Toute histoire commence un jour, quelque part. La vie est ainsi, c’est incontestable. Mon histoire à moi, je ne sais pas si elle a commencé ou si elle est déjà terminée. Car, toute histoire est vouée à se terminer à un moment ou un autre. Moi, j’ai juste espoir que même si j’ai une histoire qui s’est terminée, une autre pourra recommencer. Je suis jeune mais vieux, fort mais faible, rassasié mais affamé. Je cherche quelque chose. La seule chose qui peut sauver mon âme meurtrie, mon cœur brisé qui ne bat plus. Je suis à la recherche d’un trésor. Un trésor si précieux que tous les rois de cette terre donneraient leur âme au diable pour l’obtenir. Oui, je veux ce trésor qu’est la pierre de lune. Cette pierre multicolore et si belle. Cette pierre oubliée de la mémoire des hommes. Moi, que tout le monde traite de fou qui serait parti seul chercher un mythe. Oui, je suis fou. Je veux cette pierre. Cette pierre capable d’exaucer n’importe quel souhait. Je la veux cette pierre. J’ai perdu mon trésor le plus précieux et seul celui-ci pourra me le ramener. J’ai perdu la seule personne qui illuminait mes journées. J’ai perdu Aya, ma fiancée. Par où commencer ? Je ne saurai le dire. Dans ma tête, tout se bouscule. Les mots s’entremêlent dans une spirale infinie. Je n’arrive pas à les extérioriser. Je souffre. Dans ma vie, Aya a eu une entrée fracassante. Le sens de mes vérités, elle a changé. Mes axiomes, elle a brisé. Un avenir exceptionnel sans nuage, elle m’a promis. Je souffre. Alors pourquoi, pourquoi s’en est-elle allée ? Je suis en lambeaux, mais cela, elle ne le sait plus. Je souffre. Aya était la seule qui voyait ma peine par-delà mon sourire. Les autres, ils ne comprennent pas. Elle était mon tout et mon rien. Et alors que je pensais encore à elle, ma carte, elle m’a conduit devant cette immense grotte. J’ai peur, je tremble mais j’y entre quand même. Elle est sombre sinueuse, et il y fait un froid mortel. J’ai peur, je veux rebrousser chemin mais je ne perds pas courage. Je n’ai pour seuls compagnons que cette vieille lampe que je sors de mon sac pour éclairer mon chemin et ce sabre que je garde jalousement dans mon sac. Mon grand-père, le sage du village, le seul m’ayant soutenu, me l’a donné en disant qu’il me servirait. Je n’ai jamais manié de sabre dans ma vie mais sa bénédiction m’accompagne. J’ai froid, je grelote. Je trébuche de temps en temps. J’ai faim, je deviens de plus en plus faible mais je n’abandonnerai pas. J’irai au bout de cette quête. Je ramènerai la pierre de lune et je ressusciterai ma fiancée. Je prouverai à tous ceux qui se sont moqué de moi à mon départ que le fainéant qu’ils ont connu n’est plus. J’avance malgré les obstacles sur ma route, malgré la faim qui me tenaille, malgré que mes jambes ne me soutiennent plus. Je ramperai s’il le faut. J’avance malgré le découragement qui veut s’abattre sur moi, malgré que tous, même mes amis les plus chers m’ont abandonné. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis ici. Je n’ai plus de notion du temps. Je sens que je me perds dans les limbes. J’ai l’impression de ne pas avancer. Comme si je stagne. Mais, je n’abandonnerai jamais. C’est mon crédo, mon mode de vie. J’arrive dans une pièce où il règne une odeur suffocante, une odeur de sang. Je marche sur quelque chose, ça craque comme un os. Mon cœur bat la chamade. J’ai peur et tout tremblant, j’oriente la lumière de ma lampe vers le sol et ce que je vois me choque. J’avais raison. Le sol est jonché d’os. Alors, je comprends, je ne suis pas le premier à chercher la pierre de lune. Beaucoup l’ont voulu avant moi et voilà là où leurs histoires se sont achevées. Vais-je connaitre le même sort ? Je n’ai pas le temps d’y répondre que déjà, je sens une présence dans mon dos. Je sens le danger, mes poils s’hérissent, je tremble si fort que je crains que les os de mon corps ne se brisent. Le danger est imminent, présent. J’évite de justesse la boule de feu qui vient dans ma direction et en profite pour me retourner. Je suis en face d’un dragon. J’ai peur. Au village, on nous avait appris qu’ils ont tous disparu mais c’est faux à ce que je vois. Dans ses yeux, je vois briller des flammes. Il est terrifiant, imposant. Je veux fuir, fuir. Si j’avais le pouvoir d’un guerrier, je me téléporterai dans mon lit douillet à cet instant. Je me fous du déshonneur. Dans ma panique, je touche mon sac et me souviens du sabre. Je repends courage. Je pose ma lampe et je le sors. Ma douce Aya, pardonne moi d’avoir voulu fuir, de t’avoir oublié. Merci grand père. Je n’abandonnerai pas. Je vaincrai ce dragon et tous les obstacles. Je trouverai la pierre de lune et je ressusciterai Aya. Et alors que je brandis mon arme et que je m’élance avec un cri de guerre vers mon adversaire pour engager le combat, cette pensée me revient en tête. Toute histoire commence un jour, quelque part. Mais elle finit aussi un jour, quelque part. Moi, je le sais, je le sens, la mienne ne se terminera pas ici.