Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité. L'attente la plus longue de toute ma vie. J'ai attendu des années avant que je puisse la voir mais cela semble insignifiante par rapport au temps qu'elle met pour sortir. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête. Est ce qu'elle m'apprécierait ? Me rejetterait-elle parce que c'est contre la culture de pouvoir me revoir. Je me souviens encore comme si c'était hier.
- Jérémie, maintenant que tu es assez grand, il faut que tu saches la vérité commençait ma mère juste le soir de mon 16ème anniversaire. On était dans le salon, qui venait juste d'être rangé, attendant notre émission favorite. Je n'étais pas encore assez conscient de ce qu'elle voulait me dire par là aussi bien que je l'ai à peine écoutée. J'étais encore submergé par la journée que je venais de passer.
- Jérémie, en réalité nous ne sommes pas tes vrais parents déclara mon père.
- Dites moi que j'ai mal entendu. Pitié !
Silence. Ce fût un silence. Un silence pour tous ce que je croyais être moi jusque-là. Mon coeur vient de se briser.
-Nous sommes réellement désolés de te l'avoir caché ajouta t-il.
Mon père pris la main de ma mère qui pleurait à cet instant. Nous avons juste voulu que tu ne te sentes jamais étranger dans cette maison et vis à vis de notre affection. Saches que cela ne changera jamais tout l'amour que nous avons pour toi. On t'aimait depuis le premier jour.
-Je vais m'en tenir à cela !m 'exclamais-je subitement ne supportant plus cette vérité étouffante.
-Je ne veux rien savoir de mes parents biologiques. C'est vous mes parents dis-je en me levant et en m'enfermant dans ma chambre, furieux et brisé. On n'en a plus reparlé depuis mais au fond de moi je ne songeais qu'à cela. D'où je venais ? A qui je ressemblais ? Pourquoi ils m'ont abandonné? Est-ce que j'aurais été la même personne s'ils m'avaient gardé? Est-ce que c'est à cause d'eux que j'ai des caractères et des principes complètements différents de mes parents adoptifs?Je n'ai manqué de rien. Mes parents m'ont bien éduqué. Ils m'ont toujours soutenu dans mes projets. Leur amour me comble. Je ne me suis jamais senti comme un enfant adopté.J'ai fait taire toutes mes interrogations en me concentrant sur cela. Mais plus je grandissais, plus connaître mon origine est devenu crucial. J'ai donc fini par revenir sur cette discussion non achevée d'il y a 5 ans la veille de mes 21 ans.
- C'était en plein vacance d'été reprit ma mère, le coeur lourd. Cela faisait longtemps que ton père et moi avions quitté notre pays natal, Madagascar. Donc, cette année là, on a décidé de rentrer et d'explorer Mananjary. Une ville fascinante que ton père voulait visiter à tout prix. On était allé dans la forêt un matin lorsqu' on avait rencontré une femme, assise sur un rocher. Son enfant ne cessait pas de pleurer. " Mila endriny zaza ity " (Cet enfant a besoin de sa mère) répéta-t-elle. Je ne comprenais pas le dialecte à cette époque donc j'ai pas compris ce qu'elle voulait dire. Elle avait l'air exténuée. Je lui ai alors proposé de prendre son enfant. C'était toi. Tu t'étais calmé dès que je t'ai pris dans mes bras.
- Quel beau bébé ! Comment s'appelle-t-il ? lui demandais-je
- Il n'a pas de nom.
Ton père et moi, on s'est regardé un peu étonné.
- Vous avez accouché dans cette forêt ? demanda ton père
-Non c'est l'enfant de ma sœur ainée. Malheureusement, c'est un enfant maudit. Alors, elle ne peut pas le considérer.
-Maudit? Comment un bébé, un innocent peut être maudit ? demandais-je encore
- C'est un jumeau. C'est contre nos traditions d'élever ce genre d'enfant. Cela nous apporte le malheur.
- Vous allez faire quoi avec lui alors ?
- Selon nos traditions on aurait dû avertir le " Tangalamena " (Le sage du village) en emmenant les deux enfants auprès de lui. Mais ma sœur préfère les garder en vie, donc elle a décidé de garder un des enfants en faisant comme si elle n'avait eu qu'un seul et m'a demandé d'emmener celui-ci aux sœurs qui se chargent de l'orphelinat dans la région. C'est à deux kilomètres d'ici. Cet orphelinat n'est pas très apprécié car la plupart des enfants qui s'y trouvent sont presque tous des jumeaux. Ces religieuses et les sages se battent actuellement parce qu'elles détruisent nos cultures et influencent les générations. Comme elles sont soutenues par les autorités, nos aînés ne peuvent rien faire. Cela fait 2 jrs que je marche avec cet enfant, en empruntant la route la plus longue et la moins fréquentée pour éviter que quelqu'un nous voit et ne sache la vérité.
- On va vous conduire à cet orphelinat répondit ton père.
Tu t'es endormie dans mes bras, si bien qu'arrivée à l'orphelinat je ne voulais plus te lâcher dit ma mère en me regardant. Ton père et moi avons décidé de t'adopter. On n'a pas eu trop de mal à préparer les papiers nécessaires. On ignore ton véritable anniversaire mais on pense que c'est deux ou 3 jours avant 21 juin, le jour de cette rencontre. Tu étais un cadeau du ciel Jérémie, c'est pour cela qu'on t'a donné ton second prénom: Nomenjanahary. (Don de Dieu). Tout ce que je sais c'est que tu viens de Mananjary, tu as un frère jumeau. Votre père était décédé quelques mois avant vos naissances et votre véritable mère s'appelle Myriama.
Avec l'approbation de mes parents, j'ai décidé de venir dans ma ville natale, après avoir vécu 21 ans en France pour obtenir les réponses dont j'avais besoin. C'était difficile de voyager dans un endroit qu'on a jamais mis un pied. Mananjary était une grande ville. Je ne m'y attendais pas. Retrouver ma mère et ma famille était loin d'être facile. Il y avait plusieurs quartiers. Je me suis entretenu avec chaque chef du quartier pour voir les listes des gens qui portent ce nom et pour obtenir leurs adresses. Il y en avait 14 mais les 7 n'avaient que des enfants moins âgés que moi. Les 3 n'avaient que des filles et l'une était très jeune et venait juste de se marier. Ils ne me restaient plus que 3. Je me suis rendu auprès de chacune.
La première m'a rejeté et m'a lancé un regard plein de dégoût en me disant : " Honte à toi d'oser venir chez moi ! Même si les traditions ne sont plus respectées, moi, je n'aurai jamais gardé en vie un enfant maudit.
La seconde, était très chaleureuse. Elle et sa famille m'ont accueilli gentiment. J'avais espéré que ce soit elle. J'ai même mangé chez eux. Son mari m'a expliqué la valeur de cette culture et m'a parlé de l'histoire de la ville.
La troisième qui se trouvait dans un quartier assez éloigné de la ville était mon dernier espoir. Les gens me regardèrent bizarrement. Est-ce que c'est parce que je ressemble à mon frère jumeau ?
- Bonjour
- Bonjour, je cherche Myriama disais-je à mon interlocutrice.
Un vieil homme s'est approché de moi et m'a dit, donc tu es le jumeau de Vaohita.
Mon cœur s'est mis à accélérer. C'est le moment. Je suis au bout de ma quête. Il m'a emmené voir ma mère.
Attends ici dit-il en me demandant de m'asseoir sur un tabouret qui se trouvait près de la porte d'entrée.
Mon cœur battait si fort que je croyais qu'il allait sortir de ma poitrine. J'avais dû mal à respirer.
Ils parlaient si bas que je n'entendais rien du tout. Leur discussion a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité ! L'attente la plus longue de toute ma vie. J'ai attendu des années avant que je puisse la voir mais cela semble insignifiante par rapport au temps qu'elle met pour sortir. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête. Est ce qu'elle m'apprécierait ? Me rejetterai t- elle parce que c'est contre la culture de pouvoir me revoir ? Je suis venu pour obtenir des réponses mais je n'ai trouvé que des questions.
Le vieil homme sortit enfin, entre dit- il. Elle souhaite te voir.
Elle était allongée sur son lit. Est-elle malade ? Un jeune homme se trouvait à son chevet. Nos regards se sont croisés. J'avais l'impression de me regarder dans la glace.
-Approche mon fils disait-elle. Je me suis écroulé dans leurs bras. Nos larmes coulèrent. Tu arrives au bon moment dit-ma mère entre ses larmes.
- Jérémie, maintenant que tu es assez grand, il faut que tu saches la vérité commençait ma mère juste le soir de mon 16ème anniversaire. On était dans le salon, qui venait juste d'être rangé, attendant notre émission favorite. Je n'étais pas encore assez conscient de ce qu'elle voulait me dire par là aussi bien que je l'ai à peine écoutée. J'étais encore submergé par la journée que je venais de passer.
- Jérémie, en réalité nous ne sommes pas tes vrais parents déclara mon père.
- Dites moi que j'ai mal entendu. Pitié !
Silence. Ce fût un silence. Un silence pour tous ce que je croyais être moi jusque-là. Mon coeur vient de se briser.
-Nous sommes réellement désolés de te l'avoir caché ajouta t-il.
Mon père pris la main de ma mère qui pleurait à cet instant. Nous avons juste voulu que tu ne te sentes jamais étranger dans cette maison et vis à vis de notre affection. Saches que cela ne changera jamais tout l'amour que nous avons pour toi. On t'aimait depuis le premier jour.
-Je vais m'en tenir à cela !m 'exclamais-je subitement ne supportant plus cette vérité étouffante.
-Je ne veux rien savoir de mes parents biologiques. C'est vous mes parents dis-je en me levant et en m'enfermant dans ma chambre, furieux et brisé. On n'en a plus reparlé depuis mais au fond de moi je ne songeais qu'à cela. D'où je venais ? A qui je ressemblais ? Pourquoi ils m'ont abandonné? Est-ce que j'aurais été la même personne s'ils m'avaient gardé? Est-ce que c'est à cause d'eux que j'ai des caractères et des principes complètements différents de mes parents adoptifs?Je n'ai manqué de rien. Mes parents m'ont bien éduqué. Ils m'ont toujours soutenu dans mes projets. Leur amour me comble. Je ne me suis jamais senti comme un enfant adopté.J'ai fait taire toutes mes interrogations en me concentrant sur cela. Mais plus je grandissais, plus connaître mon origine est devenu crucial. J'ai donc fini par revenir sur cette discussion non achevée d'il y a 5 ans la veille de mes 21 ans.
- C'était en plein vacance d'été reprit ma mère, le coeur lourd. Cela faisait longtemps que ton père et moi avions quitté notre pays natal, Madagascar. Donc, cette année là, on a décidé de rentrer et d'explorer Mananjary. Une ville fascinante que ton père voulait visiter à tout prix. On était allé dans la forêt un matin lorsqu' on avait rencontré une femme, assise sur un rocher. Son enfant ne cessait pas de pleurer. " Mila endriny zaza ity " (Cet enfant a besoin de sa mère) répéta-t-elle. Je ne comprenais pas le dialecte à cette époque donc j'ai pas compris ce qu'elle voulait dire. Elle avait l'air exténuée. Je lui ai alors proposé de prendre son enfant. C'était toi. Tu t'étais calmé dès que je t'ai pris dans mes bras.
- Quel beau bébé ! Comment s'appelle-t-il ? lui demandais-je
- Il n'a pas de nom.
Ton père et moi, on s'est regardé un peu étonné.
- Vous avez accouché dans cette forêt ? demanda ton père
-Non c'est l'enfant de ma sœur ainée. Malheureusement, c'est un enfant maudit. Alors, elle ne peut pas le considérer.
-Maudit? Comment un bébé, un innocent peut être maudit ? demandais-je encore
- C'est un jumeau. C'est contre nos traditions d'élever ce genre d'enfant. Cela nous apporte le malheur.
- Vous allez faire quoi avec lui alors ?
- Selon nos traditions on aurait dû avertir le " Tangalamena " (Le sage du village) en emmenant les deux enfants auprès de lui. Mais ma sœur préfère les garder en vie, donc elle a décidé de garder un des enfants en faisant comme si elle n'avait eu qu'un seul et m'a demandé d'emmener celui-ci aux sœurs qui se chargent de l'orphelinat dans la région. C'est à deux kilomètres d'ici. Cet orphelinat n'est pas très apprécié car la plupart des enfants qui s'y trouvent sont presque tous des jumeaux. Ces religieuses et les sages se battent actuellement parce qu'elles détruisent nos cultures et influencent les générations. Comme elles sont soutenues par les autorités, nos aînés ne peuvent rien faire. Cela fait 2 jrs que je marche avec cet enfant, en empruntant la route la plus longue et la moins fréquentée pour éviter que quelqu'un nous voit et ne sache la vérité.
- On va vous conduire à cet orphelinat répondit ton père.
Tu t'es endormie dans mes bras, si bien qu'arrivée à l'orphelinat je ne voulais plus te lâcher dit ma mère en me regardant. Ton père et moi avons décidé de t'adopter. On n'a pas eu trop de mal à préparer les papiers nécessaires. On ignore ton véritable anniversaire mais on pense que c'est deux ou 3 jours avant 21 juin, le jour de cette rencontre. Tu étais un cadeau du ciel Jérémie, c'est pour cela qu'on t'a donné ton second prénom: Nomenjanahary. (Don de Dieu). Tout ce que je sais c'est que tu viens de Mananjary, tu as un frère jumeau. Votre père était décédé quelques mois avant vos naissances et votre véritable mère s'appelle Myriama.
Avec l'approbation de mes parents, j'ai décidé de venir dans ma ville natale, après avoir vécu 21 ans en France pour obtenir les réponses dont j'avais besoin. C'était difficile de voyager dans un endroit qu'on a jamais mis un pied. Mananjary était une grande ville. Je ne m'y attendais pas. Retrouver ma mère et ma famille était loin d'être facile. Il y avait plusieurs quartiers. Je me suis entretenu avec chaque chef du quartier pour voir les listes des gens qui portent ce nom et pour obtenir leurs adresses. Il y en avait 14 mais les 7 n'avaient que des enfants moins âgés que moi. Les 3 n'avaient que des filles et l'une était très jeune et venait juste de se marier. Ils ne me restaient plus que 3. Je me suis rendu auprès de chacune.
La première m'a rejeté et m'a lancé un regard plein de dégoût en me disant : " Honte à toi d'oser venir chez moi ! Même si les traditions ne sont plus respectées, moi, je n'aurai jamais gardé en vie un enfant maudit.
La seconde, était très chaleureuse. Elle et sa famille m'ont accueilli gentiment. J'avais espéré que ce soit elle. J'ai même mangé chez eux. Son mari m'a expliqué la valeur de cette culture et m'a parlé de l'histoire de la ville.
La troisième qui se trouvait dans un quartier assez éloigné de la ville était mon dernier espoir. Les gens me regardèrent bizarrement. Est-ce que c'est parce que je ressemble à mon frère jumeau ?
- Bonjour
- Bonjour, je cherche Myriama disais-je à mon interlocutrice.
Un vieil homme s'est approché de moi et m'a dit, donc tu es le jumeau de Vaohita.
Mon cœur s'est mis à accélérer. C'est le moment. Je suis au bout de ma quête. Il m'a emmené voir ma mère.
Attends ici dit-il en me demandant de m'asseoir sur un tabouret qui se trouvait près de la porte d'entrée.
Mon cœur battait si fort que je croyais qu'il allait sortir de ma poitrine. J'avais dû mal à respirer.
Ils parlaient si bas que je n'entendais rien du tout. Leur discussion a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité ! L'attente la plus longue de toute ma vie. J'ai attendu des années avant que je puisse la voir mais cela semble insignifiante par rapport au temps qu'elle met pour sortir. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête. Est ce qu'elle m'apprécierait ? Me rejetterai t- elle parce que c'est contre la culture de pouvoir me revoir ? Je suis venu pour obtenir des réponses mais je n'ai trouvé que des questions.
Le vieil homme sortit enfin, entre dit- il. Elle souhaite te voir.
Elle était allongée sur son lit. Est-elle malade ? Un jeune homme se trouvait à son chevet. Nos regards se sont croisés. J'avais l'impression de me regarder dans la glace.
-Approche mon fils disait-elle. Je me suis écroulé dans leurs bras. Nos larmes coulèrent. Tu arrives au bon moment dit-ma mère entre ses larmes.