
Tous les ans, dès l'automne, avant même que les rues ne se parent de leurs décorations clignotantes et kitsch, j'ai des envies de rouge et or et je me dis que, pour une fois, je vais organiser un vrai beau Noël : assortir la décoration de la maison aux couleurs du sapin, mitonner un véritable festin avec entrée-plat-dessert servis sur une table digne du dernier Elle décoration, mettre des paillettes sur mes paupières et porter une élégante tenue de fête comme, par exemple, cette ravissante combinaison noire que j'ai vue dans un magazine chez le coiffeur.
Et tous les ans, c'est la même chose : je ne trouve jamais en rayon la décoration qui m'a tant fait envie sur les prospectus qui débordent de ma boîte aux lettres, je cuisine la même dinde au foie gras depuis plus de dix ans, je mets toujours un pantalon noir avec un chemisier blanc et les enfants ne voient plus la magie des fêtes de fin d'année. Pourtant, il n'y a encore pas si longtemps, le 25 décembre au matin, on pouvait entendre des petits pas sur le parquet suivis de cris de joie : « Maman ! Papa ! Le Père Noël est passé ! Venez voir tous les paquets sous le sapin ! »
Alors on arrivait les cheveux en bataille pour prendre en photos nos petits monstres en pyjama, autant débraillés que nous, en se disant, larmes aux yeux, que ces moments n'allaient pas durer. Adolescente, je rêvais d'avoir des enfants pour leur offrir ces moments magiques que je n'avais pas eu, mais aujourd'hui je suis la première à leur dire que le bonheur ne se résume pas à de beaux cadeaux ! Jeune maman, je râlais en leur disant que je n'avais pas le temps de construire la maison de poupée ou de coller les autocollants sur la voiture télécommandée mais je me retrouve déjà nostalgique de ce temps en espérant que je me rattraperai avec mes petits-enfants...
Cette année, pour éviter de me tracasser, pour ne pas culpabiliser parce que je n'en fais pas assez et ne pas me noyer dans mes sentiments, j'envisage de faire la grève : la grève de Noël !
Je partirai le 24 décembre vers 13 heures. Ils penseront que je suis allée acheter des crevettes ou des huîtres dans un supermarché bondé, avant de me rendre à la boulangerie faire la queue plus d'une demi-heure pour récupérer la bûche pâtissière commandée la veille. Mais en réalité, j'en profiterai pour aller au cinéma dans une salle vide, pour voir un de ces films que mon mari qualifierait de « pathétique » en me gavant de pop-corn trop sucré. Ensuite j'irai marcher longtemps au bord de la mer jusqu'à ce que la bise et le froid me sèchent les joues et me fendent les lèvres. Je finirai par rentrer à la maison en fin d'après-midi : ma fille serait en train de se faire les ongles sur le canapé en regardant un mauvais téléfilm américain où un Père Noël de centre commercial aux dents blanches tomberait amoureux d'une mère célibataire siliconée, mon mari somnolant sur le canapé, mon fils enfermé dans sa chambre devant sa console de jeux vidéo. Ils se rendront à peine compte de mes heures d'absence et l'un d'eux me questionnera sur le menu du réveillon. Je répondrai que je n'ai rien prévu de spécial et que je m'en fiche éperdument...
Mais je me demande quand même si je ne vais pas plutôt demander à mon mari de nous concocter son fameux risotto à la truffe, laisser les enfants décorer le sapin comme ils veulent et leur proposer de m'aider à faire des bonhommes en pain d'épices comme quand ils étaient encore à l'école maternelle. Et puis, de toute façon, j'ai déjà commandé tous mes cadeaux !
Et tous les ans, c'est la même chose : je ne trouve jamais en rayon la décoration qui m'a tant fait envie sur les prospectus qui débordent de ma boîte aux lettres, je cuisine la même dinde au foie gras depuis plus de dix ans, je mets toujours un pantalon noir avec un chemisier blanc et les enfants ne voient plus la magie des fêtes de fin d'année. Pourtant, il n'y a encore pas si longtemps, le 25 décembre au matin, on pouvait entendre des petits pas sur le parquet suivis de cris de joie : « Maman ! Papa ! Le Père Noël est passé ! Venez voir tous les paquets sous le sapin ! »
Alors on arrivait les cheveux en bataille pour prendre en photos nos petits monstres en pyjama, autant débraillés que nous, en se disant, larmes aux yeux, que ces moments n'allaient pas durer. Adolescente, je rêvais d'avoir des enfants pour leur offrir ces moments magiques que je n'avais pas eu, mais aujourd'hui je suis la première à leur dire que le bonheur ne se résume pas à de beaux cadeaux ! Jeune maman, je râlais en leur disant que je n'avais pas le temps de construire la maison de poupée ou de coller les autocollants sur la voiture télécommandée mais je me retrouve déjà nostalgique de ce temps en espérant que je me rattraperai avec mes petits-enfants...
Cette année, pour éviter de me tracasser, pour ne pas culpabiliser parce que je n'en fais pas assez et ne pas me noyer dans mes sentiments, j'envisage de faire la grève : la grève de Noël !
Je partirai le 24 décembre vers 13 heures. Ils penseront que je suis allée acheter des crevettes ou des huîtres dans un supermarché bondé, avant de me rendre à la boulangerie faire la queue plus d'une demi-heure pour récupérer la bûche pâtissière commandée la veille. Mais en réalité, j'en profiterai pour aller au cinéma dans une salle vide, pour voir un de ces films que mon mari qualifierait de « pathétique » en me gavant de pop-corn trop sucré. Ensuite j'irai marcher longtemps au bord de la mer jusqu'à ce que la bise et le froid me sèchent les joues et me fendent les lèvres. Je finirai par rentrer à la maison en fin d'après-midi : ma fille serait en train de se faire les ongles sur le canapé en regardant un mauvais téléfilm américain où un Père Noël de centre commercial aux dents blanches tomberait amoureux d'une mère célibataire siliconée, mon mari somnolant sur le canapé, mon fils enfermé dans sa chambre devant sa console de jeux vidéo. Ils se rendront à peine compte de mes heures d'absence et l'un d'eux me questionnera sur le menu du réveillon. Je répondrai que je n'ai rien prévu de spécial et que je m'en fiche éperdument...
Mais je me demande quand même si je ne vais pas plutôt demander à mon mari de nous concocter son fameux risotto à la truffe, laisser les enfants décorer le sapin comme ils veulent et leur proposer de m'aider à faire des bonhommes en pain d'épices comme quand ils étaient encore à l'école maternelle. Et puis, de toute façon, j'ai déjà commandé tous mes cadeaux !
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