18 Août 1938
Je m'appelle Mystère. Oui, oui, Mystère ! Je suis une grande fille aux cheveux noirs et au teint pâle. J'ai 12 ans. Je suis actuellement en croisière avec mes parents et je m'ennuie à mourir ! Enfin bref... En ce moment je me promène sur le pont de notre paquebot.
Lorsque soudain j'entends un petit glapissement. Je me dirige vers l'endroit d'où provient le son. Je me penche sur le bord du bateau et je vois un petit chien pendu à une batayole, accroché par son collier. Je me penche pour l'attraper, mais je glisse... et je tombe par dessus bord ! Enfin presque... je me tiens accrochée au bateau avec mon bras maigrelet.
Je m'époumone :
- A l'aide ! S'il vous plaît.
Soudain, trois silhouettes surgissent : c'est Winter, Mélodie et son frère jumeau Lupin ! Trois jeunes de mon âge que j' ai croisé avec leur parents ce matin.
- Je vais chercher de l'aide ! s'écrie Winter.
- Pas le temps ! renchérit Mélodie. Accroche-toi !
Et elle m'attrape le bras pour me tirer, mais je suis trop lourde, on va tomber ! Lupin et Winter se précipitent à notre rescousse.
- Ah, c'est malin ! Maintenant on va mourir à quatre ! m'écrie-je.
Soudain le ciel se fait noir au dessus de nous : un grand homme se penche et attrape le chien. - Merci beaucoup les enfants ! dit-il d'une voix mielleuse, juste avant de nous pousser par dessus bord.
La chute me paraît interminable ! Quand je m'enfonce dans l'eau, j'ai l'impression de sombrer vers le tunnel de la mort.
Soudain, une voix m'interpelle :
- Remonte vite ! Allez, remonte !
Je ne sus jamais qui avait parlé mais ça m'a redonné espoir.
30 Septembre 1938
Cela fait plus d'un mois que nous sommes ici. Après notre réveil, nous avons constaté que nous étions sur une île déserte... ! Enfin pas exactement... Nous avons retrouvé des traces ! Et ces traces ne sont nulle autre qu'un puits et une vielle prison entièrement faite en pierre !
Cette prison est effrayante mais Lupin tient absolument à aller voir ça de plus près. Nous nous mettons en route vers le bâtiment lugubre. Lupin ouvre la marche d'un pas confiant et autoritaire. Nous, nous traînons les pieds derrière lui. Soudain des cris me parviennent. Ils sont de plus en plus forts. Je suis obligée de me boucher les oreilles. Sous les regards perplexes de mes camarades je cris :
- Vous ne les entendez pas ?
Les autres font « non » de la tête. Lupin continue, je le suis en gardant les mains plaquées sur mes oreilles.
Arrivés devant la porte, Lupin nous jette un regard de défi qui signifie « qui a peur ? ». Il pousse la porte... qui s'ouvre ! J'écarquille grand les yeux : devant moi se tient... un fantôme ! Il me regarde avec des yeux surpris. Choquée, je ne peux pas bouger !
- Qu'y a t-il, Mystère ? demande la voix lointaine de Mélodie.
Je reprends peu à peu conscience et je m'écris :
- un Fantôme !
Et je sors sans demander mon reste.
Mes compagnons me rejoignent à l'endroit où nous avions construit notre abris un mois plus tôt.
- Qu'est-ce qui t'a pris ? demande Lupin méfiant.
- Vous n'avez rien vu ? demande-je encore sous le choc.
Les autres se taisent à nouveau et je vois bien qu'ils me trouvent insensée.
- J'ai eu une apparition !
Déçue que personne ne me croie, je me retire dans la « chambre » que je partage avec Mélodie. Je m'endors presque aussitôt sur mon lit de mousse et de fougère. Je rêve d'un jeune homme aux cheveux noir et au teint pâle.
1 Octobre 1938
En me réveillant le lendemain, je me rends compte que l'homme qui m'est apparut en rêve me rappelle quelqu'un. Qui ? Hé bien, je n'en sais rien. Cependant son visage m'est familier. Je soupire, m'étire en essayant de penser à autre chose. Je sors et je commence à regarder autour de moi : il y a de la brume partout. Je me tourne vers la réserve (une cavité dans le tronc de l'arbre où nous gardons nos provisions) et remarque que nous sommes à court de vivres. Je pars vers la forêt en quête de quelques baies ou fruits. Soudain, je me rappelle qui est le mystérieux homme de mon rêve : c'est mon grand père, Henri Berg ! «Mes parents ont disparut pendant la 1ère guerre mondiale, j'avais à peine un mois, avait sangloté ma mère en me montrant une photo, j'ai été élevé par une nourrisse ». Je cours vers la prison, certaine que je vais trouver quelque chose d'important. Devant la porte, je prends une profonde inspiration et j'entre. Tout est calme, aucun fantôme en vue. J'aperçois une porte de l'autre côté de la pièce où je me trouve. J'entre. C'est un ancien bureau ! Je me mets en quête de documents. Soudain, je trouve une fiche où il y a marqué « Henri Berg évadé de prison. » Je la lis :
« Henri Berg (18ans) s'est évadé le 7 janvier 1918 grâce à la complicité de Juliette Charlier, infirmière disparue avec lui. »
Juliette est ma grande mère !
Ils s'étaient donc évadés ensemble ! Soudain, j'entends une voix :
- Suis-nous, Mystère.
Je me retourne. Devant moi se tient l'apparition : mon grand-père âgé de 18 ans. Il est accompagné d'une belle jeune femme, ma grand-mère, Juliette. Je les suis sans dire un mot. Ils m'emmènent sur la plage. Ils affichent un sourire avant de disparaître.
Au travers de la brume, je distingue une barque sur la plage.
- Bonjour.
Une voie derrière moi m'interpelle. Je me retourne. Devant moi se tient un vieil homme aux cheveux noirs et au teint pâle. Il ressemble à l'apparition qui m'a conduit jusqu'ici avec cinquante ans de plus. En me voyant il écarquille les yeux. Sous le choc je bredouille :
- Grand- Père ?
Un sourire apparaît sur le visage du vieil homme.
- Je t'ai cherché pendant longtemps, Mystère. Je me suis enfui de cette prison avec l'aide de ta grande mère, car j'allais être exécuté le lendemain par le bourreau. C'est l'homme qui vous a poussé par dessus bord. Il nous a poursuivi toute une vie. Il vient d'être arrêté, à l'escale du navire suite au témoignage d'un passager. Grâce à vous, nous sommes enfin libre. »