Nos pères, jusqu'où sont-ils prêts à aller pour nous ?

Toute histoire commence un jour, quelque part.  Et bien, un jour je revenais bien épuisé d'adidogomé après une rude journée, sous un ciel presque orageux. Je roulais malgré moi, et il me fallait gérer mon guidon et les impressions sur bâches que j'avais sur mes cuisses. Vous pouvez imaginer un peu ma galère surtout ceux qui sont motocyclistes et qui habitent dans n'importe quel quartier dans la banlieue nord de Lomé avec ses routes dans un piteux état. Mon seul soucis était d'arriver par un coup de baguette magique à la maison. Ce fut à ce moment là que dans un virage, entre deux flaques d'eaux que je tentais d'éviter, qu'un jeune Monsieur me fit signe de m'arrêter. J'ai hésité au prime abord mais me disant que ce serait un potentiel client qui aurait remarqué les bâches que je portais sur ma cuisse, j'ai ralenti et je me suis mis sur le coté.
Une fois à ma hauteur, le jeune monsieur, vêtu d'un T-shirt noir et un short, avec un accent nigérian engagea la discussion :
Lui : salut grand frère (même si visiblement j'étais plus jeune que lui)
Moi : salut mon frère
Lui : désolé de te stopper comme ça, ne te fâche pas, je ne suis pas un bandit, ni un fou, mais prière de bien vouloir m'aider.
Moi : que puis je faire pour toi ?
Lui : Ma femme vient d'accoucher notre petit garçon par césarienne. Elle a été opérée, et est gardée actuellement au CHR Lomé commune à Kegue. J'ai tout dépensé et là je n'ai plus rien, même pas de quoi payer mon taxi moto pour aller au CHR. J'ai honte mais s'il vous plaît aidez moi.

Sans réfléchir, j'ai mis la main dans mon porte monnaie et j'ai fait un geste...
Moi : tiens mon frère et surtout courage. Dieu est grand. Félicitations en tout cas
Lui : Merci mon ami. May God bless you...
Sans attendre de me faire couvrir de merci, j'ai demarré et j'ai repris mon périple vers ma maison. Là j'ai commencé à réfléchir à propos de la scène qui venait de se passer, raison pour laquelle j'ecris cet article.
Des questions me revenaient sans cesse à l'esprit : ce monsieur était-il sérieux ? Venait-il de m'estorquer de l'argent ? J'ai toutefois vite fait de chasser de ma tête ces questions en ramenant le cas sur un autre aspect. Je me suis posé d'autres questions plus pertinentes et qui m'ont ouvert les yeux.
Supposons un seul instant que ce monsieur était sérieux, était il vraiment prêt pour avoir un enfant ? S'est il apprêté conséquemment ?
Ce n'est pas dit mais très souvent c'est le cas de beaucoup de jeunes qui deviennent parents sans trop s'y attendre. Et dans ces cas, c'est la jeune fille qui attire l'attention. On se plaint pour l'avenir de la fille, ses études qu'elle doit mettre en pause, la déception qu'elle a causée à ses parents... Bref tout un tas de questions qui ma foi sont légitimes et que je poserais si je me retrouve à la place de l'un de ces parents. Mais le garçon quant à lui, devient le diable à renvoyer en enfer. On se soucie moins de lui, l'inconscient qui a mis en clope une jeune fille. Il devient père et s'il l'assume, doit se plier en quatre pour être responsable de cette grossesse. On ne parle pas souvent d'eux... Pourquoi ? À chacun de trouver sa réponse.
Ce qui m'a beaucoup touché c'est quand je me suis demandé si ce monsieur a pu mettre de côté sa fierté pour demander une aide financière afin d'aller voir sa femme et son enfant à l'hôpital, alors mon père, lui, jusqu'où est il allé pour que je devienne ce que je suis aujourd'hui ?
Jusqu'où nos pères sont ils prêts à aller pour nous ?
On ne se pose pas toujours cette question mais là il faille qu'on se la pose et qu à la fin quand on aura trouvé une réponse, on puisse se rendre compte du sacrifice que nos pères ont fait et qu'ils sont toujours prêts à faire pour nous.
Nos pères ont tendance à être les moins appréciés parce qu'ils ne nous laissent pas le choix très souvent mais au fond ils sont bien obligés d'assumer le rôle du méchant pour notre bien et cela eu égard de tout l'amour qu'ils ont pour nous.
Nous qui avons encore nos pères à nos côtés, trouvons un moyen pour leur dire que nous sommes conscients de leur amour pour nous.
Osez dire à vos pères aussi que vous les aimez tout autant que vous aimez vos mères.