Suis-je dans le noir ou ai-je juste les yeux fermés? Peut-être les deux. J’entends des voix autour de moi, mais leurs visages me paraissent lointains. Soudain, une main bienveillante semble m’extirper de mes ténèbres. Un réveil brutal pour faire face à une réalité si cruelle. C’est définitif, je suis orpheline. Comme ma mère et avant cela ma grand-mère.
La mort n’est pas un sujet nouveau dans ma famille. J’ai perdu tellement de personnes à un si jeune âge que je ne peux plus compter. La peine du départ laisse place, au fils du temps, à un vide ultime. Progressivement, nos larmes s’estompent pour laisser place à l’inertie. Comme si les blessures du temps m’ont rendu nome face à cette nouvelle réalité. Le verdict est donc scellé. Je n’ai ni père, ni mère, ni frère qui pourront me consoler.
À peine de retour dans mon corps que je perçois une voix lointaine. Il s’agit de ma tante paternelle. Elle, qui le jour de la mort de mon père, murmura : « Christo, tu laisses cette belle maison à qui? Je t’avais bien dit de répudier cette femme indigne. Elle ne t’a apporté que du malheur ». Injonction funeste ou rancœur familiale, je ne sais pas. Je dois dire que ces paroles ne m’avaient guère surpris à l’époque. J’avais juste 11 ans, mais le dégoût pour la famille de mon père n’en était que plus grand.
Ces derniers n’avaient jamais caché leur désapprobation du mariage de mes parents. Pour être honnête, mon père n’était guère prêt à faire de ma mère une femme honorable. Mais hélas! Les dégâts étaient bien trop grands pour retourner en arrière. Après 3 enfants, il était temps d’assumer ses responsabilités. Quitte à s’attirer les foudres de sa famille par la même occasion. Je pense qu’au fil du temps, mon père a accepté sa situation. Il choisit de construire sa famille, au lieu de vivre sous le joug de sa famille biologique. Une réalité parfois dure à accepter pour un homme. Mais, avec un héritier en route, on peut tout accepter.
Quelle ironie! Il en serait dévasté devant cette scène d’horreur. Il vient de tout perdre. Son nom, son respect et même ses possessions. 8 ans après son départ, nous pleurons les méandres de ma mère et de mon frère. Comme satisfaite par la situation, ma tante et tous ses vautours m’encerclent. D’une voix ferme et timide, elle me dit :
— Mes condoléances mon enfant.
— Merci ma mère.
— Vraiment, ton père a travaillé comme un porc. Tout cet argent et effort, pour ne le laisser à personne. Aïe, j’ai mal!
Provocation directe ou déni de mon existence, je ne suis guère surprise. Comme toutes filles africaines, mon existence est liée à celle d’un homme. Si je n’ai ni père ni frère et je ne suis pas mariée; mon existence n’a point de valeur. Derrière sa peine hypocrite se cache la dure réalité sociale. Je ne suis rien et je ne serais jamais rien. Ma famille est morte avec les décombres de mon frère et mon espoir de vivre est parti dans le cercueil de ma mère. Exaspérée par la situation et fatiguée de cette pitié malvenue, je décide d’arrêter ma conversation avec ma tante. Je m’excuse et décide de procéder à une marche dans ma concession familiale.
Ils sont tous là! Vampires, famille et amis. Tous pleurent quelque chose. Pour certaines, elles ont perdu un amant; pour d’autres, ils ont perdu de précieux amis et une autre catégorie pleure des intérêts. Pourtant, tous ont un point commun. Ils ont pitié de moi. Ils ont pitié de nous. La famille maudite, les éternelles orphelines, voici nos titres dès à présent.
Cependant, je ne veux me soumettre à cette réalité et les laisser me rabaisser. Je suis et je reste un individu. Femme ou pas, fille ou orpheline, je suis la seule à décider de mon existence. Alors au diable vos injonctions sociales, car je suis là pour rester. Ma mère m’a élevé pour vivre ma vie. Avec ou sans soutien, je respecterais ses dernières volontés. Je serais cet homme que mes parents auraient tant aimé.
Pour tous ceux qui ont de la peine devant l’éternelle orpheline, je tiens à vous dire que je suis plus que cela. Je déciderais de ma vie et écrirais mon histoire. Même si cela fait de moi une femme sans nom ni position.
La mort n’est pas un sujet nouveau dans ma famille. J’ai perdu tellement de personnes à un si jeune âge que je ne peux plus compter. La peine du départ laisse place, au fils du temps, à un vide ultime. Progressivement, nos larmes s’estompent pour laisser place à l’inertie. Comme si les blessures du temps m’ont rendu nome face à cette nouvelle réalité. Le verdict est donc scellé. Je n’ai ni père, ni mère, ni frère qui pourront me consoler.
À peine de retour dans mon corps que je perçois une voix lointaine. Il s’agit de ma tante paternelle. Elle, qui le jour de la mort de mon père, murmura : « Christo, tu laisses cette belle maison à qui? Je t’avais bien dit de répudier cette femme indigne. Elle ne t’a apporté que du malheur ». Injonction funeste ou rancœur familiale, je ne sais pas. Je dois dire que ces paroles ne m’avaient guère surpris à l’époque. J’avais juste 11 ans, mais le dégoût pour la famille de mon père n’en était que plus grand.
Ces derniers n’avaient jamais caché leur désapprobation du mariage de mes parents. Pour être honnête, mon père n’était guère prêt à faire de ma mère une femme honorable. Mais hélas! Les dégâts étaient bien trop grands pour retourner en arrière. Après 3 enfants, il était temps d’assumer ses responsabilités. Quitte à s’attirer les foudres de sa famille par la même occasion. Je pense qu’au fil du temps, mon père a accepté sa situation. Il choisit de construire sa famille, au lieu de vivre sous le joug de sa famille biologique. Une réalité parfois dure à accepter pour un homme. Mais, avec un héritier en route, on peut tout accepter.
Quelle ironie! Il en serait dévasté devant cette scène d’horreur. Il vient de tout perdre. Son nom, son respect et même ses possessions. 8 ans après son départ, nous pleurons les méandres de ma mère et de mon frère. Comme satisfaite par la situation, ma tante et tous ses vautours m’encerclent. D’une voix ferme et timide, elle me dit :
— Mes condoléances mon enfant.
— Merci ma mère.
— Vraiment, ton père a travaillé comme un porc. Tout cet argent et effort, pour ne le laisser à personne. Aïe, j’ai mal!
Provocation directe ou déni de mon existence, je ne suis guère surprise. Comme toutes filles africaines, mon existence est liée à celle d’un homme. Si je n’ai ni père ni frère et je ne suis pas mariée; mon existence n’a point de valeur. Derrière sa peine hypocrite se cache la dure réalité sociale. Je ne suis rien et je ne serais jamais rien. Ma famille est morte avec les décombres de mon frère et mon espoir de vivre est parti dans le cercueil de ma mère. Exaspérée par la situation et fatiguée de cette pitié malvenue, je décide d’arrêter ma conversation avec ma tante. Je m’excuse et décide de procéder à une marche dans ma concession familiale.
Ils sont tous là! Vampires, famille et amis. Tous pleurent quelque chose. Pour certaines, elles ont perdu un amant; pour d’autres, ils ont perdu de précieux amis et une autre catégorie pleure des intérêts. Pourtant, tous ont un point commun. Ils ont pitié de moi. Ils ont pitié de nous. La famille maudite, les éternelles orphelines, voici nos titres dès à présent.
Cependant, je ne veux me soumettre à cette réalité et les laisser me rabaisser. Je suis et je reste un individu. Femme ou pas, fille ou orpheline, je suis la seule à décider de mon existence. Alors au diable vos injonctions sociales, car je suis là pour rester. Ma mère m’a élevé pour vivre ma vie. Avec ou sans soutien, je respecterais ses dernières volontés. Je serais cet homme que mes parents auraient tant aimé.
Pour tous ceux qui ont de la peine devant l’éternelle orpheline, je tiens à vous dire que je suis plus que cela. Je déciderais de ma vie et écrirais mon histoire. Même si cela fait de moi une femme sans nom ni position.