Ma fée

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J'ai capturé une fée !
Ah non... Non, non, non... Ça, c'est la version pour faire le malin auprès de mes copains.
Mais en réalité, j'ai recueilli une fée.

Elle était là, les ailes froissées, les traits tirés sur le rebord de ma fenêtre. J'ai d'abord cru à un oiseau, un petit passereau qui se serait cogné au carreau et serait tombé étourdi. Parce qu'étourdie, ça, elle l'était et puis transie aussi. En cet hiver qui s'éternise, il ne fait pas un temps à mettre une fée dehors. Pourtant, elle était là. Comment ? Pourquoi ? Je ne sais pas.

J'ai chaussé mes lunettes, sans elles je n'y vois pas bien, et j'ai regardé de plus près. Ce n'était pas une mésange bleue – comme je l'avais d'abord supposé à cause de ce petit chapeau qu'elle avait sur la tête et de sa robe jonquille ou mimosa (enfin jaune quoi ! Je n'y connais pas grand-chose en couleur de fleur) masquée en partie par son manteau gris souris.
Elle semblait un peu groggy, le froid l'avait un peu bleuie. Ses tremblements ne cessaient pas et elle avait la chair de poule – plutôt une chair de poussin fille : elle était petite –, elle semblait fragile, alors j'ai ouvert la fenêtre.

Je me suis inquiété, j'ai cru qu'elle était morte. Je l'ai prise doucement dans ma main, elle respirait. Je me sentais un peu empoté, c'était ma première fée, je ne savais pas trop comment il fallait s'y prendre. Je me suis assis dans mon canapé et, pour la réchauffer, j'ai mis ma deuxième main en couvercle, en écartant un peu les doigts pour qu'elle ait de la lumière et assez d'air, et j'ai attendu. J'avais envie d'une cigarette mais... il fallait que je m'occupe de ma fée. Ma fée... Je crois que c'est en me faisant cette réflexion, à ce simple possessif qui s'est imposé malgré moi, que je me suis dit que je m'attachais déjà.

Immobile, j'ai attendu. Je suis patient, c'est une de mes forces.

Au bout d'un certain temps, un léger mouvement a chatouillé ma paume, j'ai déplié mes doigts et je l'ai surprise en plein bâillement, bouche grand ouverte. J'ai souri. C'est étrange le son du bâillement d'une fée, comme un pépiement grave. Elle m'a regardé et m'a asséné, effrontée : « Oui, je ne mets jamais ma main devant la bouche. Je bâille comme ça, bouche grand ouverte, si ça ne te plaît pas, je peux partir ! »
Je crois qu'elle était vexée d'être prise sur le fait. C'est susceptible une fée.
J'ai dit « d'accord » et puis « non, non ».
Je me suis rendu compte que ma réponse n'était pas claire alors j'ai repris :
— Tu peux bâiller comme tu veux.
— Oui ! Je bâille comme je veux ! Fais-moi chauffer un peu de lait mais pas trop chaud et mets-le dans une tasse un peu plate. Pfff... J'espère que tu as une tasse un peu plate.

Je me suis dit qu'elle avait du tempérament et qu'elle aurait pu dire « s'il te plaît » mais qu'après tout, je ne connaissais pas les conventions en vigueur chez les fées. J'ai ouvert le grand bahut et je lui ai montré différents modèles de tasse.
Elle a choisi un ramequin finalement.
J'ai fait chauffer un peu de lait. Elle était déçue que ce soit du demi-écrémé, elle m'a demandé de rajouter un peu de crème dedans et un peu de cannelle aussi. Je me suis exécuté. Puis j'ai versé le liquide parfumé dans le ramequin.
Elle a plongé la main dedans : « Merci, il est juste chaud comme j'aime ».
Elle a ôté son chapeau, enlevé son manteau mais quand j'ai vu qu'elle s'apprêtait à dégrafer sa robe, je lui ai chuchoté : « Je te laisse, je vais fumer une cigarette sur le balcon ». Elle m'a alors adressé un grand sourire, un de ceux qui chavirent et m'a répondu « OK ».

Quand je suis revenu, le ramequin était inhabité, la robe, le manteau, le chapeau et la fée disparus, mais un peu de lait sur la paillasse dessinait un « merci » tracé à la pointe du pied.

J'ai recueilli une fée et chaque matin, quand je me prépare un café, je jette un œil au rebord de la fenêtre... Je suis patient. C'est une de mes forces.

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