Toute histoire commence un jour, quelque part...,dans mon village caché dans les confins du fouta Djallo, c’était un matin glacial, un matin ou sortir du lit était une corvée terrible pour les habitants de ce village
C’était un matin comme les autres diront certains, mais moi je dirai plutôt que c’était un matin spécial, une journée spéciale qui commençait pour moi. Oui c’était le matin de mon anniversaire, j’étais la personne la plus heureuse ce jour et il fallait que je partage cette belle journée avec les gens autour de moi.
Je sors de mon lit et je vais au salon trouver maman assise sur son tapis de prière le regard vide. Faisant fi de ne pas remarquer son air absent, je viens mettre ma tête sur ses cuisses comme un bébé et je me blottit à elle.
Elle me regarde avec ses yeux que j’ai toujours aimé , des yeux qui me fascinait mais aussi qui m’intimidait quand je faisais quelques choses qui ne lui plaisait pas. Ces beaux yeux qui jadis étaient des perles , qui brillaient de milles feux, sont devenus aujourd’hui si petits et si rouges à force de les avoir usés par les larmes, que lorsqu’ils sont ouverts on arrive à peine à les voir.
- Maman quel jour sommes nous aujourd’hui ? lui demandais-je
- Je sais pas j’ai pas regardé chérie
- Je suis née quand ? Entrais-je directement dans le vif du sujet et en souriant de toutes mes dents tellement que je ne pouvais patienter.
- Je sais quand tu es née, joyeux anniversaire ma princesse, dit elle en m’embrassant sur le front.
Je lève les yeux et elle fixait encore ce vide, les lèvres tremblantes, pour moi elle cherchait les mots qui me feraient sourire , mais elle prononça une phrase que j’avais complètement oublié : « ça fait 3ans depuis qu’il est partit, 3ans depuis que je l’ai perdu, 3ans depuis que j’ai arrêté de le voir... ».
Et là sans m’y attendre ses yeux s’embuèrent de larmes, et elles se mirent à couler pour tomber directement sur mon visage. J’essayais de lui essuyer le visage, mais plus je le faisais, plus elles coulaient encore et encore.
Les larmes qui atterrirent directement sur mon visage je les ressentais comme si c’était de l’eau chaude qui me tombait dessus, je ne pleurais pas mais je ne pouvais lui dire d’arrêter , je la regardais faire et j’étais impuissante, je voulais lui dire pleure pas maman, mais j’étais comme attaché, je ne pouvais pas , j’étais là et je regardais les larmes de ma mère couler encore, encore et encore.