Nouvelles
4 min
Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny
Peine de mort
Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? peut-être les deux, je ne sais pas, mais peu m’importe car bientôt j’irai me mêler à ce néant, sans que personne ne le remarque hormis les rats avec lesquels je partageais ma pitance quotidienne. Prisonnier, condamné à mort et reclus dans une cellule crasseuse distillant avec brio le parfum nauséabond d’un local des plus exécrable. J’avais troqué ma liberté contre un tatouage et la reconnaissance de celui que je considérais comme le robin des bois de ces temps qui sont les nôtres.
Laffite, ou l’ange noir comme l’on le surnommait au quartier, l’une de ses personnes qui vivaient à contre-courant des idéaux de cette société qui prône l’éducation des enfants, pour ensuite leur faire habiter les parvis du chômage et dont les lettres de motivation se retrouvaient aux quatre coins de la rue dans les mains d’une de ses femmes que l’on qualifiait de « battante ». De philosophie, il n’en avait qu’une, qu’il répétait à qui voulait l’entendre « accepte moi comme je suis », cette phrase était pour tous ceux qui le rejoignaient une panacée pour leurs âmes gangrenées de vices que même le diable ne pourrait égaler.
Sans tergiverser, j’avais accepté de le suivre et de faire de lui mon modèle de réussite que je brandirais fièrement devant père.
Père qui me faisait la morale à chaque fois qu’il apprenait l’une de mes bagarres, car pour lui soit je réussissais sur les bancs, soit je reprenais le volant de sa vieille Mazda, qui déambulait dans les rues de la ville à la recherche de clients pour subvenir aux besoins de la famille. Mère quant à elle ne m’engueulait plus, elle se demandait surement comment son petit “Prince“ était devenue le roi des casse-cous, et se contentait de prier devant la petite statue de Marie qui reposait dans un espace aménagé de la pièce qui nous servais de salon.
Aujourd’hui le regret frappait aux barreaux de ma cellule, mais je n’avais pas le droit de lui répondre, à dire vrai il n’y a plus de place dans ce quatre mètres carrés que je partage depuis plus de cinq ans avec mes codétenus : solitude et tristesse. Je me suis retrouvé là, non pas par la force des choses mais plutôt par celle de mon doigt, qui avait appuyé sur la détente pour mettre fin aux jours de ce flic qui venait de nous prendre en flagrant délit de vol. En gros j’avais gouté à la drogue, commis des braquages, menacé des concurrents, exécuté les gêneurs et conduit le réseau de proxénétisme de Lafitte, il m’appelait affectueusement « Asmodée » le pire des démons selon la bible.
Et encore j’en ai vu défiler de ces bibles, avec la sœur Myriam qui me rendait visite quand elle le pouvait, accompagnée d’Hervé premier responsable d’un apostolat caritatif de ma paroisse d’origine, car oui j’étais baptisé et faisais donc partie de la grande famille de Dieu. « En Christ toutes choses sont devenues nouvelles » leur rengaine quotidienne, ils avaient ainsi réussi à “gagner l’âme“ de Franky, le détenu d’en face qui depuis lors se la jouait au bon larron, voilant par ces paroles toutes les fois où, lui et sa clique m’attendaient au pilori de la douche pour satisfaire leurs envies de décérébrés. Hier soir avant la fermeture des cellules je l’entendais prier et demander pardon pour mes péchés. Rire, il avait surement perdu la tête car moi j’irai certainement dans la fameuse géhenne où pleurs et grincements de dents se succèdent tels les cris d’une horde de hyènes, en compagnie de tous ceux que j’avais exécutés.
La fin se profilait au fil des minutes qui passaient, c’est bientôt l’heure, ils viendront me chercher pour me conduire au trône que j’avais si bien mérité, ironie du sort je me nommais Prince et j’allais mourir en tant que roi, car tout une assistance viendrait à mon exécution sur la chaise pour célébrer mon règne éphémère. Je revois encore le visage de cette femme, dépeignant au détail près le portrait de la haine qu’elle portait à mon égard du fait que j’avais assassiné le père de ses marmots, et aussi tous ces sourires qui accompagnaient le coup de maillet du juge à l’annonce de ma mort prochaine. Quelle différence y’avait-il entre cette bande d’assassin sous couvert de la justice et moi ? Car voir toute une assemblée se réjouir de votre mort prochaine, est un spectacle à vous retirer toute once d’humanité.
Depuis mon séjour en prison aucun de ceux que je considérais comme mes amis ne m’a rendu visite, hormis ma sœur et maman, qui malgré tout me disaient qu’elles continueraient de prier pour moi-même dans l’au-delà. Aux dires de ma sœur, Lafitte s’était trouvé un nouveau bras droit, et avait remis de l’argent à maman, argent qu’elle avait fièrement refusé et lui avait retorquée par la suite que rien ne valait la vie sacrifiée de son unique fils qui croupissait en taule comme une vulgaire serpillère.
Père quant à lui prétextait n’avoir pas de fils, mais qu’un seul et unique enfant : sa fille Audrey, pour qui il immolerait le reste de sa vie afin qu’elle ait un avenir. Le monde s’était écroulé autour de moi et je l’avais bien mérité, aujourd’hui si vous m’entendez, retenez une chose : ne dilapidez pas le reste de votre vie au gré de vos envies passagères, mais travaillez plutôt à votre ascension. Le temps s’occupera de faire grandir ce que vous aurez semé, car l’on ne récolte que ce que l’on sème ! Cette leçon je l’ai apprise à mes dépens.
J’entends des bruits de pas, c’est surement les gardiens qui viennent me chercher, au bon Dieu, si tu m’entends « pardonne moi mes péchés comme je l’ai fait pour tous ceux qui dans cette prison m’ont sodomisé ». C’est l’heure de ma mort, j’espère aussi que la Vierge priera pour moi.
Laffite, ou l’ange noir comme l’on le surnommait au quartier, l’une de ses personnes qui vivaient à contre-courant des idéaux de cette société qui prône l’éducation des enfants, pour ensuite leur faire habiter les parvis du chômage et dont les lettres de motivation se retrouvaient aux quatre coins de la rue dans les mains d’une de ses femmes que l’on qualifiait de « battante ». De philosophie, il n’en avait qu’une, qu’il répétait à qui voulait l’entendre « accepte moi comme je suis », cette phrase était pour tous ceux qui le rejoignaient une panacée pour leurs âmes gangrenées de vices que même le diable ne pourrait égaler.
Sans tergiverser, j’avais accepté de le suivre et de faire de lui mon modèle de réussite que je brandirais fièrement devant père.
Père qui me faisait la morale à chaque fois qu’il apprenait l’une de mes bagarres, car pour lui soit je réussissais sur les bancs, soit je reprenais le volant de sa vieille Mazda, qui déambulait dans les rues de la ville à la recherche de clients pour subvenir aux besoins de la famille. Mère quant à elle ne m’engueulait plus, elle se demandait surement comment son petit “Prince“ était devenue le roi des casse-cous, et se contentait de prier devant la petite statue de Marie qui reposait dans un espace aménagé de la pièce qui nous servais de salon.
Aujourd’hui le regret frappait aux barreaux de ma cellule, mais je n’avais pas le droit de lui répondre, à dire vrai il n’y a plus de place dans ce quatre mètres carrés que je partage depuis plus de cinq ans avec mes codétenus : solitude et tristesse. Je me suis retrouvé là, non pas par la force des choses mais plutôt par celle de mon doigt, qui avait appuyé sur la détente pour mettre fin aux jours de ce flic qui venait de nous prendre en flagrant délit de vol. En gros j’avais gouté à la drogue, commis des braquages, menacé des concurrents, exécuté les gêneurs et conduit le réseau de proxénétisme de Lafitte, il m’appelait affectueusement « Asmodée » le pire des démons selon la bible.
Et encore j’en ai vu défiler de ces bibles, avec la sœur Myriam qui me rendait visite quand elle le pouvait, accompagnée d’Hervé premier responsable d’un apostolat caritatif de ma paroisse d’origine, car oui j’étais baptisé et faisais donc partie de la grande famille de Dieu. « En Christ toutes choses sont devenues nouvelles » leur rengaine quotidienne, ils avaient ainsi réussi à “gagner l’âme“ de Franky, le détenu d’en face qui depuis lors se la jouait au bon larron, voilant par ces paroles toutes les fois où, lui et sa clique m’attendaient au pilori de la douche pour satisfaire leurs envies de décérébrés. Hier soir avant la fermeture des cellules je l’entendais prier et demander pardon pour mes péchés. Rire, il avait surement perdu la tête car moi j’irai certainement dans la fameuse géhenne où pleurs et grincements de dents se succèdent tels les cris d’une horde de hyènes, en compagnie de tous ceux que j’avais exécutés.
La fin se profilait au fil des minutes qui passaient, c’est bientôt l’heure, ils viendront me chercher pour me conduire au trône que j’avais si bien mérité, ironie du sort je me nommais Prince et j’allais mourir en tant que roi, car tout une assistance viendrait à mon exécution sur la chaise pour célébrer mon règne éphémère. Je revois encore le visage de cette femme, dépeignant au détail près le portrait de la haine qu’elle portait à mon égard du fait que j’avais assassiné le père de ses marmots, et aussi tous ces sourires qui accompagnaient le coup de maillet du juge à l’annonce de ma mort prochaine. Quelle différence y’avait-il entre cette bande d’assassin sous couvert de la justice et moi ? Car voir toute une assemblée se réjouir de votre mort prochaine, est un spectacle à vous retirer toute once d’humanité.
Depuis mon séjour en prison aucun de ceux que je considérais comme mes amis ne m’a rendu visite, hormis ma sœur et maman, qui malgré tout me disaient qu’elles continueraient de prier pour moi-même dans l’au-delà. Aux dires de ma sœur, Lafitte s’était trouvé un nouveau bras droit, et avait remis de l’argent à maman, argent qu’elle avait fièrement refusé et lui avait retorquée par la suite que rien ne valait la vie sacrifiée de son unique fils qui croupissait en taule comme une vulgaire serpillère.
Père quant à lui prétextait n’avoir pas de fils, mais qu’un seul et unique enfant : sa fille Audrey, pour qui il immolerait le reste de sa vie afin qu’elle ait un avenir. Le monde s’était écroulé autour de moi et je l’avais bien mérité, aujourd’hui si vous m’entendez, retenez une chose : ne dilapidez pas le reste de votre vie au gré de vos envies passagères, mais travaillez plutôt à votre ascension. Le temps s’occupera de faire grandir ce que vous aurez semé, car l’on ne récolte que ce que l’on sème ! Cette leçon je l’ai apprise à mes dépens.
J’entends des bruits de pas, c’est surement les gardiens qui viennent me chercher, au bon Dieu, si tu m’entends « pardonne moi mes péchés comme je l’ai fait pour tous ceux qui dans cette prison m’ont sodomisé ». C’est l’heure de ma mort, j’espère aussi que la Vierge priera pour moi.