Ça a duré une bonne minute. Une vraie minute. Une éternité.
Le soleil levant à l'horizon, une légère brume recouvrant la nature tel un exquis velouté. Mes pensées voguent au loin, mon corps parcourus par ces vagues. Ces vagues, qui envahissent chaudement mon corps, ce corps déjà tant marqué car portant en lui la vie. Une vie tant chérit qui éclos à l'orée de cette nouvelle aube. Retenir son souffle de tout son être, en appeler à ces forces demeurent aux tréfonds de notre être et qui depuis la nuit des temps animent les femmes à donner la vie.
Mes forces s'amenuisent, je m'épuise, déjà plusieurs jours que ça dure. L'équipe médicale commence à faire des rondes plus rapprochées. Des mots se disaient tout bas. Des regards se jetaient par-dessus les épaules. La tension montait. Le moment fatidique se rapproche inexorablement.
Ma sage-femme ici en la personne de ma doula m'annonce que c'est le moment. Je ferme donc mes yeux et inspire profondément. Une larme s'échappe de mes paupières fermées et coure le long de ma tempe s'immisçant dans mon oreille et déclenche un frisson le long de mon corps.
J'entends soudain le mot d'ordre ‘POUSSE !', je bloque alors ma respiration et pousse de tout mon être. Une, deux, trois, ça y est, la tête est dehors, je sens ensuite tout son corps sortir...et là, plus rien.
Je tendis inexorablement les oreilles, en quête du moindre petit son pouvant me montrer qu'il était vraiment là et respire. Je vois toute l'équipe s'agiter, je panique, je ressens un froid indescriptible, je me sens seule au monde.
Plusieurs questions me taraudent l'esprit. Que se passe-t-il ? Ai-je mal fait ? Ai-je fais du mal à mon bébé ? Ce petit être qui représentait déjà tout mon univers va-t-il s'en sortir ?
Je sers les barreaux de mon lit, ferme à nouveau les yeux. Une éternité s'écoule, un ange passe et repasse. Je prie les mannes de mes ancêtres ; que tous ces efforts, que tous mes sacrifices ne soient point vains.
Et comme pour me dire que mes prières ont été exaucées, j'entendis une petite voix qui tousse puis un cri vigoureux. Enfin ! M'écriai-je.
Une éternité s'est écoulée...non, une minute s'est écoulée, une vraie minute.
Un nouveau chapitre s'ouvre donc pour moi. Je te sers fort contre moi plus forts que jamais.