Mon mystère Ponterain.

 Ma mère et moi regardions les vieilles photos de ma famille purement Ponteraine, le village où j'ai toujours vécu, peu connu pour certains mais très important pour moi. Lorsque mon père l'appela pour qu'elle l'aide à faire à manger, je continuais d'observer les photos jaunies par le temps, je suis tombée sur une lettre, sur laquelle il était inscrit « à tout membre de la famille Rosset trouvant et acceptant cette lettre », qui a bien pu écrire cela ? Et surtout, pourquoi ma mère ne m'en a jamais parlé ? Je l'ouvris et la lu :
« Bonjour cher et je l'espère, courageux descendant, j'écris cette lettre de mon lit de jeune fille, ma mère m'ayant toujours interdit de récupérer le trésor dont j'ai trouvé la trace, j'ai prévu ces lettres, rends toi au hameau du Manchet, et cherche la maison à cheminée. Bien à toi, Annie R. »
Annie R.... Nini ! Mon arrière-grand-mère, elle s'appelait effectivement Annie, elle est décédée il y a 15 ans, de vieillesse, je ne l'ai donc jamais connue, mais ma mère, sa petite-fille, m'a toujours conté sa vie. De quel trésor parle-t-elle ? Il faut que je me rende au Manchet, c'est sur les hauteurs du village, il est primordiale (en tout cas dans mon curieux esprit) que je trouve ce « trésor ». 
 Il était seulement 14h lorsque je partis de chez moi, en vélo. La montée qui menait à la maison natale de Nini était horrible, et dire qu'à l'époque elle allait à l'école à pieds. Une fois arrivée en haut, mes jambes me brûlaient, mais je vis très rapidement la maison à cheminée qu'elle avait mentionné. Le hameau entier était en ruines, des pierres devaient encore s'écrouler à l'heure actuelle, ce qui rendait le terrain dangereux. Je pénétrai quand même dans la demeure que je cherchais. Lorsque je passai dans ce que je suppose être l'encadrement de la porte, je vis que la végétation avait clairement reprit ses droits, un arbre avait poussé au milieu de la bicoque. Même si cette maison était la dernière qui en avait la forme, j'espérais vraiment y trouver le « trésor » de Nini, surtout que, étonnement, la cheminée d'enfance de la vieille femme tenait encore, à contrario de la plupart des murs. Quand je me penchai vers celle-ci, je me sentis comme attirée par une pierre. Je soulevai la petite roche dans l 'espoir de trouver directement le trésor. Je tombai alors sur une boîte, c'est une blague ! Une si petite boîte ne peut pas contenir un trésor entier ! Dans mon désespoir et ma désillusion, j'ouvris tout de même le petit coffret. Je tombai alors sur un mot, et un petit cristal. Je lu ce qui était inscrit sur le petit bout de papier :  
« Bravo d'être venu jusqu'ici, cher héritier, tu es tombé dans la bonne maison, prends ce petit diamant dans la main, et laisse ton sang agir, je ne peux t'en dire plus. Annie R. »
J'écoutai donc mon ancêtre, posai la lettre et pris le petit diamant dans ma paume de main. Tout à coup, un souffle d'air chaud et bleuté m'ébouriffa les cheveux et me brouilla la vue. Je me retrouvai alors dans une grande pièce chaleureuse, fournit d'une cheminée, la même que celle de la ruine. Le temps de reprendre mes esprits je constatai que trois femmes étaient entrain de s'affairer en cuisine, probablement une mère et ses deux filles. Lorsque la plus jeune d'entre elles se retourna, je reconnu tout de suite Annie, la jeune Annie de 15 ans que je venais d'apercevoir dans la boîte à photos. Elle était si facile à identifier avec ses cheveux blonds et bouclés, toujours retenus par un foulard à l'avant de sa tête. Elles rigolaient toutes les trois, et la mère de mon aïeule lui dit alors « Nini, tu peux aller vaquer à tes occupations, mais ne crottes pas ta robe ni tes mains d'ange. » La jeune Nini monta alors les escaliers, je ne comprenais toujours pas ce que je faisais là, mais je réfléchis alors au fait que dans la cuisine personne n'avait remarqué ma présence, comme si je n'étais pas vraiment là... Ce qui était au final logique puisque j'étais de toute évidence, dans le passé d'Annie... Après cette constatation plus ou moins en retard sur la situation, je suivis la jeune fille dans les escaliers. Je la vis alors prendre une vieille carte marquée d'une croix rouge. Elle prit ensuite une petite pelle et redescendit les escaliers en trombe, elle passa la porte d'entrée et alla alors dans un petit coin à côté de ce qui semblait être une porte de garde-manger sous terrain, elle s'apprêtait à creuser lorsque sa mère débarqua et cria « Annie ! Que fais-tu donc assise par terre tel une vulgaire souillon ! Ce n'est pas approprié pour une jeune femme ! Ne pense plus jamais à cette légende de trésor ! »
 La voix de la dame se faisait de plus en plus lointaine dans mes oreilles, et la vue de ce jardin parfait et cette maison intacte s'estompait, c'est alors que je me retrouvai dans la ruine. Je courus à l'extérieur de la demeure et me mis à creuser à l'endroit où la jolie porte souterraine avait laissé place à un trou portant sous la maison, bouché par des décombres. Je trouvai alors pleins de magnifiques cristaux de quartz, je n'avais pas tout de suite compris de quels cristaux il s'agissait, mais quand j'ai compris que le trésor était plus vieux que Nini, je me rappelai vite que les mines de quartz étaient en pleine expansion au Pontet au XIXème siècle. Je ne puis de suite réagir à la fortune que j'avais sous les yeux, j'étais encore abasourdie par mon petit voyage dans le temps. En plus d'être riche, n'aurais je pas découvert une magie enfouie par ma famille ? Par Annie ?
 Après avoir ramassé le maximum de pierres précieuses possible, je sautai sur mon vélo et dévalai la route jusqu'à chez moi. Je rentrai en trombe dans ma maison et hurlai «Nous sommes riches ! J'ai trouvé un trésor de quartz enfouit au Manchet ! » Ma mère me dit alors « Mais Marion, le quartz ne vaut plus rien maintenant ! » J'oubliai alors rapidement mon avenir de richesse tant imaginé pour me résigner au fait qu'au moins, Nini nous avait laissé un bel héritage sentimental et une trace de son passé.
23