Les Traces d'une meute

Sur le sol, se trouvait des traces d'une meute de loup. Aurore les regardait, ébahie. Cela faisait depuis si longtemps qu'elle n'avait pas vu de loups. Le dernier qu'elle avait vu était sa mère .
Comment se faisait-il qu'il y ait une meute ?, se demanda-t-elle. Les traces étaient bien visibles, des empreintes, l'odeur sur les buissons. D'un coup, elle comprit que c'était peut-être sa dernière chance de survivre, elle devait trouver cette meute et la rejoindre. Alors qu'elle réfléchissait, une colombe se posa sur une branche d'un sapin juste au dessus de sa tête. Aurore regarda quelques instants l'oiseau avant de se tourner derrière elle. 
Elle eut un pincement au cœur en regardant l'endroit où se trouvait la tombe de sa mère. Aurore se souvenait très bien du jour où sa mère était morte. C'était lors d'une partie de chasse, alors qu'elles marchaient, un ours avait surgi des bois et avait foncé vers elles. Sa mère s'était interposée et l'ours l'avait tuée. Aurore laissa passer un petit gémissement et s'enfonça dans la forêt tout en suivant l'odeur de cette mystérieuse meute. Lorsqu'elle leva la tête, elle vit la colombe qui volait juste au dessus d'elle, mais la jeune louve remarqua que le temps était couvert et le vent frais la poussait comme pour avancer. L'hiver allait arriver avec les premiers flocons de neige ; ce qui la tracassait aussi, c'était qu'elle devrait chasser alors qu'elle savait à peine attraper une souris.
Pendant des jours, elle marcha dans les bois et dans les campagnes. Toujours suivie par cette colombe. Aurore suivait les traces de la mystérieuse meute et lorsqu'elle ne trouvait plus d'odeurs ou d'empreintes, la colombe la guidait étrangement. Elle chassait avec difficulté et le seul gibier qu'elle attrapait était des souris ou des lapins, mais un jour elle fit une rencontre. Alors qu'Aurore marchait désormais dans le début de la poudreuse, elle sentit une odeur, celle d'un autre loup. La jeune louve fonça vers l'odeur, toujours suivie par cette colombe et y découvrit un loup dans une clairière. Il était brun aux yeux ambrés mais couvert de cicatrices, tout le contraire d'Aurore qui était blanche aux yeux bleu glacier. L'impressionnant loup se tourna vers elle d'un regard glacial. « Que fait une petite louve seule et sans défense dans la forêt ?
- Bonjour... réussit-elle à articuler. Qui êtes-vous ?
- Moi ? Juste un loup à qui on a volé ses terres, répondit-il d'un ton froid.
- Vous ne répondez pas à ma question.
- Tu es trop curieuse, tu devrais fuir devant moi.
- Et pourquoi ? Je ne sais même pas qui vous êtes.
- Je suis Aigle, celui à qui appartenait cette forêt, répondit-il d'un ton agacé.
- Comment ça « appartenait » ?
- Eh bien, la meute de loup nommée Céleste est arrivée et m'a volé la forêt.
- Une meute de loup ?! Ici ?! Enfin ! Après tant de temps, j'y suis parvenue ! s'écria Aurore, folle de joie.
- Pourquoi es-tu contente ? Tu fais partie de cette meute ?
- Non, mais je l'ai suivie partout pour pouvoir la rejoindre.
- Quoi ?! Tu veux rejoindre ces monstres ?! Alors, meurs ! »
Aigle se jeta sur Aurore, mais elle l'esquiva de justesse. Elle tomba dans la neige mais se releva et se rua dans les bois. Pendant qu'elle courait dans la poudreuse, elle se faisait griffer par des branches mais elle ne s'arrêtait pas car elle entendait Aigle courir derrière elle. Comment lui échapper ? se demanda-t-elle, tout en sentant la respiration d'Aigle sur sa queue. Mais alors qu'elle courait désespérément, elle vit la colombe voler au-dessus d'elle et tourner à droite. Dois-je la suivre ? se demanda-t-elle. Étant donné qu'elle ne connaissait pas la forêt et, que la colombe l'avait déjà guidée, elle n'avait pas d'autre choix que de se fier à l'oiseau. Aurore tourna à son tour à droite, elle se retrouva dans un endroit où les branches étaient plus basses et la poudreuse plus épaisse. Elle tourna la tête pour vérifier si Aigle la suivait toujours et elle le vit lui aussi tourner à droite. Aurore releva les yeux vers le ciel malgré les branches qui la fouettaient, elle vit la colombe commencer à zigzaguer entre les arbres. Alors, elle fit de même. Ses forces commençaient à la quitter, elle ne tiendrait peut-être pas le coup. Finalement, en tournant la tête, elle vit qu'Aigle ne la suivait plus. Aurore ralentit et s'enfonça dans un buisson. Elle se plaqua au sol dans les broussailles en reprenant des forces. Elle attendit là, pour elle ce fut une éternité. Aurore sortit du buisson et huma l'air. Aucune trace d'Aigle. Elle leva la tête et vit à nouveau la colombe. Merci petite colombe pensa-t-elle, tu m'as à nouveau sauvé la vie. Aurore marcha dans la poudreuse, elle finit par trouver une souris qu'elle tua, elle la ramena dans le buisson et mangea le petit rongeur. Au bout d'un moment, elle finit par se rouler en boule et dormit dans le peu de mousse qu'elle avait trouvé.
Deux jours s'étaient écoulés depuis qu'elle avait rencontré Aigle. Aurore marchait dans la poudreuse sous une tempête de neige lorsqu'elle sentit une odeur qu'elle aurait souhaité ne jamais sentir. C'était celle d'un renard. Elle ne pouvait pas affronter l'animal car elle était morte de faim et trop jeune. Malgré tout, l'animal déboula des buissons et fonça vers elle. Aurore l'esquiva mais il la mordit à la cuisse. Elle hurla de douleur et mordit l'animal au cou. Le renard recula en couinant mais la griffa au torse. L'animal fuit dans la forêt en laissant une traînée de sang. Aurore s'effondra, hors d'haleine, dans la neige tachée de sang. « C'est la fin » pensa-t-elle en fermant les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouvait dans une litière de mousse, réchauffée par un doux pelage. Le pelage bougea et une tête de louve se pencha vers elle.
« Où suis-je ? demanda Aurore.
- Dans le camp de la meute Céleste.
- La meute Céleste ?! Cela fait depuis si longtemps que je veux vous rejoindre !
- Eh bien ! tu as réussi !»
Depuis ce jour, Aurore est devenue une guerrière respectée de la meute Céleste.
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