En cet an de disgrâce 569.R, l’impénétrable planète Ustade connaissait une animation très particulière. Perdue au milieu de l’espace sidéral, oubliée des cartographes galactiques, garnie de pensées, d’amour et d’eau fraîche, ses habitants coulaient paisiblement d’interminables jours heureux. Ils demeuraient pourtant, et depuis toujours, divisés en deux clans distincts: les Corps et les Âmes. Ils adoraient s’adonner à de nouvelles confrontations sportives à mesure qu’ils découvraient d’étranges objets apparaissant à chaque ouverture inopinée d’une porte spatio-temporelle. En fonction des ustensiles récupérés de mondes inconnus, ils s’affrontaient loyalement en imaginant des règles du jeu adaptées. Tout y passait : tournoi de billes, de fléchettes, de tir à la corde... Durant les 67659 dernières périodes cosmiques, jamais la moindre animosité n’était survenue entre les deux clans. Pourtant tout changea depuis cette fameuse nuit des « tombeaux de l’âme ». Une porte spatio-temporelle apporta deux objets : un livre d’un dénommé Platon et un ballon de hand-ball. Servo, un haut dignitaire très respecté, lut le livre et y découvrit certaines vérités présumées. Lors d’un grand rassemblement public, il accusa directement la communauté des Corps d’être un obstacle à l’épanouissement des Âmes. La tension monta rapidement et les Corps dénoncèrent à leur tour l’insouciance des Âmes qui les menaient souvent à se blesser profondément. Chacun accusait l’autre de lui nuire. Chacun se prétendait supérieur à l’autre et la tension devenait palpable. On sentait bien que ces deux clans se dirigeaient droit vers un affrontement fratricide. C’est alors qu’intervinrent directement, et fort à propos, les Dieux d’Ustade. Conscients du danger qui guettait les membres du Corps et les consciences des Âmes, ils décidèrent d’organiser un événement qui réunirait tout le monde pour décider de manière sportive et définitive de la communauté qui était la plus importante. L’autre communauté devra accepter la décision et ne plus revendiquer son éventuelle supériorité. Le challenge retenu fut un match utilisant la balle de hand Ball récupérée en même temps que le livre de Platon. Pour simplifier et abréger les choses, il fut décidé que le vainqueur serait l’équipe qui marquera le premier but. On ne pouvait trouver plus simple. Tout le monde accepta et commença à choisir les champions dignes de cet affrontement décisif. Le clan des Corps retint en attaque Front, qui excellait en première ligne, et Pied, connu pour ses contres. Ils seraient accompagnés au milieu de terrain de leur capitaine Cœur, jamais à bout de souffle, et de Cristallin, très précieux pour son excellente vision du jeu. On retrouverait en arrière Train et Popotin, sur qui on pouvait assoir sa tranquillité défensive. Le goal fut naturellement Fémur, solide comme un os. Les Âmes retinrent en attaque Ironie qui déstabilisait les défenses et Félonie qui les démantelait. En milieu de terrain on retrouvait Sérénité qui savait apaiser ses troupes et Ténacité qui savait les remobiliser en cas de vague à L’Âme. Derrière on retrouvait Mauvaisefoi qui sait se défendre en toute occasion et Perfidie qui sait toujours retourner les attaques adverses en avantages pour lui-même. Le goal serait Intransigeant car il ne laissait jamais rien passer. Les équipes constituées, le grand match qui réunirait Corps et Âmes pouvait enfin commencer.
Ce fut une journée de festivités et de fraternité, chacun restant convaincu que le match ne serait qu’une formalité désignant au final sa communauté comme étant la meilleure. On oublia un instant les différends pour se concentrer sur sa future victoire. Mais toute confrontation ne laisse qu’un vainqueur devenant inéluctablement vaniteux, ce qui n’amène au final que deux perdants... Le grand match commença et le commentateur du stade jubilait. Il faisait partager à tous son enthousiasme débordant. Il se déchaînait littéralement: « Les Corps ont mis le Pied sur la ligne de Front mais ils se retrouvent bloqués par la Mauvaisefoi que l’on reconnait bien là. Ils devraient s’appuyer sur leur milieu de terrain et repasser, ils le savent, par Cœur, schéma tactique mainte fois répété. Cristallin est suivi comme son ombre et scrupuleusement tenu à l’œil par Ironie qui semble bien se moquer de lui. Les Âmes vont mal mais Ténacité joue bien son rôle et semble les remotiver efficacement. Oh non ! C’est une chute ! Félonie tombe sur Popotin ! Quelle Ironie les a poussé à ça ? Cela ne semble pas amuser du tout Intransigeant qui depuis ses cages demande l’expulsion de Popotin. Oser demander l’expulsion de Popotin ne manque pas d’air mais cela risque de faire Pschitt !. Et toujours aucun tir cadré. C’est la rentrée tant attendue des remplaçants : Bras pour les Corps et Sage pour les Âmes. Bras est très long et précieux dans ses relations avec les autres joueurs alors que Sage itère souvent dans le zodiaque, même si beaucoup trouvent cela nébuleux. Et on attend toujours le premier tir du match... »
Les heures passèrent, longues, interminables, ennuyeuses. Aucune équipe n’arrivait à cadrer un seul tir tant les compositions équilibrées des deux groupes s’avéraient efficaces. Le doute s’installait. Ce match finirait-il seulement un jour ? Ces deux clans parviendraient-ils enfin à se démarquer ? N’aurait-on pas du fabriquer des cages pour pouvoir estimer qu’un but était marqué ? Et comme souvent, alors que tout le monde désespérait d’aboutir à une issue bénéfique, le miracle se produisit. Deux joueurs se firent soudain face. Les remplaçants, ceux sur qui on ne compte jamais : Sage et Bras. Ils se dirigèrent vivement l’un vers l’autre et empoignèrent en même temps le ballon. Ils commencèrent vainement à essayer de l’arracher à l’autre. La tension était palpable, le silence s’installa dans les tribunes, les yeux se fixèrent tous sur ce ballon déchiré entre deux représentants de clans ennemis. Puis soudain un bruit formidable déchira ce silence pesant. Le ballon venait d’éclater, et c’était malheureusement le seul disponible dans tout l’univers connu. Il avait été récupéré jadis depuis le même espace-temps que celui où Platon avait déclaré sa phrase insidieuse. Sage et Bras se regardèrent alors fixement. Une larme coula en même temps de leurs yeux embués. Ils réalisèrent ensemble et à ce moment précis qu’ils n’étaient finalement rien l’un sans l’autre, t que les seules choses concrètes qu’ils pouvaient réaliser, c’était l’un avec l’autre. Jamais ils n’auraient pu gagner ce match car comme nous le savons il ne pouvait y avoir que deux perdants lors d’un affrontement. Leur victoire était dans leur union : Corps et Âmes. Ils profitèrent du silence revenu pour prendre publiquement la parole et demander aux membres de leurs deux clans de réaliser et d’admettre qu’ils sont certes différents mais pourtant égaux. Sage parla fort et bien : « Vous êtes tous comme moi. Vous êtes différents ! Ce n’est ni une excuse, ni une explication. C’est seulement une chance. Et cette chance nous devons la partager pour que plus jamais le Corps et l’Âme ne se retrouvent séparés. ». Bras se leva pour saluer la foule et consolider les mots de Sage. L’union sacrée était née et jamais ne périrait.
L’un serait la prison de l’autre selon certains philosophes. Pourtant, et dans aucun espace-temps connu à ce jour, plus jamais le Corps et l’Âme ne s’affrontèrent. Et dans tout l’univers cette journée de grâce et d’espoir est connue comme la genèse du ciment de l’humanité : la journée du Bras Sage ethnique et culturel.
Ce fut une journée de festivités et de fraternité, chacun restant convaincu que le match ne serait qu’une formalité désignant au final sa communauté comme étant la meilleure. On oublia un instant les différends pour se concentrer sur sa future victoire. Mais toute confrontation ne laisse qu’un vainqueur devenant inéluctablement vaniteux, ce qui n’amène au final que deux perdants... Le grand match commença et le commentateur du stade jubilait. Il faisait partager à tous son enthousiasme débordant. Il se déchaînait littéralement: « Les Corps ont mis le Pied sur la ligne de Front mais ils se retrouvent bloqués par la Mauvaisefoi que l’on reconnait bien là. Ils devraient s’appuyer sur leur milieu de terrain et repasser, ils le savent, par Cœur, schéma tactique mainte fois répété. Cristallin est suivi comme son ombre et scrupuleusement tenu à l’œil par Ironie qui semble bien se moquer de lui. Les Âmes vont mal mais Ténacité joue bien son rôle et semble les remotiver efficacement. Oh non ! C’est une chute ! Félonie tombe sur Popotin ! Quelle Ironie les a poussé à ça ? Cela ne semble pas amuser du tout Intransigeant qui depuis ses cages demande l’expulsion de Popotin. Oser demander l’expulsion de Popotin ne manque pas d’air mais cela risque de faire Pschitt !. Et toujours aucun tir cadré. C’est la rentrée tant attendue des remplaçants : Bras pour les Corps et Sage pour les Âmes. Bras est très long et précieux dans ses relations avec les autres joueurs alors que Sage itère souvent dans le zodiaque, même si beaucoup trouvent cela nébuleux. Et on attend toujours le premier tir du match... »
Les heures passèrent, longues, interminables, ennuyeuses. Aucune équipe n’arrivait à cadrer un seul tir tant les compositions équilibrées des deux groupes s’avéraient efficaces. Le doute s’installait. Ce match finirait-il seulement un jour ? Ces deux clans parviendraient-ils enfin à se démarquer ? N’aurait-on pas du fabriquer des cages pour pouvoir estimer qu’un but était marqué ? Et comme souvent, alors que tout le monde désespérait d’aboutir à une issue bénéfique, le miracle se produisit. Deux joueurs se firent soudain face. Les remplaçants, ceux sur qui on ne compte jamais : Sage et Bras. Ils se dirigèrent vivement l’un vers l’autre et empoignèrent en même temps le ballon. Ils commencèrent vainement à essayer de l’arracher à l’autre. La tension était palpable, le silence s’installa dans les tribunes, les yeux se fixèrent tous sur ce ballon déchiré entre deux représentants de clans ennemis. Puis soudain un bruit formidable déchira ce silence pesant. Le ballon venait d’éclater, et c’était malheureusement le seul disponible dans tout l’univers connu. Il avait été récupéré jadis depuis le même espace-temps que celui où Platon avait déclaré sa phrase insidieuse. Sage et Bras se regardèrent alors fixement. Une larme coula en même temps de leurs yeux embués. Ils réalisèrent ensemble et à ce moment précis qu’ils n’étaient finalement rien l’un sans l’autre, t que les seules choses concrètes qu’ils pouvaient réaliser, c’était l’un avec l’autre. Jamais ils n’auraient pu gagner ce match car comme nous le savons il ne pouvait y avoir que deux perdants lors d’un affrontement. Leur victoire était dans leur union : Corps et Âmes. Ils profitèrent du silence revenu pour prendre publiquement la parole et demander aux membres de leurs deux clans de réaliser et d’admettre qu’ils sont certes différents mais pourtant égaux. Sage parla fort et bien : « Vous êtes tous comme moi. Vous êtes différents ! Ce n’est ni une excuse, ni une explication. C’est seulement une chance. Et cette chance nous devons la partager pour que plus jamais le Corps et l’Âme ne se retrouvent séparés. ». Bras se leva pour saluer la foule et consolider les mots de Sage. L’union sacrée était née et jamais ne périrait.
L’un serait la prison de l’autre selon certains philosophes. Pourtant, et dans aucun espace-temps connu à ce jour, plus jamais le Corps et l’Âme ne s’affrontèrent. Et dans tout l’univers cette journée de grâce et d’espoir est connue comme la genèse du ciment de l’humanité : la journée du Bras Sage ethnique et culturel.