Piégé

«Maître? vous pouvez me cogner comme l'ont fait tous les autres mais je ne vous rappellerai pas maître» cria-je! Il ne cherche qu'à m'aider, prétend-il. Si ma propre famille est contre moi alors qu'en est-il de cet inconnu qui sort de nul part? Irène a monter toute la famille est contre moi sans exception. Irène, c'est ma cousine, celle-là même qui m'a mis dans ce problème. Face à cet avocat, je ne ressentais que de la colère il ne m'a pourtant rien fait lui. Me retirer dans un coin de la cellule et évacuer mes soucis à travers quelques larmes, ma seule envie. Mais cet avocat n'était pas prêt à lâcher prise malgré toutes les grossièretés que je lui lançais. Je m'attendais le voir s'énerver mais bien au contraire son visage exprimait plutôt de la pitié à mon égard. «Je reviendrai te voir» lança-t-il . Je fondis en larmes aussitôt. Après son départ, je reçois la visite de ma nièce Cica, la seule personne a qui je me confie. Elle m'avait prévenu. J'aurais dû l'écouter et sûrement j'aurai échappé à ce piège. Elle m'apporta des fruits et et du gari. J'en profite pour lui parler de la visite de l'avocat. Elle était contente pour moi. Pour elle, c'est une bonne nouvelle. C'est elle qui m'a alors convaincu de discuter avec l'avocat. Pour une fois, une lueur d'espoir m'anima. Moi, Sènan, qui vivait une vie paisible avec mes enfants, me voici derrière les barreaux entrain de payer pour avoir voulu bien fait. Je me rappelle encore de ce jour où j'ai décidé d'accueillir cette fille chez moi. Je voulais que Fifa vienne en ville pour réussir. Je voulais qu'elle apprenne à exercer un métier, qu'elle fasse la fierté de ses parents. Elle n'avait que 17 ans, je pouvais encore lui tracer un chemin.
Le jour où cette histoire a commencé, j'étais allée au village pour assister à une funéraille. C'est à cette occasion que je vis ma cousine Irène et nous entamâmes une discussion. Elle me parlais de ses difficultés à joindre les deux bouts, de son mari, un ivrogne qui ne fait rien de ses journées si ce n'est boire et dormir, de la terre qui ne produit plus comme avant à cause des changements climatiques. «J'ai peur pour l'avenir de mes enfants» se plaigna t-elle. Du haut de ses 35 ans, elle compte déjà 07 enfants, et un huitième qui bouge déjà dans son ventre. Prise de pitié, je décida de de m'occuper d'en prendre une avec moi et de m'en occuper. Je ne pouvais jamais penser que je regretterais cette decision. Eh oui! Je le regrette. Cica m'avait pourtant prévenu mais ma décision était ferme. Fifa viendra avec moi. Toute la famille était informée, des aïeuls au nouveau née.
Fifa m'a suivi en ville, presque sans vêtements, je lui en ai donc pris de toutes sortes. Elle avait des cheveux entremêlés toutes jaunis qu'elle a dû couper pour laisser pousser de nouveaux. Déjà une semaine passée chez moi, son apparence changea, elle pris du poids et devint encore plus présentable.
-Que veux-tu exercer comme métier?
-La couture, j'ai toujours rêver avoir un atelier de couture. J'aime ce métier.
Deux jours plus tard, je l'inscris et elle commença la formation.
Des jours passèrent.......
Je m'arrangeais toujours pour qu'elle ne manque de rien. Elle s'entend bien avec mes enfants. Je les traite tous de la même manière. Ce sont tous mes enfants.
Un mercredi soir, elle s'est plainte auprès de moi qu'elle a endommagé un tissu par mégarde et sa patronne veut qu'elle rembourse. Le tissu coûterait douze mille (12000) FCFA. Malgré que j'avais des difficultés financières en temps, je lui remis l'argent le lendemain.
Le vendredi soir, moi et mes enfants l'attendions pour dîner mais elle ne rentrait pas. On commençais à s'inquiéter. Je demandais aux enfants de manger et que j'irai la chercher. Je me rendis à l'atelier de couture mais mon inquiétude s'intensifie lorsque je vis la porte de cet atelier fermer. Où a t-elle bien pu passer? Je me rendis chez deux de ses collègues que je connaissais mais elle n'y était pas. Il sonnait minuit. Je rodais encore dans le quartier pensant l'apercevoir quelque pars mais elle n'était nul part. Je rentrait autour de 2 heure du matin. Le lendemain, je me rendis à l'atelier mais elle n'y étais pas. Merde! Dans quoi me suis-je fourrée ? Il y'a l'une des apprentis qui me disait qu'elle aurait l'air bizarre, qu'elle prenait d'appel en cachette. Appel? Fifa a un portable? Non! Je n'en croyais pas mes oreilles. J'appela immédiatement le village pour en informer ses parents. «Trouve-moi ma fille, assassin. Je veux voir ma fille dès demain», ce fut le mots du père de Fifa. Je m'évanouie sur le coup de la colère. Je me réveilla entouré des apprentis et de leur patronne, mes vêtements était toutes mouillés. Elles auraient versé de l'eau sur moi pour me réveiller. La patronne me ramena chez moi.
Le jour suivant, je reçu l'appel de ses parents qui n'arrêtaient pas de me menacer. Toutes la famille était informée. Les parents de Fifa disaient à qui veut l'entendre que j'ai vendu leur fille au Nigeria pour m'enrichir. Ma propre cousine nourrissait cette rumeur. Je tenais le coup. Je me disais que une douleur de parent dû à la perte de leur enfant. Je me mettais à leur place.
Des mois passèrent. Aucune trace de Fifa. Cica était la seule qui me croyais et me soutenais moralement. Je ne mangeait presque plus. Je ne dormais presque plus. Je maigris.
J'étais assise dans la cour de ma maison toute pensive lorsque la sonnerie retentît. Le gardien alla ouvrir. A ma grande surprise, c'était la police. Ils ont un mandat d'arrêt. J'étais maintenu en garde à vue. Les membres de la famille venait me voir à tour de rôle. Avant même qu'ils ne me disent quoi que ce soit, je pouvais lire du mépris dans leur yeux. Les mots, c'était pour m'achever mais je tenais le coup. Des injures venaient à moi tel un malpropre. Ma nièce Cica était la seule qui me réconfortait et m'apportait de la consolation. Des officiers de police au Président du jury, je n'ai eu droit à aucune compassion. Alors qu'en est-il de cet avocat qui sort de nul part?
Mon avocat, me rendit encore une fois visite et je lui narrais les faits dans les moindres détails. Chaque audience était renvoyée à des dates ultérieures. Jusque là aucune preuve n'est rassemblée.
Je devrais comparaitre encore une fois, et à ce jour de l'audience les parents de Fifa, toute la famille était là. Eux tous me regardais avec dégoût, avec dédain. Après les débats, le Juge ordonna ma liberté sous caution pour manque de preuve. Ma Nièce Cica rassemblait les deux cent mille (200.000) FCFA au bout de quelques jours et paya la caution.
Une fois chez moi, je continuais les enquêtes de mon côté. Mon seul soucis, c'est de retrouver la fille et la rendre à ses parents.
A chaque fois que j'apprends qu'elle est quelque part, j'y vais mais en vain. Jusqu'à ce que huit (08) années passèrent.
J'étais chez moi quand je reçois un appel.
- Bonjour Tante. C'est Fifa. Je te demande pardon. Ne raccroche pas stp. Pardon Tante.
Jusque là je perdis les mots, et je ne faisais que pleurer.
«Je veux te voir Tante. Ne pleure pas stp. Je viendrai à la maison tout à l'heure» reprit-elle.
«Je suis là. Tu peux venir» lui répondis-je.
Elle vint chez moi avec quatre (04) gosses. Ce sont ses enfants je suppose. Elle s'agenouilla en larme. Elle m'expliqua qu'elle était fiancée à un homme avant de quitté le village et ses parents le savaient. Je commençais à comprendre.
-Mais pourquoi ne m'avez vous rien dit.
-Je ne pouvais pas. Mes parents ont tout planifié. Ma mère a toujours été jalouse de toi. C'était prévu que je m'enfuie avec cet homme pour que mes parents puissent t'accuser. Depuis que je suis partir je n'ai pas la paix dans ma vie. Pardonne moi stp.
-Que vous êtes mauvais, toi et tes parents. Vous m'avez traîné devant la justice. Vous avez roulé mon nom dans ma boue. Soyez maudit.
À son insu, J'appela les membres de la famille. Tous rassemblés chez, Fifa commença par tous avouer. Ma cousine et son mari se sont fait hués. Enfin...