Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. C'était interminable, et pourtant si bref. Le temps d'une inspiration. Je l'ai vu, ou pour ainsi dire, aperçu. Dans l'effervescence du festival. Au milieu de centaines de personnes qui dansaient et chantaient à tue-tête, je l'ai reconnu. Il était là, debout, dans la foule monstrueuse. Il criait et chantait à pleins poumons. Il paraissait heureux. Au cœur du vacarme ambulant, alors que rien ne prédestinait ce qui va suivre, l'impossible se produisit. Son regard a croisé le mien. En un instant, du bruit je suis passée au silence et je n'entendais plus rien. Je ne voyais que lui. Lui, que j'avais tant cherché dans le visage des autres. Lui, que j'avais tant voulu connaitre. Enfin. Lui, que j'avais comparé à tous. Frappé, il se figea et se laissa bousculer. Puis, dans un élan dont la force ne peut qu'être surnaturelle, nos âmes se sont parlées, sans qu'aucun mot ne sorte de nos bouches.
— Est-ce bien toi ?
— Je t'ai cherchée dans toutes les femmes qui ont croisé mon chemin.
— J'ai le sentiment de te connaître si bien et pourtant, je ne sais rien de toi.
— Le destin, qui fait si bien les choses, a voulu que notre rencontre ait lieu ici. Aux yeux de tous. Mais moi, je ne peux voir que toi. C'est toi, qui rendras cette vie exceptionnelle.
— Alors, on ne se quittera plus.
— Jamais.
En un éclair, la foule de fans l'emportât, cette fois ci pour de bon. C'était notre tout premier adieu. Nous avons toute la vie devant nous pour que ça soit aussi le dernier.