« Toute histoire commence un jour, quelque part. » C’était les mots, d’un grand homme que j’avais rencontré lors d’un séjour à Paris. Mon histoire a commencé sur un coup de tête, grâce à l’écriture. Cela dit, je ne savais pas que ma vie allait prendre un tel tournant. Je n’avais jamais écrit auparavant. Il est vrai que j’ai toujours été bercé dans le monde de la lecture et de l’écriture mais je n’ai jamais eu le talent d’écrivain. Je me souviens que lorsque j’étais plus jeune, à l’école, on nous demandait souvent de faire des travaux d’écritures, sur n’importe quel sujet. Alors que tout le monde se mettait à écrire, moi, je restais là, à attendre l’inspiration car je n’avais pas d’imagination. Mes histoires étaient de simples banalités, que je n’aimais pas du tout, alors que les autres racontaient des merveilles. Je les avais toujours enviés, mais, je m’étais toujours dit qu’un jour j’arriverai à écrire, comme eux, de belles histoires.
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été entourée de personnes aimant lire et écrire.
Je lisais des dizaines de livres dès que j’en avais l’occasion. Et l’écriture, était un amour caché, que je gardais au fin fond de mon tiroir. Cependant, j’ai toujours aimé écrire, tout et n’importe quoi : des recettes, mes leçons. Tout ce que je pouvais trouver je le réécrivais. Tout a commencé lorsque j’ai appris à écrire. Quand j’ai acquis ce savoir, cela a été pour moi une incroyable délivrance, comme si je devenais grande. Je me sentais forte.
C’est pourquoi j’ai toujours suivi le parcours des lettres et de la littérature. Personne ne m’aurait cru capable de poursuivre de telles études puisque je n’avais pas le talent d’écrivain. Je ne savais pas écrire de belles dissertations et de beaux commentaires composés. Mais, j’ai persévéré et ma détermination a été plus forte que mes lacunes. J’ai réussi mes études avec brio et je suis devenue éditrice pour rester dans le même monde.
Je voyais défiler les livres qui allaient paraître et je rêvais qu’un jour le mien le soit aussi. Seulement, je n’avais pas confiance en moi. J’ai mis beaucoup de temps à me lancer dans l’aventure de l’écriture. Mes amies, elles, avaient ce don naturel, de savoir bien écrire et j’en venais presque à les jalouser. Au cours d’une soirée, nous parlions des écrivains et de leurs capacités innées, c’est là, que j’ai réalisé que je passais peut-être à côté de quelque chose. Il était temps pour moi d’essayer d’écrire. C’est avec l’aide d’une amie qui m’a recommandé un concours d’écriture, que je me suis enfin convaincue.
La date butoir du concours était quasiment arrivée à échéance mais je ne me suis pas laissée laminer.
Comme à l’époque, mon problème d’imagination avait refait surface et j’ai eu du mal à trouver un sujet qui me convenait. Puis, j’ai compris que le sujet que je voulais traiter était le mien. Alors, j’ai écrit, sans relâche, pendant plusieurs jours. Je n’étais jamais satisfaite lorsque je pensais avoir fini. Donc je recommençais, même si je voyais que le temps qui me restait se réduisait petit à petit.
Lorsque j’ai eu fini d’écrire l’histoire que je voulais raconter, je savais que je n’allais pas gagner. Néanmoins, l’on dit souvent que l’important est de participer. Et c’est ce pourquoi je voulais faire ce concours. Je recherchais une première expérience d’écriture ; que le jury, des professionnels et des amateurs, des personnes de mon entourage et des inconnus, me lisent. C’était le plaisir et la satisfaction d’écrire qui me motivait.
J’ai relu une dernière fois mon histoire, puis je l’ai envoyée et j’ai repris ma vie comme si je n’avais rien fait de spécial. J’en arrivais même parfois à oublier pendant la journée que j’y avais participé. Puis le soir, l’excitation de nouveaux votes revenait. Je regardais tous les jours l’avancement des votes. Au départ, je ne croyais pas atteindre deux votes. Mais plus les jours passaient, plus les votes augmentaient. Je ne m’attendais pas à un tel succès.
Le jour des résultats était arrivé mais étant au travail, je ne pouvais pas les regarder. C’est seulement en rentrant au soir, que tout a basculé. J’avais reçu un email me disant :
« Madame,
Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez remporté le concours d’écriture.
Nous vous invitons à nous faire part de vos disponibilités, afin d’organiser un week-end avec l’écrivain de votre choix.
Toute l’équipe du concours et le jury vous font part de leurs sincères félicitations. »
Je n’en revenais pas, j’avais relu plusieurs fois le mail pour être sûre qu’il m’était bien destinée. Ce jour-là j’étais seule et pourtant j’ai tout de même sorti une bouteille de champagne afin de fêter cette victoire. Puis après avoir bu mon verre je m’étais forcée à revenir à la réalité. Qu’allais-je faire ? Mon activité ne me permettait pas de pouvoir partir le week-end, d’autant plus qu’en cette période j’étais surmené par le travail.
J’avais subitement eu une lueur de lucidité, mon patron pouvait bien m’accorder un week-end après tout ce que je faisais pour lui. Alors, avant même de lui demander, j’avais pris mon ordinateur et je m’étais empressée de répondre à l’email.
Ensuite, j’étais allée dormir. Cette nuit-là avait été tellement agréable que j’avais dormi comme un bébé. J’étais allée au travail avec la ferme conviction que mon employeur allait me laisser un week-end de repos. Quand je suis entrée dans son bureau, la nausée me déchirait le ventre tellement j’avais peur de sa réaction.
- Monsieur, je voudrai avoir un week-end de repos, avais-je dis avec fermeté.
Son regard s’était obscurci. Je m’attendais déjà à des remontrances, étant donné la masse de travail qui s’accumulait sur les bureaux. Mais il avait répondu gentiment :
- Bien sûr que vous pouvez l’avoir votre week-end ! Avec tout le travail que vous accomplissez, vous méritez bien cela ! Prenez même une semaine !
J’étais déconcertée... il m’avait donné une semaine entière. Je ne voulais pas tirer profit de cette occasion dans un premier temps, car je croyais qu’il me l’aurait fait payer plus tard. Mais j’avais pris le risque et saisi ma chance, sans hésiter j’avais répondu d’un profond « Merci Monsieur ! ».
Trois semaines plus tard débutait ma semaine de repos. J’en avais profité pour faire un brin de ménage, et lorsque j’avais eu fini, je m’étais assise dans le canapé et je regardais mon ordinateur. J’étais surexcitée à l’idée que j’allais passer un week-end merveilleux.
J’avais donc pris mon ordinateur et j’avais commencé à écrire, toutes sortes d’histoires, plus rocambolesques les unes que les autres. J’avais des idées plein la tête, et l’imagination que j’attendais depuis ma plus tendre enfance se mettait enfin à surgir. J’avais écrit toute la semaine, du matin au soir. Le résultat avait été fructueux puisque j’avais créé des centaines de pages, pour une seule histoire qui tenait la route. J’étais impatiente de pouvoir lui en parler.
Le week-end était arrivé, j’avais fait ma valise et j’avais pris le train pour Paris. Durant la route, j’avais relu des dizaines de pages, c’était surtout l’incipit et l’excipit qui m’intéressais de relire, car grâce à mes études je savais que c’était les moments de l’histoire les plus importants. Je prévoyais de les faire lire à l’écrivain qui allait me recevoir. Ce jour-là, j’étais la plus heureuse. Je m’étais imaginé une vie qui allait changer du tout au tout. Mais je m’étais efforcée d’être rationnelle, ce n’était qu’un rêve qui allait durer qu’un week-end et ma vie d’éditrice reprendrait une fois ce bon moment passé.
Alors que je descendais du train, j’avais vu au loin un homme avec une pancarte à mon nom. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je ne voyais pas bien qui était cet homme. Était-ce un membre de l’équipe du concours ou un des écrivains que j’avais mentionné dans le mail ?
J’en avais évoqué trois, mes auteurs préférés, car je ne savais pas lequel choisir. Alors je leur avais demandé de me faire la surprise. En arrivant à la hauteur de l’homme qui m’attendait, mon visage s’était illuminé.
- Anna ? avait-il demandé.
- Euh... oui c’est bien moi... avais-je balbutié
- Ravie de vous rencontrer Anna. Vous êtes prête pour le week-end que nous allons passer ensemble ? L’équipe du concours vous a réservé pleins de surprise. Mais nous allons faire une première escale à votre hôtel pour y déposer toutes vos affaires.
La façade de l’hôtel était splendide. Je me sentais toute petite devant elle. L’intérieur quant à lui était d’un charme à la parisienne. C’était chic, tout ce que j’aimais. Nous sommes montés jusqu’à la chambre, il avait insisté pour la découvrir avec moi. J’avais une vue sur la Tour Eiffel, c’était une suite magnifique. Les draps et les rideaux étaient d’un blanc éclatant et la moquette blanc cassé venait réhausser la chaleur de la chambre.
Nous avons quitté la chambre pour nous rendre dans un restaurant tout aussi chic que l’hôtel. C’est à ce moment-là que j’avais commencé à mesurer la chance que j’avais de vivre ce magnifique week-end, assise à une table pour déjeuner avec mon écrivain préféré.
Nous avions dans un premier temps parlé des banalités de la vie quotidienne afin d’apprendre à nous connaître. Cette discussion m’avait mise à l’aise, j’osais enfin décrocher quelques mots. Il sentait que j’étais impressionnée, et n’arrêtait pas de me répéter qu’il était une personne comme moi, avec un grand talent mais qu’il ne fallait pas le prendre pour une célébrité.
Après le déjeuner, l’équipe nous avait prévu une après-midi à la visite de musées et de ballades dans Paris. Il me montrait des recoins où il appréciait travailler, des cafés et des parcs où il allait puiser l’inspiration.
Le lendemain était consacré à un moment dans leurs locaux pour pouvoir me rencontrer et que je puisse « travailler » avec l’écrivain. J’avais donc dégainé mon ordinateur et ma liste de questions. Il était tellement gentil avec moi. J’étais reconnaissante envers lui qu’il prenne son temps pour une parfaite inconnue qui avait écrit pour la première fois de sa vie et avait eu la chance du débutant.
Tandis que je lui avais montré mon travail et posé toutes mes questions, il me proposa un marché :
- Avec tous les conseils que je vous ai donné Anna, retravaillez cette histoire et revenez me voir quand vous l’aurez fini. Cette histoire a du potentiel, elle pourrait être un best-seller, j’en suis sûr.
Et vous, mademoiselle, vous êtes une personne attachante, j’ai pris beaucoup de plaisir à passer le week-end avec vous. Je sens que vous êtes capable de beaucoup de choses.
Sur ces mots, il s’est levé, m’a serré la main et s’en est allé. C’est à ce moment-là que j’avais compris que mon rêve était terminé. J’avais rangé mes affaires, et j’étais retourné à l’hôtel pour prendre ma valise et rendre les clés. Puis dans le train, je repensais sans cesse à ce qu’il m’avait dit juste avant de partir. Je devais le recontacter quand j’aurai fini mais comment, puisque je n’avais ni son numéro, ni son mail. J’étais désemparée, j’avais certes les moyens de finir ce bouquin avec les conseils qu’il m’avait donné mais je n’avais aucun moyen de le revoir.
Les mois ont passés et j’avais entièrement revu mon livre. J’avais suivi à la lettre tous ses conseils, les uns après les autres, et je l’avais fini. Je ne savais toujours pas comment faire pour lui montrer ce dont j’étais fière. Cependant, après quelques jours de réflexions, je me suis souvenue qu’il m’avait parlé d’une maison d’édition. Dans un premier temps je ne voulais pas aller les voir car cela aurait fait de la concurrence à la mienne, et mon patron m’aurait sermonnée et sûrement virée. Mais je savais que c’était le seul moyen pour que mon bouquin puisse remonter jusqu’à lui.
La maison d’édition était emballée par mon livre et voulait le faire paraître dès que possible. J’étais ravie d’un côté mais les jours passaient, les étapes de la parution allaient très vite, et je n’avais toujours pas de nouvelles de l’écrivain.
Deux semaines plus tard, mon livre paraissait dans tout le pays. La maison d’édition avait réquisitionné toutes les équipes pour que cela se fasse au plus vite. J’avais enfin réussi à devenir ce que j’avais toujours voulu être.
Je faisais une petite fête avec mes proches quand tout à coup, on sonna à la porte. Je suis allée ouvrir, il y avait mon livre posé sur le pas de la porte. Sur la page de dédicace il était écrit :
« Félicitations Mademoiselle Anna. J’étais sûr de votre talent. Vous méritez ce qu’il vous arrive. Merci pour cette dédicace. Paul Bélinon »
Je souris à la lecture de ce petit mot, car en effet, la dédicace que j’avais écrite, disait :
« A Monsieur Paul Bélinon,
Grâce à vous mon histoire a commencé, car « toute histoire commence un jour, quelque part » ».
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été entourée de personnes aimant lire et écrire.
Je lisais des dizaines de livres dès que j’en avais l’occasion. Et l’écriture, était un amour caché, que je gardais au fin fond de mon tiroir. Cependant, j’ai toujours aimé écrire, tout et n’importe quoi : des recettes, mes leçons. Tout ce que je pouvais trouver je le réécrivais. Tout a commencé lorsque j’ai appris à écrire. Quand j’ai acquis ce savoir, cela a été pour moi une incroyable délivrance, comme si je devenais grande. Je me sentais forte.
C’est pourquoi j’ai toujours suivi le parcours des lettres et de la littérature. Personne ne m’aurait cru capable de poursuivre de telles études puisque je n’avais pas le talent d’écrivain. Je ne savais pas écrire de belles dissertations et de beaux commentaires composés. Mais, j’ai persévéré et ma détermination a été plus forte que mes lacunes. J’ai réussi mes études avec brio et je suis devenue éditrice pour rester dans le même monde.
Je voyais défiler les livres qui allaient paraître et je rêvais qu’un jour le mien le soit aussi. Seulement, je n’avais pas confiance en moi. J’ai mis beaucoup de temps à me lancer dans l’aventure de l’écriture. Mes amies, elles, avaient ce don naturel, de savoir bien écrire et j’en venais presque à les jalouser. Au cours d’une soirée, nous parlions des écrivains et de leurs capacités innées, c’est là, que j’ai réalisé que je passais peut-être à côté de quelque chose. Il était temps pour moi d’essayer d’écrire. C’est avec l’aide d’une amie qui m’a recommandé un concours d’écriture, que je me suis enfin convaincue.
La date butoir du concours était quasiment arrivée à échéance mais je ne me suis pas laissée laminer.
Comme à l’époque, mon problème d’imagination avait refait surface et j’ai eu du mal à trouver un sujet qui me convenait. Puis, j’ai compris que le sujet que je voulais traiter était le mien. Alors, j’ai écrit, sans relâche, pendant plusieurs jours. Je n’étais jamais satisfaite lorsque je pensais avoir fini. Donc je recommençais, même si je voyais que le temps qui me restait se réduisait petit à petit.
Lorsque j’ai eu fini d’écrire l’histoire que je voulais raconter, je savais que je n’allais pas gagner. Néanmoins, l’on dit souvent que l’important est de participer. Et c’est ce pourquoi je voulais faire ce concours. Je recherchais une première expérience d’écriture ; que le jury, des professionnels et des amateurs, des personnes de mon entourage et des inconnus, me lisent. C’était le plaisir et la satisfaction d’écrire qui me motivait.
J’ai relu une dernière fois mon histoire, puis je l’ai envoyée et j’ai repris ma vie comme si je n’avais rien fait de spécial. J’en arrivais même parfois à oublier pendant la journée que j’y avais participé. Puis le soir, l’excitation de nouveaux votes revenait. Je regardais tous les jours l’avancement des votes. Au départ, je ne croyais pas atteindre deux votes. Mais plus les jours passaient, plus les votes augmentaient. Je ne m’attendais pas à un tel succès.
Le jour des résultats était arrivé mais étant au travail, je ne pouvais pas les regarder. C’est seulement en rentrant au soir, que tout a basculé. J’avais reçu un email me disant :
« Madame,
Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez remporté le concours d’écriture.
Nous vous invitons à nous faire part de vos disponibilités, afin d’organiser un week-end avec l’écrivain de votre choix.
Toute l’équipe du concours et le jury vous font part de leurs sincères félicitations. »
Je n’en revenais pas, j’avais relu plusieurs fois le mail pour être sûre qu’il m’était bien destinée. Ce jour-là j’étais seule et pourtant j’ai tout de même sorti une bouteille de champagne afin de fêter cette victoire. Puis après avoir bu mon verre je m’étais forcée à revenir à la réalité. Qu’allais-je faire ? Mon activité ne me permettait pas de pouvoir partir le week-end, d’autant plus qu’en cette période j’étais surmené par le travail.
J’avais subitement eu une lueur de lucidité, mon patron pouvait bien m’accorder un week-end après tout ce que je faisais pour lui. Alors, avant même de lui demander, j’avais pris mon ordinateur et je m’étais empressée de répondre à l’email.
Ensuite, j’étais allée dormir. Cette nuit-là avait été tellement agréable que j’avais dormi comme un bébé. J’étais allée au travail avec la ferme conviction que mon employeur allait me laisser un week-end de repos. Quand je suis entrée dans son bureau, la nausée me déchirait le ventre tellement j’avais peur de sa réaction.
- Monsieur, je voudrai avoir un week-end de repos, avais-je dis avec fermeté.
Son regard s’était obscurci. Je m’attendais déjà à des remontrances, étant donné la masse de travail qui s’accumulait sur les bureaux. Mais il avait répondu gentiment :
- Bien sûr que vous pouvez l’avoir votre week-end ! Avec tout le travail que vous accomplissez, vous méritez bien cela ! Prenez même une semaine !
J’étais déconcertée... il m’avait donné une semaine entière. Je ne voulais pas tirer profit de cette occasion dans un premier temps, car je croyais qu’il me l’aurait fait payer plus tard. Mais j’avais pris le risque et saisi ma chance, sans hésiter j’avais répondu d’un profond « Merci Monsieur ! ».
Trois semaines plus tard débutait ma semaine de repos. J’en avais profité pour faire un brin de ménage, et lorsque j’avais eu fini, je m’étais assise dans le canapé et je regardais mon ordinateur. J’étais surexcitée à l’idée que j’allais passer un week-end merveilleux.
J’avais donc pris mon ordinateur et j’avais commencé à écrire, toutes sortes d’histoires, plus rocambolesques les unes que les autres. J’avais des idées plein la tête, et l’imagination que j’attendais depuis ma plus tendre enfance se mettait enfin à surgir. J’avais écrit toute la semaine, du matin au soir. Le résultat avait été fructueux puisque j’avais créé des centaines de pages, pour une seule histoire qui tenait la route. J’étais impatiente de pouvoir lui en parler.
Le week-end était arrivé, j’avais fait ma valise et j’avais pris le train pour Paris. Durant la route, j’avais relu des dizaines de pages, c’était surtout l’incipit et l’excipit qui m’intéressais de relire, car grâce à mes études je savais que c’était les moments de l’histoire les plus importants. Je prévoyais de les faire lire à l’écrivain qui allait me recevoir. Ce jour-là, j’étais la plus heureuse. Je m’étais imaginé une vie qui allait changer du tout au tout. Mais je m’étais efforcée d’être rationnelle, ce n’était qu’un rêve qui allait durer qu’un week-end et ma vie d’éditrice reprendrait une fois ce bon moment passé.
Alors que je descendais du train, j’avais vu au loin un homme avec une pancarte à mon nom. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je ne voyais pas bien qui était cet homme. Était-ce un membre de l’équipe du concours ou un des écrivains que j’avais mentionné dans le mail ?
J’en avais évoqué trois, mes auteurs préférés, car je ne savais pas lequel choisir. Alors je leur avais demandé de me faire la surprise. En arrivant à la hauteur de l’homme qui m’attendait, mon visage s’était illuminé.
- Anna ? avait-il demandé.
- Euh... oui c’est bien moi... avais-je balbutié
- Ravie de vous rencontrer Anna. Vous êtes prête pour le week-end que nous allons passer ensemble ? L’équipe du concours vous a réservé pleins de surprise. Mais nous allons faire une première escale à votre hôtel pour y déposer toutes vos affaires.
La façade de l’hôtel était splendide. Je me sentais toute petite devant elle. L’intérieur quant à lui était d’un charme à la parisienne. C’était chic, tout ce que j’aimais. Nous sommes montés jusqu’à la chambre, il avait insisté pour la découvrir avec moi. J’avais une vue sur la Tour Eiffel, c’était une suite magnifique. Les draps et les rideaux étaient d’un blanc éclatant et la moquette blanc cassé venait réhausser la chaleur de la chambre.
Nous avons quitté la chambre pour nous rendre dans un restaurant tout aussi chic que l’hôtel. C’est à ce moment-là que j’avais commencé à mesurer la chance que j’avais de vivre ce magnifique week-end, assise à une table pour déjeuner avec mon écrivain préféré.
Nous avions dans un premier temps parlé des banalités de la vie quotidienne afin d’apprendre à nous connaître. Cette discussion m’avait mise à l’aise, j’osais enfin décrocher quelques mots. Il sentait que j’étais impressionnée, et n’arrêtait pas de me répéter qu’il était une personne comme moi, avec un grand talent mais qu’il ne fallait pas le prendre pour une célébrité.
Après le déjeuner, l’équipe nous avait prévu une après-midi à la visite de musées et de ballades dans Paris. Il me montrait des recoins où il appréciait travailler, des cafés et des parcs où il allait puiser l’inspiration.
Le lendemain était consacré à un moment dans leurs locaux pour pouvoir me rencontrer et que je puisse « travailler » avec l’écrivain. J’avais donc dégainé mon ordinateur et ma liste de questions. Il était tellement gentil avec moi. J’étais reconnaissante envers lui qu’il prenne son temps pour une parfaite inconnue qui avait écrit pour la première fois de sa vie et avait eu la chance du débutant.
Tandis que je lui avais montré mon travail et posé toutes mes questions, il me proposa un marché :
- Avec tous les conseils que je vous ai donné Anna, retravaillez cette histoire et revenez me voir quand vous l’aurez fini. Cette histoire a du potentiel, elle pourrait être un best-seller, j’en suis sûr.
Et vous, mademoiselle, vous êtes une personne attachante, j’ai pris beaucoup de plaisir à passer le week-end avec vous. Je sens que vous êtes capable de beaucoup de choses.
Sur ces mots, il s’est levé, m’a serré la main et s’en est allé. C’est à ce moment-là que j’avais compris que mon rêve était terminé. J’avais rangé mes affaires, et j’étais retourné à l’hôtel pour prendre ma valise et rendre les clés. Puis dans le train, je repensais sans cesse à ce qu’il m’avait dit juste avant de partir. Je devais le recontacter quand j’aurai fini mais comment, puisque je n’avais ni son numéro, ni son mail. J’étais désemparée, j’avais certes les moyens de finir ce bouquin avec les conseils qu’il m’avait donné mais je n’avais aucun moyen de le revoir.
Les mois ont passés et j’avais entièrement revu mon livre. J’avais suivi à la lettre tous ses conseils, les uns après les autres, et je l’avais fini. Je ne savais toujours pas comment faire pour lui montrer ce dont j’étais fière. Cependant, après quelques jours de réflexions, je me suis souvenue qu’il m’avait parlé d’une maison d’édition. Dans un premier temps je ne voulais pas aller les voir car cela aurait fait de la concurrence à la mienne, et mon patron m’aurait sermonnée et sûrement virée. Mais je savais que c’était le seul moyen pour que mon bouquin puisse remonter jusqu’à lui.
La maison d’édition était emballée par mon livre et voulait le faire paraître dès que possible. J’étais ravie d’un côté mais les jours passaient, les étapes de la parution allaient très vite, et je n’avais toujours pas de nouvelles de l’écrivain.
Deux semaines plus tard, mon livre paraissait dans tout le pays. La maison d’édition avait réquisitionné toutes les équipes pour que cela se fasse au plus vite. J’avais enfin réussi à devenir ce que j’avais toujours voulu être.
Je faisais une petite fête avec mes proches quand tout à coup, on sonna à la porte. Je suis allée ouvrir, il y avait mon livre posé sur le pas de la porte. Sur la page de dédicace il était écrit :
« Félicitations Mademoiselle Anna. J’étais sûr de votre talent. Vous méritez ce qu’il vous arrive. Merci pour cette dédicace. Paul Bélinon »
Je souris à la lecture de ce petit mot, car en effet, la dédicace que j’avais écrite, disait :
« A Monsieur Paul Bélinon,
Grâce à vous mon histoire a commencé, car « toute histoire commence un jour, quelque part » ».