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C'est l'histoire d'un escargot. Un escargot amoureux, qui se prépare à retrouver sa chère et tendre. Au printemps dernier ils se sont donné rendez-vous, ils ont décidé qu'il serait le beau fiancé, et elle, la belle amoureuse. Depuis, il se prépare, il attend la saison en lustrant sa coquille, il parfume son intérieur et lisse ses antennes.
La nuit il rêve de leurs retrouvailles, de la tendre humidité de l'herbe qui accueillera leurs ébats. La pluie glissera le long de leurs coquilles et leurs corps pourront enfin s'entrelacer.
Mais pour ce faire, il doit attendre la pluie, car sans elle il ne pourra pas franchir le long chemin qui les sépare.
En effet, il habite à droite de l'escalier, et elle à gauche. Pour la retrouver, il devra donc traverser cette grande marche. Cela lui prendra certainement la journée, non pas qu'il soit lent, même s'il connait bien la réputation qu'on accorde à ceux de sa race, mais il est tout petit, et donc, l'escalier disproportionné.
Il attend les jours de pluie avec impatience. Tous les matins il sort ses antennes, palpe l'air, mesure l'humidité, et se rendort, découragé. C'est que, en ce moment, la pluie tombe en fin de journée, et à ce moment-là, il est trop tard pour entreprendre un voyage. Il compte les jours, il se languit.
Et soudain, ça y est. C'est un matin pluvieux, il peut rejoindre celle qui l'attend.
Le voilà parti, tout gaillard. Lentement mais sûrement il quitte son coin d'herbe. Il sent les brins lui caresser le ventre, il est tout émoustillé. Il arrive au bord de la marche, il sait que désormais il doit être très vigilant. En effet il croise ici le chemin des grands-pieds. Ils peuvent débarquer à tout moment, et broyer sa maison. Il n'a jamais très bien compris si ceux-ci le faisaient exprès ou non, mais quoi qu'il en soit il doit être prêt à rentrer dans sa coquille. La lente progression commence. Le sol humide l'aide à glisser. Chaque effort laborieux le rapproche de sa douce.
Le soleil commence lentement à décroître derrière l'épais tissu de nuages, il a déjà parcouru la moitié de sa course. Mais l'escargot aussi est au milieu de son trajet. Son petit cœur se gonfle d'espoir, les quelques grands-pieds qui sont passés ont semblé l'éviter, la pluie ne s'arrête pas, et il lui reste du temps avant les prédateurs de la nuit.
Alors qu'il commence à se sentir affamé et épuisé, en effet rien à grignoter sur ce désert de roche fondue, il sent l'odeur de l'herbe proche.
Ses antennes frémissent, il frétille, il est heureux. Sa belle est proche, elle doit être toute humide de pluie, terriblement désirable. Pris d'un sursaut de vivacité, notre escargot met les bouchées doubles. Le terme de son long voyage est proche.
C'est alors qu'un grand-pied s'immobilise au-dessus de lui. Il se sent transporté dans les airs, il vole, il voit le carré d'herbe de sa promise s'éloigner. Et un son assourdissant :
« Attention toi, tu pourrais te faire écraser. »
Et le voilà à la vitesse d'un TGV au galop qui fait le chemin inverse. L'escargot s'insurge, il est outré, il enrage, mais il est impuissant face à la puissance du grand-pied.
Il est fort délicatement reposé de son côté du jardin.
Du plus fort de sa petite voix d'escargot, il s'égosille :
« CONNARD ! »
Et tout est à recommencer.
La nuit il rêve de leurs retrouvailles, de la tendre humidité de l'herbe qui accueillera leurs ébats. La pluie glissera le long de leurs coquilles et leurs corps pourront enfin s'entrelacer.
Mais pour ce faire, il doit attendre la pluie, car sans elle il ne pourra pas franchir le long chemin qui les sépare.
En effet, il habite à droite de l'escalier, et elle à gauche. Pour la retrouver, il devra donc traverser cette grande marche. Cela lui prendra certainement la journée, non pas qu'il soit lent, même s'il connait bien la réputation qu'on accorde à ceux de sa race, mais il est tout petit, et donc, l'escalier disproportionné.
Il attend les jours de pluie avec impatience. Tous les matins il sort ses antennes, palpe l'air, mesure l'humidité, et se rendort, découragé. C'est que, en ce moment, la pluie tombe en fin de journée, et à ce moment-là, il est trop tard pour entreprendre un voyage. Il compte les jours, il se languit.
Et soudain, ça y est. C'est un matin pluvieux, il peut rejoindre celle qui l'attend.
Le voilà parti, tout gaillard. Lentement mais sûrement il quitte son coin d'herbe. Il sent les brins lui caresser le ventre, il est tout émoustillé. Il arrive au bord de la marche, il sait que désormais il doit être très vigilant. En effet il croise ici le chemin des grands-pieds. Ils peuvent débarquer à tout moment, et broyer sa maison. Il n'a jamais très bien compris si ceux-ci le faisaient exprès ou non, mais quoi qu'il en soit il doit être prêt à rentrer dans sa coquille. La lente progression commence. Le sol humide l'aide à glisser. Chaque effort laborieux le rapproche de sa douce.
Le soleil commence lentement à décroître derrière l'épais tissu de nuages, il a déjà parcouru la moitié de sa course. Mais l'escargot aussi est au milieu de son trajet. Son petit cœur se gonfle d'espoir, les quelques grands-pieds qui sont passés ont semblé l'éviter, la pluie ne s'arrête pas, et il lui reste du temps avant les prédateurs de la nuit.
Alors qu'il commence à se sentir affamé et épuisé, en effet rien à grignoter sur ce désert de roche fondue, il sent l'odeur de l'herbe proche.
Ses antennes frémissent, il frétille, il est heureux. Sa belle est proche, elle doit être toute humide de pluie, terriblement désirable. Pris d'un sursaut de vivacité, notre escargot met les bouchées doubles. Le terme de son long voyage est proche.
C'est alors qu'un grand-pied s'immobilise au-dessus de lui. Il se sent transporté dans les airs, il vole, il voit le carré d'herbe de sa promise s'éloigner. Et un son assourdissant :
« Attention toi, tu pourrais te faire écraser. »
Et le voilà à la vitesse d'un TGV au galop qui fait le chemin inverse. L'escargot s'insurge, il est outré, il enrage, mais il est impuissant face à la puissance du grand-pied.
Il est fort délicatement reposé de son côté du jardin.
Du plus fort de sa petite voix d'escargot, il s'égosille :
« CONNARD ! »
Et tout est à recommencer.
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