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Lorsque j'ai demandé à mon médecin si j'étais alcoolique, il a détourné le regard. Mon médecin est une femme et j'ai toujours tendance à penser que je l'intimide. Ça se devine à son regard et le regard d'une femme, c'est son pot aux roses. Ça et l'odeur de la cyprine.
— Non, vous n'êtes pas alcoolique, je pense que votre problème relève d'un mésusage de l'alcool.
— C'est-à-dire ?
— Vous buvez pour calmer vos nerfs. Vous vous servez de l'alcool comme d'un anxiolytique.
— Pourtant, je ne suis pas un garçon stressé, docteur.
Elle hausse les épaules et me tend une ordonnance. Valériane, passiflore, aubépine, pour ce genre d'escroquerie, j'aurais tout aussi bien pu aller voir un rebouteux. Au moins, lui ne m'aurait pas fait croire qu'il était médecin.
Comme tous les premiers jeudis du mois, je creuse. Je creuse car comme tous les premiers jeudis du mois, j'ai tué un emmerdeur. Ça n'est pas un hasard, c'est ainsi que je fonctionne. Toute l'année, je subis le sourire de ces abrutis de péquenauds qui m'inondent les oreilles des anecdotes de leurs vies insipides et interchangeables. Toute l'année, je fais le mec super sympa, je ne leur coupe jamais la parole, ne leur parle jamais de moi et me contente de hocher du bonnet en écoutant, un sourire hypocrite aux lèvres, le récit de leur existence sans intérêt. Alors une fois par mois, je m'en offre un. Il paye pour tous les autres. Ce mois-ci, j'ai choisi un Kévin parce que c'est une espèce à l'abri de l'extinction. Il s'est passé un truc, au milieu des années 90, avec ce putain de prénom, et aujourd'hui les Kévin sont à classer parmi les nuisibles.
Je ressens les contacts que j'établis avec l'humanité comme une agression envers ma personne. Je ne supporte pas le genre humain. Je souhaite son extinction et le plus tôt sera le mieux. La nuit, je rêve d'un virus mortel qui viendrait purger en quelques semaines la planète Terre de cette engeance qu'est l'humanité. Il ne resterait que les plantes et les animaux. Parfois, au réveil, je bande. Alors si je bois, c'est que mon boulot m'oblige à avoir l'air normal et l'alcool me rend affable. Que ce soit du whisky, du vin, de la bière ou du martini, l'éthanol sert ma carrière, et ma carrière, j'y tiens.
Je vide mon verre de vodka alors que mon assistante me fait signe que c'est bientôt à moi. Je déteste cette clownerie annuelle, mais ça fait partie de mon boulot. On attend « mes vœux »...
« Monsieur le Président, c'est à vous dans trente secondes ! »
— Non, vous n'êtes pas alcoolique, je pense que votre problème relève d'un mésusage de l'alcool.
— C'est-à-dire ?
— Vous buvez pour calmer vos nerfs. Vous vous servez de l'alcool comme d'un anxiolytique.
— Pourtant, je ne suis pas un garçon stressé, docteur.
Elle hausse les épaules et me tend une ordonnance. Valériane, passiflore, aubépine, pour ce genre d'escroquerie, j'aurais tout aussi bien pu aller voir un rebouteux. Au moins, lui ne m'aurait pas fait croire qu'il était médecin.
Comme tous les premiers jeudis du mois, je creuse. Je creuse car comme tous les premiers jeudis du mois, j'ai tué un emmerdeur. Ça n'est pas un hasard, c'est ainsi que je fonctionne. Toute l'année, je subis le sourire de ces abrutis de péquenauds qui m'inondent les oreilles des anecdotes de leurs vies insipides et interchangeables. Toute l'année, je fais le mec super sympa, je ne leur coupe jamais la parole, ne leur parle jamais de moi et me contente de hocher du bonnet en écoutant, un sourire hypocrite aux lèvres, le récit de leur existence sans intérêt. Alors une fois par mois, je m'en offre un. Il paye pour tous les autres. Ce mois-ci, j'ai choisi un Kévin parce que c'est une espèce à l'abri de l'extinction. Il s'est passé un truc, au milieu des années 90, avec ce putain de prénom, et aujourd'hui les Kévin sont à classer parmi les nuisibles.
Je ressens les contacts que j'établis avec l'humanité comme une agression envers ma personne. Je ne supporte pas le genre humain. Je souhaite son extinction et le plus tôt sera le mieux. La nuit, je rêve d'un virus mortel qui viendrait purger en quelques semaines la planète Terre de cette engeance qu'est l'humanité. Il ne resterait que les plantes et les animaux. Parfois, au réveil, je bande. Alors si je bois, c'est que mon boulot m'oblige à avoir l'air normal et l'alcool me rend affable. Que ce soit du whisky, du vin, de la bière ou du martini, l'éthanol sert ma carrière, et ma carrière, j'y tiens.
Je vide mon verre de vodka alors que mon assistante me fait signe que c'est bientôt à moi. Je déteste cette clownerie annuelle, mais ça fait partie de mon boulot. On attend « mes vœux »...
« Monsieur le Président, c'est à vous dans trente secondes ! »
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