Maitre Louis

Je suis Sainvil Yvelande, Je suis franco-haïtienne, J'ai fait des études de littérature et de langues étrangères par lesquelles je suis passionnée.

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« Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître.» Répliqua vivement la Petite Fille, en se recroquevillant sous la table du manoir des Louis. Cette Petite Fille, s'appelait Lounah, elle était une jeune esclavage séparée de sa famille alors qu'elle était âgée, tout juste de sept ans. Elle venait d'une famille d'indigène de Perles Des Antilles, elle vivait avec sa famille dans la forêt des « Bwa ». Elle était d'une couleur caramélisée, elle avait une chevelure aussi noire que la nuit obscure et sa taille était d'une finesse rare, comme si, elle n'eut été nourrie depuis des siècles. Ses yeux noirs étaient aussi clairs que le diamant qu'on apercevait dans les vitrines des boulevards. Son regard était pénétrant et calme, que l'on croirait entendre le son du ruisseau à la tombée de la nuit, qui, dormant paisiblement, se laissant couler en toute quiétude et tranquillité dans la nature.

Elle venait d'examiner le visage de son Maitre d'un air étonné. Mais Maitre Louis reprit en voyant la tronche de Lounah pour la seconde fois, « je crains que tu ne comprennes ce que je t'ai demandé jeune esclave d'un ton très autoritaire, qui laissa échapper une exclamation de surprise ». Plus tôt dans la matinée, elle se trouvait alors pas très éloigné d'un Ancien esclave amputé de la main droite. Cette figure l'avait saisi d'étonnement. C'était une des têtes très courageuse et intrépide, marqué par les sceaux de l'arrivée de l'esclavage et sur lesquelles l'on pouvait apercevoir les traces des coups et des fouets reçus, quand il venait de débarquer sur l'île de Perle des Antilles.

Cette Petite fille avait une âme pleine de gaité et d'enjouement, qui montrait toujours son hardiesse et sa ténacité. C'était sans doute sa façon de montrer sa témérité face aux circonstances de la vie. Mais, il y avait un jeune esclave qui trouvait matière à rire dans les grimaces de Lounah. Ce jeunot se nommait Yanérick, c'était un jeune esclave qui vivait dans famille Adam. Celui-ci fut vendu assez jeune comme Lounah toutefois, il recevait un bien meilleur traitement que celle-ci. En effet, Maitre Louis était un homme très dur, âgé d'une quarantaine d'années, il s'occupait de la Famille Louis ainsi que des domaines familiaux. Il était très désagréable et malsain, douté d'un sale caractère sans négliger son côté toujours colérique. Décidément, après l'avoir regardé fort attentivement, elle comprit que cet homme n'avait aucune mérite.

Après quelques instants pendant lesquels, Maitre Louis d'un air dédaigné et Lounah d'un visage impassible, les deux se retrouvèrent face à face. Et elle le regarda et fut un geste de la tête pour annoncer l'heure du diner ainsi que l'arrivée de ses hôtes. Maitre Louis se disposait par la suite, pour prendre son repas avec ses conviés. Lounah commençait à servir une bouteille de vin rouge de Latour à la table du Manoir Louis. Alors qu'elle continuait de verser le vin, elle renversa ainsi, la bouteille sur Monsieur Louis, celui-ci s'écria d'une voix aussi forte que le tonnerre, jusqu'à faire gronder la demeure des Louis. Elle s'estompa de stupeur et de tremblement devant la fureur de Monsieur Louis.

Elle resta figer durant dix longues et bonnes minutes sans prononcer un seul mot. La situation la dépassait plus qu'elle ne l'aura cru. Elle dit d'une petite voix, dans un silence de mort « pardon Monsieur Louis», en s'inclina humblement. C'est alors que Maitre Louis, fou de rage répondit « C'est Maitre Louis, ma Petite esclave ! » Elle n'osait lui répondre car, elle craignait que tout ce qu'elle pourrait dire, se retournerait contre elle. Cependant, elle n'avait pas plus envie de l'appeler « Maitre », cela sous aucun prétexte. Elle demeura ferme et inébranlable. Elle reconnait ses torts mais elle n'était pas prêtre à céder face à ce vieux chnoque. De marbre, il se tint débout alors que ses hôtes le fixa du regard de la tête aux pieds afin de voir sa réaction face à une telle méprise de la part de son esclave. Dans un élan froid et implacable, il lui donna une claque d'une telle force sur la joue, que Lounah se renversa contre un poteau de près de la salle à manger. Sa tête se mit à dégouliner de sang comme si l'on venait d'égorger une bête à l'abattoir. Le sang était aussi rouge le vin qu'elle avait rempli en amont. D'un autre côté, Maitre Jules, que dis-je Maitre Louis Jules, connu sous le nom de Maitre Louis du Manoir des Louis était immobile et impénétrable sous les feux de l'acte de violence qu'il venait de commettre. Quelqu'un pourrait penser qu'il regretterait ce geste d'une extrême violence mais non, c'en fut, tout autre car il profitait de l'instant de faiblesse et de douleur de Lounah pour être reconnu enfin comme Maitre Louis devant cette esclave qu'il avait acheté pour tant d'argent à cause de son air indifférent vis-à-vis de la vie.

Il est vrai que Lounah, avait toujours essayé de comprendre le sens profond de l'être humain, les différences entre les classes sociales et les individus dans la société. Elle avait beau faire le tour dans ses pensées, elle n'arrivait à rien. Elle ne comprit pas comment, il pouvait exister des personnages si mauvais et si imbu d'eux-mêmes. A force, qu'il avançait en âge, elle commençait à percevoir qu'il y a des choses qui ne changerait jamais dans la pensée peu importe, l'évolution d'un homme. Si, il nait pour être mauvais, il ne pourrait pas échapper à son destin. C'est ainsi, qu'elle voyait le cas de Monsieur Louis. Cet homme ne changerait jamais se dit-elle intérieurement ? Car, elle avait constaté que l'homme bon resterait bon et le mauvais changeait le jour de sa mort. Maitre Louis grandissait en âge mais pas en sagesse, il devenait de plus en plus exécrable et sa personnalité de plus en plus dur. Ainsi, elle apprit différentes leçons de vie à cause de ce Monsieur Louis.

Une vingtaine de minutes s'écroulèrent, mais elle gisait toujours dans une véritable mare de sang. Et pourtant, la seule satisfaction de Maitre était de l'entendre l'appeler « Maitre » ainsi, elle résignerait face à lui. Mais, elle restait silencieuse, alors qu'il criait comme un fou en pleine folie. Cet homme avait des invités mais ne s'en préoccupait pas parce qu'il était décidé à se faire appeler « Maitre ». C'était comme si, ce simple mot de six lettres, était le but de son existence. Aucun de ses hôtes ne comprirent son acharnement sur cette Petite Fille qui, se battait entre la vie et la mort. Ils commencèrent à partir l'un après l'autre du Manoir des Louis.

Le lendemain, ils étaient tous rentrés chez eux, mais il restait encore Maitre Louis et Lounah dans cette salle à manger. Maitre Louis, débout en attendant que cette Petite Fille se résigne, et Lounah sous le sol, accoudé à ce poteau, où, son sang avait déjà servi de peinture à l'huile, pour peindre le sol et la colonne blanche. Cette Petite esclave devenait plus en plus chétive, elle perdait toute sa force. Elle avait faim et soif mais elle n'avait accès à rien. Les larmes coulèrent de ses yeux jusqu'à ses joues. La douleur était insupportable mais à cause de sa fierté et de son orgueil démesuré, elle refusa de se soumettre car, elle voulait lutter jusqu'à ses derniers souffles. Maitre Louis était fatigué, ses yeux réclamaient le sommeil, son corps était épuisé pour ainsi dire, il était à bout de force. Il se mit à rire, de la situation parce qu'il ne comprenait toujours cet acte de rébellion. « Qu'avait-elle à perdre à l'appeler Maitre. Rien », alors pourquoi elle refusait systématiquement de le faire jusqu'au point d'en mourir.

Ainsi, au point de trépasser Lounah ouvra la bouche et dit ses mots à Monsieur Louis : « Je suis née esclave, j'ai toujours été traitée de cette manière, tantôt comme un objet, tantôt comme une marchandise mais jamais comme un être humain. Ce refus de vous appeler « Maitre », montre ma force de me battre contre les fléaux de la vie, tel que vous. Je ne vous appellerai pas Maitre ». Elle rendit l'âme.