Une jeune fille nommée Irène habitait la campagne avec sa mère, Aurélie, et son frère, Lucas. Le père des deux enfants avait quitté la maison sans jamais revenir, du jour au lendemain, la veille de l'anniversaire de sa fille. Lorsque Irène et Lucas voulaient aborder le sujet, leur mère refusait catégoriquement de leur dire quoi que ce soit concernant cette fugue. Il était maintenant parti depuis près de deux ans. Le jour de l'anniversaire des onze ans d'Irène, sa mère lui annonça :
« Irène,... Ton père t'a laissé une lettre, en m'ordonnant de te la donner seulement lorsque tu atteindrais tes onze ans. »
Elle lui tendit la lettre en tremblant. Irène la prit en essayant de faire taire les battements de son cœur. Lorsqu'elle la déplia, une vague de tristesse la submergea. La lettre se révéla ainsi :
« Ma chérie,
J'ai voulu te laisser une trace de mes courts instants passés avec toi. Je ne vais pas te raconter tous les moments de bonheur que j'ai vécu avec ton frère et toi, car même un roman ne suffirait pas à décrire tout ces instants magiques.
Je vais surtout répondre à la question qui te taraude tant, depuis deux ans maintenant. Je vais te dire la réponse à la question sur laquelle tu passes sans doute des nuits entières à trouver la réponse. Oui, Irène, je vais te dire pourquoi je suis parti de la maison.
Sache qu'il y a plusieurs raisons. La première, c'est parce que ta mère et moi, on ne s'entendait plus aussi bien qu'avant. Les disputes éclataient souvent entre nous, si bien qu'on ne se parlait plus. Mais je l'ai aimée, et je sais qu'il y aura toujours une place pour elle au fond de mon cœur. Dis lui, par pitié, d'accepter mon pardon.
La seconde, c'est que je n'avais plus de travail. On m'avait proposé un emploi à Brest, mais c'était à plusieurs centaines de kilomètres. J'ai longuement hésité, mais j'ai fini par accepter. Ta mère aussi était dans une situation difficile. Je ne pouvais pas me résoudre à l'idée de vous voir mourir sous mes yeux.
Là, Irène, c'est à toi a qui j'implore d'accepter mon pardon.
Et la troisième, et bien... c'était que je pouvais plus m'occuper de vous, mes enfants. J'étais dans un état de dépression totale. Entre vous, mon métier, votre mère... Je ne pouvais pas rester comme ça indéfiniment. J'ai donc choisi de partir... au risque de vous abandonner, tout les trois.
Ton père qui t'aime. »
Irène laissa le temps à sa mère de lire la lettre à son tour, tandis qu'elle se remettait de ses émotions. Ainsi donc, son père n'avait jamais cessé de l'aimer... Elle s'éclipsa dans sa chambre pour réfléchir à tout cela. Elle n'avait aucune idée de là où il se trouvait, mais une chose était certaine : elle allait le revoir, elle le sentait au plus profond d'elle-même.
Elle se leva brusquement et alla voir sa mère, l'air décidé :
« Maman, je viens de savoir la vérité. La réalité. J'ai découvert ce que je voulais découvrir. J'ai su ce que je voulais savoir. Mais mon père m'a laissé une lettre pour que je puisse comprendre notre passé ! Ce n'est pas pour rien qu'il m'a laissé une trace de lui... C'est un signe, maman. Le signe que je dois le retrouver »
Elle alla chercher un sac, dans lequel elle mis quelques vêtements, de l'argent et deux trois paquets de gâteaux. Elle s'adressa à sa mère et dit :
« Je pars pour Brest, retrouver mon père. Dis à Lucas de ne pas s'inquiéter, et surtout, prenez bien soin de vous. Je reviendrais bientôt, maman. Je vous aime »
Les yeux de sa mère s'emplirent de larmes
« Irène, ma fille...Je savais que tu allais choisir d'aller le retrouver. Je ne te force pas à rester à la maison, je sais ce que tu ressens. Ton cœur a parlé, je respecte sa décision. Néanmoins, tu auras sûrement besoin de ceci. »
Elle se dirigea vers sa chambre, et revint avec deux tickets de train pour Brest.
Le visage de la jeune fille s'illumina
« Oh merci ! »
Elle marqua une pause, puis reprit :
« Vous... vous êtes sûrs de ne pas vouloir venir ? Je doute que Lucas apprécierait que je parte sans lui... »
Sa mère lui sourit :
« Son jour viendra aussi. Pour le moment, il n'est pas encore prêt. »
Elle étreignit sa fille, et lui intima :
« Allez, file ! Ton train part dans une demi-heure, et il faut bien vingt minutes pour atteindre la gare. Ta tante Anne t'attendra à la gare de Brest. Ça va aller ? »
« Oui »
Elle avait répondu avec détermination. Il fallait qu'elle le retrouve. Aussi bien que pour lui que pour elle. C'était la seule façon de se faire pardonner par celui qui l'avait mise au monde.
Elle ouvrit la porte, et murmura :
« J'arrive, papa ! »