- Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appelerai pas "maître" !
Cet affront m'a bien évidemment valu un bon coup de poing de la part d'un des sbires qui me retenaient. Je le voyais rire à gorge déployée, cette enflure qui se croyait tout permis... Et la seule chose à laquelle je pensais depuis trois jours que je me trouvais là, c'était de lui casser la figure, pour ainsi lui apprendre le respect.
- Je vois que tu n'as pas encore compris quelle est ta place ici. Me dit l'un d'entre eux tandis que je continuais à recevoir des coups sous leurs regards moqueurs.
- Tu n'as pas d'issue, soutint l'un d'entre eux. Te résigner est la meilleure chose à faire.
Me résigner? Très drôle. J'essayais de rire, mais seuls mes gémissements se faisaient entendre... Je n'avais plus de forces pour lutter...Je ne sais pas quelle information leur avait été chuchotée, mais ils étaient sortis précipitamment, m'accordant ainsi un peu de répit.
Je me retrouvai de nouveau seul, sale et bien amoché entre ces quatres murs immondes qui ne tenaient qu'à une seule brique. Où étais-je ? Ça je n'en avait aucune idée. Tout ce dont j'étais sûr, c'est qu'en restant deux jours de plus enfermé dans cette salle, je serais devenu fou. Une salle ? Je crois que le mot est bien trop grand pour décrire cet endroit. Contentons nous de l'appeler "pièce", même si j'aurais juré à mon arrivée qu'il s'agissait d'une étable. La preuve en est que j'étais obligé de dormir sur de la paille humide, la pièce n'ayant pour seul meuble qu'un tabouret en bois. Sur celui-ci était posée une petite bassine qui retenait les gouttes d'eau qui s'échappaient toutes les secondes du toit usé. Et c'était la seule mélodie que j'entendais depuis trois jours :
«tap tap tap» Des gouttes tombent du toit ;
«tap tap tap» Qu'adviendra-t-il de moi ?
Cela faisait plus de trois jours que j'étais enfermé, trois jours que je me rebellais, trois jours que je n'avais vu ma sœur, trois jours que je m'inquiétais... Comment ne pas m'inquiéter avec ces ordures qui nous retenaient ?! Ces ordures qui nous avaient enlevés ma sœur et moi lorsque que nous rentrions de notre épicerie familiale, après une dure journée.
"Ils", "ils", "ils"... Qui étaient-"ils" ? Certainement ce gang, si je pourrais l'appeler ainsi, qui terrorisait les habitants de notre petit village depuis des semaines. En effet, plus d'une dizaine de jeunes filles avaient été enlevées, les unes après les autres et depuis lors, plus aucune nouvelle d'elles. Des parents en larmes, des cris de douleur et des enquêtes de police, on en voyait pas mal ces dernières semaines. Non pas que notre famille soit spéciale, mais j'étais loin de penser que cela nous arriverait à nous. On n'a tendance à réaliser l'ampleur de certaines choses, que lorsqu'elles nous arrivent. Et c'est mon cas en ce moment. Je n'osais pas imaginer qu'on ait pu lui faire le moindre mal, qu'on ait pu la toucher, la souiller... Le simple fait d'y penser me donnait la rage. Ma sœur, cette personne si pure et douce, ne méritait pas cela. Oui, aucune de ces filles non plus...
Je fus tiré de mes pensées par la porte qui s'ouvrit. Une jeune femme rentra avec une assiette dans la main, et des vêtements. Elle était enceinte et très fatiguée aussi. Elle s'approcha lentement et déposa le tout près de moi en silence. Elle fut prise de panique lorsque je retins sa main pour l'empêcher de quitter la pièce.
- S'il vous plaît, je ne veux pas vous faire de mal, rassurez-vous. J'ai juste besoin de savoir si ma sœur va bien...
- Au sous-sol avec les autres, me dit-elle simplement avant de s'enfuir vers la sortie.
Au sous-sol avec les autres...
Les autres filles peut-être ?
Et pourquoi ?
J'avais besoin de réponses, et ce n'était pas en restant ainsi assis que je les aurais eues. Après m'être levé, je me ravisai, en me rappelant qu'ils étaient nombreux lors de mon arrivée, et ce serait de la folie de tenter quoique ce soit. Alors quoi ? Je dois "me résigner" ? Hors de question.
Je passai tout de même plus une demie heure à tourner en rond, me demandant ce que j'allais faire, jusqu'à ce que deux hommes pénètrèrent brusquement dans la pièce.
- Tu n'es pas encore prêt ? Pourquoi tu traînes ? Me demande l'un d'entre eux.
- Prêt pourquoi ?
- Tu te dépêches, si tu veux revoir ta sœur. M'a-t-on simplement répondu.
Dix minutes après avoir enfilé les vêtements qui m'avait été apportés, je fus conduit à l'extérieur, une chaîne au pied.
Dehors, la nuit tombait à peine, le ciel était orange, signe que le soleil, rejoignait son lit pour laisser la place à l'astre de la nuit, qui n'allait pas tarder à se montrer. Et là, près une voiture, je vis ma sœur... Oui c'est elle... Elle courut se jeter dans mes bras déjà grand ouverts pour l'accueillir.
- Oh Line ! M'exclamai-je. Comment tu vas ?
Je n'eus pour réponse que des sanglots, légèrement étouffés, et sans avoir le temps d'en savoir plus, elle fut arrachée à moi pour mon plus grand regret.
- Laissez-moi lui parler ! Criai-je tandis qu'on me retenait.
- Du calme ! Tu vas revoir ta sœur, seulement si tu te comportes bien. Déclara l'un d'entre eux.
- Que voulez-vous bandes d'ordures ?
- J'adore son audace, dit l'autre, un cigare à la main.
- Eh bien, mon ami ici présent pense que tu lui seras très utile, donc tu vas le suivre, de plein gré ou non. Et tu auras intérêt à bien te comporter si tu veux de nouveau pouvoir parler à ta sœur.
- Et qu'est-ce qui me garantit que vous n'allez pas lui faire de mal ?
Ils en rirent.
- Rien. Mais c'est qu'elle a un beau corps, qui rapporte beaucoup la petite...
Il aurait eu mon poing dans la figure si l'on ne me retenait pas. Comment peut-on être aussi cruel et pervers ?
La minute d'après, je serrais ma sœur dans mes bras, car je sentais que ce serait peut-être la dernière fois. La voir pleurer ainsi me fendait le cœur. Encore plus lorsque j'imaginais tout ce qu'elle avait pu subir.
- Dis-moi, que s'est-il passé ?
- Ils... Ils... Ils ont une maison close au sous-sol, balbutia Line avant d'éclater en sanglots.
Même si je l'avais deviné, l'entendre me fit encore plus mal. J'avais le sang qui bouillisait de colère en la voyant dans cet état, et surtout que je ne savais pas quoi faire pour y remédier.
À ce moment là, j'aperçus plusieurs voitures de luxe garer les unes après les autres dans la cour. Des hommes en sortaient et se dirigeaient à l'intérieur. Rien qu'en les voyant, on devinait qu'ils faisaient partie de la haute société. Ils étaient presque tous vêtus de costumes, mais bon, même avec les parfums les plus chers du monde,on ne saurait masquer l'odeur de la pourriture. C'est ce qu'ils étaient ; des personnes sans morale, bien que des chefs de familles... Malgré la pénombre, je remarquai une silhouette familière sortir d'une voiture garée un peu plus loin des autres. Avec un peu plus d'attention, je reconnus mon père. Enfin, me suis-je dit, il s nous ont retrouvés.
- Line regarde ! C'est papa, m'exclamai-je.
Elle cependant n'avait pas l'air très surprise.
- Il est venu pour nous. Il va nous sortir de là, tu verras.
- Arrête John ! Il n'est pas venu pour nous.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- C'est de sa faute ! C'est de sa faute.
Elle pleurait de plus belle.
- Qu'y a-t-il ? M'enquis-je, intrigué.
- Nous ne sommes pas ici par hasard. C'est lui... Il nous a vendus.
Cet affront m'a bien évidemment valu un bon coup de poing de la part d'un des sbires qui me retenaient. Je le voyais rire à gorge déployée, cette enflure qui se croyait tout permis... Et la seule chose à laquelle je pensais depuis trois jours que je me trouvais là, c'était de lui casser la figure, pour ainsi lui apprendre le respect.
- Je vois que tu n'as pas encore compris quelle est ta place ici. Me dit l'un d'entre eux tandis que je continuais à recevoir des coups sous leurs regards moqueurs.
- Tu n'as pas d'issue, soutint l'un d'entre eux. Te résigner est la meilleure chose à faire.
Me résigner? Très drôle. J'essayais de rire, mais seuls mes gémissements se faisaient entendre... Je n'avais plus de forces pour lutter...Je ne sais pas quelle information leur avait été chuchotée, mais ils étaient sortis précipitamment, m'accordant ainsi un peu de répit.
Je me retrouvai de nouveau seul, sale et bien amoché entre ces quatres murs immondes qui ne tenaient qu'à une seule brique. Où étais-je ? Ça je n'en avait aucune idée. Tout ce dont j'étais sûr, c'est qu'en restant deux jours de plus enfermé dans cette salle, je serais devenu fou. Une salle ? Je crois que le mot est bien trop grand pour décrire cet endroit. Contentons nous de l'appeler "pièce", même si j'aurais juré à mon arrivée qu'il s'agissait d'une étable. La preuve en est que j'étais obligé de dormir sur de la paille humide, la pièce n'ayant pour seul meuble qu'un tabouret en bois. Sur celui-ci était posée une petite bassine qui retenait les gouttes d'eau qui s'échappaient toutes les secondes du toit usé. Et c'était la seule mélodie que j'entendais depuis trois jours :
«tap tap tap» Des gouttes tombent du toit ;
«tap tap tap» Qu'adviendra-t-il de moi ?
Cela faisait plus de trois jours que j'étais enfermé, trois jours que je me rebellais, trois jours que je n'avais vu ma sœur, trois jours que je m'inquiétais... Comment ne pas m'inquiéter avec ces ordures qui nous retenaient ?! Ces ordures qui nous avaient enlevés ma sœur et moi lorsque que nous rentrions de notre épicerie familiale, après une dure journée.
"Ils", "ils", "ils"... Qui étaient-"ils" ? Certainement ce gang, si je pourrais l'appeler ainsi, qui terrorisait les habitants de notre petit village depuis des semaines. En effet, plus d'une dizaine de jeunes filles avaient été enlevées, les unes après les autres et depuis lors, plus aucune nouvelle d'elles. Des parents en larmes, des cris de douleur et des enquêtes de police, on en voyait pas mal ces dernières semaines. Non pas que notre famille soit spéciale, mais j'étais loin de penser que cela nous arriverait à nous. On n'a tendance à réaliser l'ampleur de certaines choses, que lorsqu'elles nous arrivent. Et c'est mon cas en ce moment. Je n'osais pas imaginer qu'on ait pu lui faire le moindre mal, qu'on ait pu la toucher, la souiller... Le simple fait d'y penser me donnait la rage. Ma sœur, cette personne si pure et douce, ne méritait pas cela. Oui, aucune de ces filles non plus...
Je fus tiré de mes pensées par la porte qui s'ouvrit. Une jeune femme rentra avec une assiette dans la main, et des vêtements. Elle était enceinte et très fatiguée aussi. Elle s'approcha lentement et déposa le tout près de moi en silence. Elle fut prise de panique lorsque je retins sa main pour l'empêcher de quitter la pièce.
- S'il vous plaît, je ne veux pas vous faire de mal, rassurez-vous. J'ai juste besoin de savoir si ma sœur va bien...
- Au sous-sol avec les autres, me dit-elle simplement avant de s'enfuir vers la sortie.
Au sous-sol avec les autres...
Les autres filles peut-être ?
Et pourquoi ?
J'avais besoin de réponses, et ce n'était pas en restant ainsi assis que je les aurais eues. Après m'être levé, je me ravisai, en me rappelant qu'ils étaient nombreux lors de mon arrivée, et ce serait de la folie de tenter quoique ce soit. Alors quoi ? Je dois "me résigner" ? Hors de question.
Je passai tout de même plus une demie heure à tourner en rond, me demandant ce que j'allais faire, jusqu'à ce que deux hommes pénètrèrent brusquement dans la pièce.
- Tu n'es pas encore prêt ? Pourquoi tu traînes ? Me demande l'un d'entre eux.
- Prêt pourquoi ?
- Tu te dépêches, si tu veux revoir ta sœur. M'a-t-on simplement répondu.
Dix minutes après avoir enfilé les vêtements qui m'avait été apportés, je fus conduit à l'extérieur, une chaîne au pied.
Dehors, la nuit tombait à peine, le ciel était orange, signe que le soleil, rejoignait son lit pour laisser la place à l'astre de la nuit, qui n'allait pas tarder à se montrer. Et là, près une voiture, je vis ma sœur... Oui c'est elle... Elle courut se jeter dans mes bras déjà grand ouverts pour l'accueillir.
- Oh Line ! M'exclamai-je. Comment tu vas ?
Je n'eus pour réponse que des sanglots, légèrement étouffés, et sans avoir le temps d'en savoir plus, elle fut arrachée à moi pour mon plus grand regret.
- Laissez-moi lui parler ! Criai-je tandis qu'on me retenait.
- Du calme ! Tu vas revoir ta sœur, seulement si tu te comportes bien. Déclara l'un d'entre eux.
- Que voulez-vous bandes d'ordures ?
- J'adore son audace, dit l'autre, un cigare à la main.
- Eh bien, mon ami ici présent pense que tu lui seras très utile, donc tu vas le suivre, de plein gré ou non. Et tu auras intérêt à bien te comporter si tu veux de nouveau pouvoir parler à ta sœur.
- Et qu'est-ce qui me garantit que vous n'allez pas lui faire de mal ?
Ils en rirent.
- Rien. Mais c'est qu'elle a un beau corps, qui rapporte beaucoup la petite...
Il aurait eu mon poing dans la figure si l'on ne me retenait pas. Comment peut-on être aussi cruel et pervers ?
La minute d'après, je serrais ma sœur dans mes bras, car je sentais que ce serait peut-être la dernière fois. La voir pleurer ainsi me fendait le cœur. Encore plus lorsque j'imaginais tout ce qu'elle avait pu subir.
- Dis-moi, que s'est-il passé ?
- Ils... Ils... Ils ont une maison close au sous-sol, balbutia Line avant d'éclater en sanglots.
Même si je l'avais deviné, l'entendre me fit encore plus mal. J'avais le sang qui bouillisait de colère en la voyant dans cet état, et surtout que je ne savais pas quoi faire pour y remédier.
À ce moment là, j'aperçus plusieurs voitures de luxe garer les unes après les autres dans la cour. Des hommes en sortaient et se dirigeaient à l'intérieur. Rien qu'en les voyant, on devinait qu'ils faisaient partie de la haute société. Ils étaient presque tous vêtus de costumes, mais bon, même avec les parfums les plus chers du monde,on ne saurait masquer l'odeur de la pourriture. C'est ce qu'ils étaient ; des personnes sans morale, bien que des chefs de familles... Malgré la pénombre, je remarquai une silhouette familière sortir d'une voiture garée un peu plus loin des autres. Avec un peu plus d'attention, je reconnus mon père. Enfin, me suis-je dit, il s nous ont retrouvés.
- Line regarde ! C'est papa, m'exclamai-je.
Elle cependant n'avait pas l'air très surprise.
- Il est venu pour nous. Il va nous sortir de là, tu verras.
- Arrête John ! Il n'est pas venu pour nous.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- C'est de sa faute ! C'est de sa faute.
Elle pleurait de plus belle.
- Qu'y a-t-il ? M'enquis-je, intrigué.
- Nous ne sommes pas ici par hasard. C'est lui... Il nous a vendus.