Les bonbons de l’angoisse

Cette œuvre est
à retrouver dans nos collections

Histoires Jeunesse - 8-11 Ans (Cycle 3) Collections thématiques
  • Humour - Jeunesse
  • Humour - Cycle 3
Tata Sucette était venue nous voir et comme d'habitude, elle nous avait rapporté des bonbons. C'était des berlingots, une spécialité de je sais plus où. Elle nous avait expliqué, mais je m'en souviens plus. En tout cas, ils étaient pleins de couleurs et ils avaient l'air super bons. Vous allez dire « waouh ! super, la chance ! ». Mais en fait, pas du tout.
Avec Arthur et Louise, on les avait comptés pour les partager. Mais le problème, c'est qu'il y en avait quarante dans le paquet. On a bien recompté au moins dix fois, mais rien à faire, il y en avait bien quarante ! Et quarante divisé par trois, ça tombe pas juste du tout. Comme on arrivait pas bien à savoir, on a vérifié avec une calculatrice et ça nous a donné un truc pas croyable : 13.33333333 !
Alors on a fait trois tas de bonbons, en faisant un pour toi, un pour toi, un pour moi, un pour toi, un pour toi, un pour moi, et à la fin il en restait un. On était un peu embêtés. Arthur, qui se croit le plus malin parce que c'est le plus grand, a eu l'idée de couper le bonbon qui restait en trois. Mais impossible, il était vraiment trop dur. Alors Louise a déclaré que le bonbon en trop serait pour elle parce qu'elle est la plus jeune. Avec Arthur, on lui a répondu que c'était n'importe quoi. Déjà que c'est toujours elle qui commence quand on joue aux jeux de société ! Comme on se chamaillait, Papa est arrivé, on lui a expliqué, et paf ! devinez quoi ? Il a mangé le bonbon et puis il est reparti comme ça, l'air de rien ! Vous y croyez à ça vous ?! C'est à nous trois que Tata Sucette avait offert ces bonbons ! Alors on a tous emporté notre tas de bonbons dans notre chambre, drôlement fâchés, je peux vous le dire !
Quand Tata Sucette est revenue le mois d'après, on était super impatients, mais un peu inquiets quand même. Je ne vous explique pas pourquoi on appelle notre tante « Tata Sucette », hein, vous aurez compris. D'ailleurs, nos parents sont pas trop d'accord pour qu'elle ramène des sucreries tout le temps, à cause des caries et tout. Mais ce qui est cool, c'est qu'elle s'en fiche complètement. Tata Sucette, elle en fait toujours qu'à sa tête comme dit Maman ; et nous on est bien contents.
Cette fois, c'étaient des boules de chewing-gum. On a compté, et malédiction ! Il y en avait seize ! Seize divisé par trois, tenez, prenez une calculette, pour voir ! Je vous raconte pas le bazar ! Mince, c'était à se demander si Tata Sucette le faisait pas exprès ! Louise a commencé à s'énerver et on lui a fait « chut » parce qu'on voulait pas que ça refasse comme la dernière fois, si vous voyez ce que je veux dire... Alors on a décidé avec Arthur que c'est l'un de nous trois qui aurait le chewing-gum en trop, et puis que la prochaine fois, le bonbon en trop serait pour un autre, etc. Mais qui serait le premier ? On s'est encore disputé, mais à voix basse. Arthur a voulu qu'on décide en faisant chifoumi. Mais à trois, ça marche pas chifoumi. Arthur dit toujours qu'il a raison parce que c'est lui le plus grand. Ah ! Ah ! Moi, mon avis, c'est que plus c'est grand, plus c'est bête ! Alors on l'a joué aux dés et c'est moi qui ai gagné, avec un double six ! Moi j'étais content, mais les autres, pas du tout.
Et ce qui n'a rien arrangé, c'est que la fois d'après que Tata Sucette nous a rapporté des bonbons, il y en avait trente, tout pile. Pas un seul de trop. Alors ça a encore fait des histoires. Et puis encore la fois d'après, six niniches (c'est des grandes sucettes supers bonnes). Ben oui ! comme j'étais le seul à avoir eu un bonbon de plus que les autres, ils sont devenus jaloux et ils ont commencé à voler dans ma réserve ! Je vous jure ! Je sais parfaitement combien j'en ai des bonbons, et depuis quelques jours, il y en a qui disparaissent. J'ai demandé à Arthur et à Louise, mais comme par hasard ils étaient au courant de rien. Alors j'ai changé plusieurs fois de cachette, mais rien à faire. J'en ai parlé à Maman (pas à Papa, hein !), mais elle m'a répondu qu'elle ne voulait pas entendre parler de ces histoires.
Mais moi, je crois qu'elle en a parlé à Tata Sucette, parce que juste après ça, à chaque fois on a tous reçu exactement le même nombre de bonbons, dans des petits sacs à part. Tout d'un coup, on avait tous chacun autant d'oursons à la guimauve, de caramels au beurre salé, de rouleaux de réglisse, de frites qui piquent, de crocodiles, etc.
Ça n'a pas arrangé les choses, enfin surtout pour moi. Les disparitions ont continué, en plus de ça mon frère et ma sœur me faisaient toujours la tête et j'en ai eu marre de tous ces problèmes pour des bonbons !
Alors maintenant, je m'embête plus à les cacher, ils sont sur mon bureau, bien en évidence, tous collés les uns aux autres. Et oui, ça me fait plus rien qu'on me les vole, je m'en fiche, parce que moi, avant de les ranger mes bonbons, je les ai tous sucés ! Na !

© Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation

Image de Les bonbons de l’angoisse
Illustration : Mathilde Ernst