Seule sur le sol sale, le halo de lumière dans le feuillage me fascine. D’un geste énergique, je me lève pour poursuivre mon chemin. La nitescence pâle du soleil caresse délicatement mes épaules. Je suis éprise d’un irrépressible besoin de me laisser transpercer par la nature, de me ressourcer. Déracinée, je me sens comme incarcérée, le cœur serré. Comme un otage, au dernier étage, au bord du vide. Le froid et l’effroi ont cristallisé mon esprit. Crise existentielle.
Chacun sait à quel point la vie est dure quand le doute et l’angoisse nous torturent. Teintée d’améthyste, mon âme est triste. Damnée depuis tant d’années, ma douleur subsiste. Depuis ma médaille d’or aux JO en 50 m papillon, ma vie dérive. Le fameux effet papillon ? Je cherche à comprendre. Il ne me reste qu’une voie à prendre, celle d’apprendre. Apprendre à s'aimer, à semer une fleur pour l'avenir, en soufflant un soupçon de pollen. Un périple certes, mais un péril honnête.
Je contemple les sommets majestueux. Des cimes dessinent des courbes exquises que les nuages déciment. Oscillant entre espoir et défiance, je doute, je médite. Cette escapade au grand air constitue le ballon d’oxygène auquel j’aspire depuis des mois, à la recherche d’un nouveau souffle. Une envie d’ailleurs. Faire le vide en moi. Émoi. Me changer les idées. Mais je suis surtout décidée à écrire une nouvelle page, voire un nouveau chapitre de ma vie. Mon existence n’a jamais été un long fleuve tranquille. Une vie sinueuse, tortueuse.
Le mois dernier, j’ai fait un AVC. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il faut parfois attendre que le voile de la mort nous effleure pour prendre conscience de la valeur de la vie, de sa saveur. La vie ressemble à un poème, et survivre à une catastrophe, nous fait ressentir le besoin d’écrire une nouvelle strophe. Il faut mordre le fruit de la vie car la vie oscille entre l’amour et l’amer, jusqu’à être assez mûr pour être dans la ligne de mire de la mort et qu’elle vienne nous cueillir, comme une fleur.
Au milieu de ce panorama prodigieux, atone, je me sens comme une poussière d’atome, infinitésimale. L’infini fait si mal. Prendre de l’altitude pour faire face à la lassitude, à la platitude de ma vie. Changer mon attitude, mes habitudes est devenu une question de survie. Voyager pour se remettre en question. Se poser des millions de questions. Une expédition pour retrouver le paradis de mon enfance. J’ai toujours été intarissable au sujet de ce lieu féérique. Souvent, je pense avec délectation à la douceur de ma jeunesse, me souvenant avec émotion de la constellation de bons moments passés à cette source. Tendres rêveries nostalgiques.
J’approche, pas à pas. La nervosité me gagne peu à peu. Mais après avoir traversé des passages escarpés, en maintenant ma cadence, je dois me rendre à l’évidence. Le décor enchanteur a clairement perdu de sa splendeur. Il règne une atmosphère hostile. Terrible choc ! J’avance péniblement, en frissonnant. Je deviens livide en découvrant le lit vide, aride. Sans doute les conséquences de la sécheresse, le ruisseau que j’ai tant chéri ne ressemble plus qu’à un trivial filet d’eau. Infime, informe, infirme.
Aussitôt arrivée, mes yeux se sont rivés sur ces rives. À force de dériver, j’ai besoin d’amorcer un nouveau virage, de changer de rivage. Pourtant mon pèlerinage vire quasiment au naufrage. Mon esprit virevolte. Le paysage espéré n’est plus qu’un lointain mirage. Je lève les yeux au ciel. Mes illusions tournent à la désillusion. L’avenir s’assombrit. Les nuages s’amoncellent. Des idées radieuses laissent place au tonnerre. Desiderata disparaissant dans les airs. Ces changements dérisoires, comme une lame de rasoir, me blessent. Faiblesse. L'orage gronde dans ce monde immonde. En une fraction de seconde, une onde profonde me traverse, m’inonde. L’horizon me regarde en chien de faïence. L’oraison funèbre de mes défaillances.
Perdue, je vacille. Tout me paraît flou, distant. Bien que j’aie tout fait pour l’étouffer, un sentiment que j’ai senti naître commence à m’absorber centimètre par centimètre. Je transpire, sous l’empire de la peur. Par ma peau, mes pores, l’angoisse s’évapore. Ma quête tombe à l’eau. Mes yeux se plissent et quelques perles lacrymales glissent le long de mes joues. Larme à l’œil, le vague à l’âme. Au fond de moi, résonne une vague alarme. Je tente de me raisonner mais je divague. Mon âme vagabonde. Submergée, des vagues abondent. Le ciel se voile. Je stresse. Détresse ! Un véritable tourbillon d’émotions. Je vogue contre les éléments, dans l’archipel de mes souvenirs. Des hurlements. Déferlement dans mon cœur. Je ferme l’aorte à clef.
Le vent adverse éveille mon courage. Un courage pur, qui ne connaît ni la colère ni la rage. Poussée par le goût du risque, je tente de dompter cette tempête puis verse dans l’optimisme. L’instinct d’un instant. Je décide de prendre en main mon destin, en m’accrochant à la petite lueur qui brille encore au fond de moi. Au fil de l’eau, je parviens à dominer ma peur et deviens incroyablement lucide. Mon navire arrivera à bon port. Le naufrage n’est pas une option. Résister pour exister. Je tiens la barre. Une énergie invisible et invincible m’irradie. Cette force indicible me guide, navigant de l’infime à l’infini. Chaque grain d’espoir, chaque graine d’éternité, estompe mon chagrin. Le vent souffle, une voix d’ange, et caresse les lignes argentées des sommets, traits d’unions entre ciel et terre. Eternité.
L’eau me murmure des mots doux. Je puise dans mon imaginaire. Soudain, la nature a agi comme par magie. Une pluie de soleil. Dans mon cœur, dans mon corps, s’éclipsent les remords. Un voile de calme m’enveloppe, m’enlace. Les nuages s’estompent, s’effacent. Mes yeux se lèvent, mon esprit s’élève. Je rayonne de bonheur. Un sourire paisible illumine mon visage. Un sourire que le ciel rayonnant avive tel un vieux trésor. Les battements de mon cœur s’intensifient. Mes ailes se déploient. Je flotte dans le bien-être. Hystérie exquise. Délicate et saine. Mon amertume est frappée d’évanescence. Je me sens revivre. Renaissance. Les réminiscences défilent. La mélancolie s’effile. Une page se tourne.
Tout coule de source. Une évidence cristalline. La musique du vent devient ma muse. Légère. L’égérie pianote quelques notes désinvoltes. Elle me souffle une douce mélodie, me berce d’un refrain enjôleur, angélique. Orchestre symphonique. Chorégraphie de l’imaginaire. Des courants de souvenirs remontent à la surface, jaillissent, m’éclaboussent. Effervescence. Une fontaine de jouvence. Une cascade de poésie. Un torrent de lyrisme. Le barrage a cédé. Une chute d’eau presque infinie. Tout est limpide, fluide.
En respirant à plein poumons, je suis submergée par des vagues de parfums. Je m’empare de mon stylo. Les pages blanches bleuissent. Labile, ma plume malhabile devient féconde. Sous l’emprise de la surprise, je me sens comme aspirée, inspirée par la nature. Dans le flot des mots, l’encre coule. Encore ! Le cours de ma vie s’inverse. Des vers déversés comme des gouttes d’élixir. Des vers célestes. Des versets lestent mes pensées. Ivresse. Douce odyssée. Audacieuse, je compose une ode aux cieux, des étoiles dans les yeux. Un air mélodieux. Toucher le firmament pendant ce fier moment.
Mon encre se fige sur le papier, comme une ancre jetée à la mer. La mer, comme une mère, où concourent toutes les sources de mon cœur, de mon âme. Je me sens libre, en équilibre, en symbiose avec la nature. Je baigne dans une osmose passionnelle. J’écoute le silence pour entendre penser mon âme. Le vent du changement a porté une colombe. Des destins parallèles se confondent. Ce retour aux sources a fini par tenir ses promesses. J’ai retrouvé ma source d’énergie, ma source d’inspiration, ma complice. S’accomplissent des délices. Ressourcée, comme si de l’eau pure coulait dans mes veines, j’affiche un sourire affable. Écrire la fable de ma vie, une soif innée, ineffable.
Je suis ma ligne et me jette dans le grand bain... de l’autobiographie.
Chacun sait à quel point la vie est dure quand le doute et l’angoisse nous torturent. Teintée d’améthyste, mon âme est triste. Damnée depuis tant d’années, ma douleur subsiste. Depuis ma médaille d’or aux JO en 50 m papillon, ma vie dérive. Le fameux effet papillon ? Je cherche à comprendre. Il ne me reste qu’une voie à prendre, celle d’apprendre. Apprendre à s'aimer, à semer une fleur pour l'avenir, en soufflant un soupçon de pollen. Un périple certes, mais un péril honnête.
Je contemple les sommets majestueux. Des cimes dessinent des courbes exquises que les nuages déciment. Oscillant entre espoir et défiance, je doute, je médite. Cette escapade au grand air constitue le ballon d’oxygène auquel j’aspire depuis des mois, à la recherche d’un nouveau souffle. Une envie d’ailleurs. Faire le vide en moi. Émoi. Me changer les idées. Mais je suis surtout décidée à écrire une nouvelle page, voire un nouveau chapitre de ma vie. Mon existence n’a jamais été un long fleuve tranquille. Une vie sinueuse, tortueuse.
Le mois dernier, j’ai fait un AVC. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il faut parfois attendre que le voile de la mort nous effleure pour prendre conscience de la valeur de la vie, de sa saveur. La vie ressemble à un poème, et survivre à une catastrophe, nous fait ressentir le besoin d’écrire une nouvelle strophe. Il faut mordre le fruit de la vie car la vie oscille entre l’amour et l’amer, jusqu’à être assez mûr pour être dans la ligne de mire de la mort et qu’elle vienne nous cueillir, comme une fleur.
Au milieu de ce panorama prodigieux, atone, je me sens comme une poussière d’atome, infinitésimale. L’infini fait si mal. Prendre de l’altitude pour faire face à la lassitude, à la platitude de ma vie. Changer mon attitude, mes habitudes est devenu une question de survie. Voyager pour se remettre en question. Se poser des millions de questions. Une expédition pour retrouver le paradis de mon enfance. J’ai toujours été intarissable au sujet de ce lieu féérique. Souvent, je pense avec délectation à la douceur de ma jeunesse, me souvenant avec émotion de la constellation de bons moments passés à cette source. Tendres rêveries nostalgiques.
J’approche, pas à pas. La nervosité me gagne peu à peu. Mais après avoir traversé des passages escarpés, en maintenant ma cadence, je dois me rendre à l’évidence. Le décor enchanteur a clairement perdu de sa splendeur. Il règne une atmosphère hostile. Terrible choc ! J’avance péniblement, en frissonnant. Je deviens livide en découvrant le lit vide, aride. Sans doute les conséquences de la sécheresse, le ruisseau que j’ai tant chéri ne ressemble plus qu’à un trivial filet d’eau. Infime, informe, infirme.
Aussitôt arrivée, mes yeux se sont rivés sur ces rives. À force de dériver, j’ai besoin d’amorcer un nouveau virage, de changer de rivage. Pourtant mon pèlerinage vire quasiment au naufrage. Mon esprit virevolte. Le paysage espéré n’est plus qu’un lointain mirage. Je lève les yeux au ciel. Mes illusions tournent à la désillusion. L’avenir s’assombrit. Les nuages s’amoncellent. Des idées radieuses laissent place au tonnerre. Desiderata disparaissant dans les airs. Ces changements dérisoires, comme une lame de rasoir, me blessent. Faiblesse. L'orage gronde dans ce monde immonde. En une fraction de seconde, une onde profonde me traverse, m’inonde. L’horizon me regarde en chien de faïence. L’oraison funèbre de mes défaillances.
Perdue, je vacille. Tout me paraît flou, distant. Bien que j’aie tout fait pour l’étouffer, un sentiment que j’ai senti naître commence à m’absorber centimètre par centimètre. Je transpire, sous l’empire de la peur. Par ma peau, mes pores, l’angoisse s’évapore. Ma quête tombe à l’eau. Mes yeux se plissent et quelques perles lacrymales glissent le long de mes joues. Larme à l’œil, le vague à l’âme. Au fond de moi, résonne une vague alarme. Je tente de me raisonner mais je divague. Mon âme vagabonde. Submergée, des vagues abondent. Le ciel se voile. Je stresse. Détresse ! Un véritable tourbillon d’émotions. Je vogue contre les éléments, dans l’archipel de mes souvenirs. Des hurlements. Déferlement dans mon cœur. Je ferme l’aorte à clef.
Le vent adverse éveille mon courage. Un courage pur, qui ne connaît ni la colère ni la rage. Poussée par le goût du risque, je tente de dompter cette tempête puis verse dans l’optimisme. L’instinct d’un instant. Je décide de prendre en main mon destin, en m’accrochant à la petite lueur qui brille encore au fond de moi. Au fil de l’eau, je parviens à dominer ma peur et deviens incroyablement lucide. Mon navire arrivera à bon port. Le naufrage n’est pas une option. Résister pour exister. Je tiens la barre. Une énergie invisible et invincible m’irradie. Cette force indicible me guide, navigant de l’infime à l’infini. Chaque grain d’espoir, chaque graine d’éternité, estompe mon chagrin. Le vent souffle, une voix d’ange, et caresse les lignes argentées des sommets, traits d’unions entre ciel et terre. Eternité.
L’eau me murmure des mots doux. Je puise dans mon imaginaire. Soudain, la nature a agi comme par magie. Une pluie de soleil. Dans mon cœur, dans mon corps, s’éclipsent les remords. Un voile de calme m’enveloppe, m’enlace. Les nuages s’estompent, s’effacent. Mes yeux se lèvent, mon esprit s’élève. Je rayonne de bonheur. Un sourire paisible illumine mon visage. Un sourire que le ciel rayonnant avive tel un vieux trésor. Les battements de mon cœur s’intensifient. Mes ailes se déploient. Je flotte dans le bien-être. Hystérie exquise. Délicate et saine. Mon amertume est frappée d’évanescence. Je me sens revivre. Renaissance. Les réminiscences défilent. La mélancolie s’effile. Une page se tourne.
Tout coule de source. Une évidence cristalline. La musique du vent devient ma muse. Légère. L’égérie pianote quelques notes désinvoltes. Elle me souffle une douce mélodie, me berce d’un refrain enjôleur, angélique. Orchestre symphonique. Chorégraphie de l’imaginaire. Des courants de souvenirs remontent à la surface, jaillissent, m’éclaboussent. Effervescence. Une fontaine de jouvence. Une cascade de poésie. Un torrent de lyrisme. Le barrage a cédé. Une chute d’eau presque infinie. Tout est limpide, fluide.
En respirant à plein poumons, je suis submergée par des vagues de parfums. Je m’empare de mon stylo. Les pages blanches bleuissent. Labile, ma plume malhabile devient féconde. Sous l’emprise de la surprise, je me sens comme aspirée, inspirée par la nature. Dans le flot des mots, l’encre coule. Encore ! Le cours de ma vie s’inverse. Des vers déversés comme des gouttes d’élixir. Des vers célestes. Des versets lestent mes pensées. Ivresse. Douce odyssée. Audacieuse, je compose une ode aux cieux, des étoiles dans les yeux. Un air mélodieux. Toucher le firmament pendant ce fier moment.
Mon encre se fige sur le papier, comme une ancre jetée à la mer. La mer, comme une mère, où concourent toutes les sources de mon cœur, de mon âme. Je me sens libre, en équilibre, en symbiose avec la nature. Je baigne dans une osmose passionnelle. J’écoute le silence pour entendre penser mon âme. Le vent du changement a porté une colombe. Des destins parallèles se confondent. Ce retour aux sources a fini par tenir ses promesses. J’ai retrouvé ma source d’énergie, ma source d’inspiration, ma complice. S’accomplissent des délices. Ressourcée, comme si de l’eau pure coulait dans mes veines, j’affiche un sourire affable. Écrire la fable de ma vie, une soif innée, ineffable.
Je suis ma ligne et me jette dans le grand bain... de l’autobiographie.