Endville

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  • Notre Terre

Le néant s'y accumule petit à petit :
Éboulis croustillants sur le bord,
Maisons coupées en deux,
Routes mordillées par les ténèbres,
Ponts rongés d'obscurité,
Clôtures fondant en croquant noir,
Arbres ramollis...

Le soleil est bouclé pour toujours
Dans une camisole de nuages,
Et au-dessous s'allongent et se ramifient
Des rues graphite sans nom
Couvertes de parapluies et d'imperméables,
Emportant dans leurs multiples bras
Des valises couleur de nuit...

Les bâtiments indigo des deux côtés
Ne sont que des rayons d'archive
Où s'écaillent
Les carrés jaunis des fenêtres.

Le présent se raidit,
Et le crépuscule se fige dans l'air,
Il prend une densité de pluie,
D'encre qui dégoutte, dégoutte,
Dégoûte
Sur les feuilles tristes des dalles.

Tu n'y entendras pas un cri,
N'y verras pas de larmes aux joues,
Personne ne lèvera son bras pour te frapper
Ni pour te caresser,
Personne ne frappera à ta porte
Ni la brisera,
Personne ne brisera ton cœur
Ni frappera à sa porte...

Ils sont mes frères lointains,
Tous ceux que je deviens lentement
Tandis que je cherche
En vain
Les plaines vertes des terres intérieures.

Toi qui lis ces vers,
Ne méprise pas le soleil
Qui glisse le matin au coin de ta fenêtre,
Ni les collines verdoyantes qui ondoient au loin,
Ni les bigarrures de la vie qui déborde des jardins.

La pensée qui les a oubliés tous
Prend fin ici,
Comme moi,
À Endville,
La Ville de toutes les Fins.

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