Nouvelles
3 min
Université de N'Djaména - Tchad
Nous n’avons plus le droit de nous taire
Je ne peux pas raconter d'où je viens. J'ai tout oublié.
Ou plutôt, j'ai été forcée d'oublier.
D'oublier le goût de l'enfance quand elle a été volée.
D'oublier les nuits d'insécurité, les jours de silence, les mains d'hommes posées sur des corps d'enfants.
D'oublier les regards complices qui se détournent quand une fille pleure sans pouvoir nommer sa douleur.
D'oublier qu'on m'a appris à survivre, mais jamais à vivre.
D'oublier le goût de l'enfance quand elle a été volée.
D'oublier les nuits d'insécurité, les jours de silence, les mains d'hommes posées sur des corps d'enfants.
D'oublier les regards complices qui se détournent quand une fille pleure sans pouvoir nommer sa douleur.
D'oublier qu'on m'a appris à survivre, mais jamais à vivre.
Mais la vérité, c'est que je me souviens de tout.
Et ce texte est le cri que je retiens depuis trop longtemps.
Et ce texte est le cri que je retiens depuis trop longtemps.
Je viens d'un pays où la misère n'est pas une anomalie. Elle est normale.
Je viens d'un pays où l'on félicite une fille d'avoir échappé au mariage forcé,
comme si dire « non » à l'injustice faisait d'elle une privilégiée.
Je viens d'un pays où l'on enterre les viols sous les tapis des traditions.
Où l'on dit à une adolescente enceinte : « tais-toi, sinon tu salis notre nom ».
Je viens d'un pays où l'on félicite une fille d'avoir échappé au mariage forcé,
comme si dire « non » à l'injustice faisait d'elle une privilégiée.
Je viens d'un pays où l'on enterre les viols sous les tapis des traditions.
Où l'on dit à une adolescente enceinte : « tais-toi, sinon tu salis notre nom ».
Je viens du Tchad.
Et ma génération est en train de mourir à petit feu.
Et ma génération est en train de mourir à petit feu.
Nous mourons dans les écoles sans bancs, sans livres, sans lumière.
Nous mourons dans les hôpitaux où l'on manque de tout, sauf de souffrance.
Nous mourons dans les quartiers où l'eau est un miracle et l'électricité une fable.
Nous mourons de solitude, d'indifférence, de lassitude.
Nous mourons dans les hôpitaux où l'on manque de tout, sauf de souffrance.
Nous mourons dans les quartiers où l'eau est un miracle et l'électricité une fable.
Nous mourons de solitude, d'indifférence, de lassitude.
Et le pire ?
On s'habitue.
On s'habitue.
On apprend à dire « ça va » alors que rien ne va.
On apprend à baisser la tête, à éviter les questions, à sourire par politesse.
Mais à l'intérieur, c'est un champ de ruines.
On apprend à baisser la tête, à éviter les questions, à sourire par politesse.
Mais à l'intérieur, c'est un champ de ruines.
Je suis née dans cette poussière, mais je ne suis pas poussière.
Je m'appelle NAYAL M Kajole,
et je suis une fille de feu.
et je suis une fille de feu.
J'ai vu trop de jeunes filles brisées pour rester muette.
Trop de garçons désespérés pour rester indifférente.
Trop de peuples oubliés pour continuer à croire que « ça ira » un jour par magie.
Trop de garçons désespérés pour rester indifférente.
Trop de peuples oubliés pour continuer à croire que « ça ira » un jour par magie.
J'ai vu des enfants de 10 ans mendier à midi.
Des femmes vendre leur dignité à la nuit tombée pour nourrir leurs enfants.
Des jeunes gens brillants, étouffés par un système qui ne leur laisse aucune place.
Des femmes vendre leur dignité à la nuit tombée pour nourrir leurs enfants.
Des jeunes gens brillants, étouffés par un système qui ne leur laisse aucune place.
Et dans ce chaos, j'ai décidé de me lever.
Non pas parce que j'étais forte.
Mais parce que je n'avais plus le choix.
Mais parce que je n'avais plus le choix.
J'ai créé un espace, une association.
Un refuge pour ceux qu'on abandonne.
Un foyer de lumière dans une ville de silence.
Un lieu pour dire la vérité.
Un refuge pour ceux qu'on abandonne.
Un foyer de lumière dans une ville de silence.
Un lieu pour dire la vérité.
Et la vérité, c'est qu'on ne peut plus attendre.
La vérité, c'est que notre génération est une urgence.
La vérité, c'est qu'il faut tout casser pour tout reconstruire.
La vérité, c'est que notre génération est une urgence.
La vérité, c'est qu'il faut tout casser pour tout reconstruire.
Je parle pour celles qu'on viole dans l'indifférence.
Celles à qui on dit "tu l'as peut-être provoqué",
celles qu'on traite de menteuses alors qu'elles n'ont même plus la force de crier.
Celles à qui on dit "tu l'as peut-être provoqué",
celles qu'on traite de menteuses alors qu'elles n'ont même plus la force de crier.
Je parle pour les enfants mariées,
à peine sorties de l'enfance, déjà mères, déjà battues, déjà perdues.
à peine sorties de l'enfance, déjà mères, déjà battues, déjà perdues.
Je parle pour les jeunes hommes qui s'éteignent dans l'oisiveté,
non pas parce qu'ils sont fainéants, mais parce qu'on leur a volé leurs ailes.
non pas parce qu'ils sont fainéants, mais parce qu'on leur a volé leurs ailes.
Je parle pour mon peuple,
fièrement résilient,
héroïquement silencieux,
mais qui mérite bien plus que la survie.
fièrement résilient,
héroïquement silencieux,
mais qui mérite bien plus que la survie.
Moi, Kajole, j'ai fait un choix :
je ne veux pas réussir seule.
Je veux ouvrir des chemins.
Je veux porter ceux qui tombent.
Je veux rappeler au monde que le Tchad existe.
Oui, je suis fatiguée.
Mais pas de me battre
je suis fatiguée de voir les miens souffrir sans justice.
Je suis fatiguée d'applaudir les efforts sans résultats.
Je suis fatiguée de sourire quand je voudrais hurler.
Mais pas de me battre
je suis fatiguée de voir les miens souffrir sans justice.
Je suis fatiguée d'applaudir les efforts sans résultats.
Je suis fatiguée de sourire quand je voudrais hurler.
Mais je tiendrai.
Je tiendrai pour les petites filles qui naissent aujourd'hui.
Je tiendrai pour les garçons perdus dans l'ombre.
Je tiendrai pour tous les "presque", tous les "pas encore", tous les "jamais".
Je tiendrai pour les garçons perdus dans l'ombre.
Je tiendrai pour tous les "presque", tous les "pas encore", tous les "jamais".
Et je dirai ceci à chaque jeune qui me lit :
Ton histoire compte.
Ta colère est légitime.
Ta voix mérite d'être entendue.
Tu n'es pas seul.
Et ensemble, on va casser les murs, on va transformer et IMPACTER .
Ta colère est légitime.
Ta voix mérite d'être entendue.
Tu n'es pas seul.
Et ensemble, on va casser les murs, on va transformer et IMPACTER .
Je ne peux pas raconter d'où je viens.
Mais je sais exactement pourquoi je suis là.
Mais je sais exactement pourquoi je suis là.
Je suis là pour témoigner.
Je suis là pour dénoncer.
Je suis là pour inspirer, pour soigner, pour allumer la mèche.
Je suis là pour dénoncer.
Je suis là pour inspirer, pour soigner, pour allumer la mèche.
Et si ce texte te fait pleurer,
alors sèche tes larmes,
et rejoins-moi.
Parce qu'on ne changera pas ce pays en espérant.
On le changera en l'aimant assez pour l'affronter.
alors sèche tes larmes,
et rejoins-moi.
Parce qu'on ne changera pas ce pays en espérant.
On le changera en l'aimant assez pour l'affronter.
Nous sommes la génération qui n'a pas grandi avec des roses.
Mais nous avons des épines et du courage.
Mais nous avons des épines et du courage.
Et ça suffira pour faire trembler les fondations de ce monde.
Nous n'avons plus le droit de nous taire