Maître ? Vous plaisantez ? Vous pouvez me cogner, comme l'ont fait tous les autres, mais je ne vous appellerai pas maître. »
C'est de ce ton foudroyant et défiant l'autorité, que l'adolescente de
dix-sept ans répondit à son mac. Elle sentait le sang ruisseler de son front entaillé et atteindre ses joues creuses de diète forcée. Son regard ne palissait pas de terreur, ni d'effroi envers celui qui venait de la frapper d'un coup de cravache. Jean, le mac et propriétaire du lieu, ricana ensuite en lui tirant les cheveux vers l'arrière, la faisant hurler de douleur. Il répétait encore et encore qu'elle devait l'appeler ''maitre'' et faire tout ce qu'il lui dirait de faire. Car il était maintenant celui qui détenait sa vie. Pendant qu'il lui martelait affreusement ses ordres, la tête solidement entre ses mains, Solène ne ployait pas, elle ne voulait pas le dire. Car le faire serait accepter son sort. Désormais prisonnière d'une vie d'esclave et mendiant chaque sou pour survivre. Jamais elle ne capitulerait après des mois à supporter l'assaut permanent de vils individus venant impunément souiller sa chair et son âme. Comme dans une sorte d'absence volontaire, elle plongea dans le vide où ni la douleur de ces coups, ni les cris de cette voix monstrueuse ne l'atteignirent. Elle ne l'écoutait plus. Ce fou. Cet abominable être remplie de cruauté. Il lui avait arraché sa jeunesse et offert ce monde sordide.
Elle se rappelait comment elle en était arrivée là. Par une traversée dangereuse en méditerranée fuyant une autre vie tout aussi misérable en Afrique. Chez elle dans un petit village au nord du Cameroun, elle n'allait pas à l'école. Elle avait été confiée à une vieille tante acariâtre après la mort de ses parents. Elle y menait une existence de boniche extrêmement rude où elle se faisait cogner pour un rien. L'époux violent de sa tante, ne manquait jamais de lui rappeler qu'elle était un fardeau pour eux et même la société. Il lui disait avec la voix remplie de dégoût qu'elle serait toute sa vie une moins que rien, une paria, bonne qu'à nettoyer la merde des autres. Et il la frappait sans arrêt, pour mieux valoir ses propos. Elle, avec cette lueur de ténacité et de rage de vaincre l'adversité, dardait sur son bourreau, des yeux de colère et d'arrogance qui dévoilait bien la détermination qu'elle avait de se dérober de cette famille. Et ce jour arriva où elle s'enfuit. Elle prit le bateau comme nombreux de ses camarades de jeu et essaya de rejoindre l'occident. Elle avait entendu les choses merveilleuses qu'on pouvait y voir, et surtout avoir. Elle voulait cette indépendance. Loin de ce pays d'Afrique qui avait bercé ses malheurs dans la précarité et l'hypocrisie d'une vie familiale. Elle le désirait cet ailleurs libre, élogieux, éloquent et riche. Elle ferait n'importe quoi pour y s'installer. Et après moult tumultes durant le périple, et même des escales périlleuses dans les territoires du maghreb, elle débarqua en France. Ultime destination de son voyage.
Jean était celui qui l'avait récupéré dans les rues de France, après qu'elle ait errer pendant des mois. Il l'avait recueilli d'abord chez lui, lui avait offert à manger puis aider à se soigner et se rétablir. Elle avait cru à un sauveur, un ange empathique. Elle s'était dit avoir eu beaucoup de chance d'être tombée sur lui. Sans prendre garde aux mauvais retours de gentillesses prétendument désintéressées qu'on nous livre. C'est ainsi qu'il la conduisit deux semaines plus tard, ici dans cette maison. Puisqu'elle lui avait conté sa vie de bonne à tout faire pour sa tante en Afrique, il lui avait dit qu'il possédait une agence de jeunes soubrettes qu'il logeait et qu'il la ferait travailler comme femme de ménage chez des particuliers. Et aussi qu'il l'aiderait à s'établir dans la société.
À son arrivée, elle avait remarqué dans la maison, d'autres jeunes filles dans des chambres, très peu vêtues et arborant un air pathétique. Elle y avait vu aussi des hommes en costume et très imposants. Elle s'était rassuré en pensant à des choix sur place pour des ménagères adéquates. Sans se douter qu'il en était autrement. Le soir même de son arrivée marqua la rupture avec ses innocentes pensées. Séquestrée, battue et abusée par un homme qui pendant son acte méprisable, lui rappela qu'il avait payé cher et attendu trop longtemps pour une vierge. Ce soir-là signa la fin d'un monde convenable et la plongée vers un autre totalement destructeur.
Jean revint la voir plus tard, la trouvant ravagée et recroquevillée dans un coin de la pièce où venait de se terminer l'horrible scène. Il lui expliqua qu'elle était désormais sa propriété et qu'elle avait été naïve de croire en la bonté d'un inconnu, et qu'elle paiera très cher le prix de sa candeur.
Chaque soir, elle vivait d'atrocités en atrocités dans cette maison... close. Un bordel en fin de compte. Torturée, insultée, violée par des personnes de tout genre.
Solène n'avait plus l'esprit paisible. Elle n'y croyait pas à ce qu'il était en train de lui arriver. Ce qu'elle aurait voulu en s'exilant de son pays natal, n'était certainement pas cohabiter avec d'autres filles sonnées dans cette maison où défilent chaque soir, des hommes et femmes répugnant.e.s qui vous retournent dans tous les sens pour des milliers d'euros dont vous ne voyez que les centimes.Elle rêvait de retourner chez elle. Repartir dans son village, où même avec une tante et un oncle qui ne lui faisaient aucun cadeau, ne l'avaient jamais ainsi heurté dans sa dignité.
Elle revint à l'instant présent, où Jean persistait dans sa vacherie nouvelle de l'appeler ''maître''. Mais jamais elle ne le ferait. Elle était née libre, sans entrave. Et en être libre elle finirait, qu'elle que soit l'agonie qu'on lui servirait. Et dans un dernier effort où en finir définitivement lui parut la seule issue, elle se trancha la jugulaire du cou d'un coup de canif sec et vif, dissimulé dans sa manche. Jean la lâcha brutalement, l'air craintif et affolé, laissant s'écouler sur le carrelage, le sang de celle qui avait préférer mourir au lieu de poursuivre cette vie non méritée.
C'est de ce ton foudroyant et défiant l'autorité, que l'adolescente de
dix-sept ans répondit à son mac. Elle sentait le sang ruisseler de son front entaillé et atteindre ses joues creuses de diète forcée. Son regard ne palissait pas de terreur, ni d'effroi envers celui qui venait de la frapper d'un coup de cravache. Jean, le mac et propriétaire du lieu, ricana ensuite en lui tirant les cheveux vers l'arrière, la faisant hurler de douleur. Il répétait encore et encore qu'elle devait l'appeler ''maitre'' et faire tout ce qu'il lui dirait de faire. Car il était maintenant celui qui détenait sa vie. Pendant qu'il lui martelait affreusement ses ordres, la tête solidement entre ses mains, Solène ne ployait pas, elle ne voulait pas le dire. Car le faire serait accepter son sort. Désormais prisonnière d'une vie d'esclave et mendiant chaque sou pour survivre. Jamais elle ne capitulerait après des mois à supporter l'assaut permanent de vils individus venant impunément souiller sa chair et son âme. Comme dans une sorte d'absence volontaire, elle plongea dans le vide où ni la douleur de ces coups, ni les cris de cette voix monstrueuse ne l'atteignirent. Elle ne l'écoutait plus. Ce fou. Cet abominable être remplie de cruauté. Il lui avait arraché sa jeunesse et offert ce monde sordide.
Elle se rappelait comment elle en était arrivée là. Par une traversée dangereuse en méditerranée fuyant une autre vie tout aussi misérable en Afrique. Chez elle dans un petit village au nord du Cameroun, elle n'allait pas à l'école. Elle avait été confiée à une vieille tante acariâtre après la mort de ses parents. Elle y menait une existence de boniche extrêmement rude où elle se faisait cogner pour un rien. L'époux violent de sa tante, ne manquait jamais de lui rappeler qu'elle était un fardeau pour eux et même la société. Il lui disait avec la voix remplie de dégoût qu'elle serait toute sa vie une moins que rien, une paria, bonne qu'à nettoyer la merde des autres. Et il la frappait sans arrêt, pour mieux valoir ses propos. Elle, avec cette lueur de ténacité et de rage de vaincre l'adversité, dardait sur son bourreau, des yeux de colère et d'arrogance qui dévoilait bien la détermination qu'elle avait de se dérober de cette famille. Et ce jour arriva où elle s'enfuit. Elle prit le bateau comme nombreux de ses camarades de jeu et essaya de rejoindre l'occident. Elle avait entendu les choses merveilleuses qu'on pouvait y voir, et surtout avoir. Elle voulait cette indépendance. Loin de ce pays d'Afrique qui avait bercé ses malheurs dans la précarité et l'hypocrisie d'une vie familiale. Elle le désirait cet ailleurs libre, élogieux, éloquent et riche. Elle ferait n'importe quoi pour y s'installer. Et après moult tumultes durant le périple, et même des escales périlleuses dans les territoires du maghreb, elle débarqua en France. Ultime destination de son voyage.
Jean était celui qui l'avait récupéré dans les rues de France, après qu'elle ait errer pendant des mois. Il l'avait recueilli d'abord chez lui, lui avait offert à manger puis aider à se soigner et se rétablir. Elle avait cru à un sauveur, un ange empathique. Elle s'était dit avoir eu beaucoup de chance d'être tombée sur lui. Sans prendre garde aux mauvais retours de gentillesses prétendument désintéressées qu'on nous livre. C'est ainsi qu'il la conduisit deux semaines plus tard, ici dans cette maison. Puisqu'elle lui avait conté sa vie de bonne à tout faire pour sa tante en Afrique, il lui avait dit qu'il possédait une agence de jeunes soubrettes qu'il logeait et qu'il la ferait travailler comme femme de ménage chez des particuliers. Et aussi qu'il l'aiderait à s'établir dans la société.
À son arrivée, elle avait remarqué dans la maison, d'autres jeunes filles dans des chambres, très peu vêtues et arborant un air pathétique. Elle y avait vu aussi des hommes en costume et très imposants. Elle s'était rassuré en pensant à des choix sur place pour des ménagères adéquates. Sans se douter qu'il en était autrement. Le soir même de son arrivée marqua la rupture avec ses innocentes pensées. Séquestrée, battue et abusée par un homme qui pendant son acte méprisable, lui rappela qu'il avait payé cher et attendu trop longtemps pour une vierge. Ce soir-là signa la fin d'un monde convenable et la plongée vers un autre totalement destructeur.
Jean revint la voir plus tard, la trouvant ravagée et recroquevillée dans un coin de la pièce où venait de se terminer l'horrible scène. Il lui expliqua qu'elle était désormais sa propriété et qu'elle avait été naïve de croire en la bonté d'un inconnu, et qu'elle paiera très cher le prix de sa candeur.
Chaque soir, elle vivait d'atrocités en atrocités dans cette maison... close. Un bordel en fin de compte. Torturée, insultée, violée par des personnes de tout genre.
Solène n'avait plus l'esprit paisible. Elle n'y croyait pas à ce qu'il était en train de lui arriver. Ce qu'elle aurait voulu en s'exilant de son pays natal, n'était certainement pas cohabiter avec d'autres filles sonnées dans cette maison où défilent chaque soir, des hommes et femmes répugnant.e.s qui vous retournent dans tous les sens pour des milliers d'euros dont vous ne voyez que les centimes.Elle rêvait de retourner chez elle. Repartir dans son village, où même avec une tante et un oncle qui ne lui faisaient aucun cadeau, ne l'avaient jamais ainsi heurté dans sa dignité.
Elle revint à l'instant présent, où Jean persistait dans sa vacherie nouvelle de l'appeler ''maître''. Mais jamais elle ne le ferait. Elle était née libre, sans entrave. Et en être libre elle finirait, qu'elle que soit l'agonie qu'on lui servirait. Et dans un dernier effort où en finir définitivement lui parut la seule issue, elle se trancha la jugulaire du cou d'un coup de canif sec et vif, dissimulé dans sa manche. Jean la lâcha brutalement, l'air craintif et affolé, laissant s'écouler sur le carrelage, le sang de celle qui avait préférer mourir au lieu de poursuivre cette vie non méritée.