m'y assoir. C'est d'un pas lent, que je me dirigeai vers ce siège. Une fois installée, mon hôte quant à lui s'affala en face de moi sur une natte de paille.
Apres m'avoir montré les énormes cicatrices qui ornaient son corps, il me confia être né en Afrique et avoir été vendu par ses parents à des trafiquants. Ces derniers l'ont frappé ; violé et mutilé avant de le revendre à un couple.
- C'était monsieur et madame M'Pygue, me dit-il.
Je ne pourrais jamais oublier ce couple. Ils étaient à la recherche d'un esclave. J'avais 15 ans lorsque je rejoignis le domicile des M'Pygue. Ce fut la meilleure chose qui puisse m'arriver. En effet, ils étaient littéralement la famille dont j'avais tant rêvé. Certes, j'étais à leur service, mais ils me traitaient comme un membre à part entière de la famille. Ils avaient une fille d'environ un an de moins que moi, shannéline. Une charmante demoiselle avec laquelle je m'entendais à merveille. Elle était en classe de troisième. J'étais énormément admiratif du fait qu'elle aille à l'école. Je voulais tellement y aller, mais faute de temps, je ne pus que me concentrer sur mes besognes quotidiennes.
L'air nostalgique, il prit une grande inspiration avant d'ajouter :
- Shannéline était fort sympathique. D'ailleurs, tous les soirs, dès que les parents allaient se coucher, je la rejoignais dans sa chambre où elle me faisait quelques cours. Elle m'apprit à lire, à écrire et même à calculer.
Pendant 3 ans, mon quotidien se résumait donc à accomplir des tâches ménagères le matin, et à m'instruire le soir. Mais au fil du temps, je commençais à avoir des sentiments pour celle que j'étais sensé considérer comme une sœur.
Un soir d'orage, nous étions en plein papotage quand, elle m'embrassa langoureusement.
Hélas, ce soir-là, son père ne dormait pas. Forte était sa stupéfaction quand il me vit à moitié nu dans le lit de sa fille.
Il se précipita sur moi et me roua de coups. Shannéline essaya d'arrêter son père en vain.
Le lendemain, j'avais encore le visage tout ensanglanté quand madame M'Pygue vint m'annoncer avec la voix toute tremblante qu'il fallait que je m'en aille.
Cette fois-ci, on m'avait vendu à un riche monsieur qui cherchait des hommes pour travailler dans une mine. Malheureusement pour moi, le travail y était intense, et les conditions misérables.
Un jour, suite à de durs labeurs, je décidai de faire une pause. A peine avais-je eu le temps de reprendre mon souffle, que les gardes me rouèrent de coups.
Dès que leur patron arriva, il me traita de tous les noms avant de m'ordonner de l'appeler maître.
- Laissez-moi devinez, vous lui avez répondu : maître ? mais vous plaisantez, vous pouvez me cognez comme l'ont fait les autres...Lui ai-je lancé.
Il fut étonné. J'ajoutai qu'il y'a quelques jours, ce furent ces mots qui me réveillèrent. Cela lui arracha un léger sourire. C'était la première fois que je vis une expression positive sur ce visage tout ridé.
Il continua son récit :
- Suite à ma rébellion ; il m'a cogné jusqu'à ce que je perde connaissance. Je me suis réveillé dans une salle très étroite.
Après avoir passé une semaine dans cette cellule, j'ai réussi à m'enfuir. Une fois dehors, j'ai couru de toutes mes forces jusqu'à une rivière. Je me souviens m'être agenouillé et avoir trempé la tête dans l'eau comme pour me rassurer d'être encore en vie.
Je me suis ensuite précipité chez les M'Pygue. Caché dans le jardin, j'ai attendu espérant revoir ma dulcinée. Apres six (6) longues heures d'attente, elle se pointa enfin. Dès qu'elle me vit, elle se précipita sur moi. Nous nous sommes échangé un baisé des plus passionnels. Elle m'a ensuite prit dans ses bras et a fondu en larmes en disant qu'elle pensait ne plus jamais me revoir. Ce que je ressentais pour elle était tellement intense mais pour nos biens respectifs, je ne pouvais en aucun cas rester. C'est donc le cœur meurtri que je l'embrassai une dernière fois avant de m'en aller.
Deux mois plus tard, j'étais installé dans un nouvel endroit, quand je reçu une lettre de shannéline.
- Comment vous a-t-elle retrouvé et que s'est-il passé ensuite ? lui ai-je demandé.
- Il est tard gamine... tu devrais rentrer chez toi. Si la fin t'intéresse tant, reviens demain à la même heure.
J'avais tellement hâte d'entendre la suite. C'est donc avec la tête pleine de scénario que je rentrai chez moi.
Le jour suivant, je me suis rendue chez Monsieur Al-Gérard. Dès que je franchis la porte, je le vis allongé par terre. J'allai rapidement chercher de l'aide. Hélas, c'était trop tard. Il était mort.
Au milieu du salon, il y avait toutes les lettres de shannéline. En les lisant, j'appris que cette dernières était enceinte de monsieur Gérard et que pour préserver l'honneur des M'Pygue, ses parents l'ont mariée de force à un riche homme. Mais ce dernier était très violent avec elle, alors elle décida de s'enfuir et de retrouver Gérard. Je ne sais pas vraiment ce qui se passa ensuite. Seul monsieur Gérard pouvait me le dire, hélas il n'est plus.
Très touchée par l'histoire de monsieur Gérard, je décide de vous la conter. Et aujourd'hui face à ce récit, c'est vous que ses maux peinent.