Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs accrochés à des mèches
Quand les filles prennent l'amour à cœur,
Et les cœur-croisés que, pimbêches,
Elles dégrafent d'un peu trop bon cœur,
Les cœurs l'écœurent.

Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs d'artichaut un peu blèches
Que l'on effeuille à contrecœur,
Les cœurs cent fois criblés de flèches
Par une espèce de crève-cœur,
Les cœurs l'écœurent.

L'amour et tous ses tralalas
Qui font rougir les demoiselles,
Bouquets, violons et chocolats :
Très peu pour elle.

Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs sur l'écorce des arbres
Qu'on trace au couteau, au marqueur,
Et qu'on croit gravés dans le marbre
Elle connait tout cela par cœur,
Les cœurs l'écœurent.

Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs que l'on met sur les « i »
Pour dire ce qu'on a sur le cœur,
Le cœur que l'on met à dire « oui »
Pour qu'un même nom soit vainqueur,
Les cœurs l'écœurent.

L'amour et tous ses tralalas
Qui donnent aux tourtereaux des ailes,
Bouquets, violons et chocolats :
Très peu pour elle.

Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs qui battent à l'unisson,
Qu'on entend soupirer en chœur
Mais qui, à la fin d'la chanson,
Auraient besoin d'un pacemaker,
Les cœurs l'écœurent.

Les cœurs, les cœurs,
Les cœurs fondants à la guimauve,
Les « Mon chéri » à la liqueur,
Qui nous enivrent sous l'alcôve,
Ça lui donne des haut-le-cœur.
Les cœurs l'écœurent.

L'amour et tous ses tralalas
Quand les entichés font du zèle,
Bouquets, violons et chocolats :
Très peu pour elle.

Les cœurs, les cœurs,
Elle, c'est le sien au bord des lèvres,
Qu'elle en parle d'un ton moqueur,
Elle trouve Vénus un peu mièvre,
Traite Cupidon d'escroqueur.
Les cœurs l'écœurent.

Les cœurs l'écœurent,
Mais que brise un jour l'anathème
Une espèce de joli-cœur,
Que revienne le temps des « Je t'aime »,
Elle poussera ce cri du cœur :
Les cœurs ! Les cœurs !