Mimshak

Toute histoire commence un jour, quelque part, très souvent les réactions que nous avons face aux situations les plus délicates peuvent déterminer le restant de notre vie. Certains diront que parfois nous avons le choix mais en réalité nous avons toujours le choix. En tout cas ce jour-là, Elle a fait un choix...
C’était une journée comme les autres, Eleanor s’occupait du peu de clients qu’il y avait à la cafeteria, elle prenait les commandes, servait, débarrassait et faisait la caisse. Aux environs de quatorze heures, alors qu’elle eût terminé son service, elle se rendit à la gare.
Jusque-là tout allait bien.
Pour elle ce n’était pas la journée qui était trépidante mais plutôt le voyage qu’il fallait effectuer chaque jour. Une fois dans le bus, elle reçue un coup de fil de l’hôpital dans lequel se trouvait son frère :
« Allô, Bonjour mademoiselle Williams »
« Bonjour Monsieur, »
« J’aimerais vous parler du cas de votre frère »
« Qu’est-ce qu’il y’a ? » Fit-elle inquiète
« Son cas est critique, la situation est de plus en plus grave... »
La gravité de la maladie de Tony n’était pas une nouvelle pour elle, car depuis trois jours le petit garçon était aux Urgences, elle lui rendait visite chaque soir et restait à ses côtés jusqu’au matin avant d’aller au travail.
Le bus était bientôt arrivé à destination, l’hôpital était proche, la jeune fille se posait mille et une question. Les mots qu’avait prononcé le médecin lui revenaient à l’esprit.
Qu’allait-elle fait si quelque chose de tellement grave arrivait à son petit frère qu’elle aimait tant ?! Sa seule famille ! Celui dont elle s’est toujours occupé, celui pour qui elle subissait la vie. Car oui, le salaire qu’elle recevait était des miettes comparé à toutes les charges qu’elle avait. Elle arrivait à peine à subvenir à leur besoin quotidien, les cours de son frère et le loyer du petit studio dans lequel ils habitaient. Heureusement que le bus était enfin à la gare, c’est au bout de quelques minutes qu’elle arriva à l’hôpital.
Ce bâtiment imprégné d’odeurs de désinfectant et sa fraîcheur la stressait encore plus, tout était si lugubres. Des médecins et infirmiers de partout, des blouses de différentes couleurs, Eleanor se dirigea vers une grande porte vitré, qui menait au couloir des soins intensifs, elle alla tout droit jusqu’au comptoir des infirmières, demanda à voir le médecin et patienta quelques minutes dans le Hall avant d’être reçu dans le bureau de ce dernier...
« Nous avons fait de notre mieux mais toujours pas d’amélioration, la maladie n’a pas été diagnostiqué à temps, j’ai bien peur que cette crise qui a conduit votre frère ici le dimanche soir soit la phase finale de la maladie, nous avons essayé de canaliser son état mais à ce stade les risques de le perdre sont à quatre-vingt-dix pour cent »
« Docteur... Que pouvez-vous faire ?»

« Nous sommes face à un cas critique, il nous faut prendre une décision avant les deux heures à venir. Si nous optons pour une opération il y’a dix pour cent de chance qu’il se rétablisse, dans le cas contraire nous le perdrons avant les une semaine qu’il lui reste à vivre»
«... combien faut-il pour cette opération ? »
Il lui tendit le document sur lequel étaient marqués les frais d’opération
« Docteur là tout de suite je n’ai pas cette somme, même mon salaire annuel ne pourra l’atteindre, comment-faire ? »
« Mademoiselle le mot d’ordre vous revient car en tant que parent du malade votre réponse est péremptoire. »
«... »
«...Voulez-vous le voir ? »
« Oui, oui s’il vous plaît »
Il l’accompagna jusqu’à une chambre dont la porte était fermé, lui remit une de ces blouses bleues que l’on porte pour protéger le malade contre les germes, ce qu’elle enfila avant de se désinfectez les mains, porter un bonnet et un masque. Une fois couverte, le médecin lui ouvrit la porte. Les larmes aux yeux, les lèvres serrées, elle s’approcha doucement du lit en essayant de ne pas fondre complètement et de garder son calme.
« Tony ? » Murmura-t-elle en se penchant sur le visage de son frère
Aucune réaction... Son corps brûlant, il était plutôt plongé dans un sommeil bien profond. Le seul bruit qu’on pouvait entendre était le bip des appareils.
« Tony dis-moi quelque chose, fais un effort, tu m’entends ?... Tony...Tony ? Murmura Eleanor un peu plus fort luttant contre les sanglots.
--Eleanor ? »
Avec une lenteur infinie, il ouvra les yeux, et se mit brusquement à tousser, une quinte de toux et une agitation qui fit sonner tous les appareils.
« Calme-toi ! Calme toi je suis là » Le médecins entra dans la salle suivi de plusieurs infirmiers, tous se précipitaient vers les machines et le gamin. Après avoir ramené le silence dans la pièce, le médecin sortit avec la jeune fille.
« Il faut faire quelque chose ! » Répliqua-t-il
« Je ne sais pas comment faire docteur je veux bien qu’on tente cette opération mais je n’ai pas les moyens pour aider mon frère » Elle se mit à pleurer
Pendant ce temps une femme Rousse d’environ la cinquantaine se tenant devant la chambre d’à côté observait depuis la vitre l’intérieur de la pièce, sûrement un malade. Les oreilles dressés, cette femme lançait aussi quelques regard à la jeune fille en pleure.
« Vous avez des connaissances vous pouvez demander un prêt, essayez de trouver une solution. Cette situation est très complexe. Réfléchissez bien » Sur ces mots, le médecin s’en alla la laissant planqué dans le couloir, elle tourna en rond, les mains sur la nuque, Elle s’arrêta une bonne fois, respira un bon coup, croisa les bras et observa son frère de puis l’extérieur, il s’était de nouveau rendormir. La femme qui jusque-là avait assisté au spectacle la rejoignit :
« Il est trop petit pour endurer tout ça ! » Fit-elle scrutant l’intérieur à son tour
Eleanor était beaucoup trop déstabilisée pour entamer une conversation
« Je ne sais pas ce que vous traversez comme situation mais une chose est sûr rien de ce que nous ne pouvons surmonter nous arrive. Si vous vous sentez coupable, croyez-moi, ce n’est pas une pensée à nourrir, si vous être affligé alors vous vous submergé d’émotion qui n’aideront sûrement pas cette personnes à qui vous tenez tant. Pour qui coulez-vous des larmes? De quoi cette personne a-t-elle réellement besoin en ce moment ? D’une série de larmes avant la mort ou d’une lueur d’espoir pour apporter la vie ? »
« Je n’ai jamais été confronté à une situation aussi difficile, ce montant est trop élevé, c’est comme si on me disait clairement, il n’y a plus d’espoir » Dit-elle amèrement
« Je peux vous faire un prêt » Affirma la femme
« Excusez-moi ? » Dit-elle en se tournant vers la dame pour enfin voir son visage
« Tout dépend de vous ! » continua-la femme
« Je comprends pas, vous allez payer les frais entier ? »
« Oui, mais j’ai parlé de prêt ! »
« O mon Dieu ! Merci, merci beaucoup madame ! En combien de temps est ce que je vais devoir vous rembourser ? » Fit-elle surprise
« En combien de temps pourrez-vous me rembourser ? » Demanda la dame
« Je ne sais pas, je ferai tout mon possible pour vous rembourser aussi tôt que possible s’il le faut je trouverai plusieurs moyen pour gagner de l’argent ne vous inquiétez pas ! Je vous promets que je saurai vous rembourser » répondit-elle
« Justement en parlant de gagner de l’argent serai vous capable de me le rembourser avant le mois prochain ? »
« Madame, mon salaire annuel ne vaut même pas la moitié du prix de cette opération, je vous en prie faites-moi ce prêt et laissez-moi un peu plus de temps je vous le rembourserai en six mois. Je vous en prie » Fit-elle en suppliant la dame
« Je ne peux pas prendre ce risque, je fais affaire avec mon argent, j’ai juste voulu vous aidez à cause de l’état dans lequel se trouve le petit et si je vous faits un prêt aussi important la seule chose que je peux vous proposer c’est de travailler pour moi comme ça je suis certaines que vous me remboursez mon argent » Expliqua la dame
« Que dois-je faire pour vous ? »
« C’est simple je suis en contact avec plusieurs hommes d’affaires d’ici et d’ailleurs, il y’a de belles jeunes filles comme vous que j’envoie passer du temps avec eux. Après avoir passé un bon moment ils vous donnent de quoi vous remercier et je collecte les sommes puis vous recevez vos paies selon la qualité de vos services. Vous montez en grade si vous êtes de plus en plus demander pour des sortis ou petit week-end » Répondit la dame
« Serons-nous appelez à faire des choses malsaines ? » Fit-elle choquée
« C’est un peu trop cru »
« Madame s’il vous plaît aidez-moi je vous promets de vous rembourser, ok vous pouvez réduire le délai si vous voulez »
« Je n’ai qu’une seule offre pour vous ! »
«... »
« Si je ne me trompe pas, vous n’avez plus assez de temps, voici je n’ai pas de carte à vous remettre pour que vous puissiez me contacter. Sachez que le destin du petit est entre vos mains» La dame insista du regard une dernière fois avant de se retourner
« Madame !! »

C’est comme ça que tout a commencé. Pour elle, la vie de son frère n’avait pas de prix, il lui restait une heure et demie à vivre. Eleanor avait accepté l’offre indécente de cette femme. Dans les minutes qui ont suivi le chèque a été déposé et le mot d’ordre, donné pour l’opération. Savait-elle réellement dans quoi elle s’engageait ? Ou du moins, pesait-elle les pour et les contres de cette décision ? La jeune fille avait donné sa parole. L’intervention n’était pas à sa fin qu’elle regrettait déjà d’avoir dit oui. En tout cas il n’y avait pas plus douloureux que la tournure des évènements, car ce soir-là, à vingt et une heure les médecins lui ont annoncé le décès de son frère. C’était un sentiment immonde, elle se demandait même si ce n’était pas le bon Dieu qui venait de la punir pour ce choix répugnant, ses pleures ne pouvait rien changé...
Deux semaines après le décès de son frère, Eleanor s’était enfui de peur d’assumer son contrat. Elle priait et implorait le seigneur pour ne pas tomber dans les mains de cette dame, malheureusement, un jour, alors qu’elle sortait de la maison de son amie, elle fut kidnapper par des hommes armés et livré à la dame.
La vie semblait ne plus avoir de sens à ses yeux, comme si elle n’en était pas assez dégouter, il lui fallait aller à son premier rendez-vous en tant que catin.
Cette nuit-là, elle avait prévu de s’enfuir à nouveau. Vêtue d’une robe décolleté plongeant couleur noir sur des talons à sorti, ainsi qu’une pochette, Eleanor avait le neuf dans la gorge, sa seule envie en ce moment-là était de pleurer, sa vie était devenue une série de questions, elle se demandait comment elle était arrivée là et puis elle se rappelait qu’elle était prisonnière de son propre choix. Elle décida cette fois de ravaler ses larmes et se diriger vers les lieux du rendez-vous, un de ces hôtels cinq étoiles de London...
Tout ce qu’il y’avait à l’intérieur brillait, même la suite dans laquelle Eleanor venait d’entrer, tout était bien beau mais loin de calmer sa peur, elle s’attendait à tomber sur un homme qui l’attendait mais bien au contraire le client était plus mal à l’aise qu’elle. Tout ce qu’elle avait imaginé ne lui était pas arrivé, car cette nuit–là, David William, n’avait pas demandé les services d’une catin, selon lui la commande avait sûrement été faite par son ami.

Eleanor n’avait jamais pensé rencontrer quelqu’un qui allait lui redonner le sourire, en tout cas pas un client. Depuis la mort de son frère, tout était sombre, la vie n’avait plus de sens, elle ne sympathisait pas vraiment avec les autres, ou du moins elle n’avait plus de vie, plus de travail, ces journées se résumaient à manger, dormir et se morfondre. Alors qu’elle croyait tourner vers la phase la plus sombre, elle fut surprise de voir que sa nuit était agréable, cet homme ne l’avait pas mise à la porte comme une simple prostitué, bien au contraire il avait vu en elle une personne étrangère à la prostitution, curieux il échangeait avec elle, confiante, elle lui racontait sa vie...
C’est comme ça que les deux jeunes gens sont devenus amis, David voyait en elle beaucoup plus de qualités pour surmonter toutes ces épreuves, il lui fit la promesse de la sortie de cette situation... Quelques jours plus tard il remboursa l’argent de la dame. Pour cette dernière, ce fut difficile de renoncer à sa nouvelle fille, mais le statut de David William et son influence ne lui permettait pas de refuser l’offre.


Ainsi donc, s’il vous arrive de vous demander comment Eleanor William est devenue l’une des plus grandes femmes d’affaires à la tête d’ONG et orphelinats. Sachez que tout a commencé devant la chambre cent quinze dans un hôpital lorsque cette dame a surgi dans sa vie. En effet, elle a fait le mauvais choix, ce qui a failli lui coûter sa dignité après ces moments de douleurs. Mais le regret et le dégoût qui l’habitait lui ont permis de révéler sa vraie personnalité à l’homme de sa vie. Comme quoi, nos choix, même s’ils sont appelés à avoir des répercussions sur nous, s’ils ont été pris sur le coup de l’émotion ou si nous les regrettons vraiment nous pouvons encore faire le choix de réparer les choses, c’est ce choix qu’elle a fait en refusant de vendre sa dignité à cet homme. Ce choix-là est ce qu’elle est, les choix que nous faisons par contrainte, inconscience ou ignorance ne sont pas vraiment ce que nous sommes.