Sois à moi, Marie

" Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres mais je ne vous appellerai pas maître"
Pierre vient de survivre au pire. Des hommes ont faillit le tuer. Il connaissait l'un deux. Il le le savait mauvais, mais pas à ce point. Sa tête est en train d'exploser. Doucement, sa mémoire recolle des bribes de souvenirs et le premier qui lui revient en tête est l'image de l'homme, une arme en main, lui demandant de s'agenouiller devant lui.
- Je dois t'emmener à l'hôpital, lui dit quelqu'un.
Légèrement surpris, il lève la tête et voit Marie. Un autre souvenir lui revient: il venait d'apprendre que le petit ami de cette dernière était un arnaqueur de la pire espèce. Il l'avait appellé pour l'avertir. Elle lui avait demandé d'aller l'attendre chez elle.
Sachant qu'il courait le risque d'une commotion cérébrale, il obéit sans broncher. Arrivé à l'hôpital, une doctoresse le soigne. Plus de peur que de mal, ce n'est pas trop grave. Elle lui coud la tête pour stopper l'hémoragie et lui prescrit des médicaments contre la migraine. Il s'en va avec Marie. En chemin, il lui explique tout. Elle n'ose pas croire que René, l'un des hommes qui ont frappé Pierre, voulait lui extorquer quoi que ce soit. Elle ne voulait surtout pas croire qu'accompagné de plusieurs autres individus, pour prouver, elle ne savait quoi, il avait osé demander à Pierre de l'appeler Maître.
Pierre se met en colère. Comment pouvait-elle réagir ainsi. L'amour l'aveuglait. Lui, il veut la protéger à tout prix... même contre sa volonté ! Il décide de déposer plainte contre René pour tentative d'homicide. Vu l'homme qu'il était, la police de ce pays qui, en général, reste muet aux complaintes de la population, ne tarde pas à prêter main forte à la justice. Elle interpelle René rapidement et le met en prison. Ce dernier, dans la merde jusqu'au cou, n'avait pas pu fuir à temps. Il avoue son crime mais avançe au juge que ce n'était qu'un accident, qu'il ne voulait que se protéger.
Le juge était un vieil ami de Pierre. Ils avaient fait l'école primaire ensemble. Il fit durer le procès. Marie était dans tous ses états. Selon elle, René ne méritait pas cela. Elle se sentit coupable: elle avait invité Pierre chez elle en croyant que René était déjà parti. Et puis d'ailleurs, il ne connaissait pas Pierre avant. Il avait sûrement cru que c'était un cambrioleur ou quelque chose du genre, l'avait frappé et Pierre à cause du coup avait surement confondu les choses. Elle ne voulait pas croire que son doux René pouvait commettre pareil crime avec préméditation. Du mieux qu'elle pouvait elle l'aide et lui paie les meilleurs avocats, mais les résultats tarde à venir.
Trois semaines passèrent. Des gardes, payés par Pierre, avaient battu René. Il était complètement défiguré et faisait peine à voir. Marie voulait faire quelque chose, mais on était en Haïti. Là où, bien plus qu'un luxe, le système judiciaire est quasiment inexistant. Surement on allait encore le frapper. Apparemment, il s'était disputé avec un autre prisonnier. Il ne savait pas qui il était et l'avait frappé au visage. Grâce à l'intervention des gardes cela n'est pas allé plus loin, mais par la suite on lui apprit que ce dernier était Rayiman, un criminel spécialisé dans les techniques de tortures.
Il lui avait proposé un marché : un doigt contre sa vie. Si René ne voulait pas qu'il lui fasse du mal il devait se couper un doigt avec des ciseaux devant tous les autres prisonniers. Il lui laissait juste le temps de récupérer de la bastonnade des gardes. Psychopathe, il jouissant de chaque instant de douleur. Il aimait l'idée qu'à chaque fin de rétablissement, René allait encore amèrement souffrir. René tremblait de peur. Il fallait que cela finisse le plus rapidement possible.
Marie avait consulté l'avocat. Ce dernier lui dit que le seul moyen pouvant accélérer la libération est que Pierre retire sa plainte. Vu combien celui-ci était obstiné les chances que cela arrive étaient très minces. Cela se présentait très mal. Elle essaie de l'appeler plusieurs fois, mais il ne décroche pas.
Il est passé 18 heure, sûrement il est chez lui ou à son bar. Elle prend la direction de la maison de Pierre, une superbe villa à Morne Calvaire, un quartier huppé de Pétion-Ville. Elle ne pouvait pas baisser les bras sans avoir tout essayé. Effectivement, Pierre est chez lui. Elle le trouve assis sur la terasse, son chien à côté de lui.
- J'ai essayé de te joindre, lui dit-elle.
- Je sais, répondit-il.
- Et pourquoi tu ne m'as pas répondu ?
- Cela ne valait pas la peine.
- Depuis quand je ne vaux plus la peine?
- Depuis que tu as décidé de fermer tes yeux sur le réel. Tu vis dans un monde imaginaire Marie. Tu t'obstines à protéger un arnaqueur, qui plus est, se révèle être un potentiel assassin. J'aurais pu mourir...
- Je sais, et j'en suis désolé. C'était un accident. René ne mérite pas ce qu'on lui inflige en prison...
- Au contraire, le coupa Pierre. Il le mérite amplement. Il est avec ses semblables, les criminels comme lui.
- Mais, Pierre, René n'est pas mauvais.
- Il l'est, hurle Pierre.
Marie fait silence.
- Il est en affaire avec Rayiman. Ce psychopathe peut tout lui faire. Aides-le, je t'en supplie. Je suis prête à te donner tout ce que tu veux.
Les yeux de Pierre s'agrandirent. La conversation prend d'un seul coup une tournure intéressante.
- Tout, tu dis ?
- Tout, répète-t-elle.
- Je veux que tu le quittes et que tu viennes me rejoigne. Je t'aimerai comme tu le mérites, Marie. Je sais que j'ai été maladroit et que tu mérites mieux que ça. Je me comporterai mieux cette fois. Je m'ouvrirai à toi. Je lutterai pour toi. Je ferai tout pour te retenir, si tu tombes, je te soutiendrai. Je resterai pour le meilleur et le pire. Quand tu auras besoin de moi, je serai là. Quand tu auras besoin de soutien, je te soutiendrai. Et quand, en plein désert, la nuit, tu ne verras pas une lueur, tu tourneras ta tête et tu me verras derrière toi, à te suivre partout et à prendre soin de toi. Sois à moi, Marie !
- Je ne peux pas, répond Marie en larmes. Je sais que tu m'aimes et que je compte pour toi énormément, mais je ne peux pas. Je ne puis me l'expliquer, crie-t-elle.
Pierre se sent impuissant. Sur l'instant, il se déteste et il veut hurler, aucun son ne sort! Marie voit sa douleur. Elle s'approche de lui. Ils pleurent ensemble. L'un essuyant les larmes de l'autres. Leurs têtes se frôlèrent.
- Je t'aime, lui dit Pierre.
- Je sais, répondit-elle en lui essuyant les larmes.
Les secondes deviennent éternité. Marie l'embrasse. Le cœur de Pierre bat la chamade. Il ne peut contrôler ses sens. Il répond à son baiser et là, sur la chaise de la terasse, les choses commencent à devenir sérieux. Marie vient sur lui. Ils se caressent. Marie sourit, son visage paraît soulager. Elle lui enlève son T-shirt et commence à lui faire des suçons au cou. Pierre gémit. Il avait besoin d'elle. Chaque geste, chaque caresse, chaque baiser lui donnait l'impression, que tout le stress de son corps, toutes les tensions s'évacuèrent. Elle déboutonne son corsage et commence à se frotter sur lui. Des mouvements de va et vient visant à stimuler son paradis. Elle déboutonne son soutien gorge. Il l'embrasse partout. Elle aime cela. Elle comprend qu'il est bon au lit. Elle enlève le short qu'elle portait, et se remet sur lui en continuant à l'embrasser. Elle le veut en lui. Ils entendirent un bruit. Quelqu'un appela Pierre et son esprit revient à lui.
- Nous ne pouvons pas faire cela, lui dit-il calmement. Ce n'est pas de moi que tu veux.
L'excitation de Marie est à son comble. Elle essaie de l'embrasser de nouveau. Il recule.
- Nous ne pouvons pas, répete-t-il.
Elle pleure, se leve, se rhabille rapidement en prenant la direction du parking. Elle regarde derrière elle une dernière fois.
- Si tu le laisses en prison, tu y laisseras une partie de moi, dit-elle à Pierre.
Pierre ne répond pas.
Le lendemain, l'avocat appela Marie tôt dans la matinée. René allait être libre, il avait retiré sa plainte.