Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? peut être les deux ! Serai-ce un rêve ? J'aimerais tant,mais non! Après plusieurs semaines de tensions et de disputes,mes parents allaient divorcer et,comme la procédure était longue,ils avaient décidé de vivre chacun de leur côté.Ma mère partis avec moi .Après avoir passé trois jours chez tante Maggy, maman nous avait pris deux billets de train pour Brazzaville où habitait sa famille.J'étais très enthousiaste à l'idée de prendre le train pour la première fois.c'était le début des années 99,je venais d'avoir 9ans et qles travaux de rénovation du chemin de fer prirent fin la même année ;il fallut trois allées et retour du nouveau train express pour que la voie soit jugée de nouveau praticable car,l'ancien train MBINDA nous avait entraînés dans un deuil national deux ans plus tôt, faisant une masse de morts. Le lendemain de l'achat des billets, nous étions parées à partir à Brazzaville ; dès 4h, nous étions déjà à la grande gare de pointe noire.Les contrôles durèrent 2h donc,à 6h00, nous étions dans le train, prêt à partir.5minutes passèrent juste après notre entrée que le train démarra. Maman prit la peine la peine d'acheter de quoi manger car nous avions 2 jours de route avant d'arriver à destination.Le premier jour, j'étais très contente; je passais des heures à déambuler dans le train ou à contempler le merveilleux paysage, surtout la forêt du Mayombe.Tout changea en un éclair lorsqu'il fut 24h; d'abord,un grand bruit de grincement me fit sursauter de mon sommeil ;je remarquai que le train s'était arrêté.J'avais peur car il faisait très noir à l'extérieur et,de part et d'autre du train,on pouvait apercevoir une forêt,je ne sais pas trop laquelle ! sur le moment, plusieurs idées me vinrent à l'esprit ;je me disais et s'il y avait un problème avec les railles,et si une bête sauvage venait ou pire encore, oh mon Dieu ! j'avais demandé à maman mais elle me dit :« nous sommes dans le département du Pool» ; après ces propos,une question trottait dans mon esprit celle de savoir quel rapport il y avait entre notre arrêt en pleine forêt à minuit quasi et le département du Pool.soudain, des bruits de pas me sortirent de ma rêverie;7hommes entrèrent dans le train tous négligemment vêtus, très sales avec des cheveux touffus comme les feuilles entremêlées qu'on aperçoit de loin au Mayombe,leur peau était plus noire que la mienne on dirait qu'ils se baignaient avec du charbon de bois. Ils étaient tous armés. Ils se tinrent debout le long des sièges comme s'ils attendaient quelqu'un de très important puis,un autre homme entra dans le train, très grand de taille,il pouvait faire 1m 90 et était plus sombre que les autre, très musclé. Ses cheveux étaient comme ceux de Bob Marley, son visage avait des cicatrices qui transmettaient un message, dangereux,tueur sans pitié. Il sortit un couteau dans ses cheveux et dis:« kanguéno mi nua miéno béto ba ninjas tu kotélé»il nous disait donc de nous taire car les ninjas étaient là. Une chose était sûre, rien de bon ne s'annonçait.Après cela ils se ruaient vers les bagages des passagers ; qu'allaient ils en faire ?ils pesaient les bagages de chaque passager comme on le fait généralement avec une balance,eux se servaient de leurs mains et taxaient immédiatement.ces événements me coupèrent le sommeil et par peur,je tremblais pourtant je suais à grosses gouttes. Les hommes armés avançaient siège après siège, jusqu'à arriver au nôtre ; ils pesèrent nos bagages et dirent à ma mère de donner 7000frs; elle leur dit qu'elle n'avait pas la somme demandée mais elle pouvait avoir la moitié de la somme; ils lui répondirent en langue maternelle :«rana mbongo ya buchi,ka tu ta sa nsaka ko, mbo tuku nimba»soit, en français donne l'argent la sœur, nous ne faisons pas de blagues, nous allons te tuer et lui dirent ensuite qu'il n'y avait pas de négociations qui tiennent ; c'était la somme en question ou la mort. Puis ils pointèrent une arme sur ma mère,elle me regarda avec un regard de désespoir, comme si elle me disait adieux,moi,les yeux larmoyants je lui tenais le bras et juste au moment où on allait appuyer sur la gâchette, un brave monsieur assis juste derrière nous leur tendit la somme manquante et c'est ainsi qu'ils nous poussèrent ma mère et moi. Le monsieur en question me portât pour essayer de me calmer car ma mère pleurait autant que moi et ne pouvait pas me prendre ; c'est normal lorsqu'on voit la mort de si prêt.ces hommes continuaient à effrayer les gens dans le train,moi je me calmai puis j'eu le courage de demander à ce monsieur qui étaient ces hommes et pourquoi aucun adulte dans le train ne rechignait ou n'osait dire mot; il me répondit que ces hommes étaient un groupe qu'on appelle les ninjas et leur chef,le costaud était une légende« lari», tâ NTUMI ; on le connaissait pour sa méchanceté et, lorsque l'ancien train MBINDA était en service, il tuait des innocents qui ne voulaient pas lui donner de l'argent ;les ninjas habitent les forêts du Pool et faisaient la même chose qu'à nous dans tous les trains.Il me dit encore qu'on n'avait plus entendu parler de tâ NTUMI ni de ses ninjas jusqu'à cette attaque car les trains, depuis 2ans ne travaillaient plus. Ce qui voulait donc dire que les gens qui avaient voyagé par MBINDA, savaient en avance ce qui les attendaient une fois dans le Pool,cette histoire avait presque disparu me dit-il jusqu'à ce jour. J'allais lui poser une autre question quand leur chef, comment l'appellaient ils déjà ? Ah oui ; tâ NTUMI,m'adressa ces mots en français prononçant les«r» comme un Russe : tu es trop trrrrrrrop brrrrruyante,tu ne peux pas te tairrrre; le simple son de sa voix me fit pisser dans les habits tellement qu'elle tonnait,il me terrorisait.NTUMI arriva au siège d'une vieille dame,oh! Femme toute pâle ; il lui demanda 2000 frs pour le petit sac qu'elle avait mais elle n'avait bien sûr rien du tout. La vieille dame dit: s'il te plaît mon fils,je suis ta maman, comprends moi ; NTUMI lui dit :«madame,je n'ai de pitié pour personne même pas pour ma mère que je ne connais pas d'ailleurs.soudain,la vieille dame regarda NTUMI avec attention et dit mais tu es mon fils,celui que j'ai porté dans mon sein,tu m'as été enlevée très jeune puis elle sortit une photo de lui à 5 ans. Voyant la tête qu'il faisait,c'était clair qu'il reconnut aussi qu'il s'agissait de sa mère ; je me demandais ce qui pouvait lui passer par la tête mais à la grande surprise de tous il l'abattue de sang froid et jeta son corps.Après cette scène traumatisante,mon rythme cardiaque changea et sans me contrôler je dis quelle cruauté !il se tourna vers moi,les yeux rouges comme un être assoiffé de sang,il venait vers moi;je me disais mais pourquoi diable ai-je parlé? Il m'avait déjà mis en garde, pensant que c'était ma dernière heure, je faisais tout pour me persuader moi-même que c'était un rêve mais ça ne valait pas la peine de cogiter car il allait me tuer dis-je.AVant qu'il ne soit trop proche de moi,je m'évanouis.Àmon réveil, j'étais à Brazzaville,à l'instant je me demandais ai-je rêvé? Si oui comment j'étais arrivée à Brazzaville ;je me demandais où étaient passés les ninjas pourquoi j'étais toujours vivante ? Puis j'imaginais le corps de la vieille dame,gisant dans la forêt peut-être sur la route. je compris que ces questions n'auraient jamais de réponses et que je devais me contenter d'être encore vivante après cette scène atroce.