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Elle s'appelle Amina. Gardienne des chèvres de la tribu, elle connaît tous les chemins, tous les sentiers sur le grand plateau de pierres blanches qui s'étend jusqu'à l'horizon. Elle avance et sautille sur les cailloux brisés, coupants dans cette étendue où il n'y a ni arbre, ni herbe. Elle sait conduire son troupeau vers les cuvettes qui retiennent l'eau, là où la verdure perdure. Mais cette année-là, la pluie n'est pas venue. Depuis de longs mois on l'attend, on l'espère, on prie le Dieu de l'envoyer et on scrute le ciel. Viendront-ils ces gros nuages noirs qui ramèneraient le sourire sur les visages des adultes ?
Parfois quand le soleil darde ses rayons, elle se réfugie dans un creux de rocher et, retrouvant des gestes ancestraux, elle grave des signes sur la paroi calcaire. Elle est fille du désert ! Elle en connaît les pièges et les dangers : le scorpion qui dresse la queue dès qu'on le débusque, prêt à piquer l'intrus. Elle craint par-dessus tout le vent, celui qui vient de l'est, précédé par les vols de libellules qui, chassées de leurs oasis, volent vers l'océan qui mugit au loin. Cette nuit Amina a entendu son souffle, elle a senti la toile de tente se gonfler comme la voile du bateau. Mais au lever du soleil, seule une brise légère subsistait, l'astre s'est élevé dans le ciel bleu. Pourtant ce calme est suspect, cette immobilité anormale, comme si la nature en apnée attendait avant de reprendre sa respiration. Les animaux sont nerveux. En apparence indifférent aux signes, chaque membre de la famille a repris son activité. Vers midi quelques insectes ont tournoyé, la brise s'est amplifiée et a changé de sens. Venue du nord, elle est arrivée du levant apportant la chaleur. Vite on a mis de l'ordre, rangé le matériel, consolidé les amarres, fermé les bêtes dans l'enclos protégé, mais rien n'est venu. Au crépuscule le vent a, à nouveau, changé de sens, et le soleil s'est couché derrière des nuées sombres. Puis l'orage a grondé. L'oiseau tonnerre a faim ! a pensé Amina.
Elle garde en mémoire la légende que lui a racontée sa grand-mère un soir d'orage où la peur l'avait précipitée dans les bras de son aïeule. L'oiseau tonnerre est un oiseau géant qui vit dans un gros nuage noir, loin, très loin vers l'ouest. Quand la faim le taraude, il s'envole et part chasser la gazelle ou le fennec. En survolant la terre, le battement de ses ailes immenses produit un grondement, son souffle puissant déclenche une tornade et la foudre jaillit des éclairs de ses yeux. Quand il est rassasié, bien repu, il regagne son nid et le calme revient. La peur fait éclater les cumulus et la pluie bienfaitrice arrose le désert.
L'oiseau tonnerre, Amina l'espère mais elle tremble quand la lumière des éclairs éclabousse le plateau.
Soudain la pluie vient ; c'est toujours la nuit que vient la pluie. Les grosses gouttes tombent et crépitent sur la khaïma. L'eau ruisselle sur les collines et l'averse rebondit sur le sol et se mêle à la poussière, faisant naître une bonne odeur de terre mouillée. Les femmes s'activent, plaçant des récipients pour recueillir l'eau du ciel, les hommes ont déjà le projet d'ensemencer les champs. Amina est heureuse, demain sera jour de bain !
La tribu s'endort bercée par une douce musique. Il pleut toute la nuit et à l'aube le soleil se lève dans un ciel tout bleu et vide de nuages.
L'oiseau tonnerre a réconcilié les hommes et la nature.
Parfois quand le soleil darde ses rayons, elle se réfugie dans un creux de rocher et, retrouvant des gestes ancestraux, elle grave des signes sur la paroi calcaire. Elle est fille du désert ! Elle en connaît les pièges et les dangers : le scorpion qui dresse la queue dès qu'on le débusque, prêt à piquer l'intrus. Elle craint par-dessus tout le vent, celui qui vient de l'est, précédé par les vols de libellules qui, chassées de leurs oasis, volent vers l'océan qui mugit au loin. Cette nuit Amina a entendu son souffle, elle a senti la toile de tente se gonfler comme la voile du bateau. Mais au lever du soleil, seule une brise légère subsistait, l'astre s'est élevé dans le ciel bleu. Pourtant ce calme est suspect, cette immobilité anormale, comme si la nature en apnée attendait avant de reprendre sa respiration. Les animaux sont nerveux. En apparence indifférent aux signes, chaque membre de la famille a repris son activité. Vers midi quelques insectes ont tournoyé, la brise s'est amplifiée et a changé de sens. Venue du nord, elle est arrivée du levant apportant la chaleur. Vite on a mis de l'ordre, rangé le matériel, consolidé les amarres, fermé les bêtes dans l'enclos protégé, mais rien n'est venu. Au crépuscule le vent a, à nouveau, changé de sens, et le soleil s'est couché derrière des nuées sombres. Puis l'orage a grondé. L'oiseau tonnerre a faim ! a pensé Amina.
Elle garde en mémoire la légende que lui a racontée sa grand-mère un soir d'orage où la peur l'avait précipitée dans les bras de son aïeule. L'oiseau tonnerre est un oiseau géant qui vit dans un gros nuage noir, loin, très loin vers l'ouest. Quand la faim le taraude, il s'envole et part chasser la gazelle ou le fennec. En survolant la terre, le battement de ses ailes immenses produit un grondement, son souffle puissant déclenche une tornade et la foudre jaillit des éclairs de ses yeux. Quand il est rassasié, bien repu, il regagne son nid et le calme revient. La peur fait éclater les cumulus et la pluie bienfaitrice arrose le désert.
L'oiseau tonnerre, Amina l'espère mais elle tremble quand la lumière des éclairs éclabousse le plateau.
Soudain la pluie vient ; c'est toujours la nuit que vient la pluie. Les grosses gouttes tombent et crépitent sur la khaïma. L'eau ruisselle sur les collines et l'averse rebondit sur le sol et se mêle à la poussière, faisant naître une bonne odeur de terre mouillée. Les femmes s'activent, plaçant des récipients pour recueillir l'eau du ciel, les hommes ont déjà le projet d'ensemencer les champs. Amina est heureuse, demain sera jour de bain !
La tribu s'endort bercée par une douce musique. Il pleut toute la nuit et à l'aube le soleil se lève dans un ciel tout bleu et vide de nuages.
L'oiseau tonnerre a réconcilié les hommes et la nature.
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Pourquoi on a aimé ?
Amina, fille du désert, mène ses chèvres et prie pour la venue de l'oiseau tonnerre ; la pluie qui l'accompagne, si rare, est porteuse d'espoir et
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Pourquoi on a aimé ?
Amina, fille du désert, mène ses chèvres et prie pour la venue de l'oiseau tonnerre ; la pluie qui l'accompagne, si rare, est porteuse d'espoir et