Merci les sportifs !

Vous ne le savez pas encore, mais grâce à vous, ma vie a changé.

Tout a commencé le jour de mon déménagement.
J'étais enceinte, je ne connaissais personne, aucun nom de commerce ni aucun nom de rue. Pour moi, le seul totem mémorisable de cette ville était la petite rue où se trouvait la caserne des pompiers que j'appelais simplement "la rue des pompiers". Comme elle était située tout près de chez moi, quand je me déplaçais, ça me rassurait de l'emprunter, au cas où je ne sais pas... je devais chuter accidentellement ou accoucher. Elle était devenue ma rue préférée, mon étape incontournable voire mon prétexte de balade. En plus, l'architecture de la caserne la rendait unique, symbolique et plus impressionnante que les autres rues, ce qui me donnait envie de l'emprunter. Chaque jour, j'engageais alors une promenade par celle-ci, espérant aussi y croiser un pompier. Parfois, j'en voyais même 3 ou 4 qui partaient en intervention alors je ralentissais et leur souhaitais mentalement du courage. Je savais qu'ils ne me calculaient pas toujours mais quand j'avais la chance de croiser toute une brigade qui partaient courir s'entraîner, cette fois je leur souriais de toute la largeur de mes dents disponibles en agitant la main, comme une groupie ingénue trop contente d'avoir vu sa popstar !

Mais pourquoi tant d'euphorie de ma part devant des sportifs en uniforme, vous demandez-vous ?

J'ai une explication assez irrationnelle mais je suis sûre que vous la comprendrez : j'adore les voir courir ensemble, avec leurs couleurs d'uniformes qui font d'eux une équipe, qui les rendent plus forts et si unis que ça les rend même encore plus beaux ! Qui a dit un jour "ce qui nous rend beau (et pas Rambo) nous rend plus fort" ? Si ce n'est personne, je propose d'en faire un nouveau proverbe, pas vous ?

En tout cas, depuis cette rencontre, je n'avais plus qu'une idée en tête : intégrer leur "équipe" dès que bébé serait sorti. J'étais comme fascinée par leur cohésion apparente, leur entente de terrain et leur bâtiment emblématique qui ne pouvait qu'abriter les meilleurs individus ! Je voulais donc faire partie de cet univers pour mieux ressentir leur union et partager leur passion. Mais en y réfléchissant un peu, ma vie ne pouvait pas se déséquilibrer ainsi alors que je devenais mère et que j'avais déjà un métier, bien loin d'ailleurs de celui des pompiers. J'étais architecte ; un peu sportive aussi, certes, mais 9 mois de grossesse ne rendait pas mon corps aussi vite utilisable à des fins de secourisme que ce que j'avais pu imaginer. Il me fallait donc trouver quelque chose de plus à côté de mon travail et de mon nouveau rôle de mère, quelque chose que je rêvais de partager avec un petit groupe à moi, à chérir et à porter plus haut. Quand je repensais à l'énergie des pompiers, déployée en synergie de groupe, je ne voyais pas une souffrance physique collective mais une force puissante et communicative : celle de courir d'un seul souffle de clan en se soutenant les uns des autres. Alors j'éprouvais à mon tour une énergie supérieure et positive qui rendait possible tous les efforts du monde !

Mais sans m'enrôler pour autant dans les forces du feu, je m'étais mise alors à chercher un équivalent d'esprit d'équipe dans les clubs de sport tout en ré-axant mes compétences professionnelles sur la conception d'équipements sportifs.

Et ce que j'ai trouvé depuis me comble de bonheur : car quel que soit le sport dans lequel on décide de s'engager, l'énergie qu'on décide d'investir est la même. Quand on dit en chimie que rien ne se crée, rien ne se perd mais tout se transforme, et bien c'est pareil en sport : toute énergie investie en sport est transformée en impulsion positive, que ça soit via des échanges sociaux, du partage de passion, de l'enrichissement culturel et encore mille autres bonnes choses qui rendent transmissible l'amour du sport et des autres.

Enfin, si je devais conclure cette histoire par ce qui a changé ma vie, j'ajouterai cela :
Après avoir été touché par la force des pompiers, après avoir expérimenté enceinte ce qu'impliquait une mobilité réduite lors de mes déplacements et après avoir intégré un club de sport dans le gymnase de ma ville (je connais désormais plus de noms de rues et de gens^^), j'ai pu transformer ma vie d'une façon qui la rend plus belle, plus riche et plus intense.
• D'abord au travail : ce que je conçois désormais prend davantage en compte les situations de handicap dans les équipements sportifs que je dessine et ma pratique de sport permet de mieux penser les bâtiments en fonction des besoins techniques et pratiques des futurs utilisateurs.
• Ensuite dans mon rôle de maman : je partage mon sport avec mon fils et mon compagnon. A trois, nous sommes l'équipe dans l'équipe et nous partageons à plusieurs les mêmes valeurs du sport lorsque nous partons soutenir les joueurs aux couleurs de notre région.
• Et enfin en tant que femme : je ne suis plus un corps fragile ni un maillon faible parmi plusieurs individus ; je suis devenue le quatrième mousquetaire d'Alexandre Dumas façon "une pour toutes et toutes pour une !"

Alors merci encore aux sportifs, continuez de jouer, de nous faire rêver et d'autres belles aventures naîtront.