C’était pareil jadis et ça me poursuit aujourd’hui. Il n’y a rien à faire. Rien pour rompre cette malédiction. Rien pour m’épargner le dédain de ma personne, des désastres dont je suis responsable. Seule la mort pourrait m’apaiser. Si elle voulait de moi. Hélas, elle me fuit depuis des siècles, des millénaires. Où que j’aille, cette défaite empoisonne ma réalité.
Il m'arrive de croire que je retrouverais mon courage, ma volonté, cette audace qui m’avait tant démarquée. Mon existence, c’est une condamnation et j’ai essayé, tellement essayé de m’y soustraire.
Une grosse pointure espère encore me sauver. La peur m’habite, une frayeur si impétueuse qu'elle me tenaille jusqu’à l’âme. Même droguée, ce sera impossible. L’intensité va monter en flèche et ce sera un carnage. L'individu s’entête à croire que je suis piégée par un sombre secret et que je ne peux être qui je prétends. Comme j’aimerais qu’il ait raison!
S’il acceptait mon histoire, il réaliserait depuis combien de temps, j’essaie de me libérer, de retrouver cette volonté de lutter. S’il avait idée du nombre d’heures que j’ai traversé à trouver une issue. On m’a abandonnée. Je suis perdue, assoiffée, et je n’aspire qu’à une vie normale. Ma route est un désert immense qui m’ensevelit de ses bras corrosifs. Encore, faudrait-il qu’existe une créature capable de survivre à mon regard. J’ai beau tenter de fuir, je n’ai aucun refuge, pas même un banc de sable. Tout être vivant ne peut que me craindre.
Dès qu’il m’injecte le somnifère, je sais qu’ils sont foutus. Je suis étendue et le noir s’introduit en moi, me transforme en fléau. Partout, la solitude et je n’en veux plus. Figée dans le roc, la mort froide coule en mes gênes. Puis, c’est terminé et ne demeure qu’un vague arome de substance qui s’échappe d’un battement de cils. Je retrouve mes sens et je hurle devant l’horreur, devant ces âmes qui ont croisé mon regard.
Suis-je un bourreau ? Suis-je un monstre... suis-je... que suis-je en fait?
Tristesse me pousse à saisir un objet pour démolir les statues. Je pleure au milieu d’un scénario d’horreur. La poussière me recouvre et cette fois, je sens un truc bizarre qui me vrille l’échine. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas ressenti cette chose que je tremble avant de la reconnaitre. C’est l’étincelle de ma volonté et en un souffle, elle rallume ma flamme. Plus jamais, plus de victime, je refuse...ça suffit !
La rigidité règne mais la peur a abaissé son bouclier.
Même au vingt et unième siècle, la technologie ne peut rien pour m’aider. Aujourd’hui, on a tenté de m’hypnotiser, après m’avoir gavée de tranquillisants, on m’a isolé dans une pièce. Je me suis ingéniée à les prévenir. Je voulais leur éviter la mort. Ils m’ont cataloguée, m'ont enfermé avec les cinglés. En refusant de croire et en s'entêtant à filmer mes poses lucides, en m'obligeant à les regarder au lieu de me permettre de continuer à baisser les yeux, ils se sont mis la tête sur le billot. Leur souffle de vie a roulé jusqu'à mes pieds. Ça me fout en rogne. Et j’ai décidé que c’était le dernier chapitre de cette misérable fatalité.
Je maudis celui qui m’a condamné et contrainte au chaos: Morphée. Dieu mythologique qui se délecte de mes échecs tel un monstre assoiffé. Ne devrait-il pas me bercer d’images féeriques pour abréger mes peurs ? On le dépeint comme un personnage généreux, alors qu’il m'imposer une lutte implacable. Il jubile, me fait payer le refus d’un baiser. Dès l’heure où il posa son dévolu sur moi, j’étais condamnée. J’ai refusé de me donner à ce narcissique alors que j’aspirais à devenir une prêtresse pour assister les miséreux. Depuis, les siècles m’ont décrite comme une beauté, vaniteuse, croqueuse d’hommes. Tellement de mensonges...
Si l’on m’avait greffé ces foutus tentacules dans la crinière comme les légendes le prétendent, peut-être des esprits auraient été épargnées. Pourquoi, suis-je plus belle que le jour? Cette magnificence dissémine la vie. On m’a nommé Méduse. Un nom qui ne devrait plus exister.
Dès que je frôle le monde onirique, dès que je m’efforce de couper avec la réalité, on me refuse le sommeil et dans un souffle, toute vie est éradiquée. Dormir ou me relâcher et quiconque croise mon regard pourrait trôner dans un musé. Je suis prisonnière de la rancœur de Morphée. J’ai 20 ans... depuis fort longtemps. Mon âme ressent l’usure d’un être de cinq mille ans, souillé, écœuré, incapable de cohérence. Je ne suis pas folle. Tout est réel. Je respire et eux... plus jamais.
J’erre en ce jour spleenétique.
Je marche sur des rails et je me rappelle pour ne pas flancher.
Qu’est-ce qui a du sens? Il n’en existe nulle trace. Ma vie a été un cafouillis de morts, de tourments. Mon destin a creusé l’insoluble.
Alors, que me reste-t-il hormis souffrir puisque j’ai traversé l’inaccessible guérison? On devrait m’imputer le droit de réfléchir. Mais plus maintenant. Je vais y parvenir parce que cette journée se veut si lumineuse pour tous les êtres vivants et je suis vivante.
Soudain, une caresse luminescente effleure mon âme. Mon cœur s’allège alors que j’ouïs le son d’un train. Mon plan est parfait. Le courage veut m’envahir et mon objectif germe avec une telle puissance qu’il éclairerait les ténèbres.
Vais-je enfin le battre à son propre jeu? Parviendrais-je échapper à ce meurtrier? Est-ce que ma volonté tiendra cette fois? Je ne dois pas faillir, je dois affronter ma peur et redevenir une combattante. Si l’engin me secoue de sa force explosive, la liberté m’emportera-t-elle vers des sources limpides? Si Morphée me surveille et qu’il devine mon envie d’en terminer et que j’y parviens, la liberté m’accueillerait-elle enfin? Pour moi, existe-t-il un tracé où respirer serait mon unique préoccupation?
Je ralentis, m’immobilise.
Encore une fois, l’instinct de survie reprend les cordons. Un combat découle en moi et la magie noire cherche à prendre le contrôle de ma volonté.
Ignore-le. Laisse venir ta rédemption... ignore-le. Ne regarde pas le conducteur du train et garde le cap, ne soutiens que ta volonté de vaincre. Tétanise la défaite à jamais.
Y faire face sera la meilleure tactique. Me retourner le visage embrassant mon libérateur.
Le pire est que mon attitude est tout le contraire du désir de tuer. Ce ne sont que des réflexes collés à mes gènes.
Je veux rejoindre mes Champs Élysées, mon ciel, mon territoire bucolique, retrouver mes derniers souvenirs d’enfance engloutis par le néant.
Y’a trop longtemps que le seigneur de la nuit se bidonne sur mes échecs, s'accroche sur sa puissance, jouit à s’implanter sur la margelle de ses obligés qui dorment en se croyant protégés.
S’il existe, une force aussi grandiose côté lumière, qu’elle se présente et je m’inclinerai volontiers, la louangerait avec allégresse.
Je l’aperçois, Morphée approche à grande vitesse. Je me retourne pour lui faire face et il arrive aussi vite que ses pouvoirs le lui permettre. Au moment de me saisir le bras, je fais un pas de côté, il fixe mon regard, il a baissé sa garde et mon pouvoir le prend dans ses filets. Il sourcille alors que son essence commence à muter en pierre. Morphée explose sous l’impact du train qui bizarrement n’a aucune séquelle et fille tout droit comme si rien ne l’avait touché.
Bénédiction! Je n’ai plus mal. Je pense, je ne souffre plus. Je ne lutte plus. Enfin m’habite la délivrance.
Là-bas se matérialise une ligne temporelle où je perçois une ombre qui cherche à retenir l’ancienne moi.
Au revoir, roi de la démence et de la dégradation psychologique.
Adieu Morphée! Les hommes n’ont plus besoin de tes services. Je sais qui tu étais réellement : un imposteur de la pire espèce. Sans rancune, car ce mot n'épouse plus mon existence. Le pire, je te souhaite la paix. Le seul mot qui te fait horreur, car les cœurs en paix dorment avec l’âme légère. Un parallèle auquel tu n’as plus accès.
Le mien est ici et maintenant, aujourd’hui est le premier jour de ma nouvelle vie.
Il m'arrive de croire que je retrouverais mon courage, ma volonté, cette audace qui m’avait tant démarquée. Mon existence, c’est une condamnation et j’ai essayé, tellement essayé de m’y soustraire.
Une grosse pointure espère encore me sauver. La peur m’habite, une frayeur si impétueuse qu'elle me tenaille jusqu’à l’âme. Même droguée, ce sera impossible. L’intensité va monter en flèche et ce sera un carnage. L'individu s’entête à croire que je suis piégée par un sombre secret et que je ne peux être qui je prétends. Comme j’aimerais qu’il ait raison!
S’il acceptait mon histoire, il réaliserait depuis combien de temps, j’essaie de me libérer, de retrouver cette volonté de lutter. S’il avait idée du nombre d’heures que j’ai traversé à trouver une issue. On m’a abandonnée. Je suis perdue, assoiffée, et je n’aspire qu’à une vie normale. Ma route est un désert immense qui m’ensevelit de ses bras corrosifs. Encore, faudrait-il qu’existe une créature capable de survivre à mon regard. J’ai beau tenter de fuir, je n’ai aucun refuge, pas même un banc de sable. Tout être vivant ne peut que me craindre.
Dès qu’il m’injecte le somnifère, je sais qu’ils sont foutus. Je suis étendue et le noir s’introduit en moi, me transforme en fléau. Partout, la solitude et je n’en veux plus. Figée dans le roc, la mort froide coule en mes gênes. Puis, c’est terminé et ne demeure qu’un vague arome de substance qui s’échappe d’un battement de cils. Je retrouve mes sens et je hurle devant l’horreur, devant ces âmes qui ont croisé mon regard.
Suis-je un bourreau ? Suis-je un monstre... suis-je... que suis-je en fait?
Tristesse me pousse à saisir un objet pour démolir les statues. Je pleure au milieu d’un scénario d’horreur. La poussière me recouvre et cette fois, je sens un truc bizarre qui me vrille l’échine. Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas ressenti cette chose que je tremble avant de la reconnaitre. C’est l’étincelle de ma volonté et en un souffle, elle rallume ma flamme. Plus jamais, plus de victime, je refuse...ça suffit !
La rigidité règne mais la peur a abaissé son bouclier.
Même au vingt et unième siècle, la technologie ne peut rien pour m’aider. Aujourd’hui, on a tenté de m’hypnotiser, après m’avoir gavée de tranquillisants, on m’a isolé dans une pièce. Je me suis ingéniée à les prévenir. Je voulais leur éviter la mort. Ils m’ont cataloguée, m'ont enfermé avec les cinglés. En refusant de croire et en s'entêtant à filmer mes poses lucides, en m'obligeant à les regarder au lieu de me permettre de continuer à baisser les yeux, ils se sont mis la tête sur le billot. Leur souffle de vie a roulé jusqu'à mes pieds. Ça me fout en rogne. Et j’ai décidé que c’était le dernier chapitre de cette misérable fatalité.
Je maudis celui qui m’a condamné et contrainte au chaos: Morphée. Dieu mythologique qui se délecte de mes échecs tel un monstre assoiffé. Ne devrait-il pas me bercer d’images féeriques pour abréger mes peurs ? On le dépeint comme un personnage généreux, alors qu’il m'imposer une lutte implacable. Il jubile, me fait payer le refus d’un baiser. Dès l’heure où il posa son dévolu sur moi, j’étais condamnée. J’ai refusé de me donner à ce narcissique alors que j’aspirais à devenir une prêtresse pour assister les miséreux. Depuis, les siècles m’ont décrite comme une beauté, vaniteuse, croqueuse d’hommes. Tellement de mensonges...
Si l’on m’avait greffé ces foutus tentacules dans la crinière comme les légendes le prétendent, peut-être des esprits auraient été épargnées. Pourquoi, suis-je plus belle que le jour? Cette magnificence dissémine la vie. On m’a nommé Méduse. Un nom qui ne devrait plus exister.
Dès que je frôle le monde onirique, dès que je m’efforce de couper avec la réalité, on me refuse le sommeil et dans un souffle, toute vie est éradiquée. Dormir ou me relâcher et quiconque croise mon regard pourrait trôner dans un musé. Je suis prisonnière de la rancœur de Morphée. J’ai 20 ans... depuis fort longtemps. Mon âme ressent l’usure d’un être de cinq mille ans, souillé, écœuré, incapable de cohérence. Je ne suis pas folle. Tout est réel. Je respire et eux... plus jamais.
J’erre en ce jour spleenétique.
Je marche sur des rails et je me rappelle pour ne pas flancher.
Qu’est-ce qui a du sens? Il n’en existe nulle trace. Ma vie a été un cafouillis de morts, de tourments. Mon destin a creusé l’insoluble.
Alors, que me reste-t-il hormis souffrir puisque j’ai traversé l’inaccessible guérison? On devrait m’imputer le droit de réfléchir. Mais plus maintenant. Je vais y parvenir parce que cette journée se veut si lumineuse pour tous les êtres vivants et je suis vivante.
Soudain, une caresse luminescente effleure mon âme. Mon cœur s’allège alors que j’ouïs le son d’un train. Mon plan est parfait. Le courage veut m’envahir et mon objectif germe avec une telle puissance qu’il éclairerait les ténèbres.
Vais-je enfin le battre à son propre jeu? Parviendrais-je échapper à ce meurtrier? Est-ce que ma volonté tiendra cette fois? Je ne dois pas faillir, je dois affronter ma peur et redevenir une combattante. Si l’engin me secoue de sa force explosive, la liberté m’emportera-t-elle vers des sources limpides? Si Morphée me surveille et qu’il devine mon envie d’en terminer et que j’y parviens, la liberté m’accueillerait-elle enfin? Pour moi, existe-t-il un tracé où respirer serait mon unique préoccupation?
Je ralentis, m’immobilise.
Encore une fois, l’instinct de survie reprend les cordons. Un combat découle en moi et la magie noire cherche à prendre le contrôle de ma volonté.
Ignore-le. Laisse venir ta rédemption... ignore-le. Ne regarde pas le conducteur du train et garde le cap, ne soutiens que ta volonté de vaincre. Tétanise la défaite à jamais.
Y faire face sera la meilleure tactique. Me retourner le visage embrassant mon libérateur.
Le pire est que mon attitude est tout le contraire du désir de tuer. Ce ne sont que des réflexes collés à mes gènes.
Je veux rejoindre mes Champs Élysées, mon ciel, mon territoire bucolique, retrouver mes derniers souvenirs d’enfance engloutis par le néant.
Y’a trop longtemps que le seigneur de la nuit se bidonne sur mes échecs, s'accroche sur sa puissance, jouit à s’implanter sur la margelle de ses obligés qui dorment en se croyant protégés.
S’il existe, une force aussi grandiose côté lumière, qu’elle se présente et je m’inclinerai volontiers, la louangerait avec allégresse.
Je l’aperçois, Morphée approche à grande vitesse. Je me retourne pour lui faire face et il arrive aussi vite que ses pouvoirs le lui permettre. Au moment de me saisir le bras, je fais un pas de côté, il fixe mon regard, il a baissé sa garde et mon pouvoir le prend dans ses filets. Il sourcille alors que son essence commence à muter en pierre. Morphée explose sous l’impact du train qui bizarrement n’a aucune séquelle et fille tout droit comme si rien ne l’avait touché.
Bénédiction! Je n’ai plus mal. Je pense, je ne souffre plus. Je ne lutte plus. Enfin m’habite la délivrance.
Là-bas se matérialise une ligne temporelle où je perçois une ombre qui cherche à retenir l’ancienne moi.
Au revoir, roi de la démence et de la dégradation psychologique.
Adieu Morphée! Les hommes n’ont plus besoin de tes services. Je sais qui tu étais réellement : un imposteur de la pire espèce. Sans rancune, car ce mot n'épouse plus mon existence. Le pire, je te souhaite la paix. Le seul mot qui te fait horreur, car les cœurs en paix dorment avec l’âme légère. Un parallèle auquel tu n’as plus accès.
Le mien est ici et maintenant, aujourd’hui est le premier jour de ma nouvelle vie.