Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux.
La lumière de la salle de bain se fond dans le noir, un noir flou, pas encore opaque ; ou est-ce peut-être mes larmes qui le rendent flou. Je ne sais plus. Il est en train de s’épaissir, je vois à peine ma main tremblante.
Je sens que c’est proche. J’observe pour une dernière fois mon sang qui coule, se mélange à l’eau dans la baignoire. C’est un bain de sang. Tout ce que je vois c’est du rouge, et du noir. Le rouge et le noir.
Je vois aussi le petit point-virgule tatoué sur mon poignet. Il est maintenant tout déchiré. Il n’y a plus que le point, séparé de son virgule. Je repense au jour où je l’ai fait. Ce jour là je croyais encore aux miracles, je croyais aux rêves, en l’amour... J’avais alors imprimé ce point-virgule pour que je me souvienne qu’il faudrait toujours y croire. Que quoi qu’il se passe, je devrais mettre un virgule au-dessous du point et continuer la phrase, continuer l’histoire, mon histoire, ma vie. Mais aujourd’hui il n’a pas réussi à me convaincre; je n’y crois plus. Je ne les ai peut-être pas connu pour parvenir à y croire. Et comment croire à ce qu’on ne connaît pas? J’ai réalisé que jamais je n’avais vécu l’amour. C’était quelque chose mais sûrement pas ça. Alors dites-moi, qu’est-ce qu’une vie sans amour? Je ne désirerais pas le savoir.
Je fais une dernière réflexion, je pense à mes parents, au petit mot que leur ai laissé:
“Maman, je sais que tu seras la première à voir ce papier, tu vois toujours les choses la première.
Je suis désolée pour vous faire vivre ça, je sais que c’est dur mais ça l’était pour moi aussi. Le monde a changé maman, je le sens. Et j’ai changé avec lui. Je ne suis plus la jeune fillette pleine de vie que tu as vu grandir. Je ne supporte plus cette haine et cette violence qui font tourner le monde en rond. Les gens croient que la discrimination, le racisme, l’inégalité, la soumission et la submission sont en voie d’extinction, qu’ils ne sont plus. Pourtant ils sont toujours, cachés partout, plus forts que jamais, mais sous de formes nouvelles.
Ce monde m’est devenu un cachot duquel j’attends passivement qu’on me libère et j’en peux plus d’attendre.
Je t’aime, maman.
C’est la première fois que je te le dis, la première fois que je le ressens. C’est probablement ça, l’amour. Oui c’est ça, je le connais à présent. Mais c’est trop tard.”
Ça y est, c’est l’heure. Je vois la lumière blanche que j’ai vu décrire dans les romans et sur les écrans.
On se demande toujours qu’est-ce qu’il y a après la mort. Qui sait? Peut-être que tout ce qu’on était en train de vivre n’est autre que la mort, et qu’un jour, on nous redonnerait vie. Mais le “on” qui a tardé à venir a laissé place à un “je”.
Est-ce la fin du début ou le début de la fin? Peut-être les deux.
La lumière de la salle de bain se fond dans le noir, un noir flou, pas encore opaque ; ou est-ce peut-être mes larmes qui le rendent flou. Je ne sais plus. Il est en train de s’épaissir, je vois à peine ma main tremblante.
Je sens que c’est proche. J’observe pour une dernière fois mon sang qui coule, se mélange à l’eau dans la baignoire. C’est un bain de sang. Tout ce que je vois c’est du rouge, et du noir. Le rouge et le noir.
Je vois aussi le petit point-virgule tatoué sur mon poignet. Il est maintenant tout déchiré. Il n’y a plus que le point, séparé de son virgule. Je repense au jour où je l’ai fait. Ce jour là je croyais encore aux miracles, je croyais aux rêves, en l’amour... J’avais alors imprimé ce point-virgule pour que je me souvienne qu’il faudrait toujours y croire. Que quoi qu’il se passe, je devrais mettre un virgule au-dessous du point et continuer la phrase, continuer l’histoire, mon histoire, ma vie. Mais aujourd’hui il n’a pas réussi à me convaincre; je n’y crois plus. Je ne les ai peut-être pas connu pour parvenir à y croire. Et comment croire à ce qu’on ne connaît pas? J’ai réalisé que jamais je n’avais vécu l’amour. C’était quelque chose mais sûrement pas ça. Alors dites-moi, qu’est-ce qu’une vie sans amour? Je ne désirerais pas le savoir.
Je fais une dernière réflexion, je pense à mes parents, au petit mot que leur ai laissé:
“Maman, je sais que tu seras la première à voir ce papier, tu vois toujours les choses la première.
Je suis désolée pour vous faire vivre ça, je sais que c’est dur mais ça l’était pour moi aussi. Le monde a changé maman, je le sens. Et j’ai changé avec lui. Je ne suis plus la jeune fillette pleine de vie que tu as vu grandir. Je ne supporte plus cette haine et cette violence qui font tourner le monde en rond. Les gens croient que la discrimination, le racisme, l’inégalité, la soumission et la submission sont en voie d’extinction, qu’ils ne sont plus. Pourtant ils sont toujours, cachés partout, plus forts que jamais, mais sous de formes nouvelles.
Ce monde m’est devenu un cachot duquel j’attends passivement qu’on me libère et j’en peux plus d’attendre.
Je t’aime, maman.
C’est la première fois que je te le dis, la première fois que je le ressens. C’est probablement ça, l’amour. Oui c’est ça, je le connais à présent. Mais c’est trop tard.”
Ça y est, c’est l’heure. Je vois la lumière blanche que j’ai vu décrire dans les romans et sur les écrans.
On se demande toujours qu’est-ce qu’il y a après la mort. Qui sait? Peut-être que tout ce qu’on était en train de vivre n’est autre que la mort, et qu’un jour, on nous redonnerait vie. Mais le “on” qui a tardé à venir a laissé place à un “je”.
Est-ce la fin du début ou le début de la fin? Peut-être les deux.