« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. ». Ce ne sont que quelques minutes avant qu'un gigantesque projecteur s'allume pour annoncer le commencement du spectacle. Je me tiens sur un fil-de-fériste de 6 mètres et demi. J'ouvre mes yeux et je marche sur la pointe des pieds fixant les yeux vers l'infini, je retiens mon souffle, je suis ma voie. Ils attendent que je tombe, ils observent minutieusement ce corps suspendu dans l'air, certains croient que j'ai des ailes transparentes ou que je suis bénie par quelques anges qui me guident vers la Lumière. Là- haut je défilais ma vie, je redessinais ma victoire quotidienne,et, arrivée à l'autre bout du fil tout le monde se mit à applaudir. Mon patron me disait de sourire et de me faire belle, "tu es mon spectacle Liza" et ça devrait me conféré du bien. J'ai toujours contemplé des gens en ambiance festive, mais je n'ai jamais réussi à me reconnaître parmi cette joie, comme si j'étais un ballon qui survolait jusqu'au prochain lever du soleil , dans le ciel je ne sentais rien. Cependant, je ne suis pas un ballon, je suis une acrobate et mon ciel est ce chapiteau.
Des passants j'en ai trop vus, des amours j'en ai assez et de la vie ça me manque toujours. Se balancer dans l'air chaque soirée, inventer des sourires et surmonter la peur étaient des rituels que je voulais briser. Je me tiens au chaud dans cette caravane qui est ma chambre en faisant mes calculs, les choix s'abîment devant la raison. Partir est une question qui me tourmentait mais où aller? Le destin m'avait mise ici entre des fous qui se croyaient artistes ou plutôt clowns, entre des animaux aux mâchoires que je connais par coeur, et sous la pitié des regards. On ne s'en guérit point de tout cela, ça marque sur le corps et laisse ses traces à l'âme, où doit on fuir alors? Je ne sais pas il faut partir, rien ne vaut l'évasion, quelque part tu trouvras ta chance . Je songeais à cette idée profondément lors de mon dernier spectacle, cette fois ci je n'étais pas emportée par cette peur quotidienne de trébucher, je ferme les yeux pour la deuxième fois et je m'imagine quitter cette usine de plaisir. Quelques minutes s'écoulèrent et j'entendis des plaintes et des gens en colère , j'ouvris mes yeux, j'étais encore plantée où je suis, le spectacle devait continuer c'est ce qu'on nous disait toujours, c'est ce que le fouet nous a appris. On me libéra alors un tigre qui m'attendait bien sagement, ses yeux scintillaient de plaisir en attendant son festin, c'était moi. Ça me faisait penser à Felix, il était là aussi avec sa maîtresse, il avait l'habitude d'attendre que je me réduise en cadavre. En tout cas j'ai réussi à m'échapper et ce n'était pas la première fois. Qu'est il arrivé?
Trois jours s'écoulèrent à performer le ventre vide, en tout cas ça accélère grand chose. Je me confinais cette nuit sous mon drap mais je ne comprenais plus rien, où suis-je? Qui suis-je? Je suis coincée dans un ensemble que je ne comprends pas, les mots me fuient et tout me dérange. Rien n'est évident, même pas le soleil, tout est absurde comme la politique! Quelqu'un avait arrosé ma tête de remords tels ceux qu'on ressentait le soir avant de se coucher. Le miroir ne reflète plus mon image et mes oreilles s'échappaient vers dehors. Quelqu'un était en train de creuser. J'allumais ma bougie et je me dirigeais tout droit vers lui, il creusait comme un fou.
-Que faites vous monsieur?
-Ah! Tu as apporté une bougie comme c'est gentil, maintenant je peux me reposer en paix.
J'avais déjà vu ce vieillard , on l'a chassé plusieurs fois pour être entré au cirque sans billet.
-Vous aviez l'air ravi
-C'est la fin de ma souffrance, je dormirai sous cette terre haineuse, je ne sais pas ce qui m'attend mais je serai heureux et satisfait dans tous les cas. J'avais toujours ce pressentiment d'appartenir ailleurs.
-Je vous comprends.
-Vous êtes jeune et belle, vous portez en vous une intensité plaisante, vous souffrez du rien alors que vous aviez tout, immergez vous dans la vie, ne faites pas qu'exister et tout se passera bien.
-Alors pourquoi creusez vous votre tombeau?
-Moi, j'ai perdu le sens de ma vie.
Je l'ai serré chaleureusement comme les derniers aurevoirs et brusquement je tombais au fond du creux.
J'ouvris mes yeux en criant. Je sais maintenant où aller. Je l'ai vu aux portes du chapiteau en train de supplier comme un mendiant. "C'est mon invité" m'écriai-je.
Aujourd'hui j'ai retrouvé mon équilibre et je voulais à tout prix que ce vieux monsieur le retrouve d'une façon ou d'une autre. C'était ses yeux qui scintillaient de vitalité, de plaisir et d'espoir que je contemplais. Je me balançais sur les filets comme un oiseau libéré de sa cage. Une cage qu'il a lui-même créé.
Des passants j'en ai trop vus, des amours j'en ai assez et de la vie ça me manque toujours. Se balancer dans l'air chaque soirée, inventer des sourires et surmonter la peur étaient des rituels que je voulais briser. Je me tiens au chaud dans cette caravane qui est ma chambre en faisant mes calculs, les choix s'abîment devant la raison. Partir est une question qui me tourmentait mais où aller? Le destin m'avait mise ici entre des fous qui se croyaient artistes ou plutôt clowns, entre des animaux aux mâchoires que je connais par coeur, et sous la pitié des regards. On ne s'en guérit point de tout cela, ça marque sur le corps et laisse ses traces à l'âme, où doit on fuir alors? Je ne sais pas il faut partir, rien ne vaut l'évasion, quelque part tu trouvras ta chance . Je songeais à cette idée profondément lors de mon dernier spectacle, cette fois ci je n'étais pas emportée par cette peur quotidienne de trébucher, je ferme les yeux pour la deuxième fois et je m'imagine quitter cette usine de plaisir. Quelques minutes s'écoulèrent et j'entendis des plaintes et des gens en colère , j'ouvris mes yeux, j'étais encore plantée où je suis, le spectacle devait continuer c'est ce qu'on nous disait toujours, c'est ce que le fouet nous a appris. On me libéra alors un tigre qui m'attendait bien sagement, ses yeux scintillaient de plaisir en attendant son festin, c'était moi. Ça me faisait penser à Felix, il était là aussi avec sa maîtresse, il avait l'habitude d'attendre que je me réduise en cadavre. En tout cas j'ai réussi à m'échapper et ce n'était pas la première fois. Qu'est il arrivé?
Trois jours s'écoulèrent à performer le ventre vide, en tout cas ça accélère grand chose. Je me confinais cette nuit sous mon drap mais je ne comprenais plus rien, où suis-je? Qui suis-je? Je suis coincée dans un ensemble que je ne comprends pas, les mots me fuient et tout me dérange. Rien n'est évident, même pas le soleil, tout est absurde comme la politique! Quelqu'un avait arrosé ma tête de remords tels ceux qu'on ressentait le soir avant de se coucher. Le miroir ne reflète plus mon image et mes oreilles s'échappaient vers dehors. Quelqu'un était en train de creuser. J'allumais ma bougie et je me dirigeais tout droit vers lui, il creusait comme un fou.
-Que faites vous monsieur?
-Ah! Tu as apporté une bougie comme c'est gentil, maintenant je peux me reposer en paix.
J'avais déjà vu ce vieillard , on l'a chassé plusieurs fois pour être entré au cirque sans billet.
-Vous aviez l'air ravi
-C'est la fin de ma souffrance, je dormirai sous cette terre haineuse, je ne sais pas ce qui m'attend mais je serai heureux et satisfait dans tous les cas. J'avais toujours ce pressentiment d'appartenir ailleurs.
-Je vous comprends.
-Vous êtes jeune et belle, vous portez en vous une intensité plaisante, vous souffrez du rien alors que vous aviez tout, immergez vous dans la vie, ne faites pas qu'exister et tout se passera bien.
-Alors pourquoi creusez vous votre tombeau?
-Moi, j'ai perdu le sens de ma vie.
Je l'ai serré chaleureusement comme les derniers aurevoirs et brusquement je tombais au fond du creux.
J'ouvris mes yeux en criant. Je sais maintenant où aller. Je l'ai vu aux portes du chapiteau en train de supplier comme un mendiant. "C'est mon invité" m'écriai-je.
Aujourd'hui j'ai retrouvé mon équilibre et je voulais à tout prix que ce vieux monsieur le retrouve d'une façon ou d'une autre. C'était ses yeux qui scintillaient de vitalité, de plaisir et d'espoir que je contemplais. Je me balançais sur les filets comme un oiseau libéré de sa cage. Une cage qu'il a lui-même créé.