Je ne peux pas raconter d'où je viens. J'ai tout oublié. Je ne sais qu'une seule chose : des
gens me courent après en ce moment, et j'ignore pourquoi. Laissez-moi vous raconter
depuis le début.
Je me suis réveillé dans un hôpital, sans savoir pourquoi j'y étais, ce qui m'y avait amené, ni
même qui j'étais. La seule information que j'ai obtenue venait de l'infirmière en charge de
mon cas : des gens m'avaient trouvé inconscient dans une ruelle et avaient appelé les
secours.
— Aaaah, cette migraine va me dévorer le cerveau, murmurai-je une fois l'infirmière sortie
de la chambre.
Cinq minutes plus tard, le médecin entra, accompagné de l'infirmière.
— Vous semblez déjà un peu mieux, déclara-t-il après avoir consulté son dossier.
— Oui, mais je ne me souviens de rien. Et cette migraine est insupportable, répondis-je.
— La migraine est normale après un traumatisme crânien. Quant à votre amnésie, elle est
due aux lésions cérébrales, mais vos connaissances générales sont intactes. Vous avez
seulement oublié votre vie personnelle.
— Est-ce temporaire ou définitif ? demandai-je, anxieux.
— Cela dépend des cas. Mais ne vous inquiétez pas, c'est souvent temporaire.
Il sourit pour me rassurer. Je hochai la tête, et ils sortirent. Avant que l'infirmière ne parte, je
l'interceptai :
— Je n'avais aucun papier d'identité sur moi ?
— Non, mais vous portiez un uniforme de policier. La police arrive justement pour vous
aider.
À l'évocation du mot "police", un frisson me parcourut. Une angoisse inexplicable
m'envahit. Dès que l'infirmière fut partie, je n'hésitai pas : je m'enfuis de l'hôpital.
Les rues étaient noyées sous une pluie fine, reflétant les lumières des enseignes comme
des taches colorées sur l'asphalte. Je courais sans but, guidé par une peur primitive.
Pourquoi cette réaction ? Étais-je vraiment policier ? Ou bien avais-je quelque chose à
cacher ?
Un panneau "Métro" m'apparut dans le brouillard. Je m'y engouffrai, espérant semer mes
poursuivants invisibles. Dans la rame bondée, les regards se posaient sur moi, puis se
détournaient aussitôt. Mon reflet dans la vitre me renvoya l'image d'un inconnu : barbe de
trois jours, yeux cernés, vêtements froissés... et cette cicatrice en forme d'éclair près de la
tempe droite.
— Prochain arrêt : République, annonça le haut-parleur.
Un nom qui résonna étrangement en moi. Je sortis en hâte, bousculant un homme en
costume qui marmonna une insulte. Au coin de la rue, un kiosque à journaux exhibait une :
"Le lieutenant Karim M. toujours introuvable après l'attaque du commissariat." La photo
montrait un visage... le mien.
Dans un café, un vieux téléviseur diffusait les informations :
— L'enquête avance sur le braquage de la Banque de l'Est. Le principal suspect, un policier
infiltré, serait en fuite avec des documents sensibles...
Ma main trembla, faisant tinter la tasse. Des bribes me revinrent :
Une clé USB glissée dans une boîte aux lettres.
Une voix féminine chuchotant : "Ils te tueront si tu les dénonces."
Le bruit d'une arme qu'on arme.
Soudain, deux hommes en imper entraient, scrutant les tables. Je me levai trop vite,
renversant ma chaise. L'un d'eux pointa son doigt vers moi :
— Là-bas !
La course reprit dans un dédale de ruelles. J'atteignis un pont désert. Coincé contre le
parapet, je me retournai face à mes poursuivants. L'un sortit une arme.
Je courus à perdre haleine, mes pas résonnant sur les pavés mouillés. Les sirènes
hurlaient au loin, se rapprochant. Chaque tournant pouvait être un piège, chaque ombre
une menace.
Un chien aboya derrière une grille. Une voiture freina brusquement à un carrefour. Mon
cœur battait à tout rompre, mais je ne pouvais pas m'arrêter.
— Rends-nous les fichiers, Karim !
— Je... je ne sais pas de quoi vous parlez !
— Alors tu mourras pour rien.
Un coup de feu claqua. Une douleur brûlante me transperça l'épaule. Je basculai en
arrière, plongeant dans le fleuve noir.
L'eau glacée me réveilla mieux que n'importe quel café. Sous la surface, une certitude
émergea : ces documents valaient plus que ma vie. Et quelque part, une femme attendait
que je me souvienne...
Le courant me tira vers le fond avant de me rejeter brutalement à la surface. Je m'accrochai
à une poutre en bois, haletant. La berge n'était qu'à quelques mètres.
En rampant sur les rochers, je découvris que la clé USB était toujours dans la doublure de
ma veste. Elle avait survécu à la noyade, comme moi.
Une silhouette m'attendait sous un réverbère. Une femme en manteau rouge, les cheveux
cachés sous un foulard.
— Je savais que tu survivrais, murmura-t-elle. Ils ont tué Marc et Sophie. Tu es le dernier.
— Qui êtes-vous ?
— Ta mémoire, répondit-elle en me tendant une enveloppe. Tout est là.
Je m'arrêtai un instant, le souffle court. La femme en rouge s'approcha lentement, ses yeux
brillants d'une tristesse familière.
— Tu ne te souviens vraiment de rien ? demanda-t-elle, la voix tremblante.
Je restai figé, la clé USB serrée dans ma main tremblante. Si je disparaissais, je survivrais.
Mais à quel prix ?
Si je me rendais, je risquais la mort... mais peut-être aussi la justice.
Je pensai à Marc, à Sophie, à cette femme en rouge qui avait tout perdu. Et à l'homme que
j'avais été.
Je secouai la tête. Elle sortit une photo froissée de sa poche. On y voyait nous deux,
souriants, devant un commissariat.
— Tu étais mon frère, Karim. Et tu avais juré de faire tomber ce réseau, même si ça te
coûtait tout.
Les documents révélaient une vérité terrifiante : le commissariat central abritait un réseau
de corruption lié au trafic de drogue. J'en faisais partie... avant de devenir un problème.
L'aube se levait sur la ville. Deux choix s'offraient à moi :
1. Disparaître avec la preuve.
2. Me rendre et risquer d'être tué.
Je glissai la clé USB dans une boîte aux lettres, comme on jette une bouteille à la mer. Puis
je composai un numéro sur un téléphone public.
— Allô ? Police secours ?
Ma voix était calme, presque libérée.
— Je suis le lieutenant Karim M. J'ai quelque chose à vous dire...
Les journaux parlèrent d'une vague d'arrestations sans précédent. Personne ne mentionna
l'homme amnésique qui avait tout déclenché.
Quelque part, une femme en rouge souriait en lisant le titre : "La vérité éclate enfin."
gens me courent après en ce moment, et j'ignore pourquoi. Laissez-moi vous raconter
depuis le début.
Je me suis réveillé dans un hôpital, sans savoir pourquoi j'y étais, ce qui m'y avait amené, ni
même qui j'étais. La seule information que j'ai obtenue venait de l'infirmière en charge de
mon cas : des gens m'avaient trouvé inconscient dans une ruelle et avaient appelé les
secours.
— Aaaah, cette migraine va me dévorer le cerveau, murmurai-je une fois l'infirmière sortie
de la chambre.
Cinq minutes plus tard, le médecin entra, accompagné de l'infirmière.
— Vous semblez déjà un peu mieux, déclara-t-il après avoir consulté son dossier.
— Oui, mais je ne me souviens de rien. Et cette migraine est insupportable, répondis-je.
— La migraine est normale après un traumatisme crânien. Quant à votre amnésie, elle est
due aux lésions cérébrales, mais vos connaissances générales sont intactes. Vous avez
seulement oublié votre vie personnelle.
— Est-ce temporaire ou définitif ? demandai-je, anxieux.
— Cela dépend des cas. Mais ne vous inquiétez pas, c'est souvent temporaire.
Il sourit pour me rassurer. Je hochai la tête, et ils sortirent. Avant que l'infirmière ne parte, je
l'interceptai :
— Je n'avais aucun papier d'identité sur moi ?
— Non, mais vous portiez un uniforme de policier. La police arrive justement pour vous
aider.
À l'évocation du mot "police", un frisson me parcourut. Une angoisse inexplicable
m'envahit. Dès que l'infirmière fut partie, je n'hésitai pas : je m'enfuis de l'hôpital.
Les rues étaient noyées sous une pluie fine, reflétant les lumières des enseignes comme
des taches colorées sur l'asphalte. Je courais sans but, guidé par une peur primitive.
Pourquoi cette réaction ? Étais-je vraiment policier ? Ou bien avais-je quelque chose à
cacher ?
Un panneau "Métro" m'apparut dans le brouillard. Je m'y engouffrai, espérant semer mes
poursuivants invisibles. Dans la rame bondée, les regards se posaient sur moi, puis se
détournaient aussitôt. Mon reflet dans la vitre me renvoya l'image d'un inconnu : barbe de
trois jours, yeux cernés, vêtements froissés... et cette cicatrice en forme d'éclair près de la
tempe droite.
— Prochain arrêt : République, annonça le haut-parleur.
Un nom qui résonna étrangement en moi. Je sortis en hâte, bousculant un homme en
costume qui marmonna une insulte. Au coin de la rue, un kiosque à journaux exhibait une :
"Le lieutenant Karim M. toujours introuvable après l'attaque du commissariat." La photo
montrait un visage... le mien.
Dans un café, un vieux téléviseur diffusait les informations :
— L'enquête avance sur le braquage de la Banque de l'Est. Le principal suspect, un policier
infiltré, serait en fuite avec des documents sensibles...
Ma main trembla, faisant tinter la tasse. Des bribes me revinrent :
Une clé USB glissée dans une boîte aux lettres.
Une voix féminine chuchotant : "Ils te tueront si tu les dénonces."
Le bruit d'une arme qu'on arme.
Soudain, deux hommes en imper entraient, scrutant les tables. Je me levai trop vite,
renversant ma chaise. L'un d'eux pointa son doigt vers moi :
— Là-bas !
La course reprit dans un dédale de ruelles. J'atteignis un pont désert. Coincé contre le
parapet, je me retournai face à mes poursuivants. L'un sortit une arme.
Je courus à perdre haleine, mes pas résonnant sur les pavés mouillés. Les sirènes
hurlaient au loin, se rapprochant. Chaque tournant pouvait être un piège, chaque ombre
une menace.
Un chien aboya derrière une grille. Une voiture freina brusquement à un carrefour. Mon
cœur battait à tout rompre, mais je ne pouvais pas m'arrêter.
— Rends-nous les fichiers, Karim !
— Je... je ne sais pas de quoi vous parlez !
— Alors tu mourras pour rien.
Un coup de feu claqua. Une douleur brûlante me transperça l'épaule. Je basculai en
arrière, plongeant dans le fleuve noir.
L'eau glacée me réveilla mieux que n'importe quel café. Sous la surface, une certitude
émergea : ces documents valaient plus que ma vie. Et quelque part, une femme attendait
que je me souvienne...
Le courant me tira vers le fond avant de me rejeter brutalement à la surface. Je m'accrochai
à une poutre en bois, haletant. La berge n'était qu'à quelques mètres.
En rampant sur les rochers, je découvris que la clé USB était toujours dans la doublure de
ma veste. Elle avait survécu à la noyade, comme moi.
Une silhouette m'attendait sous un réverbère. Une femme en manteau rouge, les cheveux
cachés sous un foulard.
— Je savais que tu survivrais, murmura-t-elle. Ils ont tué Marc et Sophie. Tu es le dernier.
— Qui êtes-vous ?
— Ta mémoire, répondit-elle en me tendant une enveloppe. Tout est là.
Je m'arrêtai un instant, le souffle court. La femme en rouge s'approcha lentement, ses yeux
brillants d'une tristesse familière.
— Tu ne te souviens vraiment de rien ? demanda-t-elle, la voix tremblante.
Je restai figé, la clé USB serrée dans ma main tremblante. Si je disparaissais, je survivrais.
Mais à quel prix ?
Si je me rendais, je risquais la mort... mais peut-être aussi la justice.
Je pensai à Marc, à Sophie, à cette femme en rouge qui avait tout perdu. Et à l'homme que
j'avais été.
Je secouai la tête. Elle sortit une photo froissée de sa poche. On y voyait nous deux,
souriants, devant un commissariat.
— Tu étais mon frère, Karim. Et tu avais juré de faire tomber ce réseau, même si ça te
coûtait tout.
Les documents révélaient une vérité terrifiante : le commissariat central abritait un réseau
de corruption lié au trafic de drogue. J'en faisais partie... avant de devenir un problème.
L'aube se levait sur la ville. Deux choix s'offraient à moi :
1. Disparaître avec la preuve.
2. Me rendre et risquer d'être tué.
Je glissai la clé USB dans une boîte aux lettres, comme on jette une bouteille à la mer. Puis
je composai un numéro sur un téléphone public.
— Allô ? Police secours ?
Ma voix était calme, presque libérée.
— Je suis le lieutenant Karim M. J'ai quelque chose à vous dire...
Les journaux parlèrent d'une vague d'arrestations sans précédent. Personne ne mentionna
l'homme amnésique qui avait tout déclenché.
Quelque part, une femme en rouge souriait en lisant le titre : "La vérité éclate enfin."