Navré, je t'aime trop pour t'aimer

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. La vie a cette façon d'amalgamer rire et pleurs, amertume et jouissance. On s'emmerde parfois, mais on se met en quatre pour pouvoir vivre avec. Fort souvent, dans les moments les plus inattendus, il se passe des trucs que les mots n’auront jamais le pouvoir de mettre à nu. Et ceci, au plus profonds de notre intimité. Plus précisément, aux quatre coins de notre cœur, et dans les méandres de notre âme. Il se passe des trucs comme ce bout d’amour lassé et voilé venant de cette contrée labyrinthique et mielleuse que m’a gratifié Ceunie. Cet amour qui m’a mis en posture d’étoiles chassées par l’aube du jour, me faisant accoster au bord de sa rive ensorceleuse, buvant à bras ouverts mes folies. Cet amour sans préface qui m’a mis à bout de souffle. Dans nos entrailles, parfois même sans nous en rendre compte, Il se passe des trucs et les conséquences amalgament douleurs et douceurs.

Cela remonte à la mémoire des temps perdus. Un dimanche, différent de ceux tristement abroyés par la vie en rogne. Le destin m’a fait côtoyer le bonheur dans son état le plus pur. Vous qui ne le savez pas encore. Le bonheur a vu le jour aux Gonaïves, la Cité de l’indépendance d’Haïti. Retenez-le une fois pour toute ! Le bonheur est ma Ceunie. A cet instant que je ne saurais décrire, je me fais de l’air pour mieux arpenter son architecture corporelle. Une Merveille. Une vrai panacée oculaire !

La terre est en ire ; le ciel quant à lui s’en veut d’avoir assisté à mon interminable arpentage sensuel. Un arpentage identique au bordage du déhanchement des amoureries vilipendant le cri des orages à outrance. Un arpentage qui a pu nouer toutes les folies de la terre aux barques de mes sens et de ma passion. Rien que pour regarder mourir tendrement mes peurs et mes transes comme des rayons de soleils abandonnés sous la pluie.

Mon cœur, ce petit bateau d’ivresse s’est aveuglement livré en pâture pour gouter à l’aventure de Ceunie. Colorer tous les doutes d’un noir sombre et bouleversé, question de mieux s’en foutre des conséquences et des maux de tous les cieux comme la pénombre au quotidien. Mon cœur, Il nie encore les rives pour escamoter ce vif désir de s’adonner à ces penchants de mille et une couleurs. Il se fait donc doublement cœur pour de vrai. Client inconditionnel de l’amour et du regret. Mon âme, quant à elle, avec son visage innocent se sent comme une proie. Le charme de Ceunie est de trop, donc il lui chante les mots de ses maux sur la toile de ses envies. Sans barre ni rature pour tendre la main aux délices de sa vie future et douteuse.

Depuis des lustres, je perds la notion de compter, mais mon instinct me dit qu’on est précisément à un mois, trois jours, quatre heures, quatre minutes et 44 secondes du confinement. D’habitude, quand je parle de Ceunie la terre cesse de tourner! Donc, il n’y a pas l’ombre d’un doute.
Sous l’enthousiasme du soleil qui charrie l’espoir vers l’horizon en désolation, au rythme de son être se noyant dans l’océan de ses propres pleurs, cherchant désespéré une voie de convenance pour dire non à l’incertitude de ses amours celées, mon Moi se livre à toutes les illusions en excès de vitesse. Oui ! Pour dire non aux larmes qui jaillissent sans arrêt mes joues au nom de mes ex. Aux ouï-dire des dieux en détresse conspirant contre moi, avec les démons en liberté pour crier Non au vent indompté chassant rageusement mes feux de joie. Aux fortes ondées qui conduisent sans pitié toutes mes passions vers cette mer amère se reflétant dans le miroir rayé du drame de mon Moi en larmes. Pour couper la route Aux caprices de ces bouts d’astres venimeux filant tout droit vers mon cœur où tous mes sens s’en dorment, il me faut juste l’effleurement de ton amour Ceunie. Oui, rien que l’effleurement de ton amour en ce moment de confinement m’aidera à supporter ce poids-monde.

Certes, l’amour ne peut être mesuré, mais il ne faut pas nier que même en dose homéopathique il peut submerger le coeur le plus désertique. Offre en moi,
Quoi que je sache que tu m’aimes trop pour m’aimer.