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Combattre le mal par le mal. C'était ma priorité absolue à l'issue des vacances. Un guerrier ne reste jamais sur une défaite ! Surtout si c'est son premier combat.
Tout au long de l'année précédente, j'avais copié l'attitude des mecs cools des grandes classes dans l'espoir que Sophie me remarquerait.
Ça avait pris du temps, mais ça avait fini par fonctionner. Un jour, en fin d'année, elle avait enfin accepté d'aller au cinéma avec moi. Tout le trajet en bus, j'avais été hypnotisé par ses lèvres maquillées. C'était la première fois que je voyais une fille de mon âge avec du rouge à lèvres. Elle avait quelque chose d'une femme. Ça devait vouloir dire que j'étais en train de devenir un homme.
Lorsque je l'ai raccompagnée devant chez elle, j'ai voulu l'embrasser.
— Non, m'a-t-elle dit en me repoussant, tu vas abîmer mon rouge à lèvres.
Pourquoi avait-elle mis du rouge à lèvres si ce n'était pour que je l'embrasse ?
Elle est rentrée chez elle. L'année s'est terminée. Et la question ne m'a pas quitté de toutes les vacances.
Le mal par le mal.
Le jour-même de la rentrée, j'ai décidé que ce serait Clém. Elle n'était pas nouvelle dans la classe, mais elle avait cessé d'être une petite fille durant l'été. Je crois que j'étais le seul à m'en être rendu compte. Fallait que je fasse vite si je voulais conserver ma longueur d'avance.
Vu la façon dont elle m'a encouragé sur le chemin qui devait nous conduire à nous voir en dehors des cours, c'était clair qu'elle aussi avait pris des résolutions durant l'été.
Je ne vais pas mentir. J'ai ressenti un sacré pincement quand, passant la chercher un samedi pour l'emmener au cinéma, j'ai vu qu'elle avait mis du rouge à lèvres. Je me suis efforcé de ne pas y penser, mais j'ai bien raté la moitié du film tellement ça me tracassait.
En bas de chez elle, on est restés une bonne minute l'un en face de l'autre, à rien dire, à se sourire. Ses petites dents blanches. Ses lèvres rouges. Quand j'ai essayé de l'embrasser, elle a posé sa main sur ma poitrine, me stoppant dans mon élan. Je crois que j'aurais pu pleurer, ou mourir, ou je ne sais pas trop quoi d'aussi définitif. Puis elle a sorti un mouchoir en papier de son sac et s'est soigneusement essuyé les lèvres.
— Voilà, m'a-t-elle dit, je m'en serais voulu de te barbouiller la bouche !
Tout au long de l'année précédente, j'avais copié l'attitude des mecs cools des grandes classes dans l'espoir que Sophie me remarquerait.
Ça avait pris du temps, mais ça avait fini par fonctionner. Un jour, en fin d'année, elle avait enfin accepté d'aller au cinéma avec moi. Tout le trajet en bus, j'avais été hypnotisé par ses lèvres maquillées. C'était la première fois que je voyais une fille de mon âge avec du rouge à lèvres. Elle avait quelque chose d'une femme. Ça devait vouloir dire que j'étais en train de devenir un homme.
Lorsque je l'ai raccompagnée devant chez elle, j'ai voulu l'embrasser.
— Non, m'a-t-elle dit en me repoussant, tu vas abîmer mon rouge à lèvres.
Pourquoi avait-elle mis du rouge à lèvres si ce n'était pour que je l'embrasse ?
Elle est rentrée chez elle. L'année s'est terminée. Et la question ne m'a pas quitté de toutes les vacances.
Le mal par le mal.
Le jour-même de la rentrée, j'ai décidé que ce serait Clém. Elle n'était pas nouvelle dans la classe, mais elle avait cessé d'être une petite fille durant l'été. Je crois que j'étais le seul à m'en être rendu compte. Fallait que je fasse vite si je voulais conserver ma longueur d'avance.
Vu la façon dont elle m'a encouragé sur le chemin qui devait nous conduire à nous voir en dehors des cours, c'était clair qu'elle aussi avait pris des résolutions durant l'été.
Je ne vais pas mentir. J'ai ressenti un sacré pincement quand, passant la chercher un samedi pour l'emmener au cinéma, j'ai vu qu'elle avait mis du rouge à lèvres. Je me suis efforcé de ne pas y penser, mais j'ai bien raté la moitié du film tellement ça me tracassait.
En bas de chez elle, on est restés une bonne minute l'un en face de l'autre, à rien dire, à se sourire. Ses petites dents blanches. Ses lèvres rouges. Quand j'ai essayé de l'embrasser, elle a posé sa main sur ma poitrine, me stoppant dans mon élan. Je crois que j'aurais pu pleurer, ou mourir, ou je ne sais pas trop quoi d'aussi définitif. Puis elle a sorti un mouchoir en papier de son sac et s'est soigneusement essuyé les lèvres.
— Voilà, m'a-t-elle dit, je m'en serais voulu de te barbouiller la bouche !
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