Les défis de la vie

Toute histoire commence un jour, quelque part, mais il y en a d'autres qui ne finissent jamais.
Amal, la fille la plus brillante de son université, est belle comme le jour : son sourire vole les cœurs et les regards. Elle a des cheveux qui ressemblent aux rayons du soleil.

Elle vit seule avec sa grand-mère, après le décès de ses parents. Elle étudie la médecine à l'université, elle parait joyeuse dans sa vie. Même ses camarades pensent qu'elle est riche, au vu de son sourire comme le soleil et de sa gaieté débordante. Mais ce soleil cache un cœur plein de tristesse.
Chaque nuit, avant de dormir, elle écrit à sa mère des lettres parlant de sa vie, mais qui ne lui arriveront jamais. Elle se rappelle d'un jour inoubliable, il y a treize ans.

Elle avait sept ans ce jour-là, le soleil rayonnait dans un ciel gris, les oiseaux l'appelaient ; c'était le premier jour de ses vacances, elle s'était réveillée tôt et était allée réveiller sa mère aussi. Elle est entrée dans sa chambre, il faisait froid et le calme entourait tout. Elle n'entendait rien, même pas le souffle de sa mère. Elle s'est approchée du lit en appelant : « Maman ! Maman ! »
Le calme continuait, elle répétait plus fort : « Maman ! Maman ! » Mais pourquoi sa mère était-elle tellement endormie ? Elle se posait mille questions en courant pour appeler sa grand-mère. 
Regardant le visage de la maman, la grand-mère comprit qu'elle était morte. Dans ses bras, Amal sentit les larmes de sa grand-mère tomber sur ses joues.

Amal ferma son cahier, les yeux larmoyants. Elle n'oubliera jamais ce jour-là et sa souffrance après la mort de sa mère. C'était sa routine quotidienne.
Il ne lui reste plus que sa grand-mère avec qui elle vit ; elles s'aiment beaucoup, comme des amies.
Un jour, elle était à l'université avec ses camarades et riait, comme d'habitude. Soudain, elle tomba devant les yeux de ses camarades. Ce n'était pas la première fois qu'elle perdait conscience, mais cette fois-ci, elle découvrit qu'elle avait une maladie grave. En entendant ce que disait le docteur, elle n'a rien dit. Elle ne voyait rien, elle était choquée.
Elle est rentrée chez elle et y est restée pendant des jours, sans manger ni parler à personne. Elle n'acceptait pas de voir ses amies et ses camarades qui venaient pour lui rendre visite.
Seule sa grand-mère la regardait quand elle essayait de la faire manger ou quand elle l'encourageait à parler. Mais Amal n'était plus avec elle : son corps était là mais son esprit était complètement ailleurs. La parole du docteur se répétait toujours dans sa tête : « Amal, il faut que tu reviennes dans un mois pour ton opération. » Soudain, elle commença à crier :
— Je ne veux pas la faire, je ne la ferai jamais !
— Pourquoi fais-tu ça, ma petite ? l'interrogea la grand- mère.
— Ma vie est finie ! Le cancer, c'est la fin pour moi ! Pourquoi ferais-je l'opération ? Tout est terminé. Après quelques jours, je vais perdre mes beaux cheveux, je vais rester sans sourcils, je vais perdre du poids petit à petit, je serai tout le temps pâle. Et je ne verrai plus les regards que je connais, il n'y aura plus que la pitié.
— Mais, ma petite, tu peux changer tout ça.
— Mais... Comment ? Je suis vraiment malade, comment puis-je changer cette vérité, mamie ?
— Amal, toute cette vie va se terminer un jour. On va tous mourir, cette vie est une vie périssable, mais elle ne s'arrêtera pas, même si tu es malade. La vie va continuer. Et toi aussi, il faut que tu revives ta vie dès maintenant. Tout ce que tu as envie de faire, fais-le, chaque jour est une nouvelle chance pour toi, sers-t'en bien.
— Et l'opération ?
— Fais l'opération ma petite, c'est le défi de ta vie ma belle.

Elle a commencé à écrire un de ses rêves sur un petit papier qu'elle a plié soigneusement puis rangé dans une petite boîte en bois.
Tous les matins, elle se réveille avec un beau sourire pour accueillir sa journée avec un grand espoir. Elle choisit un rêve de sa boite et elle essaie de faire tout ce qu'elle peut pour le réaliser.
Elle est redevenue comme avant ; son sourire s'attarde sur son visage, elle aide toujours les autres : ses camarades faibles, les gens dans les rues. Elle nourrit même les animaux.
Le jour de l'opération, elle est allée à l'hôpital avec sa grand-mère, « son éternelle et unique amie ». 
Elle parla aisément avec son médecin. Elle croit que Dieu l'a choisie parce qu'elle est forte, comme sa grand-mère le lui a dit.
Elle va battre cette maladie qui vole tout ce qui est beau et fleurissant chez les gens.
Le docteur a demandé aux infirmiers de faire les analyses nécessaires avant l'opération. Amal est restée dans la salle d'attente, elle eut l'impression qu'une vie se passait en attendant l'arrivée de son médecin. Il est entré dans la salle quelques heures plus tard, elle ne pourra jamais oublier son regard. Il était complètement choqué. Il n'y avait aucune trace de la maladie dans son corps ; il lut et relut ses notes plusieurs fois.

— C'est impossible, c'est un miracle ! cria le médecin.
— Qu'est-ce qu'il y a mon fils ? dit la grand-mère. 
— Nul besoin de se battre Amal, le cancer s'est échappé de toi, de ta volonté et de ta force !
La grand-mère et sa petite fille s'embrassèrent en pleurant à haute voix, mais cette fois de bonheur, pas de tristesse.
Amal s'est alors promis d'être un bon exemple pour les autres cancéreux.

« Soyez forts mes amis, ne perdez pas votre vie avant de bien la vivre, faites le bien pour tous, sans attendre d'être récompensés. Mes amis, battez et défiez par l'espoir permanent et l'amour absolu. Et vous qui avez des amis ou des proches malades, ne les laissez pas céder au désespoir, encouragez-les pour mieux vivre la vie puisque la Terre est encore en vie. Soyez pour eux comme ma grand-mère fut pour moi, la lumière qui enlève l'obscurité, l'espoir qui efface la douleur. » 
C'était un extrait de son discours lors de la cérémonie de remise des diplômes quelques années plus tard.