Les petites chaussures de Papi Li

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À chaque fois qu'elle passe des vacances chez ses grands-parents, Juliette pose la même question.
— Papi Li, comment vous vous êtes rencontrés avec Mamie ?
Et Papi Li répond toujours la même chose...
« Ho, ho ! C'est une longue histoire ma petite... Je te la raconterai une autre fois. »

Pendant ces vacances de Noël là, tandis que Papi Li termine de décorer l'entrée avec sa petite fille, une odeur de châtaignes grillées passe sous la porte, et lui rappelle aussitôt son enfance...
Il décide alors de raconter son histoire à Juliette.
Papi Li va fermer la fenêtre, restée légèrement entrouverte, pour ne pas laisser entrer la neige. Dehors, de gros flocons cotonneux ont recouvert, en quelques minutes, le jardin de la maison des grands-parents de Juliette.
Puis, il prend sa petite fille sur ses genoux, et commence son récit.

— Quand j'étais petit, je vivais dans un village, en Italie. Mon père était cordonnier. Et moi, j'aimais tellement l'odeur du cuir... que je passais beaucoup de temps avec lui dans sa cordonnerie.

Papi Li se lève, et va chercher des bouts de cuir dans la commode du salon, celle juste derrière le sapin. Il les tend à sa petite fille, qui s'exclame :
— Hum... c'est vrai que ça sent bon ! Et toutes ces couleurs... que c'est beau !
Du cuir, Juliette n'en avait jamais vraiment touché, ni reniflé... À l'école, on manipule des tas de matières, mais jamais celle-là !
Juliette regarde ses chaussures. Elle n'avait jamais réalisé qu'elles étaient faites avec du cuir comme ça...
— Et Mamie alors ?
— Patience, patience... ça va venir...
Papi Li se lève à nouveau et va chercher un album photos dans un autre tiroir de la commode.
— Tu vois, là, c'est moi, devant la cordonnerie, avec mes parents. Tes arrière-grands-parents.
— Tu avais les oreilles décollées dis donc !
Papi Li sourit. Il n'a pas l'air trop vexé.
— Et Mamie ? Elle est où ?
Papi Li poursuit son histoire.
— Un jour, mon père a voulu dévoiler aux habitants du village le secret qui nous liait.
— Un secret ?
— Oui. Figure-toi qu'avec ce cuir, il m'avait appris à confectionner... des chaussures. Mais pas n'importe lesquelles ! Des petites chaussures de poupées.
— Ah bon ? Et pourquoi tu ne voulais pas le dire ?
— Parce que j'avais peur que mes copains se moquent de moi.
— Des chaussures de poupées ! s'exclame Juliette. Mais moi je trouve ça génial ! Je veux les voir ! Je veux les voir !
Papi Li se dirige une troisième fois vers la commode. Il manque de renverser le sapin, et finit par sortir une toute petite paire de chaussures du tiroir.
— Ouaaah ! Elles sont trop belles ! Et tu ne les as jamais montrées à personne alors ?
— Si, un jour, j'ai finalement accepté de les mettre en vitrine. Mais au début, j'étais triste, car ce jour-là, personne n'est venu à la cordonnerie. J'ai passé toute la journée à attendre, sur mon petit tabouret de travail...
Juliette pose une main sur la cuisse de Papi Li pour le réconforter, mais...
Toujours pas de Mamie à l'horizon !
— Et Mamie alors ? Elle arrive quand dans l'histoire ?
— Sois patiente... Elle arrive bientôt...
— C'est long quand même...

— Écoute bien... À la fin de cette longue journée, un peu avant la fermeture de la boutique, une petite fille et sa maman entrent. La petite fille remarque tout de suite les mini chaussures dans la vitrine, et demande à sa mère de les lui acheter. La maman dit non, mais la fillette insiste. Je crois qu'elle les aimait vraiment beaucoup. Elle avait l'air de les trouver très belles !
— Et elle les a eues alors ?
— Non. Enfin... si.
— Sa maman n'a pas cédé, mais moi... je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai décidé d'un seul coup de lui en offrir une paire !
Papi Li se met carrément à rire.
— Et contrairement à moi, la petite fille n'était pas du tout timide ! Pour me remercier, elle m'a sauté au cou... et m'a embrassé !
Papi Li rougit, comme si, tant d'années après, il n'en revenait toujours pas d'avoir osé faire ça !
— Et après ? demande encore Juliette, qui commence à deviner la suite de l'histoire.

— Après, on est devenus amis... On s'entendait bien tous les deux, car figure-toi que de son côté, elle confectionnait... des robes de poupées ! Et les chaussures et les robes, ça va bien ensemble !
— Ouaaaah...
— On a commencé à se voir souvent, à jouer ensemble... et nos familles aussi sont devenues amies. On était inséparables !
— Ouaaaah... C'est elle qui est devenue ma mamie alors ?
— Ha... Tu as de la suite dans les idées ma belle... Cela a pris quelques années, tu t'en doutes, mais... oui, tu as bien deviné ! C'est bien cette petite fille qui est devenue ta mamie !
Juliette écarquille les yeux. Elle n'en revient pas. Puis, elle serre fort son papi dans ses bras.
— Elle est vraiment belle ton histoire Papi Li.
— C'est vrai Juliette. On dirait un conte de fées non... ? D'ailleurs, sais-tu qui a confectionné les chaussures de mariée de ta mamie ?
— Heu... Toi ? !
— Bravo Juliette ! Tu as encore deviné ! Le jour de notre mariage, ta grand-mère portait des escarpins, cousus par mes soins, en souvenir de notre première rencontre. On peut dire qu'elle avait trouvé chaussure à son pied !

Papi rit de plus belle. Juliette aussi... Elle embrasse très fort son grand-père, tout ému mais assez fier d'avoir dévoilé son secret d'enfance.
Cette histoire valait vraiment le coup d'attendre que Papi Li la raconte !
Et Juliette se dit que c'est un très beau cadeau de Noël qu'il lui a fait là.

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Image de Les petites chaussures de Papi Li
Illustration : Delphine Garcia

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