« Elle avait besoin d’un héros alors c’est ce qu’elle est devenue. » C’est cette petite phrase partagée sur les réseaux sociaux et venue s’afficher sur son écran, qui a tout déclenché. Oui, son héros finalement ça allait être elle.
Elle commence par prendre un rendez-vous chez le coiffeur puis un deuxième, chez un psy cette fois pour tout mettre à plat et vider son sac. Dans son armoire elle vide les tiroirs de la lingerie en dentelle, des collants et des nuisettes, elle dépend les robes, les jupes et les chemisiers et met tout ça dans de grosses valises qu’elle dépose dans son coffre de voiture pour s’en débarrasser plus tard et effacer cette vie d’avant. Elle va ensuite renouveler sa garde-robe, avec en prime cette paire de baskets dont elle a tant rêvée quand elle était perchée sur ses talons.
Elle est en train de reprendre sa vie en main et devenir enfin ce héros qui lui fait défaut. Depuis longtemps, elle ne s’est pas sentie aussi bien. Ce n’est même pas depuis longtemps, c’est plutôt depuis quand ne s’est-elle pas sentie aussi bien ? Elle ne se souvient pas avoir déjà été dans un tel état de bien-être – petite peut-être ? Aussi loin qu’elle puisse se souvenir ce sentiment d’être enfin ce qu’elle voulait être, ce qu’elle est réellement au fond d’elle, ne lui apparait pas. Même dans les clichés les plus banals elle ne se voit pas profondément être elle-même. C’est de la connerie de faire croire à l’innocence de l’enfance, de dire que lorsque le vent lui balayait le visage sur sa balançoire ou lorsque, gamine, elle sautait dans les flaques, elle était cette enfant pleine vie, résolue et mordant la vie à pleines dents. Non, elle c’est la vie qui la mordait et pas l’inverse.
Toute sa vie elle avait dû se plier à ce que l’on attendait d’elle, pour être conforme à l’image de la femme que la société véhiculait. Fine, gracieuse, réservée, polie, serviable, aimante, douce, bienveillante. Pendant ce temps elle, elle ne rêvait que de muscles, de force, de virilité. On lui disait champagne, elle pensait whisky ; on lui proposait un thé, elle imaginait un café bien fort ; on la moulait dans des robes, elle se voyait en costume ou en bleu de travail. Rien, vraiment rien ne concordait ; alors elle s’était résolue à s’épiler, à porter des soutiens-gorge, à manger, boire et faire du sport avec modération. Elle n’est pas marrante la vie quand on passe à côté.
Elle sait le parcours du combattant qui l’attend, les rendez-vous qui vont s’enchainer. Elle les voit déjà les regards curieux, gênés ou condescendants. Elle les entend déjà les questions, les interrogations mais aujourd’hui elle dit stop, elle s’en fout et s’en battrait même les couilles si elle en avait. Patience.
Son pantalon, ses chaussures plates et ses cheveux courts ne passeront pas inaperçus. On s’interrogera, on lui dira que ça la change, peut-être même que ça lui va bien, on se demandera pourquoi elle n’est plus maquillée, ce qu’elle a fait de ses tailleurs, où est passée sa féminité, mais personne ne pourra voir les poils qui recommenceront à pousser en liberté sous ses aisselles et sur ses mollets désormais couverts. Elle en dira rien, elle ne laissera pour le moment rien paraitre, ils se rendront bien compte par eux-mêmes avec le temps. C’est un combat à guichet fermé, une lutte qu’elle va mener pour elle et elle n’a rien à justifier. Elle se défendra bec et ongles – courts et sans vernis – jusqu’à sa victoire.
Oui, elle est déterminée comme jamais et se défendra jusqu’au bout pour gagner le match de sa vie.
Elle portera haut les couleurs de son nouveau genre en réveillant enfin l’homme qui dort en elle depuis toujours.
Elle commence par prendre un rendez-vous chez le coiffeur puis un deuxième, chez un psy cette fois pour tout mettre à plat et vider son sac. Dans son armoire elle vide les tiroirs de la lingerie en dentelle, des collants et des nuisettes, elle dépend les robes, les jupes et les chemisiers et met tout ça dans de grosses valises qu’elle dépose dans son coffre de voiture pour s’en débarrasser plus tard et effacer cette vie d’avant. Elle va ensuite renouveler sa garde-robe, avec en prime cette paire de baskets dont elle a tant rêvée quand elle était perchée sur ses talons.
Elle est en train de reprendre sa vie en main et devenir enfin ce héros qui lui fait défaut. Depuis longtemps, elle ne s’est pas sentie aussi bien. Ce n’est même pas depuis longtemps, c’est plutôt depuis quand ne s’est-elle pas sentie aussi bien ? Elle ne se souvient pas avoir déjà été dans un tel état de bien-être – petite peut-être ? Aussi loin qu’elle puisse se souvenir ce sentiment d’être enfin ce qu’elle voulait être, ce qu’elle est réellement au fond d’elle, ne lui apparait pas. Même dans les clichés les plus banals elle ne se voit pas profondément être elle-même. C’est de la connerie de faire croire à l’innocence de l’enfance, de dire que lorsque le vent lui balayait le visage sur sa balançoire ou lorsque, gamine, elle sautait dans les flaques, elle était cette enfant pleine vie, résolue et mordant la vie à pleines dents. Non, elle c’est la vie qui la mordait et pas l’inverse.
Toute sa vie elle avait dû se plier à ce que l’on attendait d’elle, pour être conforme à l’image de la femme que la société véhiculait. Fine, gracieuse, réservée, polie, serviable, aimante, douce, bienveillante. Pendant ce temps elle, elle ne rêvait que de muscles, de force, de virilité. On lui disait champagne, elle pensait whisky ; on lui proposait un thé, elle imaginait un café bien fort ; on la moulait dans des robes, elle se voyait en costume ou en bleu de travail. Rien, vraiment rien ne concordait ; alors elle s’était résolue à s’épiler, à porter des soutiens-gorge, à manger, boire et faire du sport avec modération. Elle n’est pas marrante la vie quand on passe à côté.
Elle sait le parcours du combattant qui l’attend, les rendez-vous qui vont s’enchainer. Elle les voit déjà les regards curieux, gênés ou condescendants. Elle les entend déjà les questions, les interrogations mais aujourd’hui elle dit stop, elle s’en fout et s’en battrait même les couilles si elle en avait. Patience.
Son pantalon, ses chaussures plates et ses cheveux courts ne passeront pas inaperçus. On s’interrogera, on lui dira que ça la change, peut-être même que ça lui va bien, on se demandera pourquoi elle n’est plus maquillée, ce qu’elle a fait de ses tailleurs, où est passée sa féminité, mais personne ne pourra voir les poils qui recommenceront à pousser en liberté sous ses aisselles et sur ses mollets désormais couverts. Elle en dira rien, elle ne laissera pour le moment rien paraitre, ils se rendront bien compte par eux-mêmes avec le temps. C’est un combat à guichet fermé, une lutte qu’elle va mener pour elle et elle n’a rien à justifier. Elle se défendra bec et ongles – courts et sans vernis – jusqu’à sa victoire.
Oui, elle est déterminée comme jamais et se défendra jusqu’au bout pour gagner le match de sa vie.
Elle portera haut les couleurs de son nouveau genre en réveillant enfin l’homme qui dort en elle depuis toujours.